La voilà, la première grosse exclusivité Playstation de 2022 et avec Horizon Forbidden West, Guerilla Games compte bien ancrer une bonne fois pour toutes la licence dans les esprits, avec de nouvelles ambitions et une parure aux douces senteurs de nouvelle génération
Quelques petites précisions, avant d'entrer dans le vif du sujet. Le scénario du jeu a été complété en difficile et nos impressions sur la technique prennent en compte l'application du patch day one, déployé en cours de test sur la version PS5. Enfin, veuillez noter que le gameplay et le contenu du jeu seront détaillés au travers de nombreux guides à venir après la sortie.
- Genre : Action / aventure
- Date de sortie : 18 février 2022
- Plateforme : PS4, PS5
- Développeur : Guerilla Games
- Éditeur : Playstation Studios
- Prix : 69,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PS5
Nouvel Horizon
Scénario
C'est une tendance sur les grosses productions Playstation Studios : une fois les crédits arrivés, rien n'est jamais vraiment résolu. Horizon Zero Dawn se terminait, comme God of War et d'autres, sur un cliffangher modèle géant qui nous invitait à patienter jusqu'à cette fameuse suite, disponible dans 4 petits jours. Guerilla a concédé à quelques efforts pour accueillir les nouveaux arrivants, avec un résumé généreux de quelques minutes contant les premiers exploits de Aloy. Malgré sa victoire sur le gros méchant du premier épisode, dont nous tairons le nom dans ces colonnes, la guerrière à chevelure rousse va devoir s'atteler à une tâche de bien plus grande envergure, à même de lui permettre de remodeler la terre.
Cette fois on sent que Guerilla a mis les bouchées doubles pour rendre son récit bien mieux rythme, avec des enjeux mieux amenés, un récit plus équilibré et qui se suit vraiment bien. Oh certes, il y a toujours quelques détails qui clochent, avec de grosses ficelles narratives et tout n'est pas toujours clair. Mais c'est surtout le cas dans le dernier tiers de l'épopée, un chouia expédié. Forbidden West sait se montrer intéressant sur la durée, avec un fil conducteur qui devrait vous prendre 20 à 25h de jeu en ligne droite.
Quêtes annexes
Là aussi c'était un axe d'amélioration observé dans le premier Horizon et Guerilla a globalement réussi à trouver des solutions pour rendre les quêtes annexes plus intéressantes. D'abord, parce qu'elles sont mieux écrites, mais aussi parce que les personnages secondaires réussissent à marquer davantage que par le passé. Certaines résolutions de quêtes sont satisfaisantes, mais on regrette que ces fils ne tentent pas davantage de sortir des sentiers battus. Il y a pourtant des zones dédiées aux objectifs secondaires, mais cela ne suffit pas à rendre ces derniers plus originaux.
C'est bien exécuté, clairement mieux en tout cas que dans le premier épisode, mais ça manque encore un peu de "folie" pour nous faire enchainer quête sur quête afin d'approfondir l'univers du jeu. Comme nous le disions donc, Horizon Forbidden West donne tout pour que l'on ait un maximum de détails sur les bails de l'Ouest Prohibé, avec des arcs scénaristiques subsidiaires mieux construits et ça fonctionne, mais c'est peut-être encore un peu trop sage par rapport aux ténors de la discipline.
Wild Wild West
Open-world, exploration
On va continuer à parler d'améliorations de la formule du premier jeu en évoquant son monde ouvert et la façon d'évoluer dans ce dernier. Déjà, et cela fait partie des meilleurs ajouts du jeu selon nous, Guerilla Games a réussi à rendre les phases d'escalade "dirigistes" bien plus naturelles grâce à un scan de la topographie, qui fonctionne un peu comme celui de Death Stranding. Aucune trace de peinture jaune ou autre signal visuel disgracieux en regardant la roche à l’œil nu, mais en jetant un coup de focus, boum, les lignes des prises disponibles s'impriment quelques secondes sur les arêtes d'une façade.
Cela rend ces phases bien plus intéressantes, tout en évitant de laisser au joueur le loisir d'escalader n'importe quelle surface, à l'instar du dernier Zelda (oui oui, on sait, encore lui). Par contre, comme pour le premier épisode, Guerilla a décidé d'élargir l'espace de jeu petit à petit, en commençant par des falaises escarpées, avant de s'ouvrir sur les grands espaces de l'Ouest Prohibé. Tous les biomes classiques de ce genre d'aventure sont présents et intégrés de manière cohérente, pour une surface totale de bonne taille, mais qui ne sombre pas dans l'excès. Il y a également de bons efforts sur le level design mais il convient d'y mettre un bémol en évoquant la façon dont est remplie cette fameuse carte.
Vouloir trop en faire mène à des excès et Horizon Forbidden West en est une énième preuve. Le terrain de jeu parait bien plus étroit sitôt que l'on regarde comment les activités sont dispatchées, comme si tous les 200 mètres vous deviez forcément avoir une tâche à compléter. Attention, le jeu contient énormément de contenus secondaires solides, mais impossible de ne pas considérer certaines de ces occupations comme du simple remplissage, destiné avant tout aux collectionneurs compulsifs. C'est dommage, l'exploration des différentes couches de contenu aurait gagné à se faire de manière plus organique. La formule de la "map à vider" de ses différents points de couleur commence à accuser le coup de son grand âge et si troisième opus il y a, on espère que GG affinera davantage la manière dont les choses se déroulent dans l'open-world.
