Crédit photo : LoL Esports
Les fans de League of Legends égrainent les heures avant le coup d'envoi de la grande finale des Worlds 2020. Dix compétiteurs sont à deux doigts d'atteindre le rêve de tout joueur professionnel : devenir champion du monde et soulever la Coupe de l'Invocateur. Et, si les deux formations alignent des joueurs bourrés de talent, une seule l'emportera, abandonnant l'autre dans la défaite. C'est la dure loi de la compétition. Mais avant leur rencontre, avant que les choses sérieuses commencent, la rédaction s'est amusée à comparer les deux équipes, match-up par match-up, afin de déterminer qui aurait l'avantage.
En découle notre 5 fusionné à partir des deux équipes, une formation aussi subjective que rêvée — une dream team de finalistes qui, sur le papier, assemble ceux qui à nos yeux ont le plus brillé.
Le 5 fusionné
Top : Bin, le volcan endormi
Avant les Worlds, certains s'inquiétaient de l'état de santé de Jang "Nuguri" Ha-gwon, opéré peu avant le début de la compétition. Le Coréen n'a cependant pas déçu cette année, contrairement à l'édition précédente où il avait enchaîné les contre-performances. Pour autant, dans son match-up direct, il semble un poil en-dessous de Chen "Bin" Ze-Bin.
Le petit prodige chinois n'a que 18 ans mais il a déjà la carrure d'un grand nom. Etincelant contre JD Gaming et Top Esports, il fait figure de roc impérissable, bien plus régulier que Nuguri. Malgré sa grande polyvalence qui lui permet de jouer Kennen ou Lulu en toplane, le joueur de DAMWON a montré quelques signes de faiblesses quand il n'avait pas le match-up et qu'il devait jouer weak side. Dans son parcours quasi immaculé, sa performance catastrophique (0/7/1) avec Fiora durant le match contre G2 Esports fait tâche — d'autant plus que qu'il était au cœur de la composition de son équipe. Colmparé Bin, Nuguri semble bien plus perméable à la pression — chose qui joue clairement en sa défaveur.
Le toplaner chinoise ne semble au contraire avoir peur de rien, à l'image du Super Serveur dans lequel il a fait ses armes. Même quand il n'a pas le match-up, il est capable de bien résister pour atteindre le late game où son Gangplank est monstrueux. Comme un volcan qui se réveille, rien ne semble pouvoir empêcher son éruption, ni la destruction qui s'en suit. A nos yeux, il a plus brillé que Nuguri sur l'ensemble de la compétition, notamment parce que la synergie avec son jungler lui permet de jouer sa lane avec une grande liberté.
Jungler : Canyon, l'inondation totale
Depuis que la compétition a débuté, Kim "Canyon" Geon-bu ne semble tout simplement pas connaître le sens du mot "échec". Damwon Gaming est un rouleau compresseur qui développe un jeu froid et calculé et pour écraser ses adversaires. Et celui qui impose ce rythme pour contrôler la partie, c'est Canyon. Dans une métagame faisant du jungler la clef de voûte de n'importe quelle formation, personne ne peut prétendre gagner le titre sans un véritable artiste. Et, ça tombe bien pour DAMWON, car Canyon est de cette trempe.
Sans fioritures ni gâchis, le Coréen connaît son League of Legends sur le bout des doigts et maîtrise parfaitement les champions du moment : Graves, Nidalee et Kindred. Souvent décisif, il ne semble laisser aucune place à la moindre erreur, capitalisant au contraire sur les faux pas de ses ennemis s'ils lui laissent ne serait-ce qu'un centimère de trop pour agir. Comme une fuite d'eau, il trouve son chemin, appuie là où ça fait mal et transforme progressivement ce point de pression en une inondation totale.
De l'autre côté, Lê "SofM" Quang Duy ne manque clairement pas de talent et — comme son nom, "Style of Me", l'indique — il a vraiment imposé son propre style de jeu dans la compétition. Il aime bien jouer tank, même avec des champions comme Lee Sin. Cela dit, sa grande force est aussi une faiblesse de temps en temps, car il est très coinflip. Obsédé par le farm, il joue toujours à la limite et peut se retrouver totalement hors de position. Volontaire et dévoué, il n'hésite pas à se sacrifier pour son équipe. C'est passé jusqu'en finale, mais maintenant on a peur que ça casse — et c'est au final pour cette raison qu'on préfère retenir son homologue Coréen.
