On peut parfois avoir l'impression qu'Ubisoft se contenter de sortir des shooters génériques ces dernières années et d'avoir complètement oublié ses racines. Heureusement, l'équipe à laquelle on doit Rayman et Prince of Persia a reçu le droit de sortir la seconde licence du placard, afin de nous proposer leur propre vision d'un genre très populaire, le Metroidvania. La manœuvre fait fortement penser à ce qu'ils ont fait en 2020 avec Immortals Fenyx Rising, qui était ouvertement inspiré de Zelda Breath of the Wild. Les lapins crétins n'ont pas embarqué que Mario dans le studio.
Ubisoft nous a offert un accès à une version jouable de près de 4 heures à Persia The Lost Crown, sur un jeu dont la durée de vie devrait tourner autour des 20 à 25 heures. Cela nous a permis de nous faire une solide idée de ce à quoi on peut s'attendre lors de sa sortie le 18 janvier prochain.
- Genre : Plateformes, Action-aventure
- Date de sortie : 18 janvier 2024
- Plateformes : PC, Switch, PS4, PS5, Xbox Series
- Développeur : Ubisoft Montpellier
- Éditeur : Ubisoft
Lost Cow
Le jeune prince de Perse s'est fait enlever, c'est aux 7 meilleurs guerriers du pays, nommés les Immortels aussi, d'aller le sauver. Si vous trouvez leur nom peu original et pompeux, sachez qu'une unité militaire portait vraiment ce nom dans la Perse antique, les jeux mobiles n'ont pas inventé les titres génériques. Pour y parvenir, ils vont devoir entrer dans un mystérieux palais rempli de pouvoirs surnaturels pour le sauver, ce qui va les confronter aux pouvoirs du temps. On incarne la dernière recrue de la bande, alors que les autres Immortels mènent aussi la traque. On ne va pas trop s'étaler sur le scénario, dont on a vu que le début, afin de mentionner le point qui peut fâcher : la direction artistique et les graphismes.
On peut voir que Prince of Persia Lost Crow est prévu pour la majorité des plateformes actuelles, ce qui a tendance à limiter les graphismes aux capacités de la machine la moins puissante du lot, c'est-à-dire la Switch. Heureusement, le style coloré et un peu cartoonesque va bien avec le genre, et cela contribue à la lisibilité de l'action, même si ceux qui préfèrent la noirceur de Prince of Persia : Warrior Within, risquent d'avoir du mal à réconcilier les deux. C'est d'autant plus flagrant lors des scènes nombreuses d'action en 3D, faisant usages de pouvoir surnaturels spectaculaires qui ne dépareilleraient pas dans un anime de type battle shonen.
Hollow Metroid ou Dread Knight ?
Comme mentionné plus haut, une des inspirations principales de Lost Crow est Metroid, et plus spécifiquement, Metroid Dread, ce qui est plutôt logique. Nous avons même eu droit à une petite section de poursuite par un mini-boss immortel cherchant à nous capturer, qui ironiquement était plus intéressante et satisfaisante que dans l'original. Ajoutez à cela des éléments de l'excellent Hollow Knight (entre autres), comme les emplacements de médailles pour activer des pouvoirs, et bien entendu, l'incontournable gameplay qu'on retrouve dans presque tous les jeux du genre : attaque rapide ou chargée, esquive, parade, saut, le dash aérien à débloquer quelque part pour accéder à de nouvelles sections du palais, et bien d'autres choses.
On retrouve même régulièrement l'équivalent des fioles de soin et des feux de camp de Dark Souls, sans la fonction de voyage rapide, qui est réservée à des pierres de téléportations bien plus rares. L'objectif est visiblement d'inciter à revenir sur ses pas pour accéder à de nouveaux secrets, sans en arrière aux extrêmes un peu pénibles auxquels peut pousser le dernier Metroid en la matière. Les développeurs ont d'ailleurs eu l'idée intéressante de nous permettre de prendre un screenshot de l'écran, et de l'ajouter sur la carte globale, afin de nous aider à savoir quand revenir, et à ne rien oublier. Notons au passage que les obstacles sont plutôt du genre de ceux qu'on trouve dans les titres comme Ori, avec de véritables mécanismes de gameplay utilisables tant en combat que dans les sections de plateformes, plutôt que de bêtes portes de couleur.
Les environnements du palais sont plutôt jolis et surtout, ils sont variés. Avec une myriade de pièges, d'obstacles, et un bestiaire qui nous a semblé aussi large qu'exotique, pseudo-ninjas, saletés volantes, gros chevalier au bouclier, fantôme qui vient bloquer les soins et autres joyeusetés disposant d'une gamme étonnamment large de capacités nous forçant à adapter notre approche. Les Metroidvania ont tendance à proposer une expérience solitaire, avec quelques rares rencontres pour égayer notre progression, mais Lost Crow a pris la voie inverse, avec un assez large casting de personnages au départ qui viennent planter le décor et nous proposer des quêtes variées.
Dex build
Bien qu'un peu trop chatoyants à notre goût, les combats constituent un des points forts de ce nouvel opus. Notre protagoniste utilise ses deux cimeterres pour effectuer des combos rapides, et dès le début de l'histoire, il dispose d'une vaste gamme d'attaques n'ayant rien à envier à certains Beat them all. On peut faire une attaque basse, projeter l'ennemi en l'air, lui faire un combo aérien lorsqu'il ne peut pas se défendre, avant de le rabattre au sol par exemple. Ceux qui préfèrent un style plus simple peuvent miser sur les exécutions suivant une parade effectuée lors d'une attaque dangereuse par exemple. Il est aussi possible d'éviter une grande partie des combats avec un peu d'adresse et de lâcheté, si vous n'aimez pas re-tuer le même ennemi 10 fois.
D'autres outils comme l'arc et le chakram viennent aussi étoffer votre arsenal, pendant que le level design et les ennemis poussent naturellement à les intégrer à son gameplay. Les Ahtras, les fameux pouvoirs surnaturels se chargent en effectuant des attaques, ce qui permet ensuite de déchainer différents effets au choix, en fonction de ceux que vous avez équipé. Avoir une attaque dévastatrice pour vaporiser un groupe d'ennemis pénibles est bien, mais la zone de soin est aussi tentante sur les boss.
Et ces boss sont nombreux, nous en avons rencontré un petit paquet lors de nos quatre heures. Ils se sont tous avérés équilibrés et intéressants, ils aident à maîtriser les mécanismes des combats, sans forcément vous demander la perfection. Certains, dont la manticore, avaient aussi droit à leur petite cutscene en 3D comme dans Metroid Dread, avant de lancer une nouvelle phase avec davantage de capacités inédites à contrer. Mourir sur un boss mineur vous fera perdre quelques pièces, et il faudra refaire un bout de trajet à pied, alors que les boss majeurs permettent de relancer la bataille instantanément si vous le souhaitez.
Prince of Persia The Lost Crown ne réinvente pas la roue, mais on doit bien admettre que tous les mécanismes que nous avons croisés étaient très bien pensés et intégrés, ce qui rendait l'expérience de jeu excellente. La progression est fluide et naturelle dans le palais, avec la possibilité d'explorer des zones annexes afin de mettre la main sur des trésors ou des pouvoirs supplémentaires, et on se trouve guidé vers la suite de l'aventure. De nombreuses options de difficulté aux paramètres multiples aident aussi à personnaliser l'expérience de jeu, en incluant ou non un marqueur d'objectif par exemple.