Malgré tout, l'Ouest Prohibé est un territoire agréable à parcourir. Vous l'avez surement vu dans les différents extraits de gameplay diffusés, mais Aloy dispose de nouveaux outils pour mettre le terrain à profit : dans les airs avec son para-voile du turfu, sous l'eau grâce au respirateur ou sur terre grâce à de nouvelles montures... Jusque dans ces dernières heures de jeu, HFW parvient à surprendre en offrant de nouvelles manières d'apprécier ses vastes étendues. Le voyage vaut le coup, déjà parce qu'il est sacrément beau, mais aussi parce qu'il s'appuie sur un cœur de gameplay convaincant.
Combats, progression
Commençons par les combats, qui sont pour nous l'un des plus gros points forts du jeu. Déjà cools dans Zero Dawn, ils sont ici transcendés grâce à des machines aux comportements encore plus impressionnants, à une palette de mouvements étendue et à une sélection d'armes convaincante. Les rixes de Forbidden West proposent du spectaculaire à chaque combat contre une nouvelle espèce qui va vous sortir de votre zone de confort et il y en a un bon paquet : on sent bien que l'on est monté d'un cran sur l'échelle de la violence dès que l'on engage les hostilités, que ce soit contre les machines ou les unités humaines. Malheureusement l'intelligence artificielle de tout ce petit monde n'a pas bougé depuis le premier, on est toujours sur le même comportement, avec des rondes définies et des alertes à désactiver en restant caché un certain temps. Il y a encore du boulot côté IA, d'autant que là aussi Horizon 2 manque de naturel : on aurait aimé voir les machines se chamailler entre elles ou attaquer des camps, mais non, tout le monde reste sagement dans son coin.
Les combats gagnent en envergure grâce au bestiaire étendu et grâce aux mouvements de Aloy qui vont s'accumuler petit à petit grâce à l'achat de compétences lors de la montée en niveau. Cette progression, divisée sous 6 arbres aux ambitions distinctes, proposent de mettre à profit deux nouvelles jauges de combat : une pour la distance en orange et qui se remplit avec le temps et la jauge violette de bravoure, permettant d'utiliser les sursauts, de puissantes techniques secrètes. Au plus fort de l'action, ces compétences actives sont à même de renverser l'issue d'une bataille en votre faveur. Pour ne rien gâcher, le moveset de la lance, basique au début, va largement s'étendre avec le temps et proposer divers combos liés au timing, pour des combats au càc bien plus intéressants qu'auparavant.
Il convient toutefois d'évoquer un problème lié au gameplay du jeu et plus précisément à l'itemisation de Horizon Forbidden West. Sur le papier, rien de véritablement nouveau par rapport à HZD : vous avez des armures et des armes à fabriquer, puis à améliorer, afin de gagner des bonus de statistiques élémentaires. il est également possible de compter sur des runes, appelées ici bobines et qui insuffleront une petite dose de puissance supplémentaire. Il y a même du mieux côté interface, mais toute cette surcouche "RPG" ne nous a pas paru convaincante dans ce nouvel épisode.
La progression "statistique" de Aloy est anecdotique pour qui sait exploiter pièges et armes correctement. Se pose alors la question de l'intérêt de partir en quête du meilleur équipement disponible : pourquoi braver 1000 dangers pour un nouvel arc, alors que celui du début fait très bien l'affaire ? Autre défaut lié à la gestion des objets et déjà présent dans HZD : puisque le gameplay a un besoin constant de ressources pour tenir debout, cela donne des arènes de boss systématiquement entourées d'items de soin et de coffres contenant ce qu'il faut pour vous fabriquer des munitions sur le pouce. Ça aura pour effet de vous détourner du combat, ce qui est vraiment dommage, parce que les quelques affrontements originaux qui parsèment le voyage sont tout à fait corrects.
Beau comme un camionosaure
Direction artistique, immersion
A-t-on vraiment besoin de vous dire que c'est absolument somptueux ? Les images parlent d'elles-même depuis des mois et maintenant qu'on l'a eu sous les yeux plusieurs dizaines d'heures, on peut vous confirmer que Guerilla Games a une équipe d'artistes talentueux. Toutes les capitales ont leur identité, tous les biomes sont habillés de belle manière par la lumière d'un cycle jour/nuit soigné, ponctué par des effets météorologiques impressionnants... On vous laisse découvrir l'Ouest Prohibé par vous-même, mais de nombreux panoramas devraient vous décrocher la mâchoire. C'est un jeu d'une beauté indécente, il le sait et il ne va pas arrêter d'en jouer jusqu'à ses crédits finaux. La bande-son et ses thèmes dynamiques sont une fois de plus trop en retrait, on aurait aimé que l'aventure soit davantage ponctuée d'envolées lyriques. Si la version française du jeu est de facture inégale, nous vous recommandons tout de même de considérer sérieusement cette option, puisque de nombreuses lignes de dialogue sont jouées durant l'action. Sur une toute autre note, vous serez heureux d'apprendre (ou pas), qu'il s'agit d'un sérieux concurrent à la meilleure application des spécificités de la Dualsense, au coude-à-coude avec Returnal. En définitive, à part quelques petits bugs que nous évoquerons un peu plus bas et certaines cutscenes dans lesquelles les regards des personnages sont mal ajustés, rien ne viendra vous empêcher de plonger corps et âme dans ce nouvel univers.
Performances, technique
Nous avons parcouru l'intégralité de Forbidden West en mode performance. Vous allez perdre en netteté, certes, mais comparé au bonheur de parcourir un monde de cette beauté à 60 images par seconde, ce n'est vraiment pas cher payé. Il y a des chutes de framerate sous conditions et il faudra tout de même composer avec quelques petites déconvenues de temps à autres, comme des retards d'affichage de textures (même après application du patch day one), des chevelures qui oublient les lois de la gravité dans certaines cutscenes. Mais cela ne pèse pas bien lourd face à la qualité du travail abattu par Guerilla Games, Horizon Forbidden West s'arrache constamment pour se montrer digne d'une nouvelle génération de machines.