Monster Hunter Rise a la lourde tâche d'avoir à séduire deux publics parfois assez différents, entre les vétérans qui ont joué aux "anciens" jeux, et ceux qui n'ont connu que Monster Hunter World. Il doit donc prouver que son gameplay n'a rien à envier à ses prédécesseurs, et qu'il mérite clairement le détour, voire parfois l'achat d'une nouvelle console malgré le gros retour en arrière graphique qu'est cette version Switch. La démo gratuite, disponible du 8 au 13 janvier 2021, est une première occasion de le faire. Au moins, Capcom montre qu'il n'a rien à cacher en permettant aux joueurs de juger des performances et du gameplay par eux-mêmes. C'est ce que nous n'avons pas manqué de faire.
Contenu de la démo
La démo de Monster Hunter Rise propose deux petites missions tutorielles afin de prendre les plus grosses nouveautés en main, c'est-à-dire le Filoptère, le Chumsky et le nouveau système de chevauchée des monstres, ainsi que 2 véritables missions de chasse avec une limite de temps de 50 minutes. Elles s'adressent clairement aux habitués de la licence puisque les bases du gameplay ne sont tout simplement pas abordées, et un nouveau venu risque de se heurter à un sérieux mur en termes de compréhension et de difficulté. Si vous n'avez jamais joué à un Monster Hunter par le passé, il vaut mieux passer votre chemin, à moins que vous ne soyez extraordinairement déterminés.
Viennent ensuite deux chasses différentes, dans la même région, le Temple oublié. Les 14 armes sont disponibles, ainsi que toutes les fonctionnalités n'ayant pas trait à l'équipement. Il y en a donc pour tous les goûts. La première chasse, décrite comme facile, implique de chasser un Grand Izuchi, un monstre de petite taille par rapport aux autres. Mais entre sa meute, sa queue et les autres monstres dans la zone, nous sommes loin de la chasse au Grand Jagras de MHW. C'est néanmoins une bonne occasion de mettre en pratique les nouveautés. Pouvoir effectuer des manœuvres aériennes avec le filoptère est assez jouissif, même si cela demande une sérieuse période d'adaptation et de prise en main à laquelle la démo se prête peu. Le Chumsky qui sert de monture est en revanche un gros gain de confort et de temps, ce qui explique peut-être pourquoi le jeu nous encourage davantage à explorer la carte afin de récolter des bonus passifs et des petits animaux utiles à déployer au combat.
Chasseur écumant
La seconde chasse disponible, décrite comme étant de difficulté Intermédiaire, propose d'affronter le Mitsuzune. Il s'agit d'un monstre très populaire des vieux titres, dont le retour était vivement anticipé. Sa présence dans la démo est néanmoins surprenante, c'est un combat assez avancé et qui est en pratique difficile, même pour un vétéran, du moins lorsqu'on essaye encore de faire bon usage du filoptère. D'autant que ce monstre a la capacité unique d'envoyer des bulles glissantes un peu partout qui interfèrent avec les déplacements et les attaques du chasseur. C'est donc doublement perturbant quand on essaye de saisir les différences et nouveautés. Son choix pour la démo est donc un peu déconcertant lors des premières tentatives, mais il s'avère ensuite être une bonne cible pour les attaques aériennes au filoptère, d'autant que ce dernier permet de sauter au-dessus des redoutables jets d'eau pressurisés du Mitsuzune. En venir à bout demande en tout cas du temps et du doigté.
Pour ceux qui en veulent davantage, une Rathian et un Arzuros se baladent sur la carte, avec la limite de temps de 50 minutes, il est assez facile de faire un détour pour leur faire assez littéralement la peau. Ce sont des adversaires plus redoutables que le Grand Izuchi, mais ils font pâle figure à côté du Mitsuzune.
Gameplay et nouveautés
Ce n'est pas une surprise, dans les grandes lignes, les actions et fonctionnalités sont similaires à celles de Monster Hunter World, même si les différences dans les raccourcis liés aux Joycon ou au Pad pro sont un peu déroutantes, au départ, quand on passe de l'un à l'autre. Le chasseur nous a en revanché semblé légèrement moins agile que dans World, avec un délai plus long avant de pouvoir réaliser certaines actions comme une esquive après certaines attaques.
