Photo : Riot Games
Le succès en finale de MAD Lions face à Fnatic (3-1) a montré toute la force collective de l’équipe. La victoire des lions ne souffre aucune contestation et les joueurs ont dominé de la tête et des épaules le match, se montrant beaucoup plus actifs sur la carte et plus saignants lors des teamfights. Mais derrière ce collectif bien rodé qui a remporté le LEC au Spring et au Sumemr, se trouvent surtout 5 joueurs qui ont du talent à revendre en plus d’avoir des personnalités attachantes. Retour en portraits sur ceux qui sont en train de construire une nouvelle dynastie européenne.
Armut, taille patron
Quelle année pour ce faux rookie. Armut n’est pas tout nouveau sur la scène League of Legends, mais c’est important de rappeler qu’il est en train de vivre sa première année en Europe, sa première dans une ligue majeure. Le toplaner turc s’était fait connaître l’année dernière aux Worlds, lorsqu’il avait sorti MAD Lions du Play In. Mais l’ancien bourreau est devenu une pièce maitresse de l’équipe. En plus d’apporter sa bonne humeur et son sourire, il donne énormément de stabilité au collectif. Au printemps, il enchaînait les grosses performances et MAD Lions n’hésitait pas à jouer autour de lui. L’été venu, il s’est fait un peu plus discret… On ne sait pas s’il a eu du mal à digérer l’enchaînement après le MSI, mais il a eu un petit coup de moins bien. Moins serein en toplane et régulièrement hors de position, il avait tendance à trop souvent mourir.
Mais Armut a retrouvé la bonne formule durant les playoffs, avec l’aide du coach de position de luxe, Vizicsacsi. Le Turc a les épaules solides et il n’est pas du genre à ne pas assumer. Au fur et à mesure que les enjeux augmentent, il est de plus en plus fort. On a pu le voir durant les playoffs où il s’est montré incroyablement clutch pour créer de l’espace à ses coéquipiers. Sérieux et appliqué, il avait laissé son côté clown dans les vestiaires et sur les réseaux. Et quand Armut joue à fond, il est irrésistible de facilité.
Elyoya, le rookie de l'année c'est bien lui
Le jungler espagnol est lui un vrai rookie. Issu de la ligue espagnole, il a fait ses grands débuts dans l’élite européenne cette année. Mais pour être honnête, son inexpérience ne s’est pas vraiment sentie et Elyoya a très rapidement pris ses marques. Sa période d’adaptation s’est faite en un temps éclair et il n’a jamais fait de complexe d’infériorité. Que cela soit en LEC face aux vieux briscards européens ou au MSI face aux meilleurs junglers du monde, il n’a jamais baissé les yeux. Talentueux et culoté, il a également eu l’occasion cette année de faire admirer son champion pool. Excellent pendant toute la saison, il a sorti les meilleurs picks en fonction de la métagame et s’est adapté aux besoins de son équipe.
Ses statistiques parlent pour lui et avec 77,3 % de kill participation pendant ses playoffs du Summer Split, Elyoya a montré qu’il était omniprésent sur la carte. À 15 minutes de jeu, il est souvent derrière niveau farming. Mais c’est parce qu’il se montre très actif et généreux dans l’effort. Il appuie ses coéquipiers à tout moment et les couvre lorsqu’ils sont en difficulté. Elyoya, c’est le partenaire idéal et le jungler de rêve. Son altruisme paye et si MAD Lions arrive à autant dérouler, c’est parce que son jungler lui facilite grandement la tâche.
Humanoid, un grand parmi les grands
Au Spring Split et au MSI, regarder Humanoid pouvait parfois être un poil frustrant pour le spectateur. Tantôt brillant mais tantôt fantomatique, on avait souvent l’impression que le midlaner tchèque jouait en dilettante. Lui-même avouait lors du tournoi de mi-saison, que selon les métagames il prenait plus ou moins de plaisir… Et que cela pouvait influencer sur sa motivation et son niveau de jeu. Mais Humanoid reste un véritable monstre mécanique et il a passé un cap cette année. Considéré depuis plusieurs années comme un très bon joueur, il est dorénavant entré dans la catégorie des top joueurs. C’est le meilleur midlaneur européen du moment et aujourd’hui, personne ne peut rivaliser avec lui sur le vieux continent. En lane, il est quasiment toujours devant. Et lorsqu’il ne solokill pas son vis-à-vis (11 solokills cet été), il fait profiter de sa priorité en midlane à toute son équipe. Humanoid aime le sang et il ne rechigne jamais lorsqu’il faut quitter sa voie pour se bagarrer.
