La rumeur de l'arrivée prochaine d'un jeu Final Fantasy avec un gameplay proche des Souls-Like n'avait pas manqué de faire saliver de nombreux fans qui aiment les deux licences. Mais l'annonce de Stranger of Paradise Final Fantasy Origin durant la conférence E3 de Square Enix a eu droit à une réception plutôt mitigée pour plusieurs raisons. Sa démo mise à disposition immédiatement sur PS5 (encore une fois) souffrant de fichiers corrompus, il nous a fallu attendre deux jours pour le Patch 1.03 qui a corrigé le problème, afin de pouvoir découvrir par nous-même le gameplay du titre, et juger directement à l'écran si ses graphismes sont aussi datés qu'ils en avaient l'air dans le trailer.
Le pouvoir de l'émulation
Premier constat avec le tutoriel dans un champ de blé, le jeu est effectivement assez laid. Pour reprendre la comparaison faite par d'autres, mais qui nous semble appropriée, on dirait un jeu PS3 étendu en 4K. Les détails et textures sont souvent pauvres et flous, les jeux d'ombres et de lumière sont aussi assez peu convaincants. Nous sommes bien conscients que le jeu est encore en cours de développement, et que la démo est basée sur la version alpha du jeu. Il est possible que la version finale soit significativement plus belle, et que certains problèmes soulignés soient réglés à la sortie. Ils peuvent aussi encore être présents, cela ne sera pas la première fois que cela arrive. Dans tous les cas, nous basons notre avis sur la démo, et nous ne manquerons pas de le réévaluer avec la mise à disposition de versions améliorées du jeu à l'avenir.
L'univers et les décors sont très sombres, et le jeu a l'air de chercher à donner un peu cette ambiance terne et oppressante souvent assimilée aux Souls-like, mais dans la démo cela ne s'accordait pas très bien à notre trio de personnages ni aux dialogues un peu décalés et particuliers propres aux jeux Final Fantasy récents. D'autant que c'est accompagné d'une musique orchestrale de qualité, mais qui n'aide pas forcément à nous plonger dans l'ambiance des jeux du genre. Il sera plus simple de juger de la chose avec le jeu complet qu'avec un segment extrait sans contexte, mais on semble clairement s'orienter vers une histoire et ambiance typiques de la licence Final Fantasy.
Niohrigin
Autant le dire tout de suite, le gameplay n'a en réalité pas grand chose à voir avec celui des Souls, il est un peu plus proche de celui des Nioh, mais c'est assez relatif, nous sommes plutôt en présence d'un beat them all difficile. On retrouve des mécanismes et inspirations tirés de nombreux action-RPG, comme Final Fantasy 7 Remake, un peu de Nioh 2 et d'autres. Ici pas de barre d'endurance, à la place une barre de mana sert à déclencher les attaques spéciales ainsi que les sorts. Mana qui peut être récupéré en attaquant les ennemis, en absorbant les attaques ou en les exécutants d'une façon spéciale lorsque leur barre d'équilibre est brisée. Cela implique de trouver le bon mélange entre agression, survie et gestion de l'équilibre (des ennemis comme du votre).
Bloquer les attaques est très efficace et simple, mais cela va réduire votre barre d'équilibre rapidement, en particulier sur le boss. Lorsqu'elle est brisée, vous tombez au sol un instant, ce qui vous expose à une attaque dévastatrice. Ce n'est cependant pas votre seule option, outre l'esquive simple voire la grosse roulade, vous pouvez utiliser un des mécanismes au cœur du gameplay, l'égide spirituelle. Parer une attaque avec va sérieusement réduire votre équilibre, mais cela permet aussi d'absorber certaines capacités spéciales (indiquées en violet) pour les réutiliser plus tard. Il est assez jouissif de voler un hurlement de zone d'une chauve-souris pénible, ou tout simplement les boules de feu du boss afin de lui griller les fesses lorsqu'il est trop loin. Cela ouvre en tout cas pas mal de possibilités en votre faveur lors des gros combats.
