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Chaque année, les Worlds de League of Legends nous font une promesse : celle que l'événement le plus prestigieux de la scène compétitive délivrera des matchs et des performances incroyables. Et, soyons honnêtes, depuis le début du Main Event on est loin d'être déçus. La journée d'hier nous a réservé tellement de surprises qu'on s'attendait à ce que les matchs d'aujourd'hui soient bien mornes — oh, comme on avait tort...
Douze équipes, six rencontres — on vous donne le ton de cette deuxième journée du Mondial 2020.
Machi Esports vs Team Liquid
Machi, l'équipe la plus facile à prendre dans le groupe A ? Pas pour Team Liquid apparemment. Il est difficile de résumer un match quand une seule des deux équipes joue. Face à des nord-Américains dans un état léthargique, l'équipe taïwanaise a tout simplement déroulé son jeu et fait parler sa composition. On peut légitimement se poser des questions sur la draft de l'équipe NA que l'on peut aisément qualifier de catastrophique.
Entre Mads "Broxah" Brock-Pedersen — qui n'a fait QUE farm alors que Huang "Gemini" Chu-Xuan était proactif au possible — et des lanes passives, TL s'est fait enterrer doucement mais sûrement. On aurait pu penser que Edward "Tactical" Ra serait en mesure de renverser la vapeur avec sa Caitlyn mais il n'a tout simplement pas pu jouer — malgré un first blood, l'ADC n'a jamais pu snowball. Team Liquid a regardé Machi prendre objectif sur objectif sans jamais proposer de contestation (soulignons que les deux Nashors de la game ont été pris par des joueurs et pas par un jungler).
Le constat est le même que hier, les NA jouent comme à la maison, et sur la scène des Worlds, ça ne passe tout simplement pas.
G2 Esports vs Suning
Ça faisait des semaines qu'on n'avait plus entendu parler des Samourais de G2 qui, contrairement à leur habitude, sont restés très silencieux sur les réseaux sociaux depuis leur arrivée à Shanghai. Et les quelques informations qu'on avait alors sur la préparation de l'équipe semblaient tout sauf positives. Cela dit, c'est un peu une redite comparé à l'année dernière : les G2 ont tendance à se révéler soudainement sur la scène du Main Event, après avoir enchaînés une douzaine de défaites en scrims.
L'année dernière le "G2 Worlds Buff" avait mis quelques games à s'enclencher — cette fois-ci, les Samourais l'ont activé dès leur premier match. Et honnêtement, c'est sans aucun doute la plus belle rencontre à laquelle on ait pu assister depuis le début de ce Mondial. Dès le début du match, la tension est palpable. Une très légère erreur de Marcin "Jankos" Jankowski offre le First Blood aux Suning, et l'early game bascule en faveur de l'équipe chinoise. Grâce à la pression incroyable appliquée par son jungler, Lê "SofM" Quang Duy, Suning sécurise Dragon après Dragon, jusqu'à l'Ocean Soul — ouvrant au passage la midlane de G2 jusqu'à la T3.
S'ensuit un teamfight d'anthologie autour du Dragon Ancestral, où Luka "Perkz" Perković délivre pas moins de 10k dégâts sur l'équipe chinoise, offrant à son équipe l'Elder Buff sur un plateau d'argent. Munis de leur canon-laser-ailé, les G2 rushent ensuite vers le Nexus ennemi — seulement pour s'y empaler sur la défense impeccable des Suning. A leur tour, les Chinois foncent vers la midlane, et l'issue du match semble pliée. Mais le G2 Buff s'active encore et les Samourais accomplissent un tour de magie en éliminant trois joueurs de la formation chinoise. Tandis que Rasmus "Caps" Borregaard Winther temporise les deux derniers en les empêchant de back, Perkz se téléporte en toplane, et termine la game en quelques éclairs bien sentis de son Ezreal.
Pour leur première game de cette édition des Worlds 2020, les G2 signent "une G2" : un retournement de situation incroyable seulement né de leur gestion toute aussi incroyable des teamfights. Et, franchement, on ne pouvait vraiment pas espérer mieux.
Rogue vs DAMWON Gaming
On avait peur pour Rogue dans cette rencontre. L'écurie du LEC affrontait DAMWON, qui la veille, avait tout simplement atomisé JD Gaming.
Les Coréens surprennent d'entrée avec un counter pick Lulu au top pour Jang "Nuguri" Ha-gwon (qui a d'ailleurs mené la vie dure au Gangplank de Finn "Finn" Wiestål). La game n'a pas été sanglante, loin de là, les équipes ont joué chacune leur jeu. Sous pression pendant l'intégralité de la game, Rogue n'a pas plié facilement mais n'a jamais réussi à trouver une ouverture — on les sentait fébriles, impressionnés par l'ogre coréen. Ils n'ont pas fait preuve d'initiative ni même cherché à réellement contrer leurs opposants. Comme l'a dit Heo "ShowMaker" Su après la game : "Ils n'ont pas fight".
Kim "Canyon" Geon-bu a été magistral dans la jungle, appuyant ses lanes et contrôlant tous les objectifs neutres mais aussi la jungle, annulant totalement l'impact que Kacper "Inspired" Słoma aurait pu avoir sur la game.. Toutes les lanes coréennes ont rapidement pris l'ascendant sur leur vis-à-vis pour creuser doucement mais sûrement leur avantage aux golds et laisser leur composition scale. Le jeu des coréens a été presque immaculé, une macro parfaitement maîtrisée, une pression constante — une game durant laquelle les Rogue n'ont pas pu trouver une seule faille dans la défense adverse.
Certes, les Rogue n'ont pas fait d'erreurs majeures et n'ont pas laissé beaucoup d'espace à leur adversaire jusqu'au point de rupture à la 31e minute, mais les DAMWON étaient tout simplement au dessus aujourd'hui.
