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Chaque année, les Worlds de League of Legends nous font une promesse : celle que l'événement le plus prestigieux de la scène compétitive délivrera des matchs et des performances incroyables. Et, soyons honnêtes, depuis le début de la compétition on est loin d'être déçus. Mais c'est maintenant l'heure des demi-finales et il ne reste désormais plus que quatre équipes en lice pour le titre. Après l'élimination de Fnatic, G2 Esports portaient sur leurs épaules les derniers espoirs de l'Europe — et ce midi ils affrontaient DAMWON Gaming, dans un duel de titans.
Les Samourais contre leur bête noire, on vous donne le ton de cette première demi-finale des Worlds 2020.
Game 1
La dernière fois que G2 a rencontré DAMWON, c'était lors de la précédente édition des Worlds — et les Samouraïs s'étaient alors imposés. Mais la formation coréenne a eu le temps d'évoluer, de se transformer, de trouver des réponses à cette crise d'identité que beaucoup d'équipes ont traversé ces derniers mois. Fini le roster invincible en scrims qui s'effondrait comme un château de papier une fois sur scène — les DAMWON ont finalement trouvé la clef du succès.
Et franchement, ça s'est vu immédiatement. Dès la draft, le plan de jeu des G2 est clair : cibler Heo "ShowMaker" Su pour le mettre au fond du trou, et ainsi empêcher que le duo Twisted Fate / Hecarim devienne incontrôlable. Malheureusement, et malgré quelques bons picks en faveur des samouraïs, l'early game tourne en faveur des coréens qui imposent un contrôle implacable sur la game. Avec son Gangplank, Jang "Nuguri" Ha-gwon fait plus que de simplement tenir en respect le Renekton de Martin "Wunder" Nordahl Hansen, il l'écrase. Rasmus "Caps" Borregaard Winther montre simplement son pire visage face à un ShowMaker aussi insolent que talentueux. Et le duo de DAMWON domine simplement sa lane.
Lent, inarrêtable, le ras de marée coréen snowball jusqu'à la 20e minute de jeu puis s'abat finalement sur G2 Esports en un teamfight décisif, venant sceller le sort de l'équipe européenne. Le reste n'est qu'une démonstration de force des DAMWON, qui fauchent les joueurs européens comme du blé sec en spammant les emotes de FunPlus Phoenix et Invictus Gaming. Insolent, le cinq coréen a dominé de bout en bout la game — et ce BM de dernière minute n'est que juste rétribution pour les samouraïs, qui n'ont franchement pas respecté leurs adversaires.
Game 2
Après avoir été punis pour leur exécution franchement hésitante, les G2 Esports entament la seconde game par un early game beaucoup plus sérieux. Mihael "Mikyx" Mehle se montre absolument brillant, sauvant un trade perdu à là 5e minute, et le transformant en 2 pour 1. Les samouraïs semblent remontés à bloc par leur défaite, et montrent une un véritable combativité. DAMWON refuse pourtant de se laisser abattre, et la domination de l'équipe européenne se joue souvent à un fil. À plusieurs reprises, Nuguri passe à pas grand chose de ressaisir l'avantage — mais chacune de ses actions se conclut par une punition, le plongeant finalement au fond d'un 0-6 assez irrécupérable.
Les G2 parviennent à jouer parfaitement autour de l'ultime de la Kindred de Marcin "Jankos" Jankowski, remportant plusieurs teamfights et sécurisant la Fire Soul au passage. Plus rien ne semble alors capable d'arrêter l'armada européen tandis que les coréens s'empêtrent dans leur draft. Face au style de jeu des G2, leur plan de jeu semble désormais impossible à dérouler et les samouraïs égalisent.
Cela dit, c'est une victoire à la Pyrrhus, car les G2 ne se sont pas imposés parce qu'ils étaient les meilleurs — mais bien parce qu'ils ont pris les DAMWON par surprise. Et on doute alors que ça puisse se reproduire.
Game 3
Dès le début de la draft, on élève un sourcil interrogateur face aux choix de G2 : la Akali en midlane surprend, pour ne pas dire inquiète. Malgré son talent, on imagine mal comment Caps va pouvoir rivaliser avec la Syndra de ShowMaker — d'autant plus que la ninja verte, frappée par plusieurs vagues de nerfs, n'est plus que l'ombre du monstre qu'elle était. La composition de G2 semble bancale, reposant sur un ensemble de bons outils alignés de paire sans qu'il y ait véritablement de synergie.
Dans la suite logique de leur draft, les G2 s'empêtrent dans un plan de jeu incohérent, espérant que le fait de parsemer la game de quelques plays individuels parviendra à les sauver. Sauf que la cohésion des samouraïs est loin d'être au beau fixe. Caps, presque invisible, passe plus de temps dans son nuage de fumée à attendre une opportunité plutôt que de forcer l'ouverture et Mikyx, impérial jusqu'à cet instant, int la botlane.
Les DAMWON ne sont clairement pas là pour enfiler des perles, et ils le font sentir. La formation coréenne démontre néanmoins une patience ainsi qu'un sang froid à toute épreuve. En verrouillant lentement mais sûrement la game, elle vient finalement écraser le roster européen — achevant de briser le mental de ses joueurs.
Game 4
Un seul mot suffit pour décrire cette ultime game qui ressemblait tant à la finale des Worlds 2019 : vide. Car les G2 Esports n'étaient déjà plus là. Que ce soit parce qu'ils étaient mentalement à bout, ou simplement parce que la rage de la vaincre les avaient quittés, les samouraïs sont entrés dans la Faille pour la 4e fois comme on pénétrerait dans un abattoir.
Et les DAMWON n'ont pas fait de quartier, poursuivant inlassablement le massacre déjà entamé lors de la première manche. Sauf que l'équipe européenne semblait juste incapable de fournir la moindre réponse à l'agressivité incessante de la formation coréenne. Les samouraïs sont restés muets, presque passifs, tandis que l'armada coréenne s'emparait de la game — et du ticket pour la finale. Le tout en moins de 19 minutes.
On aimerait dire qu'on est déçus de la performance de G2 — et au fond, on l'est — mais on ne peut pas vraiment oublier les événements de l'année passée qui ont lourdement affecté le roster. À bout de souffle, les samouraïs signent un parcours honorable qui s'achève hélas aux portes de leur précédent record...