Will Shen a travaillé chez Bethesda pendant près de 15 ans, en tant que concepteur sur des jeux tels que Skyrim, Fallout 4 et Starfield. Lors d'une récente interview avec le podcast Kiwi Talkz, ce vétéran de l'industrie a partagé ses réflexions sur la direction actuelle de l'industrie et le déséquilibre entre durée de jeu et satisfaction des joueurs.
Une industrie en porte-à-faux avec les attentes les consommateurs
Les jeux modernes sont devenus des investissements de temps autant que d'argent. Avec un prix moyen de 70 euros, les joueurs attendent une expérience qui reflète cette valeur, et cela a conduit les studios à produire des jeux proposant des dizaines, voire des centaines d’heures de contenu. Des titres comme Skyrim, Fallout 4 ou encore le récent Starfield incarnent cette tendance, offrant des expériences quasi illimitées. Cependant, selon Shen, ce modèle commence à peser sur les joueurs.
Cette approche peut en effet épuiser une partie du public, qui se retrouve submergé par des mondes gargantuesques et des campagnes interminables. Selon l'ex-designer de Bethesda, les joueurs sont désormais fatigués d'investir plus de 100 heures dans un seul titre.
Les jeux courts, une alternative bienvenue
Face à ce phénomène, Shen observe un regain d’intérêt pour les jeux indépendants plus courts. Il cite l’exemple de Mouthwashing, petit jeu d'aventure d'horreur psychologique d’une durée de trois heures qui offre une expérience complète, engageante et franchement marquante.
En comparaison avec ce genre de titres concis et efficaces, les jeux plus longs risqueraient bien de perdre des joueurs avant même qu’ils n’aient exploré tout le contenu.
Si les grands jeux à monde ouvert comme Starfield restent populaires, leur énormité peut être intimidante. En proposant des expériences plus condensées, les studios indépendants répondent à une demande pour des titres accessibles, moins chronophages, mais tout aussi riches en émotions.
En rétrospective, Will Shen reconnaît que la popularité des jeux à durée de vie illimitée a déjà conquis des millions de joueurs sur de longues périodes, mais que cette approche n’est pas sans coût : de plus en plus de joueurs désirent maintenant des expériences plus ciblées et digestes. Alors que Shen poursuit sa carrière chez Unknown Worlds Entertainment, à qui on doit notamment le merveilleux Subnautica, il semble clair que l’avenir des jeux vidéo — ou du moins, de ses jeux — résidera dans un équilibre subtil entre durée et satisfaction.
Eh oui, les jeux comme Mouthwashing prouvent bel et bien que l’impact d’un titre ne dépend pas toujours de sa longueur, mais de la qualité de l’expérience qu’il propose.
En tous les cas, l'industrie du jeu vidéo devra bientôt réévaluer ses priorités, et qui sait, la fatigue engendrée par les jeux à rallonge pourrait marquer le début d'une nouvelle ère pour les AAA.