La Team LDLC a remporté la DreamHack Winter 2014 parvenant à ramener en France l'un des trophées les plus prisés de la scène CSGO internationale. Après une seconde place plus que prometteuse obtenue lors de l'ESWC 2014, les camarades de Nathan « NBK » Schmitt ont atteint l'objectif pour lequel ils s'entraînaient avec tant d'ardeur depuis des mois. Pourtant rien n'aura été simple pour ces joueurs, tout d'abord la formation a été totalement reconstruite début septembre suite aux départs de Dan « apEX » Madesclaire, Hovik « KQLY » Tovmassian et Mathieu « Maniac » Quiquerez, mais également parce que tous les espoirs de la France reposaient sur leurs épaules suite aux disqualifications des Titan et Epsilon pour cause de bannissement d'un des leurs. Cela n'aura vraisemblablement pas posé de problème de pression aux tricolores, ils ont même pu être boostés par cette position de favoris tricolores soutenus par tout un pays via notamment les réseaux sociaux. Malgré cela la compétition n'aura pas été de tout repos pour eux, en particulier suite à leur quart de finale face aux fnatic qui aura fait couler beaucoup d'encre. Revenons donc sur le parcours presque irréel de la Team LDLC durant cette DreamHack Winter 2014.
La force du groupe, la leçon de ce week-end
Un statut de favori
De manière à préparer aux mieux les différentes équipes participantes tout en resserrant les liens, la DreamHack avait monté en collaboration avec Valve et plusieurs sponsors (ROCCAT, HyperX, Inferno Online etc.) un séjour particulier pour les seize formations. Toutes étaient invitées à se rendre à Stockholm une semaine avant la DreamHack afin de s'entraîner ensemble en cybercafé. Un hôtel et toutes les commodités étaient également réservées, tous les joueurs se retrouvant dans le même lieu ce qui permettait de créer une certaine fraternité entre tous ces champions qui ont déjà l'habitude de se côtoyer régulièrement pour la plupart.
Les joueurs LDLC arrivaient de plus en Suède avec le statut de favoris, ils étaient vice-champions du monde et avaient prouvé lors de leurs dernières sorties qu'ils étaient les principaux rivaux de ceux à qui tout réussissait jusqu'à maintenant : fnatic. Forts de cette situation ils ont pu attaquer la compétition avec déjà une forte pression, tous les regards des téléspectateurs étaient braqués sur eux et leurs adversaires n'avaient pas l'intention de les laisser passer aussi facilement. D'entrée de jeu les Français se sont donc retrouvés dans la poule C aux côtés des Suédois de Ninjas in Pyjamas, des Polonais d'ESC Gaming et des Allemands de Planetkey. Des concurrents largement à leur portée, le tirage ayant été favorable grâce au seed élevé obtenu par les Français.
Groupe C
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27/11 - 18h30 | ||||||||||
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16 | 4 |
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27/11 - 19h30 | ||||||||||
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16 | 2 |
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27/11 - 20h30 | ||||||||||
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16 | 13 |
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27/11 - 21h30 | ||||||||||
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13 | 16 |
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27/11 - 22h30 | ||||||||||
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13 | 16 |
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LDLC et NiP-Gaming passent
Deux victoires en autant de matchs et LDLC termine premier de sa poule. Un 16-04 sur de_cobblestone contre ESC et surtout une victoire de rang 16-13 lors de leur duel face aux Ninjas in Pyjamas sur de_overpass. Cela permettait d'entrée de jeu aux tricolores de confirmer leur statut tout en se rassurant avant la suite des événements. De plus cette première place leur offrait la possibilité de jouer au tour suivant un second de poule, tout en envoyant l'un de leurs concurrents les plus sérieux (NiP) dans une partie plus compliquée de l'arbre final. Manque de chance toutefois un autre favori (fnatic) a loupé son entrée dans le tournoi en terminant second de son groupe (la poule A) et, hasard du tirage, les Français doivent donc affronter dès les quarts de finale l'un de leurs concurrents les plus sérieux, ceux qui jusqu'à maintenant les avaient toujours battus en LAN. Une rencontre de mauvais augure qui ne suffisait pas à miner le moral gonflé à bloc de nos tricolores venus jusqu'à Jönköping pour autre chose que de la figuration.
MoMaN (coach) et NBK communiquent beaucoup avec leur supporters
Du désespoir à la victoire
Le quart de finale mettant aux prises la Team LDLC aux fnatic sera de ceux qui restent dans les mémoires. Non pas par son enjeu ou pour la qualité exceptionnelle du jeu proposé mais plutôt à cause des à-côté qui ont perturbé ce match. En effet ce duel s'était soldé par une victoire suédoise 2-1 (10-16 de_dust2, 16-08 de_cache et 16-13 de_overpass) avant que les Français ne portent réclamation pour cause de « pixel walk » contraire au règlement. Cette pratique consiste à faire une courte échelle à ses équipiers en utilisant un bug de la carte, permettant de prendre de la hauteur sans pour autant toucher le moindre bord solide visible. Avec une image cela vous paraîtra certainement plus clair. Or les fnatic ont abusé des bugs présents sur la map de_overpass pour avoir une vision normalement impossible de plusieurs points stratégiques, ce qui était censé être contraire au règlement de la DreamHack. L'utilisation faite de cette faille aura grandement participé à la remontée fantastique des Suédois largement menés au premier side (12-3 pour LDLC) et qui finalement l'emporteront 16-13.
