Après plusieurs jeux à la réception mitigée comme Mass Effect 3 et Dragon Age Inquisition. Suivis de titres complètement ratés comme Anthem et Mass Effect Andromeda, on peut dire que Dragon Age The Veilguard ressemble au jeu de la dernière chance pour BioWare. Pour l'occasion, le studio a l'air de miser sur la sécurité, puisqu'il s'est lourdement inspiré d'un de ses derniers jeux vraiment réussis, Mass Effect 2. Comme on va le voir, le résultat et parfois contrasté.
- Genre : Action-RPG, Action-aventure
- Date de sortie : 31 octobre 2024
- Plateformes : PC
- Développeur : BioWare
- Éditeur : Electronic Arts
- Prix : 59,99 € à 79,99 € pour la version de base
- Testé sur : PC
Bioware's Dragonagers
L'histoire reprend quelques années après la fin de Dragon Age Inquisition, c'est sa suite avec beaucoup de têtes connues. Autant le dire, sans avoir terminé le jeu et son dernier DLC, vous risquez de passer à côté de ce qui fait une grande partie de l'intérêt du scénario. Varric a engagé Rook, que vous allez incarner, pour mener la traque de Solas, un de ses anciens coéquipiers préparant un rituel magique aux proportions apocalyptiques. La mission est accomplie dès l'introduction du jeu, mais c'est un peu comme si on vous avait demandé de détruire une centrale nucléaire, les retombées sont immédiates. Deux anciens dieux elfiques corrompus libérés dans la nature et vous êtes le seul disponible pour les arrêter. Du coup, comme nous le dit l'histoire : "Au travail, tout est de ta faute !"
Comme Dragon Age The Veilguard se veut être un RPG à l'histoire riche, il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet. Pour commencer, même s'il nous laisse créer librement en détails notre propre version du protagoniste, Rook (Race, Genre (ou son absence), classe, passé, apparence) son caractère et ses objectifs sont plus ou moins déjà fixés, ce qui peut s'avérer un peu décevant. C'est un personnage proprement héroïque avec un vague sens de l'humour et un charisme qui laisse à désirer. Être méchant n'est pas une option, vous pouvez juste choisir d'être vaguement désagréable lors des dialogues, avec une minuscule poignée d'options plus radicales durant l'aventure.
En prime, la roue des dialogues, pourtant enrichie d'icônes, reste loin de communiquer clairement certaines de vos réponses ou leur ton. On roule des yeux quand tente d'être ferme, mais que Rook se comporte comme un ado timide. Il faut dire que l'histoire est sur des rails et peu de vos choix s'avéreront capables d'avoir un impact significatif sur son déroulement avant d'approcher la fin, même s'ils ont le mérite d'exister. Prévoyez un ou deux choix cartésiens pour épicer les choses. Il est vraiment dommage que les quêtes secondaires n'offrent pas plus de liberté non plus dans leur résolution.
Les 7 Samaritains
Pour arrêter les dieux, il lui faut recruter une équipe de spécialistes prêts à l'aider dans sa cause, ainsi qu'une des parallèles avec Mass Effect 2. Ce sont sept compagnons qui vous attendent au total, et ils s'avèrent tous incroyablement gentils, dévoués et prêts à se sacrifier pour le bien commun aussi. Comme Rook, ils semblent tous souffrir du syndrome de superman, ce qui ne manque pas d'exaspérer quand on s'est habitué à des personnages plus contrastés et abrasifs (Oui, c'est toi que je regarde Baldur's Gate 3).
On a l'impression de former les Avengers, mais uniquement avec des personnages similaires à Captain America et Doctor Strange. Les discours manichéens des personnages n'aident pas non plus dans ce domaine, ils résument eux-mêmes l'histoire par "On va sauver le monde des dieux elfes qui veulent le détruire." Les rares conflits moraux reposent sur les sacrifices que vous êtes prêt à réaliser pour y parvenir, et ils ne volent pas haut.
Il est tout de même dommage que les coéquipiers normalement plus contrastés, comme l'assassin possédé par un démon et le nécromancien, s'avèrent super sympas, agréables et propres sur eux. Le seul personnage qui sort vraiment du lot est Taash, une Qunari musclée qui n'hésite pas à dire des gros mots (au début). BioWare semble avoir oublié durant un moment qu'il ne développait pas un épisode de Life is Strange et nous avons droit à toute une série de quêtes liées à son identité de genre à un moment qui pourrait être vu comme "maladroit".
