Gnar, League of Music

Avec League of Music, vous retrouverez deux fois par mois une nouvelle chronique centrée sur les thèmes musicaux des champions de LoL. Toutes les deux semaines, vous pourrez découvrir une analyse musicale sur un de ces thèmes. Que vous soyez néophyte, mélomane ou expert en musique, soyez les bienvenus. Ce quatorzième numéro de « League of Music » sera consacré à Gnar, Chaînon manquant.

C'est au mois d'août que Gnar a rejoint les champs de justice. Après quelques semaines faites de teasers, de Q&A et de nombreuses spéculations, la communauté a découvert le petit dernier de la bande et, comme à l'ordinaire, une musique composée en l'honneur du champion a été ajoutée à l'écran de connexion. C'est dans un style complètement différent que nous apparaît alors Gnar accompagné de sa musique, et pour l'occasion, Riot a mis les bouchées doubles pour proposer aux joueurs un thème de champion atypique, énergique et déroutant.

Le thème de Gnar se veut en tous points fidèle au personnage qu'il symbolise. C'est pourquoi l'orchestre « classique » sera ici mis de côté (à de rares exceptions). La musique de login du Chaînon manquant se voudra résolument rythmique, laissant la part belle aux percussions, instruments omniprésents et leaders de ce morceau. Il y aura donc peu de mélodie, et l'usage constant de rythmes créera ainsi l'aspect ethnique, tribal et chamanique que l'on peut retrouver chez notre petit toplaner.

Pour ce qui est de la mesure, le morceau de Gnar est composé en binaire, alternant les passages en quatre temps et en deux temps. Pourquoi deux mesures différentes ? Tout simplement pour correspondre davantage à Gnar, un champion à deux facettes.
C'est cette dernière caractéristique que l'on retrouvera le plus tout au long du thème. Même s'il est assez délicat de définir une structure très stable à ce morceau, force est de constater que la musique s'appuie sur un aspect de dualité, correspondant bien évidemment aux deux formes du champion : Mini Gnar et Méga Gnar.

Le thème reste cependant assez déroutant à la première écoute, et il difficile de suivre la ligne musicale soulignée par le morceau, puisque celui-ci foisonne d'effets en tous genres, et d'un système d'accumulation qui rend cette musique très atypique et exotique, attisant notre curiosité.

On notera toutefois quelques éléments récurrents qui viendront structurer l'ensemble :

- Une cellule rythmique «mère » qui se répétera tout au long du morceau (ou presque).
- Des sons de flûtes saturés, à la limite du son éolien (C'est à dire que le souffle domine sur la perception de la note émise).
- Une cellule mélodique, la seule du morceau, interprétée au xylophone (instrument à percussion mélodique).
- L'apparition d'une partie récurrente, beaucoup plus marquée et carrée, symbolisant le Méga Gnar.
- Un tempo assez rapide tout au long du morceau (environ 110 à la noire), pour renforcer l'aspect ethnique et dynamique.

Pour résumer la structure, le thème de Gnar pourrait s'articuler en trois parties. Chacune de ces parties apportera chaque fois des éléments différents, en s'appuyant toutefois sur l'alternance entre une part de musique espiègle et rapide (Mini Gnar) et une partie plus carré, lourde et pesante (Méga Gnar).

Partie A

 
Elle s'étend du début jusqu'à 0'36.

La musique débute avec la première cellule fondatrice de notre morceau. Il s'agit d'une seule mesure, qui sera répétée en boucle tout au long de l'œuvre (Hé oui, notre Gnar n'échappe pas au système d'ostinato, même s'il est cette fois rythmique et non mélodique). Cette cellule est soutenue par une pulsation de croches, parfois subdivisées en rythmes plus rapides. Voici donc la partition de cette cellule « mère ».

Par dessus, viennent s'ajouter les sons de la flûte, basés sur un do #. La note étant répétée, il n'y a donc pas de mélodie à proprement parler. Il s'agit juste d'une accumulation de procédés, qui viennent chaque fois enrichir un peu plus la musique. Un battement de percussion grave vient quant à lui marquer le premier temps de chaque mesure.