Le Chumsky est en tout cas un excellent ajout, et on s'en sert d'une manière bien plus naturelle et intuitive que des montures semi-automatisées introduites par Iceborne. Pouvoir se balader librement, explorer et ramasser à dos de Chusmky fait une grosse différence, y compris dans l'engagement des combats.
Le filoptère apporte une nouvelle dimension aux combats, mais son usage est loin d'être aussi facile qu'il en donne l'air. Les capacités disponibles ne sont pas les mêmes si votre arme est dégainée ou non lors de son usage. Il y a plusieurs variantes, et l'absence d'orientation automatique du personnage (contrairement à la majorité des souls-like) fait qu'on a fortement tendance à partir dans le décor. De plus, les animations d'utilisation du filoptère ne sont pas instantanées et ne donnent pas d'iframes, il est donc facile de se faire interrompre (et de perdre tout de même ses charges) durant leur utilisation. Pour le moment, cela nous semble donc grandement enrichir le gameplay, sans pour autant offrir une victoire facile à n'importe quel chasseur. Nous sommes curieux de voir l'impact que cela aura sur le design des monstres les plus redoutables du jeu.
Nous sommes un peu plus dubitatifs vis-à-vis du nouveau système de chevauchée des monstres. Nous manquons encore de pratique avec ce dernier, mais il ne nous a pas semblé très bien équilibré pour le moment. Il a l'air un peu trop puissant lorsqu'il y a plusieurs monstres, et tout particulièrement en multijoueur. On peut alors se servir du monstre pour attaquer son congénère pendant que les autres chasseurs attaquent librement, et il est même possible de chevaucher l'autre monstre après. Alors qu'en solo, sans autre monstre à portée, la seule option est de l'envoyer directement s'écraser dans un mur. C'est quelque chose qu'il nous faudra tester plus en profondeur dans les jours qui viennent et sur la version complète du jeu.
Vers un monde toujours plus ouvert
Loin des petites zones reliées par des temps de chargement de MHGU, Rise va encore plus loin que Monster Hunter World. La zone du Temple oublié sur laquelle se déroule la démo est évidemment moins belle, mais elle est aussi bien plus épurée que la Forêt ancienne, et surtout, elle est conçue pour pouvoir être presque entièrement explorée. En faisant bon usage du filoptère et de l'escalade, il est possible d'explorer les montagnes ainsi que les recoins reculés de la carte, qui s'avèrent souvent remplis de petites créatures utiles et de ressources. Le jeu nous encourage donc vraiment à explorer et à exploiter les ressources locales plutôt que de foncer tête baissée sur le monstre.
Les limites de la Switch
Un des points sensibles de Monster Hunter Rise est évidemment le fait qu'il ne sorte que sur Switch, du moins pour le moment. Ce n'est pas une surprise, c'est un gros retour en arrière par rapport à Monster Hunter World sur PS4 et Xbox One et tout particulièrement sur PC. Mais c'est heureusement bien plus détaillé et soigné que Monster Hunter Generations Ultimate, lui aussi sur Switch. Cependant, adopter une direction artistique un peu plus "cartoonesque" comme le font la majorité des jeux Switch serait probablement mieux passé visuellement.
Le résultat est néanmoins très bon, du moins pour la Switch. Le temps de chargement initial de la carte n'est pas excessif, et en combats le nombre d'images par seconde est acceptable. Nous sommes à 30fps stables, mais ce n'est pas vraiment problématique sur Monster Hunter Rise vu le rythme des combats et les mécanismes du jeu. Nous avons été davantage dérangés par le niveau de détails assez faible de certains modèles dans les menus, et surtout par la distance d'affichage des objets à l'écran en phase d'exploration. Voir des plantes, insectes et petits animaux apparaître soudainement à une distance fixe de seulement quelques dizaines de mètres est un peu perturbant. Ce n'est néanmoins pas problématique en combat, les grands monstres sont, eux, affichés de loin. Nous avions aussi trouvé la caméra un peu trop proche du chasseur, mais les nombreuses options permettent de paramétrer une grande partie de l'interface et des options de gameplay liées à la caméra par exemple.