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Chaque année, les Worlds de League of Legends nous font une promesse : celle que l'événement le plus prestigieux de la scène compétitive délivrera des matchs et des performances incroyables. Et, soyons honnêtes, depuis le début du Main Event on est loin d'être déçus.
Douze équipes, six rencontres — on vous donne le ton de cette sixième journée du Mondial 2020.
PSG Talon vs DAMWON Gaming
Le PSG n’a pas trop le choix pour espérer voir les quarts de finale. Après une première semaine catastrophique terminée sans la moindre victoire dans la besace, le dernier représentant des PCS doit créer l’exploit. Une remontada serait d’autant plus extraordinaire que son premier adversaire du jour est Damwon Gaming. Les Coréens, parmi les grands favoris du tournoi arrivent quant à eux dans une forme olympique. Alors qu’ils n’ont pas encore connu la défaite dans ces Worlds 2020 de League of Legends, ils trustent également toutes les places d’honneur dans les classements statistiques. Intervention divine, tour de magie, catastrophe naturelle ? Qu’allait pouvoir bien inventer David pour terrasser Goliath ?
L’équipe taiwanaise est au moins venue avec de bonnes intentions. Elle ne voulait pas s’enfermer dans ce rôle de victime expiatoire, d’autant plus que rappelons le, plusieurs de ses titulaires ont raté le début de la compétition à cause des restrictions sanitaires. Le Mondial n’a lieu qu’une fois par an, et il faut savoir en profiter un maximum. Par conséquent, ils se sont lancés à corps perdu dans la bataille dès le début de la partie. Cheese au niveau 1, First Blood et solokill de Tank sur Showmaker au mid, à la surprise générale, les joueurs des PCS se sont retrouvés devant. Les Coréens ne s’attendaient peut-être pas à autant de résistance ou n’étaient tout simplement pas totalement réveillés. Mais les choses sont rentrées dans l’ordre dès le premier teamfight en 5v5. Damwon a douché les espoirs du PSG, prenant l’ascendant psychologique. Ils n’ont plus rien lâché par la suite pour dérouler tranquillement.
Mathématiquement, le PSG n’est pas encore totalement éliminé de la compétition. Mais l’équipe devrait se concentrer sur un objectif plus réaliste : ne pas finir le tournoi dans le déshonneur le plus total. Pour Damwon, c’était un bon petit échauffement, rien de plus.
Rogue vs JD Gaming
Côté Rogue, on propose un draft assez bonne en terme de pression avec un teamfight très intéressant possédant beaucoup de contrôle. Pour JD, c'est comme un air de déjà vu avec une composition 1-3-1 similaire à leur premier affrontement face aux européens. On y a cru pour Rogue (mais pas très longtemps). Comme à leur habitude, ils ont livré un bon early game, avec des dives bien orchestrés au bot side et du côté de Finn "Finn" Wiestål, on a réussi à absorber la pression au top et tenir les trades.
Il aurait juste fallu plus snowball, dans la jungle notamment, pour capitaliser sur le début de partie. Seo "Kanavi" Jin-hyeok , partant pourtant sur un Sylas jungle (réputé pour avoir un clear plus que ridicule en début de partie), a réussi à rapidement à out-farm le Graves de Kacper "Inspired" Słoma. Très sollicité par son équipe, le jungler a enchaîné les dives au détriment de ses ressources. Techniquement, il n'aurait pas dû être en retard. On peut aussi se poser légitimement la question du premier dragon, que les Rogue ont ignoré alors qu'ils avaient l'opportunité de le faire.
Rogue n'a donc pas su exploiter son avantage établi en early et s'est fait submerger par la formation chinoise. Grâce à leur composition très mobile, les JD Gaming ont commencé à grignoter de plus en plus les lanes, notamment Zhang "Zoom" Xing-Ran qui a pu accumuler énormément de ressource sur la bot lane.
L'itémisation de la Orianna aussi pose certaines questions. Seuls dégâts magiques de son équipe, Emil "Larssen" Larsson c'est orienté vers un build support (Graal Impie d'Athènes, Encensoir ardent) — le joueur n'a pu n'y remplir un rôle de support ni un rôle de carry AP. Un build étrange pour le champion avec le plus de range des Rogue face à quatre corps à corps et qui aurait dû tenir en respect mais surtout à distance la composition adverse. En faisant ce choix curieux, lls ont perdu leur seul champion scaling pour le mid/late game.
Et JD Gaming l'a vu ce manque de dégâts, et a forcé les all in. Sans aucune hésitation, ils punissent toutes les erreurs et exécutent systématiquement les cibles isolées. L'ace à la 26 minutes signe la fin des Rogue. Désemparés et sans solution, les rogue se font balayer, les JD Gaming récupère l'âme du dragon, enfonce la mid lane. Rebelote quelques minutes plus tard, 4 Rogue tombent, JD récupère le Nash, clap de fin. Rogue n'avait tout simplement pas le niveau pour tenir l'agressivité de JD Gaming.