Ces premières mesures de musique s'appuient sur un caractère assez sauvage, ethnique et espiègle, notamment grâce à la rythmique, toujours en contretemps (c'est à dire que les rythmes sont placés en décalage par rapport à la pulsation « forte »), donnant ainsi une sensation envoûtante, et quelque peu instable, malgré les premiers temps des mesures qui restent marqués par le battement de percussion grave.

Après avoir répété ces cellules quelques fois (12 en tout) on assiste à un crescendo assez bref qui mène au thème du Mega Gnar (à 0'25). Les rythmes sont alors beaucoup plus lourds, et on abandonne toute idée de contretemps. Les rythmes sont couverts par de puissants rugissements, référence directe au Méga Gnar. L'ensemble est interprété uniquement par le biais de percussions et la mesure du morceau passe de 4 temps à 2 temps.

Voici la partition de cette partie évoquant le Méga Gnar :

Partie B

 
Elle s'étend de 0'37 à 1'26.

Tout comme la partie précédente, cette partie du thème s'appuiera sur l'alternance entre Mini et Méga Gnar. Il n'y a pas cependant de réel sentiment de stabilité, et la multitude d'effets perd quelque peu l'auditeur parfois.
Pourquoi ? Tout simplement pour coller davantage à la psychologie de Gnar, son caractère espiègle et imprévisible, que ce soit dans son lore ou dans sa transformation que le joueur ne peut pas contrôler de manière fixe, comme il en avait l'habitude avec d'autres champions métamorphes.

La partie B débute sur la reprise de la cellule rythmique initiale, que l'on avait perdue pendant le segment qui symbolisait le Méga Gnar. On assiste alors ici à la seule partie réellement mélodique du morceau, jouée par un xylophone (instrument à percussion mélodique).
La mélodie est composée de deux mesures seulement, en doubles croches, mettant en avant un caractère joueur et malicieux, la voix du Mini Gnar donc.

Voici la partition de ce court segment :

Ces deux mesures s'alternent avec deux mesures purement rythmiques, agrémentées parfois des sons des flûtes, mais dépourvues de mélodie. Après un bref crescendo, tout comme dans la partie A, on est replongé dans le caractère implacable du Méga Gnar (à 0'32 dans l'extrait 2) , dont le rythme a quelque peu changé :

Tout comme le début de la partie B, la cellule du Méga Gnar sera composée de deux mesures fortes, et de deux mesures plus calmes. Il y a donc une double alternance : celle du Mini et du Méga Gnar, mais aussi une alternance interne à ces différentes parties, oscillant entre deux mesures très marquées et deux mesures plus stables.

Partie C

Elle s'étend de 1'26 jusqu'à la fin.

Cette dernière partie reprendra, comme tout au long du morceau, la dualité entre Mini et Mega Gnar.
On retrouve la partie de xylophone un peu plus enrichie. Il n'y a donc plus de coupures entre les expositions (par rapport à la partie B).

La nouveauté dans cette partie réside dans le fait que des instruments « classiques » seront ajoutés à l'ensemble. On retrouve des basses (violoncelles, contrebasses) qui ponctuent les premiers temps, toutes les deux mesures, et ce en pizzicato (c'est à dire en pinçant les cordes avec les doigts, au lieu de les frotter avec l'archet). Cette cellule de basse se compose de quatre notes : fa #, fa, si et do.

C'est la dernière fois dans ce thème que l'on assistera à un crescendo général qui amènera à la partie du Méga Gnar (à 0'32 dans l'extrait 3 ) et où l'on retrouve les mêmes rythmes que dans la partie A, toujours surplombés de rugissements menaçants.
Cette portion de thème sera accompagnée par la même ligne de basse que l'on avait dans la partie du Mini Gnar, à savoir fa #, fa, si et do.

Voici la partition de cette dernière exposition du Méga Gnar (Attention, les basses sont écrites en tessiture réelle, c'est à dire en clé de fa).

 
Le calme revient après le tempête et la répétition de notre cellule rythmique « mère » vient clôturer ce morceau, de manière claire et précise, sans qu'il y ait besoin de recourir à un fondu quelconque.

Thème de Gnar en entier :

Pour le prochain numéro de League of Music, rendez-vous sur Facebook, et à vous de choisir la musique que vous souhaitez voir analysée dans deux semaines !