Néanmoins, le scénario est plutôt intéressant, avec son lot de rebondissements et de combats épisodes. Le lore non plus n'a pas été oublié. On obtient enfin des réponses concernant les plus grands mystères de l'univers de Dragon Age, ce qui ne manque pas d'ajouter une touche de complexité et de nuance à une histoire qui en avait bien besoin. Solas garde aussi un rôle important durant toute l'histoire, avec plusieurs passages très intéressants. Il est presque rafraichissant de parler à quelqu'un de cynique.
Même s'ils sont un peu trop gentils pour leur propre bien, vos compagnons ne sont pas dénués d'intérêt pour autant. Ils ont tous une (très) longue suite de quêtes liée à leur passé, ainsi qu'à l'intrigue principale. On apprend à mieux les connaître et à les influencer et il faut reconnaître qu'ils sont généralement plus nuancés, avec un caractère plus riche vers la fin de l'histoire. Malgré tout le mal qu'on a pu dire d'eux, il est indéniable qu'ils sont attachants à leur manière. Qu'on aime ou pas la direction artistique un peu "cartoonesque" de Veilguard, il faut lui accorder une chose, les visages sont extrêmement expressifs, et ça aide. Bien entendu, vous pourrez entamer une romance avec n'importe quel membre de l'équipe, sans distinction de race ni de genre. Au moins, on peut jouer la version de Rook qu'on préfère sans rien rater.
Gameplay
Si vous rêvez d'un retour au gameplay de Dragon Age Origins, passez votre chemin. The Veilguard est un Action-RPG pur, il vous faudra esquiver, bloquer et parer. La taille du groupe est à présent fixée à trois personnages seulement et le jeu à la manette est encouragé, puisque vous ne pouvez avoir que trois capacités équipées, comme vos coéquipiers. Cela peut semble être très peu, et ça l'est, mais d'autres outils sont mis à disposition pour compenser : coups rapides, coups chargés, attaques sautées, tir à distance, combos et d'autres mouvements de combat sont disponibles.
On peut donner des ordres au groupe via l'habituelle roue mettant le jeu sur pause, ou en faisant usage de différentes combinaisons de gâchettes, pour ne pas ralentir l'action. Cela a l'air simple au premier abord, mais il existe différents systèmes de résistances, de faiblesses et de synergies dont il faut tenir compte. Rook peut choisir un des trois classes disponibles : Guerrier, Voleur ou Mage et il faut bien admettre qu'elles se jouent toutes très différemment.
C'est une bonne excuse pour relancer une nouvelle partie le moment venu. Chaque classe dispose aussi deux types d'armes au gameplay à chaque fois bien distinct. On a l'épée et bouclier du Guerrier pour jouer défensivement, ou ses grosses armes à deux mains par exemple. Même le mage peut choisir de plonger dans la mêlée avec une dague et un orbe magique, chargeant les ennemis avant de les faire exploser ou choisir de rester à l'arrière pour balancer des sorts en remuant son bâton. Le Voleur peut tirer des flèches de loin comme un lâche, ou faire usage de ses deux dagues en effectuant des cabrioles. Il y en a pour tous les goûts.
Mentionnons aussi que le gameplay change au fil des niveaux, avec une vaste roue de compétences à remplir, pour débloquer de nouveaux pouvoirs ainsi qu'une spécialisation sur trois possibles. Elle n'est pas toujours très lisible et les passifs à débloquer ne sont pas des plus clairs non plus. Bonne chance pour comprendre qu'elle est la différence entre un bonus de dégâts aux attaques finales, aux attaques suprêmes et aux attaques ultimes. Tout n'est heureusement pas si complexe et on peut facilement se créer un build à thème efficace. Tout ça rend les combats amusants et entraînants, même si un bestiaire plus riche aurait été le bienvenu. On a un peu l'impression de toujours affronter les mêmes ennemis.