Cette défaite signe malheureusement la fin de l'aventure de la troisième seed du LEC dans ces Worlds. Même en cas d'une double victoire et d'une égalité avec JD Gaming, ils ont déjà perdu deux fois face à la deuxième seed chinoise et ne peuvent pas prétendre à un tiebreak.
DAMWON Gaming vs Rogue
Pas d'enjeu pour Rogue, déjà éliminé des World, mais pour DAMWON, il s'agit de sécuriser la première place du groupe B, et de sortir de la phase de groupe invaincu. Les européens n'ont plus rien à perdre à part jouer les trouble fête.
On attendait à ce que Finn "Finn" Wiestål se fasse plaisir, avec sa Irelia notamment, mais le top laner part finalement sur un Sion pour mettre en place un swap lane. Un premier dive sur le top side leur permettra de prendre le first flood sur Jang "Nuguri" Ha-gwon en faveur de Steven "Hans sama" Liv. Au final, cette stratégie n'aura pas porté ses fruits notamment à cause d'erreurs d'exécution — l'équipe européenne ne tirera pas un avantage suffisant de ce swap lane. DAMWON récupère des kills sur les trades et les Rogue ont grillé de nombreux sorts d'invocateur en début de jeu.
Côté DAMWON, on a cette faculté de rester prudent, de ne jamais paniquer pour parvenir à prendre le meilleur — et malgré un début de game sous pression, Nuguri restera très solide sur toute la game.
Et il y a le jungler, Kim "Canyon" Geon-bu, qui fait une énorme game comme à son habitude avec son Graves (5/0/3 à 12 minutes). Les coréens récupèrent la first brick à 11 minute grâce au héraut. Les DAMWON sont extrêmement mobile notamment grâce au Twisted Fate de Heo "ShowMaker" Su. Les Rogue tentent mais les coréens sont juste chirurgicaux mais surtout très proactifs. Ils sécurisent tous les objectifs et punissent systématiquement les tentatives des européens. Les Rogue reculent et concèdent les ressources à Emil "Larssen" Larsson tout en tentant de créer un du jeu avec plus de fantaisie qu'à l'habitude — mais les coréens sont déjà trop devant. Ils accusent presque 10k golds d'avance à la 17eme minute.
Baron à 21 minutes et âme du dragon à 22 minutes pour les coréens, quadra de Canyon (13/0/4) et clap de fin à 24 petites minutes. Jusqu'au bout, les Rogue ont essayés d'être créatifs en tentant notamment de surprendre leur adversaire avec le combo Sion/R - portail transdimensionnel de Ryze et ça, ça nous a fait plaisir.
JD Gaming vs PSG Talon
À première vue, le match entre le PSG et JDG ne se présentait pas comme la plus passionnante confrontation de la journée. D’une part, l’équipe taiwanaise était déjà éliminée de la compétition à cause des résultats précédents — d'autre part, le duel s’annonçait comme très déséquilibré. Avec 4 défaites au compteur beaucoup voyaient le PSG finir le tournoi avec un zéro pointé au Main Event. Mais ceux qui ont profité de ce match pour prendre leur pause déjeuner ont eu tort. Sur League of Legends, il ne faut jamais se fier aux apparences puisque le PSG a créé la surprise. L’équipe sauve l’honneur et enterre définitivement les chances des Chinois de finir à la première place du groupe B. Sûrement trop confiants, il faudra apprendre à respecter ses adversaires.
JDG ne s’est jamais vraiment affolée pendant la partie. Et pourtant, tout avait extrêmement mal démarré. Dès le niveau 1, les Chinois ont forcé un 5v5 incompréhensible qui a mal tourné. Très rapidement, l’équipe se retrouvait en 0-4 et la Kindred ennemie de Kim "River" Dong-woo accumulait 3 charges en à peine 4 minutes. La plupart des équipes aurait paniqué, mais JDG n’a pas bouleversé son plan de jeu. L'équipe chinoise a attendu patiemment son heure, comptant sur le late game de Kayle. Le problème, c’est que son heure n’est jamais venue. Le PSG a rapidement stocké les dragons pour obtenir une âme élémentaire très tôt profitant de l’apathie des Chinois qui n’ont absolument montré aucune réaction durant tout le match. Englués dans le faux rythme des représentants des PCS, ils se sont faits lentement mais sûrement étouffer. Trop certains de pouvoir comeback au talent, c’est une bonne leçon pour la suite de la compétition. Pour être champion du monde, il ne faut négliger aucun match.
