Chaque année, le Mondial 2020 de League of Legends rassemble les meilleurs joueurs et équipes venus des quatre coin du globe, et forge les histoires ainsi que les légendes de la scène. Au cour des éditions précédentes et des années passées, certains se sont dressé en favoris de la compétition ou du public, en devenant des égéries de la Faille.
Malheureusement, le monde compétitif est aussi juste qu'il est dur, et certaines de ces légendes ont échoué à se qualifier et sont désormais aux abonnées absents...
FunPlus Phoenix ne défendra pas son titre
Qu’il doit être dur pour les actuels tenants du titre de regarder le Mondial se jouer sans eux — et à domicile de surcroît. Avec le même roster que celui ayant défait G2 Esports à Paris lors de la grande finale de 2019, FPX n’a pas su sortir son épingle du jeu cette saison. Après une troisième place arrachée face à Invictus Gaming lors des playoffs du Spring Split, l’équipe connaît une seconde moitié de saison bien plus mitigée. Dans la douleur, elle parvient de justesse à se qualifier pour les playoffs du Spring (à la huitième place) et se fait très sèchement sortir par l’une des révélations du segment, Victory 5 — et ce, dès le premier round. Ne restaient plus que les finales régionales, dernier espoir de qualification pour les Worlds. Un choc épique, un Bo5 serré entre deux anciens champions du monde et un re-match de la petite finale du spring split, sauf que cette fois ci, c’est Invictus Gaming qui l’emporte, non sans rencontrer quelques difficultés.
Ce qui explique en grande partie la contre performance des champions du monde cette année, ce sont avant tous ses adversaires. La LPL a montré un niveau stratosphérique mais a surtout mis en lumière des équipes montantes comme JG Gaming et Top Esports. L’étonnant Victory Five a aussi épaté de son côté, dernier au Spring (0-16), la structure surprend au segment estival et écope de la 5ème place de la saison régulière, une performance qui peut s’expliquer par le changement de coaching mais aussi avec l’arrivée de trois joueurs de Suning.
Alors oui, FPX s’est fait dépasser cette saison et devra probablement ajuster son roster pour 2021 mais surtout s’adapter et égaler le style de jeu très agressif des nouvelles équipes montantes.
La prophétie ratée de Faker
L’histoire avait pourtant bien commencé. Victorieux lors du Spring Split, l’équipe a été éliminée des playoffs du summer split de la LCK dès le premier tour face à Afreeca Freecs. Un destin similaire à FPX, à la différence que beaucoup ont cru jusqu’à la dernière minute que l’équipe arriverait à se qualifier pour les Worlds. Face à Gen.G en finale des qualifications régionales, l’équipe s’effondre et se fait atomiser 3 à 0, voyant s’envoler au loin son rêve de Mondial.
Alors comment expliquer ce résultat ? Le bench de Faker à mi-split au profit du rookie Lee “Clozer” Jy-hyeon ? Probablement pas, le joueur n’a perdu que trois rencontres sur les quinze qu’il a joué et a montré des performances plus que correctes (l’affaire avait d’ailleurs heurté l’égo de certains fans qui étaient montés dans les tours, forçant la structure à réagir et dénoncer ce harcèlement)
Alors oui, Faker reste indéniablement un joueur de très haut niveau, mais il a face à lui de nouveaux adversaires qui peuvent maintenant l’égaler, voire le surpasser, comme Jeong "Chovy" Ji-hoon, Gwak "Bdd" Bo-seong et Heo "ShowMaker" Su. À l’image des athlètes de sports dits traditionnels, les athlètes esportifs d’aujourd’hui sont plus performants que leurs prédécesseurs, les joueurs de LoL sont tout simplement meilleurs qu’ils ne l’étaient lorsque Faker a débuté sa carrière en saison 3.