Humanoid est le plus ancien chez MAD Lions et il faisait déjà partie de l’équipe lorsque la structure se nommait Splyce. Ses dirigeants peuvent se frotter les mains de l’avoir conserver et fait maturer. Ils ont construit l’équipe autour de lui et le temps leur a donné raison. Humanoid est un hard carry qui pourrait faire du sale aux prochains Worlds. Il ne recule devant rien et peut dans un bon jour et avec de la motivation, prendre n’importe qui.
Carzzy, l'ADC hétéroclite
Il n’y a pas encore d’étude sociologique qui existe pour déterminer si les rôles de League of Legends influence la personnalité des joueurs et inversement. Mais souvent, on associe aux ADC un style de jeu assez froid et réfléchi. Puisque pour les plus traditionnels, un bon ADC reste un ADC qui ne fait pas d’erreur. Carzzy casse cependant les codes et se trouve à des années lumières de ce moule conservateur. Ce n’est pas le botlaner le plus propre ou le plus réfléchi, mais c’est plutôt un pyromane fou. Il aime jouer avec ses limites dans un style de jeu un peu ça passe ou ça casse. Et cette année, il ne s’est rien brisé et a surtout cassé la bouche de ses adversaires. Il ne manque pas de panache et met un point d’honneur à montrer qu’un ADC n’est pas condamné à jouer safe derrière sa frontline. On croirait voir Rekkles avant qu’il ne prenne des rides.
Carzzy n’a pas un KDA excellent durant ses playoffs (3,5). Mais il inflige un montant stratosphérique de dégâts ! En finale, il a fait trois parties avec plus de 30 % des dégâts de son équipe, avec une pointe à 39,3 %. La seule partie où il s’est montré plus discret dans ce compartiment, c’est quand il jouait Ziggs dans un style de jeu forcément différent au regard du pick. Dans tous les cas, Carzzy fait plaisir à voir et son style de jeu débridé est un délice pour les yeux. Alors qu’il aime répéter qu’il est beau, il incarne surtout le beau jeu.
Kaiser, la rigueur à l'allemande
On dit souvent que les opposées s’attirent et si Carzzy est un ADC de feu qui aime jouer avec les allumettes, son support Kaiser vient plutôt du froid. On ne sait pas si c’est dû à sa mentalité allemande, mais Kaiser s’est montré encore plus implacable que l’année dernière cette saison. C’est actuellement de loin le meilleur support d’Europe et son efficacité fait froid dans le dos. Toujours là au bon moment et au bon endroit, son intelligence de jeu impressionne. Alors qu’il est entouré de joueurs un peu foufous (Armut, Humanoid, Carzzy) qui peuvent dégoupiller à tout moment pour le meilleur comme pour le pire, c’est le support allemand qui tient la baraque. Il canalise le collectif, compense les déséquilibres et arrive à faire de la magie. Alors que MAD Lions se retrouve parfois dans des situations critiques, Kaiser arrive à trouver l’angle parfait, la position idéale ou l’idée de génie pour transformer ces dernières en opportunités. Son travail n’est pas de tout repos, mais il le fait très bien et mérite tous les applaudissements du monde.
En 2020, Kaiser n’était pas à l’abris de sortir des champions exotiques comme Wukong ou Bard. Mais sa version 2.0 a rationnalisé tout ça et en 2021, Kaiser rime généralement avec tank (Leona, Braum, Alistar). Ça manque peut-être un peu de diversité et de fantaisie, mais marche. L’Allemand connaît ses picks sur le bout des doigts et se montre d’une propreté rare sur ses mécaniques. Ça nous change un peu d’un certain Hyllisang qui à un style de jeu totalement différent.