Le choix de Skarner comme prochaine refonte majeure de League of Legends a ravivé un sale souvenir au sein de la communauté : celui de la mise-à-jour des Colosses — un patch ayant à lui seul introduit quatre refontes. Ce jour là, Garen, Darius, Mordekaiser et Skarner recevaient des mises à jour majeures destinées à renforcer et à rafraîchir leur classe toute entière. Pourtant, sept ans après, deux de ces champions se préparent pour une nouvelle VGU, tandis qu'un troisième a perdu son rôle de Juggernaut au fil des précédents patch, prouvant ainsi que son rework était un échec total.
Quand Riot rétropédale
Le patch 5.16 fut le grand annonciateur de ces quatre reworks et son impact sur la meta, tant professionnelle qu'amateur, fut considérable. Imaginez simplement que Mordekaiser, grâce à son R, pouvait littéralement transformer un ennemi en fantôme puis le balader sur la carte comme un familier — et vous comprendrez à quel point la Faille de l'Invocateur fut bouleversée par de tels changements. D'autant que la chose fonctionnait aussi sur le Dragon et que le patch 5.16 sortit à la veille des Worlds 2015...
En fait, s'agissant de Mordekaiser, il a fallu attendre juin 2019 pour que Riot Games accepte de rétropédaler, pour mettre en place un second rework — une mesure à l'époque drastique qui a donné naissance au Revenant de fer qu'on connaît aujourd'hui. Cet ajustement radical a pourtant coûté cher, puisque le bon Mordekaiser a dû renoncer à ses fantômes, perdant au passage une grande partie de son identité de jeu...
Et on observe un déroulement similaire avec Garen. Grâce au patch 5.16, le héros le plus connu de Démacia s'était notamment retrouvé doté d'un passif sur sa compétence ultime, lui permettant de désigner un champion adverse comme "le Vilain" après que celui-ci ait éliminé un de ses alliés. Le passif en question lui permettait alors d'infliger des dégâts bruts à cette cible — de quoi le rendre irrémédiablement léthale, et tout particulièrement frustrant.
Quoique le reste du kit de Garen soit plus ou moins resté le même depuis cette date, cette mécanique a, elle, aujourd'hui disparu, puisque Riot Games a choisi de la retirer du champion au patch 9.20, en début de Saison 2020. Un correctif bénéfique que les OTP Garen ont sûrement regretté, mais qui était sans aucun doute mérité.
Une anomalie colossale
Le cas de Skarner était peut-être le plus curieux de tous. Bien que la première refonte du champion lui ait permis de devenir le plus puissant du jeu à l'époque (60%, c'est dire), le scorpidé n'était même pas populaire. En fait, la communauté le considérait comme le personnage le moins intéressant du jeu. Pire encore, face à ce winrate exceptionnel, Riot Games décida de le nerf à plusieurs reprises. Et puisque son kit de compétences disposait d'outils difficiles à équilibrer, ce sont ses statistiques qui en prirent pour leur grade — au point où le bon Skarner chuta dans les limbes des champions les moins joués de la Faille.
La chose est encore vraie aujourd'hui : si on en croit les statistiques de League of Graphs, Skarner est littéralement le champion le moins joué en 2022, avec seulement 0.9% de popularité...
Au final, le seul survivant du patch 5.16 est sans aucun doute Darius, car il est pratiquement resté le même depuis cette époque. Les nouveaux effets sur son passif, la canalisation de son A et les buffs qu'il avait alors reçus sur son R avaient permis de le buffer. Cela dit, bien que certains joueurs talentueux comme le Petit Prince de la Toplane parviennent à le faire fonctionner en pro play, et malgré le fait qu'il puisse trouver aujourd'hui une place rarissime à certains ELO, force est de constater que la Main de Noxus ne peut pas non plus être considéré comme une vraie réussite.
Dès lors, dans l'attente du nouveau rework de Skarner, on ne peut s'empêcher de considérer "la mise-à-jour des Colosses" comme un des plus grands échecs de game design de League of Legends. D'autant que cette pratique n'est pas isolée, puisque Riot Games a procédé à des refontes massives similaires au fil des années — des refontes massives articulées autour de "mises à jour de classes" qui se sont souvent révélées être, elles aussi, des échecs. En témoignent Rengar ou LeBlanc qui ont eux aussi eu le droit à des reworks, avant que Riot Games ne constate leur chute de popularité et ne rétropédale, en restaurant leurs anciennes versions...
Contenu original par MGG Espagne