Mid : ShowMaker, le châtiment divin
Ce n'est pas faire offense à Xiang "Angel" Tao que de dire qu'il n'y a, du moins pour le moment, pas vraiment de match sur la midlane. On se mouille un peu, mais il paraît difficile de ne pas considérer Heo "ShowMaker" Su comme le meilleur midlaner du monde. Le Coréen déploie un niveau de jeu si stratosphérique qu'on en vient à douter qu'il est bien humain. Et, si on ne sait pas encore s'il est de nature divine ou s'il vient d'une autre planète, on peut en revanche illustrer son talent par des chiffres : avec 1,38 mort par partie en moyenne, ShowMaker est presque immortel.
Durant les demis, face à G2, il est parvenu à appliquer tant de pression sur Rasmus "Caps" Winther-Borregaard que le midlaner Danois s'est éteint. Oppressant, le Coréen déploie une agressivité constante, identifiant et pénétrant dans la moindre Faille pour oblitérer ses adversaires. Peu de joueurs sont parvenus à endurer cette force contre-nature, d'autant plus terrible qu'il suscite désormais une intimidation considérable.
Face à lui, Angel offre un visage beaucoup plus humain. S'il a démontré de belles performances, notamment sur Akali, le Chinois trouve plutôt sa force dans le collectif. Il n'hésite pas à jouer des champions plus utilitaires (Galio, Oriana) pour faire briller ses coéquipiers — chose louable et cohérente au sein de sa formation. Cela dit, il paraît difficile de le comparer au midlaner Coréen, qui fait plutôt figure de superstar...
ADC : huanfeng, le bombardement
Tang "huanfeng" Huan-Feng n'était pas l'ADC le plus attendu de ces championnats du monde. Pour le grand public, il n'était d'ailleurs pas loin d'être anonyme, puisque tout le monde avait les yeux rivés sur l'ancien champion du monde, Yu "JackeyLove" Wen-Bo (Top Esports). Mais, il a prouvé que, dans ces Worlds, il était le meilleur ADC chinois — et de loin. Son profil d'ADC old-school ne lui porte pas préjudice. Il se repose sur une bonne phase de lane, de grosses mécaniques et un excellent focus en teamfight. Il n'est pas du genre à prendre des risques inutiles et si on lui offre un minimum de protection, il fait le travail.
De l'autre côté, Jang "Ghost" Yong-jun a aussi montré de belles choses — mais il est souvent livré à lui-même. DAMWON Gaming ne joue pas vraiment autour de lui et le Coréen doit souvent se débrouiller comme il peut. Cette impression est d'ailleurs confirmée par les statistiques. Ghost a moins de kill participation (64,3 contre 67,7 %), inflige moins de dégâts dans son équipe (23,3 contre 29 %) et reçoit moins de ressources (21,9 contre 24 %). C'est sûrement le meilleur ADC low-ressource, mais ce titre honorifique ne l'aide pas dans ce duel.
Support : BeryL, la tornade folle
Il existe plusieurs types de support dans League of Legends. Certains aiment jouer les larbins auprès de leur botlaner, pour les protéger un maximum. Cho "BeryL" Geon-hee a un profil diamétralement opposé. Libre comme l'air, il passe presque plus de temps sur les autres lanes qu'aux côtés de son ADC. Certains crieront au scandale, mais les résutlats joue en sa faveur : avec son roaming constant, le support crée une énorme différence. Il agit presque comme un second jungler et trouve très souvent des ouvertures qui permettent à son équipe de snowball. C'est un grand facilitateur qui déborde d'imagination pour trouver des failles chez l'adversaire. Véritable playmaker, il a aussi montré qu'il disposait d'un pool de champion très large.
De son côté, le Taïwanais Hu "SwordArt" Shuo-Chieh est un peu plus prévisible. S'il a beaucoup joué Bard, il dispose surtout de 100 % de winrate avec Leona en 5 parties. On devrait donc voir quelques bans le concernant dans la grande finale. SwordArt est plutôt une force tranquille et dispose d'une grande expérience, mais il est globalement plus discret et moins brillant — raison finale venant justifier notre choix.
Que pensez-vous de ce 5 fusionné ? Voyez-vous certains match-up d'un autre œil ? N'hésitez pas à partager votre avis en commentaire. Il n'existe pas une seule vérité et la seule qui compte vraiment, c'est de toute façon celle de la Faille de l'Invocateur. On vous donne donc rendez-vous samedi pour la grande finale à 11h00 !