La deuxième seed chinoise va avoir quelques jours pour méditer et se reprendre. Assurée de finir 2e du groupe, elle risque maintenant de devoir croiser le fer avec un gros poisson, comme Top Esports. Elle se serait bien passée de cette défaite qui expose certaines de ses faiblesses. L’équipe n’est pas habituée à jouer derrière et n’est pas à l’aise dans un rythme lent. Ses futurs adversaires pourront donc s’engouffrer dans cette brèche.
PSG Talon vs Rogue
Puisqu'aucun enjeu ne pesait sur cette rencontre, les DAMWON et JD Gaming étant déjà hors de portée, on n'attendait pas grand-chose de la part des rookies du LEC — sinon peut-être que de partir avec panache, en signant un sacré baroud d'honneur.
Malheureusement, dès la fin de la draft, on sentait que les choses ne pouvaient que mal se passer. Bien que Finn "Finn" Wiestål ait choisi sa Irelia, le pick qui l'a fait connaître en tant qu'OTP bien avant qu'il ne devienne pro, les Rogue manquent cruellement d'engage. Pour initier les teamfights ou les retourner, les rookies ne peuvent compter que sur les flankings de Lilia ou sur un ultime d'Orianna, tandis que le PSG Talon aligne Ornn, Thresh, Syndra et Aphelios.
Très vite, Kim "River" Dong-woo se balade avec son Graves dans la jungle des Rogue comme si c'était la sienne, et le sort des rookies semble déjà scellé. À 15 minutes, Finn et Emil "Larssen" Larsson sont déjà largués dans la course aux golds, et le destin de la 3e seed du LEC ne repose plus que sur les épaule de Steven "Hans Sama" Liv.
Malgré les efforts, les Rogue peinent à trouver l'engage, souffrant terriblement de leur erreur de draft. Pourtant, les deux équipes se tiennent aux golds jusqu'à la 27e minute, où la différence de composition donne finalement l'avantage en teamfights au PSG Talon. Malgré une ultime tentative de Larssen, qui TP derrière le bloc du PSG Talon pour éliminer les sbires et empêcher temporairement la fin de la game, le club franco-taiwanais sécurise finalement la victoire.
Rogue s'incline — mais de toute manière, cela n'a plus aucune importance.
JD Gaming vs DAMWON Gaming
En raison des scores, cette dernière rencontre de la journée n'avait, elle non plus, pas de véritable enjeu. Ou plutôt, elle ne comptait pas pour déterminer quelles équipes du Groupe B s'apprêtaient à avancer vers les quarts.
On s'attendait à voir DAMWON Gaming imposer à JD Gaming leur style de jeu lent et calculé, à être les spectateurs d'une rencontre jouée sur le fil, où les erreurs se font rares et où le rouleau compresseur coréen s'impose inexorablement — mais la dernière game de la journée s'est en réalité transformée en un véritable bain de sang. À la minute 3, Zhang "Zoom" Xing-Ran ouvre le bal avec sa Camille en découpant le Sett de Jang "Nuguri" Ha-gwon sous les yeux de son jungler. Kim "Canyon" Geon-bu réagit immédiatement, et pulvérise la duelliste — mais le mal est fait.
Le joueur chinois est considéré, sinon comme le meilleur, du moins comme un des toplaners les plus réputés de la compétition. En réponse à sa mort, il se téléporte au mid et très vite, il fait sentir à DAMWON qu'avoir obtenu le First Blood lui suffit pour dominer non seulement sa lane, mais aussi la map.
Malgré un écart aux kills, la formation coréenne refuse de céder l'avantage aux golds. Pourtant, les JD Gaming maîtrisent l'art des escarmouches sur le bout des doigts. D'autant que leur composition favorise l'engage, grâce à la mobilité du Twisted Fate de Zeng "Yagao" Qi, aux ultimes longue portée du Bard de Zuo "LvMao" Ming-Hao ou bien simplement grâce aux dash furieux de la Camille de Zoom.
Justement, le toplaner sort de cette phase d'escarmouches en 6/2, et on le voit déjà carry la game. Les DAMWON semblent complètement dépassés par l'agressivité du roster chinois et s'enlisent dans des teamfights non désirés, virant souvent en débandade. Pourtant on les sent en train de concocter quelque chose.
Patiente, la formation coréenne attend que les JD Gaming poussent les limites de leur avantage trop loin — ce qui arrive justement après un flank magnifique de Canyon à la 21e minute. 3-0 en faveur de DAMWON, et l'écart au gold redescend à 2k. On sent le rouleau compresseur coréen sur le point de se mettre en marche, mais les Chinois refusent d'abandonner — et Zoom continue de faucher quiconque croise son chemin. Dos au mur, la formation coréenne parvient à déployer une ultime once d'énergie pour remporter un dernier teamfight, mais on les sent à bout.
Face à la pression constante du roster chinois, l'équipe coréenne s'incline finalement, abandonnant l'espoir de sortir des groupes en 6-0, un exploit que seules trois équipes sont parvenues à accomplir depuis la première édition des Worlds...