Avec un dernier rendez-vous, mardi soir dernier, dédié à House of Ashes de Bandai Namco, l'édition 2021 du mythique "salon" de l'E3 s'est terminée. Un cru assez étrange, où se sont croisés conférences d'éditeurs tiers au ras-des-pâquerettes et surprises de qualité (le plus souvent gâchées quelques heures auparavant). Une édition également "tout en ligne", qui a bien eu du mal à convaincre, malgré des horaires de conférences respectueux des Européens et des lives sur des dates plus rapprochées afin de garder cet aspect "semaine du jeu vidéo".
La pertinence des conférences éditeurs-tiers mise à mal
Hormis Ubisoft qui est finalement resté dans la continuité de ses rendez-vous passés, en proposant un Ubisoft Forward solide (qui l'aurait été d'autant plus sans le leak de Mario + Lapins Crétins 2) et Devolver, qui s'est à nouveau démarqué avec un live satirique, la grande majorité des conférences dédiées aux éditeurs-tiers était compliquée à regarder : mention spéciale à Koch, qui a aspiré notre âme dès le day one. On se demande alors si tout cela était finalement nécessaire : Bandai Namco avait-il besoin d'en montrer autant sur House of Ashes ? Capcom avait-il vraiment besoin de tout cet espace pour révéler ce que l'on sait déjà, hormis un bout de texte annonçant que des DLC pour Resident Evil Village sont en travaux ? Surement pas non, seulement nous étions tellement accrochés à l'espoir d'entrevoir "une surprise" que nous avons cédé du temps de cerveau sans sourciller : la magie de l'E3, surement. Et puis il y a également tous ces rendez-vous hors période E3, le format du Nintendo Direct s'est démocratisé et cette période, censée être "exceptionnelle" ne l'est plus tant que ça. Tous les éditeurs majeurs sont désormais habitués à s'adresser directement à leur public.
Les grands absents, impact de la pandémie sur les développements
L'impact du coronavirus sur les développements en cours a forcément du contribuer à l'absence de certains projets lors de cette édition. Les développements avancent, on le sait parce que des teasers ont été publiés, ou que des personnes proches de certains projets (coucou Mr Kamiya) confirment la bonne tenue des événements. Il s'agit également de jeux au développement compliqué (Beyond Good & Evil 2, Everwild), ou d'annonces faites trop tôt. C'est finalement l'absence de Sony (le constructeur a présenté Horizon Forbidden West il y a quelques semaines), qui est la plus révélatrice du message de cette édition : les jeux ne sont pas prêts, soyez patients. Tous ces "grands absents" ont contribué à laisser penser (avec les conf éditeurs tiers mentionnées plus haut) qu'il s'agissait d'une mauvaise édition : ce serait bien vite oublier les belles surprises auxquelles nous avons eu le droit au cours de ces quelques jours, même si elles ne furent pas du goût de tout le monde. On pensait que la fin 2021 serait bien tristoune, justement à cause de tous les reports, mais finalement on va tous avoir de quoi se faire plaisir, il suffit de jeter un œil au calendrier pour s'en convaincre.
De belles surprises tout de même
Eh bien oui, au bout du compte, il y a tout de même eu quelques jolies surprises au cours de cet E3 2021. Bon c'est dommage, ça a un peu commencé par la fin, puisque Geoff Keighley nous révélait dès le premier soir la date de sortie et un nouveau trailer pour Elden Ring, la prochaine légende de From Software. A partir de là, comment faire mieux finalement ? Même Zelda Breath of the Wild 2, tout aussi enthousiasmant soit-il, n'a pas été aussi loquace sur ses possibilités, là où FS a vraiment lâché les chevaux avec une tonne d'informations inédites. Ça n'a pas empêché Nintendo de faire plaisir à une frange de son public surement plus... "initié" (ou plus âgé) : Shin Megami Tensei, Wario Ware et même Metroid finalement.. Ce sont des licences emblématiques, certes, mais pour les trentenaires, c'est aussi pour cela que les réactions autour du Nintendo Direct ont laissé entendre deux sons de cloche bien distincts. Et puis il faut tout de même évoquer la conférence Microsoft, qui a tout de même aligné un show rempli de sorties, qui pour la plupart iront direct dans le gamepass, et puis... Forza Horizon 5 quoi ! On attendait que Microsoft fasse cracher un petit peu sa Series X pour voir ce qu'elle a dans le ventre, et c'est finalement Playground Games qui s'en charge (oui, ceux qui sont également sur Fable). Enfin, de nouveaux projets inattendus ont fait leurs premiers pas sur le devant de la scène, le très étrange Stranger of Paradise et le rescapé Avatar en tête de liste.
Le format virtuel, voué à l'échec ?
Si vous êtes un simple viewer de l'E3, la succession de conférences 2021 n'a pas dû changer grand chose à vos habitudes. Cependant, le tout-virtuel, et l'arrivée de la concurrence de Geoff Keighley et de son Summer Game Fest, implanté depuis l'année dernière, a ajouté un peu de lourdeur à l'ensemble. Certains jeux sont apparus dans 3 conférences différentes, avec le même contenu. Il manquait clairement de l'organisation et une certaine cohérence à cette édition, la première en ligne de l'ESA : malgré ces couacs, le rendez-vous a tout de même fait d'excellentes audiences. On ignore cependant si cette formule va pouvoir perdurer. Les livestreamings ont certes leurs avantages, mais il ne s'agit à aucun moment de substituts à un véritable salon de jeux vidéo, qui a d'autres objectifs que de simplement dérouler du trailer pendant des heures. Comme l'a rappelé Bertrand Amar sur le Mag Jeux Vidéo de la chaine ES1 : il y a du business qui ne se fait qu'à l'E3, puisqu'il s'agit d'un rendez-vous privilégié entre tous les acteurs mondiaux du jeu vidéo à un seul et même endroit. Et puis, soyons francs, les chats twitch n'ont pas vraiment la même saveur que les quelques gars qui gueulent "WOUUUU" à chaque annonce.