Et ce n'est pas tout, lorsque vous mourez, vous revenez au dernier cube activé sur la carte. Ces derniers remplissent votre vie, votre mana et vos potions, et font réapparaître les ennemis, ce qui est effectivement un élément classique des Souls-like, il n'y a pas de pénalité d'âmes ni d'expérience, mais vous perdez une partie de votre mana maximum. Pour le rétablir, il faut exécuter des ennemis ou bloquer des attaques avec l'orbe. Le problème est que si vous mourez en boucle, en particulier sur un boss (ce qui a de très fortes chances d'arriver), vous allez finir avec deux malheureuses barres de mana maximum, ce qui va grandement compliquer un combat déjà ardu. Signalons au passage que quand votre personnage tombe à terre, il n'est pas invincible, et nous avons été tué directement plus d'une fois par un combo du boss sans avoir pu nous relever, à moins d'être vraiment bon, il est normal de mourir au départ, le temps d'apprendre les patterns de ces derniers. La difficulté est bien au-dessus de ce à quoi les autres titres de la licence nous ont habitué, cela ne fait aucun doute, même en difficulté Normale.
Un des points les plus intéressants du gameplay, qui est effectivement étroitement lié à de nombreux vieux titres Final Fantasy, est l'intégration des classes que vous pouvez changer librement. Vous démarrez comme simple gladiateur, et tuer des ennemis donne de l'expérience qui débloque des points de talent à investir dans l'arbre de gladiateur, cela peut être passif comme des caractéristiques, ou actif avec une nouvelle compétence à intégrer à vos combos d'attaques. Mais vous allez aussi débloquer d'autres classes en trouvant des objets mondains, par exemple Sorcier en trouvant un bâton. Plutôt que d'attaquer à l'épée à deux mains, vous allez lancer des sorts et bloquer au bouclier. Cela permet de gérer d'une façon radicalement différente les combats. Le groupe de boules de feu vivantes qui nous a massacré plusieurs fois s'est fait éteindre après quelques vagues. L'interface de lancement des sorts laisse cependant vraiment à désirer pour le moment et cette classe s'est avérée injouable sur le boss, un peu d'expérimentation et de la familiarisation avec chacune des classes disponibles semble de mise.
Chaque classe n'a pas l'air destinée à être viable en toutes situations, puisque vous pouvez en avoir deux actives en même temps, chacune avec son propre équipement et ses points de talent. Vous pouvez passer de l'une à l'autre en combat d'une simple pression de touche, voire au milieu d'un combo dans certains cas, il y a de quoi être créatif. Nous avons aussi débloqué une classe à distance durant la démo, ainsi qu'une classe avancée en atteignant le bout de l'arbre gladiateur : le guerrier, qui dispose de capacités plus spécialisées et plus puissantes comme un cri de guerre qui rend de la vie, ainsi que l'accès à de nouvelles armes. Et de l'équipement, vous en aurez, c'est souvent une véritable mare de butin qui vous attend au sol après un gros combat, gérer l'optimisation de son équipement pour plusieurs classes risque de relever rapidement de la corvée. Il est possible d'optimiser tout son équipement automatiquement d'une simple pression de touche, mais en contrepartie, on peut s'interroger sur la pertinence de l'équipement dans ce contexte. Ce n'est vraiment pas l'aspect de Nioh qui nous manquait, et le problème a l'air encore plus prononcé que dans les précédents titres de Team Ninja.
Un élément qui nous a marqué lors de la démo est que le niveau disponible n'était pas linéaire. Un passage particulièrement ardu du début du jeu a pu être contourné, afin d'y revenir plus tard au besoin. Il est possible d'ignorer complètement certaines sections du niveau au profit d'autres, que ce soit pour mettre la main sur du butin additionnel, ou juste pour atteindre le boss avec un trajet un peu différent. La démo n'est pas idéale pour juger pleinement de la chose, mais le jeu donne l'impression que des zones facultatives et des niveaux liés pourraient bien être présents.
Si la démo de Stranger of Paradise Final Fantasy Origin ne nous a pour le moment pas du tout convaincu sur la forme, avec ses graphismes datés et son ambiance douteuse, le gameplay s'avère en revanche fort prometteur. Les classes variables combinées aux différentes manières de gérer les affrontements peuvent donner un jeu aux combats satisfaisants et profonds pour différents types de joueurs. Cela sera donc un titre à garder à l’œil, même sans nécessairement être fan de Final Fantasy.