Un exemple de pixel walk durant le match fnatic contre Team LDLC
Censé car contrairement à ce que le bon sens pourrait laisser croire, la réclamation des LDLC entraînera un véritable scandale sur la toile et cela pendant plusieurs heures. Tout d'abord la DreamHack va communiquer en affirmant que cette pratique était autorisée, ensuite elle se ravisera plusieurs heures plus tard en demandant à rejouer la partie uniquement sur de_overpass, le lendemain après l'autre demi-finale (le tournoi suivant logiquement son cours). Dans le même temps les Suédois de fnatic ont porté une réclamation pour ne pas avoir à rejouer la rencontre, les réseaux sociaux s'enflamment toujours autant et la tension est à son comble. La conclusion de ce qui aura tenu en haleine l'ensemble de la communauté toute la nuit et jusqu'au lendemain matin tard interviendra en tout début d'après-midi. Au final fnatic déclare forfait, l'image de la structure ayant grandement été écornée pendant ces longues heures d'attente et de frustration.
Malgré la polémique tout le monde reste en bons termes
Déjà attaqués depuis le début de l'événement par un grand nombre de fans pour des rumeurs de triche entourant l'équipe, et largement relayées par certains concurrents d'autres clubs, les fnatic terminent cette DreamHack sur une fausse note ce forfait n'étant au final ni rentable pour les Français, ni pour les Suédois. Le duel entre les deux équipes aurait certainement mérité une meilleure conclusion, surtout qu'il promettait d'être grandiose au cas où il aurait finalement été rejoué, que ce soit uniquement sur de_overpass ou bien totalement. Bref, qu'à cela ne tienne, la Team LDLC accède de cette manière à la demi-finale sans avoir à rejouer contre un adversaire qui s'annonçait coriace. Ils retrouvent désormais les Ukrainiens de Natus Vincere et s'imposent 16-11 sur de_inferno et 16-11 sur de_dust2. Visiblement revigorés suite à la nuit mouvementée qu'ils venaient de passer, le soutien des fans a joué un rôle crucial dans le maintien à flot des Français qui auraient pu à tout moment baisser les bras.
Arbre
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1/4 | 1/2 | Finale | Vainqueur | ||||||||
NiP-Gaming | 2 | ||||||||||
16-05 / 16-06 | NiP-Gaming | 2 | |||||||||
HellRaisers | 0 | ||||||||||
22-20 / 09-16 / 16-08 | NiP-Gaming | 1 | |||||||||
Virtus.Pro | 2 | ||||||||||
16-09 / 16-05 | Virtus.Pro | 1 | |||||||||
PENTA Sports | 0 | ||||||||||
10-16 / 16-04 / 16-19 | LDLC | ||||||||||
LDLC | V | ||||||||||
LDLC | 2 | ||||||||||
Fnatic | F | ||||||||||
16-11 / 16-11 | LDLC | 2 | |||||||||
Team Dignitas | 0 | ||||||||||
03-16 / 13-16 | Na'Vi | 0 | |||||||||
Na'Vi | 2 | ||||||||||
Désormais en grande finale, la Team LDLC va retrouver une vieille connaissance car ce sont les Ninjas in Pyjamas qui sont parvenus à se hisser jusqu'à ce stade de la compétition. Déjà battus en phase de poules, il suffira de réitérer la performance et tous les espoirs sont donc permis pour enfin remporter cette DreamHack Winter 2014 qui leur tend les bras. La rencontre s'annoncera plus serrée que prévu, notamment grâce aux performances exceptionnelles d'un certain Patrik « f0rest » Lindberg chaud comme la braise. Mais les individualités ne peuvent contrer un collectif remonté à bloc et qui n'avait pas l'intention de laisser filer ce trophée. C'est donc d'entrée de jeu sur de_dust2 grâce à leur victoire 16-10 que les Français prennent l'avantage, ils sont rattrapés sur la carte suivante (de_inferno) après s'être fait balader 04-16. À ce moment-là les deux équipes sont à égalité et tout se jouera sur la désormais célèbre de_overpass, sans « pixel walk » cette fois-ci.
La confrontation remplira toutes ses promesses, les deux clans se rendant coups pour coups mais ce sont surtout les coups de génie de Patrik « f0rest » Lindberg et de son équipier Christopher « GeT_RiGhT » Alesund qui font craindre une défaite de nos Français. Heureusement il n'en sera rien puisqu'ils reprennent la main au changement de côté, réussissant à remonter la pente tout en accrochant les prolongations. De là l'ascendant psychologique étant acquis il ne restait plus qu'à dérouler, toujours soudés et emmenés par un Vincent « Happy » Cervoni qui aura réalisé le tournoi de sa vie. Victoire 19-16 avec un beau 4-1 en prolongation et voilà la France sur la plus haute marche du podium en Suède après de nombreuses péripéties.
La Team LDLC remporte la DreamHack Winter 2014 - crédit HLTV.org
Cette victoire marquera certainement un tournant sur le devant de la scène Counter-Strike : Global Offensive. Tout d'abord le règne des fnatic semble désormais révolu et il sera très compliqué pour eux de se reconstruire après un tournoi si oppressant psychologiquement. Ensuite les Ninjas in Pyjamas signent leur grand retour, le remplacement de Robin « Fifflaren » Johansson par Mikail « Maikelele » Bill dernièrement a vraisemblablement apporté l'air frais dont ils avaient besoin. En ce qui concerne Virtus.pro et Natus Vincere, les deux structures se maintiennent à leur niveau parmi le top international sans parvenir toutefois à franchir un palier supplémentaire. Et puis pour la Team LDLC c'est la consécration. À eux de confirmer maintenant, ils ont démontré dans tous les cas qu'ils possédaient un mental digne des meilleurs ! Bravo à eux, un seul représentant tricolore c'était finalement largement suffisant pour nous contenter et nous offrir un week-end plein de rebondissements comme on les aime.