Avec League of Music, vous retrouverez deux fois par mois une nouvelle chronique centrée sur les thèmes musicaux des champions de LoL. Toutes les deux semaines, vous pourrez découvrir une analyse musicale sur un de ces thèmes. Que vous soyez néophyte, mélomane ou expert en musique, soyez les bienvenus. Ce troisième numéro de « League of music » sera consacré à Diana, Mépris de la lune.
Le thème de Diana est sans nul doute l'un des premiers à avoir créé un tel engouement auprès des joueurs. Sortie le 7 août 2012, Diana a rejoint League of Legends, et avec elle, une musique de launcher très originale. Voyons maintenant ce qui a pu provoquer un tel succès pour cette musique.
Contrairement aux autres thèmes musicaux, celle de Diana se différencie tout d'abord par son caractère. Ici, pas de grand orchestre symphonique pour exprimer l'ambiance instaurée. C'est une musique calme, épurée, où seule une voix féminine dirige la mélodie. L'accompagnement est, quant à lui, très minimaliste, afin que l'oreille de l'auditeur ne se focalise que sur la voix, et sur les paroles qui nous sont proposées.
C'est d'ailleurs ce deuxième point qui marque la nouveauté de ce thème, puisque la musique de Diana est la première qui fera intervenir du texte. Les paroles touchent directement ici au Lore de Diana, mépris de la lune, ainsi qu'à sa rivalité avec le soleil, c'est à dire Leona (les allusions au soleil sont d'ailleurs explicitement citées au féminin). Le morceau sera alors officiellement connu sous le nom suivant : « The Daylight's end »
Voici donc les paroles, ainsi que leur traduction, que vous avez sûrement déjà aperçues dans le Lol en top consacré aux musiques de login (Où Diana avait d'ailleurs nommée en première place du classement).
Ask not the sun why she sets Why she shrouds her light away Or why she hides her glowing gaze When night turns crimson gold to grey For silent falls the guilty sun As day to dark does turn One simple truth she dare not speak Her light can only blind and burn No mercy for the guilty Bring down their lying sun Blood so silver black by night Upon their faces pale white Cruel moon, bring the end The dawn will never rise again. |
Ne demandez pas au Soleil pourquoi il se couche Pourquoi est-ce qu'il voile ses rayons Ni pourquoi il cache l'éclat de son regard Lorsque la Nuit change l'or écarlate en gris Lors de la silencieuse chute du coupable Soleil Alors que s'assombrit le jour Il n'ose pas déclarer cette simple vérité : Sa lumière ne peut qu'aveugler et brûler Pas de pitié pour le coupable Abats leur Soleil usurpateur La nuit, le sang est d'un si sombre argent Sur la blafarde lueur de leur visage La cruelle Lune apporte la fin Jamais plus l'aube ne se lèvera. |
Le thème musical de Diana est un morceau particulier dont la structure de base est assez difficile à déchiffrer. Il n'y a pas vraiment de tonalité précise, comme on pouvait le voir dans les thèmes de Jayce et de Vel'koz. La musique est ici basée sur un mode.
Mode : À la différence de la gamme qui se base sur la succession de notes par rapport à une note donnée (par exemple : la gamme de do donne : Do-ré-mi-fa-sol-la-si-do), le mode, se concentre lui sur l'écart qu'il y a entre chaque note, quelle que soit la note de départ. C'est une forme de théorie musicale très ancienne, qui fut employée principalement par les Grecs durant l'antiquité, bien avant l'apparition de nos gammes majeures et mineures.
Le mode employé ici est le mode éolien, représentant en fait notre gamme mineure conventionnelle. Ce dernier mode, appelé aussi mode de la, nous fera commencer le morceau à partir du ré (puisque dans les modes, la note de départ n'a pas à être la même que le nom indiqué. Il s'agit juste de veiller sur l'écart entre chaque note.)
