Photo : VCT Game Changers
Sur League of Legends, énormément de joueurs réclament un "voice chat intégré" qui est attendu comme un outil magique pour combattre la toxicité. Mais d'autres alarment sur les dangers et les dérives possibles. Parmi les gros problèmes potentiels, le sexisme et le harcèlement que pourraient subir les joueuses... Sur Valorant, un autre jeu de Riot Games, les femmes dénoncent au quotidien les abus dont elles sont victimes lorsqu'elles utilisent le vocal et que leurs coéquipiers, tout droit issus du zoo, découvrent qu'elles sont des femmes.
Vous n'êtes pas convaincus et vous pensez qu'elles grossissent le trait ? En Argentine une expérience sociale a été réalisée par Women in Games avec un modificateur de voix. Malheureusement pour la communauté et plus globalement l'humanité, il n'y a pas eu de surprise.
L'expérience : désolément efficace
En Argentine Women in Games Argentina a fait jouer 3 joueurs de haut niveau (streamer, caster...) sur Valorant dans un lobby random avec d'autres joueurs. Au cours de la partie, on a demandé à ces trois professionnels de communiquer via le chat vocal. Mais pour l'expérience, on a utilisé un modificateur de voix pour leur donner une "voix de femme"... et comme on pouvait le craindre, les joueurs random se sont comportés comme des animaux, insultant et déplorant que des "femmes jouent à des jeux d'hommes".
Mais plus on creuse, plus c'est écœurant. Au-delà des commentaires désobligeants et des insultes, qui nuisent à la concentration et à la confiance en soi, les autres joueurs sabotaient littéralement les parties pour pourrir la vie des joueuses présumées. Refus de donner des informations, refus de jouer en équipe... C'est un cercle vicieux qui est un véritable fléau pour les joueuses, qui vont avoir toutes les difficultés du monde pour apprécier leur expérience de jeu ou grind le ladder. A titre d'exemple, un des joueurs avait un KD de 15-2 sans modificateur, avant de faire 3-16 avec le modificateur de voix.
Une raison supplémentaire d'avoir une ligue féminine ?
Le débat fait rage sur les réseaux et alors que Riot Games a annoncé une ligue féminine encore plus développée sur Valorant l'année prochaine (Game Changers), certains ne comprennent pas pourquoi on se contente tout simplement d'une mixité... d'autant plus que contrairement au sport traditionnel il n'y a pas de différence physique significative qui rentre en jeu.
Mais cette expérience, bien que triste, aura le mérite de donner un élément de réponse. Les mentalités sont encore trop archaïques et l'univers du jeu vidéo en ligne n'est pas sécurisé et bienveillant pour les femmes. Comme nous l'expliquait Tibalt, manager de G2 Gozen et G2 Hel, il y a encore énormément de facteurs culturels et sociaux qui freinent le développement des joueuses professionnelles. Avoir une scène féminine, permettra dans un premier temps de faire émerger des modèles tout en offrant un espace beaucoup plus fertile aux femmes.