Après Max et Chloé dans Life is Strange, puis les frères Diaz dans Life is Strange 2, voici Alex Chen dans Life is Strange : True Colors, que l’on peut donc aussi considérer comme Life is Strange 3. Point de Dontnod aux commandes en revanche cette fois-ci, puisque Square Enix, à qui appartient la licence, a confié cet épisode à Deck Nine Games qui s’était déjà occupé de Life is Strange : Before the Storm, la préquelle du premier opus. Point non plus de format épisodique comme dans les titres précédents. Life is Strange : True Colors est un jeu, certes toujours découpé en chapitres, mais ceux-ci sont tous directement disponibles dans la version qui sort le 10 septembre 2021 sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Stadia, et un peu plus tard sur Switch. Alors, en route pour Haven Springs, où vous attendent les nouveaux personnages de cette aventure narrative à embranchements qui, comme à l’accoutumée, se pare d’une petite dimension fantastique.
- Genre : aventure narrative
- Date de sortie : 10 septembre 2021
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Switch (plus tard)
- Développeur : Deck Nine games
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 59,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Un nouveau foyer
Après 8 ans passés au foyer Helping Hands de Portland et quelques incursions sans grande réussite dans des familles d’accueil, Alex Chen s’entretient une dernière fois avec le Dr Lynn avant de quitter les lieux, et part rejoindre son frère Gabe. Ils ne se sont pas vu depuis longtemps et se retrouvent aux pieds des montagnes de Haven Springs, la petite ville minière du Colorado où Gabe a posé ses valises. Même si lui aussi à connu des difficultés et fait des séjours en maison de redressement, c’est en cherchant son père qu’il est arrivé ici et n’en est jamais reparti. Les habitants de cette bourgade de campagne proche de la nature sont devenus sa nouvelle famille, notamment Jed qui l’a accueilli au sein du pub Black Lantern et qu’il considère aujourd’hui comme un père. Son fils Ryan est d’ailleurs devenu le meilleur ami de Gabe. Et il y a bien sûr Charlotte et son fils Ethan qui partagent désormais sa vie, ainsi que bien d’autres encore, comme Steph qui tient le magasin de disques et s’occupe de la radio locale.
Très vite, une complicité entre Alex et Gabe se met en place. Un nouveau départ se présente à elle et elle compte bien saisir cette opportunité. Mais l’irruption de Mac, qui soupçonne Gabe de fréquenter sa petite amie alors que celui-ci se contente de l’aider à préparer son entrée à l’université, vient gâcher le tableau idyllique qui était en train de se former. Vulnérable sur le plan émotionnel, Alex a tendance à ressentir les émotions des gens. La colère de Mac s’insinue donc en elle, et lorsqu’une bagarre éclate, elle fonce dans le tas et perd le contrôle. Cela jette un froid entre son frère et elle. Et alors que la fête du printemps approche, sponsorisée par Typhon Mining, comme beaucoup de choses ici, un accident dramatique va avoir lieu, entraînant la mort de Gabe.
Or, un certain nombre de personnes peuvent ressentir un sentiment de culpabilité et Mac pourrait même être tenu pour responsable. Le caractère accidentel de la mort de Gabe est d’ailleurs mis en doute. Mais dans ce cas-là, qui est derrière tout ça, et pourquoi ? C’est ce qu’Alex va chercher à savoir. Sa capacité extraordinaire à ressentir, absorber et manipuler les émotions des autres, qu’elle voit sous la forme d’auras colorées, et à en comprendre les raisons, lui sera alors d’une grande aide. Ce qu’elle a toujours considéré comme une malédiction pourrait bien être une bénédiction, une sorte de super-pouvoir qu’elle va pouvoir utiliser pour découvrir la vérité comme pour venir en aide aux différents habitants de la ville.
