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Esport Counter-Strike : Entretien avec Nathan « NBK » Schmitt

Esport Counter-Strike : Entretien avec Nathan « NBK » Schmitt
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Entre deux-trois courses avec Double Poneys pour conserver la forme, la barbe la plus célèbre du Counter-Strike français s’est entretenue avec nous. Entretien paradoxal et confessionnel, pour celui qui a vécu quasiment autant de sacres en Major que de mises sur le banc.

Esport Counter-Strike : Entretien avec Nathan « NBK » Schmitt

Un mot ou une expression pour résumer ton année et demie passée chez OG ?

L’apprentissage. J’ai appris pas mal de choses dans le jeu, mais aussi sur un plan humain avec le fait d’intégrer une équipe internationale.

Comment s’était initialement formée l’équipe ? Il se dit que tu as énormément contribué à sa création et sa gestion.

Au tout début, j’ai beaucoup travaillé avec Aleksib (Aleksi Virolainen, NDLR) pour composer un groupe de cinq joueurs qui aurait du sens. Avec la structure qui aurait du sens, aussi. C’était un travail monstre. Une fois le projet mis sur pied, on s’est concentré sur le jeu, on a recruté un coach, et on a profité de l’encadrement d’OG. Par la suite, petit à petit, le coach (le Danois Casper « ruggah » Due, NDLR) a pris une majeure partie des choses en main.

Ce fut ta première expérience dans une équipe internationale, avec par conséquent une communication en anglais. Ça n’a pas été trop dur pour toi, qui n’avais connu que des équipes françaises jusque-là, de t’adapter à ça ?

Pas plus que ça. Je trouve que ça allait. Il y avait, par contre, clairement des différences en matière d’approche du jeu, de backgrounds, ou d’entraînement. Réussir à faire concorder toutes les visions en une était finalement le plus gros challenge avec cette équipe. Mais au niveau de la communication, non, ça ne m’a pas posé de problèmes.

Tu parles de différences. Comment arrive-t-on justement à créer une cohésion d’équipe solide quand on regroupe, en partant de zéro, autant de nationalités, de cultures esportives et de styles de jeux différents au sein d’une seule équipe ?

(Il réfléchit longuement avant de répondre) C’est quelque chose qu’il faut travailler au quotidien. Comme tu le dis, la cohésion il faut la créer de toute pièce. Ça ne vient qu’en échangeant et en travaillant la théorie sur le jeu, pour avoir les mêmes calls et une vision commune, tout en faisant des activités en dehors du jeu. Il faut utiliser des petits moments de vie, en dehors de l’entraînement, pour renforcer les liens.

Une sculpture plus vraie que nature de Nathus « NBKus » Schmittus - Counter Strike 2
Une sculpture plus vraie que nature de Nathus « NBKus » Schmittus

Ça a l’air plutôt complexe à mettre en place…

Oui, clairement. Mais cela s’avère très riche. Et il y a beaucoup de choses à tirer de la diversité, parce que plus tu as de la richesse, plus tu as des possibilités, de la proposition, des réactions. Il faut simplement faire attention à comment les mettre en forme et en faire quelque chose d’efficace.

Lors des débuts de l’équipe, Ceb avait l’air très présent pour vous dans une fonction encadrante, avant de finalement reposer ses mains à niveau professionnel sur DotA 2, et donc vous laisser de côté. Est-ce une chose qui a impacté l’équipe ?

Ça l’a impacté, oui. À quel point ? Je ne saurais pas le dire. Mais c’est quelqu’un qui était très clairement apprécié par l’équipe. Il a une philosophie et une manière de voir les choses qui sont très bénéfiques pour un collectif. Il voulait vraiment voir l’équipe performer au plus haut niveau et nous a pas mal aidés au début. Il était présent à quasiment chaque LAN. C’est quelque chose qui nous avait bien aidés, et perdre ce côté-là nous a un peu impactés.

Il t’a appris des choses au niveau du leadership ?

Je n’étais que le co-leader d’Aleksib, jusqu’à ce qu’il le récupère complètement. Mais oui, Ceb m’a totalement apporté sur un plan humain. Ce qui est d’ailleurs le point le plus important dans une équipe.

Sans la crise du Covid, tu penses que tu serais encore chez OG ?

Pour moi, soit les problèmes seraient ressortis beaucoup plus rapidement et auraient été réglés plus tôt, soit ils ne se seraient pas produits du tout, car on aurait pu utiliser la proximité des rassemblements en physique pour mieux se dire les choses.

Counter Strike 2

Tu as dit : « nous n’étions pas d’accord sur la manière d’être constamment performant au plus haut niveau. » Qu’est-ce qui a manqué à cette équipe, avec toi à son bord, pour aller encore plus haut dans le top mondial et glaner plus de titres importants ?