Pour ce qui est de la mesure, il est assez périlleux ici d'en définir une. Il n'y pas vraiment de structure rythmique qui nous permette d'établir une pulsation. La musique est linéaire et épurée, relativement lente, nous donnant une sensation de temps non mesuré par une éventuelle métrique. L'interprétation de la voix est assez libre, avec l'utilisation récurrente du rubato, qui nous empêche de trouver une pulsation stable qui puisse tenir d'un bout à l'autre de l’œuvre.
Rubato : Terme venant de l'italien, signifiant « dérobé ». Il s'agit d'une annotation musicale invitant l'interprète à ralentir ou à accélérer certaines lignes mélodiques afin d'échapper provisoirement à la rigueur de la mesure.
L'absence totale d'éléments rythmiques et le caractère « rubato » de l'œuvre créent donc une ambiance particulière, comme si la musique était hors temps et hors mesure.
Partie A
Elle s'étend du début jusqu'à la 50e seconde. La musique commence sur une pédale basse sur la note ré. Notons également que cette même note sera tenue, du début à la fin de la pièce. Elle instaure un caractère inquiétant, qui viendra s'opposer au caractère doux de la voix soliste. Malgré cela, le texte nous rappelle le caractère général de l'œuvre. Malgré la douceur de la musique, il s'agit bien d'un avertissement, et avec l'image de login en fond, on assiste finalement à une sorte de « calme avant la tempête ».
Une pédale : Note tenue à l'une des voix d'un morceau alors que les autres éléments musicaux évoluent et gravitent autour d'elle.
Après quelques très légères interventions d'une harpe qu'on entend au loin, la voix féminine intervient. On entendra ici et là, quelques effets de bruitages en fond, mais cela restera relativement discret, ainsi que de légers battements de percussions, très sourds et très graves (à la 19e seconde par exemple).
Voici la partition de ce premier couplet. (Les indications de mesures ne sont données ici qu'à titre indicatif, puisqu'il n'y a pas de réelle pulsation qui puisse être fixée. Il s'agit donc de la version la plus « mathématique » en tenant compte de cela, et du caractère improvisé et rubato de la voix.)
Partie B
Elle s'étend de la 50e seconde jusqu'à 1 min 21. Une seconde mélodie vient se mêler à la voix, afin d'y ajouter un contre-chant. Il s'agit des violons, doublés par une harpe. En fond sonore, et toujours très discrètement, on peut entendre un vague effet de bruitage s'approchant du souffle.
Contre-chant : Technique d'écriture musicale. On superpose plusieurs lignes mélodiques qui se mêleront de manière harmonieuse.
Une pédale aiguë viendra se rajouter, également sur un ré.
On change également de mode, pour passer de l'éolien au mixolydien (mode de sol) qui ne sera d'actualité que peu de temps, pour revenir rapidement au mode éolien original.
Voici la partition de ce second couplet avec la voix sur la première portée, et le contre-chant de cordes à la seconde portée.
Partie C
Elle s'étend à partir de 1 min 22 jusqu'à 1 min 51. Cette partie est nettement plus tendue que les autres, qui étaient jusqu'ici assez douces et légères. Des basses viennent s'ajouter à la pédale grave initiale. Ce schéma sera également repris dans les aigus par les violons qui superposeront en un même accord les notes de la basse, à savoir : ré-fa-sol-si bémol. Le texte devient implacable, comme pour préparer le verdict du combat opposant la lune au soleil. Tout cela se joue dans un crescendo général.
Crescendo : Terme italien indiquant d'augmenter progressivement l'intensité sonore d'un passage.
Partie D
Cette partie finale vient conclure la pièce. Elle s'étend de 1 min 51 jusqu'à la fin. Après le crescendo général apporté lors de la précédente partie, régnera un long silence que la voix viendra rompre au bout de quelques secondes. Il s'agit d'un passage a cappella (c'est à dire avec la voix seule, sans accompagnement instrumental.)
Le verdict est rendu par ces deux phrases finales et à la suite de ce passage, l'envie de découvrir le personnage est évidemment bien présente !
Voici maintenant le thème dans son entièreté, à écouter sans modération !
Pour le prochain numéro de League of music, je vous propose de me retrouver via Facebook, et de choisir la musique que vous souhaitez voir analysée dans deux semaines.