L’échec de T1 ne repose d’ailleurs pas sur les épaules de Faker : avant d’être un échec individuel, c’est surtout un échec collectif. Après une saison 2018 catastrophique, on pourrait même dire que 2019 est une réussite en demi-teinte pour la structure tout juste rebrandée, qui a tout de même réussi à récupérer un titre et ce, malgré le contexte sanitaire difficile et l’ombre de la ligue franchisée qui se dessine pour 2021.
Faker devra donc attendre encore un peu s’il veut accrocher une quatrième étoile à son maillot.
Cloud9 reste au pays
Les Worlds sans Cloud9, c’est une révolution en soit. Depuis la saison 3, la structure n’avait jamais raté le rendez-vous. Même si l’équipe n’a jamais touché une finale du bout des doigts — leur meilleure performance restant la demi-finale de 2018 face à Fnatic durant laquelle ils se sont fait atomiser 0 à 3 — on s’était habitué à les voir sur la grande scène (et se délecter des innombrables memes sur eux).
Cet échec n’aurait d’ailleurs pas dû arriver. Après un spring quasiment immaculé (17-1 en saison régulière), et une victoire éclatante en playoffs face à FlyQuest, l’équipe a commencé son Summer Split de la même manière : en écrasant tous ses adversaires et enchaînant 9 victoires consécutives dès le début du segment. Ce n’est qu’à la cinquième semaine que l’équipe plie pour la première fois face à 100 Thieves, qui est pourtant loin d’être une équipe menaçante. Le point de rupture ? La suite de leur aventure semble le confirmer de manière bien sombre. Certes ils ont atteint les playoffs sans trop de difficulté mais, après une première déconvenue face à FlyQuest, ils se sont faits sortir par Team SoloMid dans le loser bracket.
Et comme cette année seuls les résultats des playoffs du segment estival comptent pour les qualifications du Mondial des LCS, Cloud9 l’a littéralement eu dans l’os en terminant à la quatrième place. Avec les points de championnat et les qualifications régionales, l’horizon aurait été assurément plus dégagé pour la structure…
Invictus Gaming rate le coche
Lors des championnats du monde 2019, ils comptaient parmi les favoris et ils étaient alors parvenus jusqu'en demi-finales, où ils s'étaient inclinés face aux futurs champions, FPX. Mais 2020 ne leur a définitivement pas sourit et la saison d’Invictus Gaming, vainqueurs de l’édition 2018, pourrait être comparée à celle de leurs comparses de FunPlus Phoenix. Un Spring Split décevant suivi d'un désastre lors des playoffs du summer split et des qualifications régionales.
Certes, 4 équipes chinoises représentent les Worlds cette année, mais il est étonnant de ne pas retrouver les deux derniers champions du monde parmi elles.
Où est passé Flash Wolves ?
Figure de proue de Taïwan pendant de longues années, les Flash Woves n’étaient déjà pas là l’année dernière. Mais en 2020, ils ont totalement disparu de la scène League of Legends. Quarts de finaliste en 2015 puis présents en 2016, 2017 et 2018, la structure n’existe plus depuis que l’ancienne ligue régionale de la LMS est devenue les PCS. Les dirigeants n’ont pas souhaité faire la transition et les Wolves ont passé le flambeau à de plus jeunes équipes, comme Machi Esports ou PSG.Talon. On ne sait pas si ces jeunes loups réussiront à faire oublier leurs glorieux ainés, mais il y a bien du chemin à faire pour les rattraper dans le cœur des fans.
Les Flash Wolves existent cependant toujours dans l’esprit puisque plusieurs héritiers de l’équipe seront aux Worlds. Parmi eux, Hung "Karsa" Hao-Hsuan (Top Esports) et Hu "SwordArt" Shuo-Chieh (Suning Gaming) ou encore Su "Hanabi" Chia-Hsiang (PSG.Talon). Quelque soit leur trajectoire, ils n’ont pas oublié leurs racines — et nous non plus.