Je pense qu’il ne manquait pas grand-chose pour s’élever et s’imposer dans les moments les plus décisifs. On avait parfois des lacunes au niveau individuel, surtout au niveau de la prise de décision, qui nous ont fait perdre des rounds qu’on n’aurait pas dû perdre. Il y avait aussi une sorte de confiance profonde, pas forcément présente, qui nous empêchait de nous rendre meilleurs les uns des autres. On a fait de bonnes choses, de bons résultats, mais il manquait sûrement un peu de tout ça.

Maintenant que tu t’en vas, qui serait ton remplaçant le plus pertinent ? Ou du moins le profil qu’il faudrait pour compléter le line-up ?

Ils ont pris niko (Nikolaj Kristensen, en provenance d’Heroic, NDLR) pour me succéder et je trouve que ça a du sens au niveau du joueur, de sa position et de ce qu’il va apporter dans le jeu. Je ne le connais pas en dehors, donc difficile de dire ce qu’il va apporter dans la communication et le teamplay, mais je pense que c’est un bon choix.

De ton côté, tu n’as que 26 ans et encore de belles années de CS devant toi. Le tout étant de savoir : à quoi pourrait ressembler ta prochaine destination ?

Je ne sais pas (rires). Ce n’est pas la meilleure période pour être mis sur le banc et en recherche d’équipe, la plupart des équipes du haut niveau ont déjà fait les changements qu’elles devaient faire. Créer une équipe dans le contexte économique actuel, et sur une scène aussi verrouillée est très compliqué. Donc je suis ouvert à tout, je n’ai pas encore pris de décision.

En gros : wait and see.

Voilà ! (Rires)

Encore un qui s'est amusé avec le filtre TikTok pour se voir imberbe... - Counter Strike 2
Encore un qui s'est amusé avec le filtre TikTok pour se voir imberbe...

Mais si tu pouvais choisir un roster à intégrer tout de suite, ce serait lequel ?

J’aime beaucoup ce que fait Team Liquid. De l’organisation jusqu’aux joueurs qui la représentent. C’est une équipe respectée par tout le monde, installée dans le top mondial et capable d’aller chercher des trophées. Je cherche un projet qui a du sens et cette équipe cocherait toutes les cases.

Ce serait donc un projet international, pour confirmer ce que tu as appris avec OG.

Le truc, c’est qu’en équipe française tu n’as que Vitality. Et ils ne sont pas prêts de bouger. Je ne vois aucune raison pour que ce soit le cas, même s’ils n’ont pas le début d’année qu’ils espéraient niveau résultats. Leur groupe est extrêmement cohérent et bien en place, donc je ne me vois pas forcément avoir ma place là-bas. Il ne reste alors que l’inter et quelque chose déjà en place. Car créer une équipe de toute pièce, à l’heure actuelle c’est très compliqué. Il y a des joueurs disponibles très intéressants, comme kennyS, mais on ne fait pas une équipe à deux (rires). Et il manquerait trop de pièces derrière pour repartir de zéro.

Comment vois-tu ta relation avec ceux qui ont un profil de leader ou un fort caractère ? Que ce soit shox chez G2, ALEX chez Vitality, ou Aleksib chez OG, on pourrait penser que tu as eu du mal à cohabiter avec ce genre de personnalité.

Beaucoup de conclusions peuvent être tirées sur ce qu’on voit d’un point de vue extérieur. Le fait est que ça a toujours été des raisons différentes, et jamais liées à des personnes, mais plutôt à la tâche que je souhaitais accomplir, avec des problèmes de communication, que ce soit de ma part, ou dans le sens inverse, voire au niveau du management. Ce qui mène à des manques de confiance et des non-dits qui brisent une certaine dynamique. La seule partie sur laquelle je peux travailler, désormais, c’est la mienne : donner davantage de feedback, être plus à même de bien dire les choses. C’est quelque chose que je travaille d’ailleurs depuis plusieurs semaines avec une psychologue du sport.

Psychologie toujours : où en est la progression de la CSPPA (Counter-Strike Professional Players Association), dont tu es membre, par rapport au calendrier des compétitions pour 2021 et les cas de burnouts ?

Elle a participé aux diverses conversations lors du remodelage de certaines ligues et la création d’autres. Le principal problème a été la pandémie et la réorganisation en online des compétitions pour que tout le monde s’y retrouve — organisateurs de tournois, clubs —, pour qu’au final les joueurs s’en prennent plein dans la gueule. La CSPPA est au milieu de tout ça et fait son maximum. Pour ce qui est des burnouts, elle vient de rentrer en partenariat avec une entité qui traite la santé mentale, et rend cela accessible aux adhérents, pour les aider à ne pas trop subir le calendrier et les problèmes qui y sont liés.