DAMWON est certainement l'équipe la plus terrifiante dans le groupe B — qui parviendra à les faire tomber ?
PSG Talon vs JD Gaming
Une game importante pour les équipes défaites toutes les deux lors du premier jour du Main Event et qui avaient donc tout à prouver. PSG Talon souhaitait confirmer sa bonne forme du Play In, tandis que, du côté de JD Gaming, on cherchait surtout à se rassurer.
JG Gaming propose une draft très flexible, avec un Ekko au mid pour contrer Syndra et un Sylas dans la jungle, alors que le PSG s'offre une composition plus classique. Et les Chinois de sortir le grand jeu dans cette rencontre. Très agressive, l'équipe met rapidement sous pression ses adversaires. Le PSG Talon se fait rapidement dépasser et est incapable de réagir face à des JG implacables qui vont juste détruire la game.
Le PSG Talon n'arrivera jamais à remonter la pente et tous les joueurs se feront écraser un par un par le rouleau compresseur chinois. On passera sous silence les innombrables erreurs de l'équipe de taïwanaise... Une game à sens unique, un stomp dans les règles de l'art en 23 minutes, et sans Nashor s'il vous plaît.
Mention spéciale à Zeng "Yagao" Qi qui nous a sorti son plus beau jeu sur son Ekko.
Gen.G vs Team SoloMid
Tout est possible sur la scène des Worlds, même la victoire des Américains. Cela dit, jusqu'ici, ça s'annonce mal. En fait, depuis le début de la phase de groupe, aucune équipe de la région n'est parvenue à remporter une seule game. Et la rencontre entre Gen.G et TSM n'a pas fait exception à cette règle.
Après un early plus ou moins contrôlé, le roster de TSM a subi de plein fouet l'accélération de Gen.G. Après tout, les Gen.G sont ceux qui ont empêché Lee "Faker" Sang-hyeok et T1 de se qualifier aux Worlds et on les voyait mal laisser l'équipe américaine dérouler leur jeu. A la seconde où Park "Ruler" Jae-hyuk avait complété son deuxième item, la game semblait déjà pliée — comme si le talent du joueur semblait compenser la puissance des stats.
La draft de l'équipe américaine n'était pas mauvaise, en soi, mais elle s'articulait autour d'un plan de jeu des plus classiques, qui a toujours séduit la scène américaine : scale et ramp up dans le late game. Si cette stratégie n'est pas mauvaise en soi, il nécessite de rester imperméable aux agressions jusqu'à à atteindre un véritable écart.
Pendant un instant très court, on a cru que ce plan de jeu pourrait offrir la victoire à TSM, mais on s'est très vite ravisé à la 24e minutes. Jusque là, TSM avait l'avantage aux kills sans posséder une quelconque avance sur les gold.
Mais, en un seul teamfight, la formation américaine s'est effondrée — et les Gen.G ont pris sur la game une ascendance irréversible grâce à un Nashor sécurisé dans la foulée. Il n'en fallait pas plus aux Coréens pour envahir la base de TSM, puis démolir leur Nexus.
Le score actuel de l'équipe américaine n'est pas définitif, mais reconnaissons que ça s'annonce mal pour Søren "Bjergsen" Bjerg et Yiliang "Doublelift" Peng…
LGD Gaming vs Fnatic
Au sein de la rédaction, on était divisés au sujet de l'issue de ce match. Si certains, tous pétris d'illusions, rêvaient les yeux ouverts la victoire de Fnatic, d'autres, plus réalistes, sentaient déjà l'hécatombe arriver. D'aucuns prédentront que les LGD Gaming sont tout juste sortis de la phase de Groupes, que leur niveau de jeu était surestimé, que leur statut de favoris du Play In était volé — et il est vrai que la formation chinoise n'a démontré que de pauvres performances jusque là. Cela dit, l'équipe qu'on a vu jouer aujourd'hui était bien différente, et ils nous semble juste d'avancer que les LGD Gaming ont just traversé une mauvaise passe. Et leur rencontre face à Fnatic ne fait qu'illustrer ce propos.
Durant l'early game, les orange-et-noir sont parvenus à maintenir un pied d'égalité avec leurs homologues chinois, notamment en investissant beaucoup de ressources dans la toplane. Là, Gabriël "Bwipo" Rau est progressivement venu à bout de Xie "Langx" Zhen-Ying, positionnant son Sett comme la menace que LGD devait respecter.
Grâce à une meilleure lecture de la draft, les Fnatic sont parvenus à prendre un légère avantage dans une game qui, à la 15e minute, commençait à s'éterniser. Là où certaines rencontres de la journée nous avait habitués à un bain de sang dès la minute 1, la rencontre entre Gen.G et Fnatic stagnait à deux éliminations, au total. Les deux équipes se regardaient dans le blanc de yeux, grignotant ça et là des avantages mineurs, par peur de déséquilibrer la balance de manière irréversible.
Jusqu'à ce que Fnatic décide de contester le contrôle du Dragon. Comme toutes les équipes asiatiques depuis le début du tournoi, les LDG accordent une importance primordiale aux Dragons Elementaires. Et dans cette game, ils assuraient un contrôle absolument maniaque de la river bot. Après deux buffs abandonnés, les Fnatic parviennent à arracher le troisième — mais le prix à payer est lourd : deux éliminations, et l'avantage au gold qu'ils ont alors mis de longue minutes à construire.
Ce simple déséquilibre a suffi à retourner la balance de la game, offrant à Kim "Clid" Tae-min tout ce dont il avait besoin pour snowball vers la victoire avec son Ekko. Au sortir de cette game, Fnatic inquiète. Reste à savoir ce qu'ils nous réserveront dans les jours à venir...