Le Vietnam décline l'invitation
La VCS (ligue vietnamienne) aurait dû avoir 2 représentants aux Worlds 2020 de League of Legends. Mais Team Flash et GAM Esports sont restées aux pays, incapables de rejoindre la bulle de Shanghai en raison des restrictions sanitaires. Si les deux équipes recevront quand même leur part du cash-prize, c’est une maigre consolation pour tous les fans vietnamiens. Les équipes vietnamiennes vont manquer à la compétition pour plusieurs raisons. D’une part, parce que c’est depuis quelques années la région émergente qui est la plus proche de bouleverser la hiérarchie mondiale. Simple spectateur pour cette édition, elle risque de se faire voler la vedette par la Russie ou la Turquie. De plus, les Vietnamiens sont réputés pour avoir un style de jeu hyper agressif et proposer des picks exotiques à foison. Le funneling Nocturne et la Lulu Embrasement-Fatigue sont toujours bien présents dans nos mémoires mais surtout dans nos cœurs. On ne sait également pas quel sera l’impact de leur non-participation concernant l’attribution de places pour les prochains tournois internationaux (Worlds, MSI). Comme le dit si bien le proverbe, les absents ont toujours tort.
Côté joueurs, on remarquera surtout l’absence de Nguyễn "Palette" Hải Trung, le support caméléon, et celle du jungler Đỗ "Levi" Duy Khánh, l’enfant prodige. Les deux ont participé à plusieurs reprises aux Championnats du monde et font partie des figures fortes de la VCS. Pour la communauté vietnamienne, le soutien devrait logiquement se reporter sur l’équipe chinoise Suning Gaming dans laquelle évolue Lê "SofM" Quang Duy. Il sera le seul Vietnamien de ce Mondial League of Legends, « the last son of VCS ».
Xmithie, le vétéran
Cette année, le vétéran américain ne fait pas partie des joueurs les plus âgés du Mondial. Il n’a pas rajeuni, mais il ne s’est tout simplement pas qualifié. C’est une petite surprise pour le jungler, qui était là en 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019. Réputé pour sa fiabilité et sa consistance, sa présence dans une équipe en LCS garantissait jusqu’à cette année une place dans le top 3 Nord-Américain (CLG, IMT, Team Liquid…). Mais la saison 2020 fut diablement compliquée pour le joueur âgé de 29 ans. Son année chez Immortals avec le coach français Thomas "Zaboutine" Si-Hassen fut décevante. Il n’a pas joué de playoffs et a même été envoyé quelques semaines jouer en ligue académique. Après 5 années au plus haut niveau, il semble arriver en fin de parcours. Il lui reste un an de contrat mais possible qu’on ne le revoit plus jamais aux Championnats du Monde. Ce n’était pas lui qui faisait le plus de bruit, mais il faisait quand même partie des meubles.
Cependant, avec sa grande expérience du jeu et les contacts qu’il a noués au cours de sa carrière, on ne serait pas étonné de le voir d'endosser le rôle de coach quand il aura pris sa retraite de joueur.
Une pensée pour Uzi
Uzi, l’ex ADC super-star de RNG, manquera aussi le RDV. En juin dernier, le joueur annonçait sa retraite à cause de ses problèmes de santé. En huit ans de carrière, le joueur n'a pas à rougir de son parcours. Finaliste à deux reprises des Worlds en 2013 et 2014, évincé en quart de finale par les futurs vainqueurs SKT en 2016, le joueur a touché à plusieurs reprises son rêve ultime, celui de champion du monde de League of Legends, le seul titre qu’il n’aura jamais réussi à décrocher.
Son équipe de toujours, elle aussi, sera absente de la grande scène du Mondial. La saison 2020 d’RNG est de celle que l’on doit oublier. Septième de la saison régulière du Spring, évincée des playoffs dès le premier tour par EDG et recalée à la porte des playoffs lors du segment estival, la structure a probablement connu la pire saison de son histoire.
Bien que sa carrière de joueur professionnel soit dorénavant terminée, on ne peut qu'espérer le revoir à un autre poste, transmettant ses années d'expériences à la jeune génération et ainsi, briller de nouveau lors des plus grandes compétitions et aussi, peut être, remporter le titre de champion du monde de derrière la scène.