« Moi, Président de la République » - Counter Strike 2
« Moi, Président de la République »

Ça ressemble légèrement à de la pose de pansements plutôt qu’une organisation capable de peser réellement dans la balance non ?

Sur Counter-Strike, il y a énormément d’entités qui travaillent les unes avec les autres. Il n’y a pas Valve (l’éditeur du jeu, NDLR) qui arrive et qui donne des directives sur comment la scène doit se construire, à l’inverse de ce que peut faire un Riot Games. Donc c’est très dur d’avoir des dialogues ouverts avec tous les acteurs de l’écosystème qui veulent tous une part du gâteau. Il y a des choses qui se mettent en place et ça prend du temps. La CSPPA est là pour protéger un maximum les joueurs, pour faire en sorte qu’ils ne partent pas en burnout complet et qu’ils ne jouent pas tous les jours. Mais régler l’économie de Counter-Strike et son fonctionnement au niveau compétitif, ce n’est pas son rôle premier.

L’incroyable Valve, justement, a récemment placé dans son viseur les équipes qui se sont structurées à six joueurs, comme Astralis, NaVi ou Vitality, pour pallier au problème de surcharge compétitive. Quel est ton point de vue sur ces clubs qui ont dû revoir leur approche de l’entraînement et de la rotation de joueurs entre les cartes ?

C’est une bonne chose, si c’est bien fait. L’équipe qui l’a fait brillamment c’est Vitality. J’avoue avoir été un peu sceptique au début, mais la manière dont ça a été fait et les résultats qui en ont découlé, ça a montré que ça pouvait fonctionner.

Tu aimerais bien tester ce genre de format ?

Ça peut être intéressant. Mais il y a beaucoup de questionnement autour, et puis j’ai déjà du mal à trouver une équipe de cinq ! (Rires)

Quel est ton sentiment par rapport à la représentation française aujourd’hui ? Sachant que Vitality mouline après avoir connu un cycle de numéro un mondial, G2 Esports est de moins en moins français, et Heretics a volé en éclat ?

Honnêtement ? Je trouve que ça va. On a quelques joueurs sur le banc qui vont rapidement trouver des équipes. On a Vitality qui vit un début d’année compliqué, mais qui a un très bon groupe pouvant remonter dans le classement. Et G2, même si kenny a été écarté, ils ont des joueurs qui performent assez bien. Je pense qu’on avait juste l’habitude d’avoir deux équipes françaises très fortes, et aujourd’hui les Français sont juste un peu plus éparpillés.

Counter Strike 2

Il n’y a pas un manque de renouvellement sur la scène française ? Là où les russophones, eux, semblent prendre de l’avance…

Il faut prendre en compte certains facteurs : la scène CIS englobe tellement plus de pays russophones, avec une scène régionale beaucoup plus développée et beaucoup de tournois au niveau national, auxquels prennent parfois part de grosses écuries mondiales. Il y a donc énormément de joueurs, à tous les niveaux, à l’inverse de la France ou tu as moins de joueurs et moins de tournois intéressants. Ça freine le développement, et ça crée un fossé entre le subtop et le niveau international.

Question à la mode quand on s’adresse à une star de Counter-Strike qui se retrouve libre : Valorant, c’est une idée qui te trotte dans la tête ou pas du tout ?

Ce serait plus intéressant, d’ici trois ou quatre ans, quand ce sera plus établi. Le jeu détient des aspects intéressants, donc à voir. Pourquoi pas même au niveau du coaching ?

Excellente transition ! Ce n’est pas une vérité absolue, mais un bon leader peut finir par devenir un bon coach. Est-ce que le jour où il débranchera la souris, on peut s’attendre à voir un NBK prendre les rênes d’une formation esportive ?

Il y a de fortes chances. Ce n’est pas certain (rires), mais c’est quelque chose que j’aimerais essayer. Dans beaucoup d’équipes, j’ai beaucoup contribué à l’encadrement. Je ne me penche pas sur ça maintenant, car je ne compte pas coacher dans un futur proche, mais j’essaierais sûrement.

Tu as toujours emmené tes équipes précédentes, au nombre de six, au moins une fois en Major, et toujours atteint a minima le top 6 HLTV. Est-ce une garantie pour la prochaine équipe qui te recrutera ?

(Rires) Je suis plutôt confiant là-dessus. Peu importe l’équipe que je rejoindrais, on sera au prochain Major !

esport
Fin d’aventure pour NBK chez OG

Le club iconique OG a annoncé hier soir la mise à l’écart du Français Nathan « NBK » Schmitt, l’un des piliers de son premier projet sur la scène Counter-Strike. La faute à de mauvais résultats collectifs et des problèmes internes.

© HLTV

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

tershighmade il y a 3 ans

Salut! Je m'appelle Maria, j'ai 21 ans et j'aime vraiment le sexe, je suis probablement une nymphomane... http://matchonline.ga/elrolningdis

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