Est-il besoin de rappeler que StarCraft est un jeu de stratégie en temps réel ? Pour progresser dans le jeu, il faut donc être fin stratège mais aussi être rapide et le plus parfait possible dans l'exécution. Sur les forums dédiés, dans les conférences Skype ou dans les barcrafts, les discussions vont bon train pour savoir quelle est la meilleure tactique à adopter face à telle ou telle situation, à tel ou tel moment de la partie, sur telle ou telle carte... Et quand on échafaude une théorie sur StarCraft, on fait du theorycrafting !
Sur la toile, de nombreuses émissions sont consacrées au theorycrafting : la Day[9] Daily de Sean "Day[9]" Plott est devenue culte et les épisodes de Docteur YoGo de Pierre-Marie "YoGo" Humeau sont en passe de le devenir !
Le theorycrafting n'est pas uniquement l'apanage de StarCraft. D'autres types de jeu comme les MMORPG connaissent ce phénomène avec un degré de théorisation plus ou moins élevé. Si vous voulez en savoir davantage sur ce sujet, nous ne saurions trop vous conseiller de lire l'excellent blog d'Elie "Sophistie" Rotenberg consacré au theorycrafting dont nous vous livrons de larges extraits ci-après :
Extraits du blog d'Elie "Sophistie" Rotenberg à propos du theorycrafting (source)
C'est le pain quotidien d'une certaine communauté de joueurs, qui vont analyser jusque dans les moindres détails des subtilités qui ont, au final, un impact majeur sur l'équilibre du jeu. [M]LaLuSh, un joueur de l'équipe Millenium de StarCraft 2, de top niveau européen, postait par exemple il y a quelques semaines son analyse comparée de la macro-économie pour les Protoss, Zerg et Terran.
Le Taux de récolte par ouvrier pour les 3 races de StarCraft 2, par [M]LaLuSh.
L'exercice peut sembler artificiel, mais quand on constate la rigueur de la méthode et le recul de la conclusion ("il faudrait des cartes plus grandes et augmenter la limite de population"), on n'est plus si loin de la structure d'un article scientifique en bonne et due forme, dont le sujet n'est pas beaucoup plus farfelu que certaines publications à comité de relecture...
La première réaction quand on découvre l'existence, la variété et la complexité du theorycrafting sur certains jeux varie bien souvent tout juste de l'incompréhension au mépris. Il est vrai, comme je le disais en introduction de ce billet, que la pratique a tendance à dénaturer les jeux, et qu'on ramène une partie de l'expérience de naïveté d'une part, d'inconséquence d'autre part, qui sont des qualités recherchées par beaucoup de joueurs, à une activité laborieuse qui rappelle douloureusement les cours de maths du lycée. Pour tout dire, une fois qu'on est rôdé à l'exercice, il est très difficile de jouer à un jeu sans être tourmenté par l'obsession de l'optimisation. [...]
Un autre aspect est lui plus social et concerne surtout les jeux multi-joueurs : peu sont ceux qui apprécient de se faire asséner la vérité à grands coups de pages de calculs qui sépareraient le bon grain de l'ivraie, particulièrement quand lesdites pages sont brodées dans un langage formel fort peu intelligible. Last but not least, on peut se demander à quoi tout cela peut bien servir alors qu'après tout, bon sang de nom d'une pipe en bois, on parle de jeux vidéo. [...]
Sans rentrer dans le cliché du joueur de MMORPG nécessairement ingénieur en informatique ou PhD du MIT, le theorycrafting est pour ceux qui le produisent (à différencier un peu de ceux qui l'utilisent) avant tout un aspect intrinsèquement ludique, part intégrante de l'expérience de joueur comme peut l'être la découverte du background ou des cinématiques. Une fois qu'on s'est posé la question de savoir quelle serait la meilleure action à effectuer, on peut trouver un plaisir particulier à analyser logiquement le problème et de trimer ce qu'il faut trimer pour en obtenir la réponse. Quant à la portée pratique de ces résultats, elle est assez variée selon les usages. En général, il s'agit simplement de lever le voile sur des questions qui sont posées par un grand nombre de joueurs ; la question "quel cycle d'attaques effectuer pour être optimal" n'est pas beaucoup plus saugrenue que "où se trouve la clé du boss du troisième donjon". Mais dès qu'on pose un pied dans le jeu compétitif, qu'il s'agisse des raids de WoW ou des matchs de StarCraft 2, on entre dans la course aux armements : toutes choses égales par ailleurs, un joueur avec une meilleure connaissance des mécanismes du jeu et des résultats théoriques qui y sont associés devrait l'emporter, et cette connaissance vient se positionner à côté de la précision à la souris ou à la réactivité dans la liste des "skills" que doit maîtriser un joueur compétitif. A un dernier niveau, le theorycraft permet de contribuer à l'analyse globale du jeu, pour suggérer des améliorations, en complément de celui qui est effectué en interne par les développeurs d'un jeu actif. [...]
Qu'on l'apprécie ou non, le theorycraft et ce qui s'y rapporte est devenu, à l'ère des communautés en ligne et des jeux massivement multijoueurs, une composante importante des échanges sociaux autour des jeux.
Sur StarCraft II, les passionnés de theorycrafting ont une excellente compréhension du jeu car ils passent énormément de temps à décortiquer les parties en cherchant à savoir le pourquoi du comment de chaque action. Les plus experts dans ce domaine ont même recours à des logiciels hypersophistiqués d'analyse de replays pour connaître précisément les statistiques des joueurs.
C'est le cas de Vincent « Monster » / « Monsteuh » Lao, joueur Terran de l’équipe eXtensive! qui a une méthode bien à lui et pour le moins originale pour analyser le jeu et évaluer sa progression à StarCraft II.
En effet, pour étudier son jeu et celui de ses adversaires en détails, Monster utilise le logiciel Sc2gears qui permet d’analyser les replays et de calculer les statistiques des actions effectuées par chaque joueur.
Grâce à Sc2gears, Monster peut ainsi comparer ses propres statistiques à celles d’autres joueurs, y compris les meilleurs du monde. Il se fixe un objectif précis à atteindre en termes d’APM/EAPM (effectives APM) et peut juger de sa progression au fil du temps.
C’est pour lui un très bon moyen d’améliorer ses mécaniques de jeu qui sont les bases fondamentales de tous les jeux de stratégie en temps réel. Pour ceux qui voudraient une piqûre de rappel à propos des mécaniques de base sur SC2, n’hésitez pas à voir (ou à revoir) le premier épisode de Docteur YoGo consacré à ce sujet.
Monster a donc ajusté ses lunettes et passé une blouse blanche pour endosser le rôle de professeur spécialisé en theorycrafting pour présenter cette méthode scientifique innovante qui, nous l’espérons, vous permettra vous aussi de progresser à SC2.
Professeur Monster avec Docteur YoGo au second plan (Crédits à eSportsfrance.com)
Le logiciel Sc2gears a été développé par Andràs Belicza et il est régulièrement mis à jour en intégrant les remarques et les suggestions des utilisateurs. L’application est complètement gratuite et elle est téléchargeable depuis le site Sc2gears.