Une approche plutôt inhabituelle, mais efficace du butin a été adoptée. Plutôt que d'être vraiment uniques, les objets voient leur qualité améliorée lorsque vous trouvez un autre exemplaire chez un marchand ou dans un coffre. C'est facile à gérer et cela nous épargne la gestion pénible de l'inventaire. Ce n'est pas superficiel pour autant, avec un système de runes et un système enchantements aussi riche que varié pour tous les personnages. Vos compagnons disposent aussi d'arbres de compétences bien plus simples, ainsi que de quatre emplacements d'équipement qui leur sont propres. Cela permet de changer régulièrement la composition du groupe sans avoir la migraine en s'assurant que tout le monde soit prêt au combat.
Porte à porte
Dragon Age Inquisition tentait de s'inspirer des jeux de type open world dans sa structure, mais Veilguard prend la direction inverse avec des zones certes très jolies, mais surtout, extrêmement linéaires. Préparez-vous à affronter les ennemis dans des couloirs, avec quelques embranchements ici et là pour mettre la main sur des trésors variés. Le tout est parsemé de petites énigmes et de puzzles simplistes dont on apprend vite le fonctionnement. Dommage que les développeurs se soient imposés un quota de ces épreuves du pauvre, puisqu'elles seront recyclées du début à la fin du jeu. On espère que vous aimez percer les furoncles d'Enclin et déplacer des cristaux.
En parallèle, on rencontre aussi à différents obstacles demandant de posséder le bon outil ou pouvoir, comme dans un Metroidvania. Le recrutement de chacun de vos compagnons débloque un de ces outils sous la forme de son pouvoir unique, ce qui offre une raison de revenir dans les sections déjà explorées. Étrangement, Rook peut faire usage de la capacité spéciale de ses compagnons, même en leur absence et quand ça n'a aucun sens. Les développeurs voulaient visiblement éviter de frustrer les joueurs en les forçant à adapter la composition du groupe pour chaque épreuve, on apprécie, mais c'est assez symptomatique du design de Dragon Age The Veilguard : superficiel et grand public.
Vous allez aussi régulièrement vous heurter à des portes et à des champs de force magiques infranchissables pour le moment. L'accès ne sera ouvert que bien plus tard, lorsque le jeu aura décidé de vous confier la quête correspondante. Vous pourrez alors retourner une trentième fois dans la même région et peut-être enfin finir son exploration cette fois. Ce n'est pas très organique et les ennemis sont réapparus un peu partout. Cela met douloureusement en avant le nombre très limité de régions à explorer.
Si cela vous inquiéte, sachez que Dragon Age The Veilguard abandonne la majorité des systèmes pénibles de son prédécesseur. On débloque rapidement une base d'opération dans laquelle parler à ses coéquipiers entre les missions et on peut faire progresser une poignée de factions en faisant leurs quêtes ou en leur vendant des objets, mais cela s'arrête là.
Certifié tout public
Cela peut surprendre après tout ce qu'on a écrit, mais dans l'ensemble, on considère Dragon Age The Veilguard comme un bon jeu. Nous n'avons pas vu le temps passer et l'expérience de jeu est globalement agréable alors qu'il nous a fallu 70 heures pour le terminer entièrement, prévoyez plutôt 40 heures en ignorant une partie du contenu annexe. Il est frustrant de ne pas disposer de plus de liberté, à la fois dans les dialogues et l'exploration, mais quand on accepte le principe de l'aventure guidée, suivre les rails s'avère plaisant. La réalisation est de qualité à tous les niveaux, avec des dialogues complètement doublés, de bonnes musiques, un gameplay facile à prendre en main et des personnages attachants.
On ne s'endort plus avec quelques choix difficiles à faire et des combats pouvant être très intenses en adaptant le niveau de difficulté riche en options. C'est devenu une critique de dire qu'un jeu pour tout le monde est un jeu pour personne, mais on peut aussi voir que BioWare a tout fait pour rendre son jeu aussi accessible et agréable que possible. Outre l'absence d'un DRM sur Steam, on nous épargne même l'ouverture de l'application EA pour une fois. Le nombre de bugs rencontrés était extrêmement faible, les performances étaient excellentes sur notre machine, les chargements étaient rapides, et nous n'avons eu qu'un seul crash de toute la partie. C'est tragique, mais c'est devenu assez rare à la sortie des gros titres pour être souligné.
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