En cinémascope couleur
Dès le menu principal, on sait que l’on a affaire à un jeu de la licence Life is Strange. Celui-ci nous rappelle en effet grandement Life is Strange 2, musique douce sur fond de guitare sèche à l’appui. Le titre tourne d’ailleurs beaucoup autour de la musique. Entre Alex qui joue de la guitare et nous livre une version tout en émotion de Creep de Radiohead, Steph, ancienne batteuse dans un groupe et responsable du magasin de disques et de la radio locale, et tous les moments contemplatifs où l’on se pose un instant pour laisser libre cours à sa réflexion accompagné d’une musique mélancolique, il y a de quoi faire. Sans parler du jukebox du Black Lantern ou des platines disponibles dans le magasin de Steph comme dans l’appartement de Gabe, que l’on peut utiliser pour écouter le disque de son choix. La bande-son sait poser l’ambiance. On regrette seulement que lorsqu’on bascule dans le journal d’Alex ou sur son téléphone, il n’y ait aucun son.
Proposé entièrement en français (voix, textes et traduction lorsque cela est nécessaire), le soft profite de doublages de qualité, du moins pour les personnages principaux. Les PNJ lambda de la ville ne sont pas toujours du même niveau. On notera que même la synchronisation labiale, à quelques exceptions près, est réussie dans la langue de Macron. Par contre, on s’interroge toujours sur la nécessité de traduire « omg » par « omd ». Grâce à un travail d’acteur et des expressions faciales convaincantes, avec en tête Erika Mori dans le rôle d’Alex, Deck Nine Games relève son pari de transmettre de l’empathie à travers le jeu vidéo. Les rapports humains sont en effet au cœur de l’aventure et l’on doit bien reconnaître avoir eu tour à tour le poil, la larme à l’œil et le sourire aux lèvres. Suivant les choix que vous aurez opérés, 6 fins pourront vous être proposées à l’issue de 5 chapitres de plus ou moins 3 à 4 heures pour bien tout écumer, soit une quinzaine d'heures en tout. Bien entendu, il faut rajouter à cela la rejouabilité induite par la volonté d’essayer d’autres voies. Notons que chaque chapitre s’achève, comme d’habitude, avec les statistiques comparatives de vos choix avec ceux des autres joueurs et que vous pouvez dès lors rejouer les scènes afin d’essayer autre chose ou trouver les collectibles ratés.
Graphiquement, le titre met la dragée haute. Jouable en DirectX 12 et avec RTX, il offre de beaux effets de lumière dans le style cartoon réaliste typique de la série. Les effets de contours tremblants en surbrillance autour des objets ou personnages ciblés nous ont toutefois dérangé. La ville de Haven Springs est séduisante, avec ses habitants qui vivent leur vie et discutent entre eux, mais les murs invisibles nous empêchant d’aller à certains endroits sont eux aussi désagréables. Les PNJ ou les indications d’Alex sur ce que l’on doit faire se répètent également un peu trop. Le soft, qui nous place bien souvent en situation de spectateur, est aussi régulièrement agrémenté de très bonnes cinématiques. Celles-ci sont réalisées dans un style purement cinématographique, avec des plans variés et intelligemment placés. Dommage que le jeu souffre de quelques effets de clipping et de temps de chargement un peu longs. Nous avons aussi eu affaire à quelques bugs ou enchaînements manquant de cohérence, mais cela reste très exceptionnel.
Absorber les couleurs
Jeu narratif avant tout, Life is Strange : True Colors est, comme ses prédécesseurs, un point & click où l’on doit explorer les moindres recoins pour trouver tous les objets et personnages avec lesquels interagir. Tout est bien indiqué à l’écran et il n’y a pas besoin de cliquer partout pour trouver. C'est donc l’exploration et l’observation qui nous permettent d’étoffer le lore, mais aussi bien entendu les dialogues à choix, parfois en temps limité. Ceux-ci peuvent avoir des conséquences plus ou moins importantes sur la suite de l’histoire. Il y a aussi à quelques reprises de grandes décisions à prendre, et celles-ci ne sont jamais faciles, chaque choix proposé ayant ses avantages et ses inconvénients. Quelques réflexes sont également au programme, et pour les plus sensibles, des options d’accessibilité permettant de mieux distinguer les couleurs et de se prémunir des passages présentant une lumière ou un volume trop intenses.
Mais la particularité du titre reste le don d’Alex, qui lui offre la possibilité de visualiser autour des personnages une aura d’une couleur symbolisant leurs émotions : rouge pour la colère, bleue pour l’anxiété ou le chagrin, violette pour la peur, et dorée pour la joie. Elle peut alors absorber celles-ci et découvrir les pensées de chacun. C’est un moyen de pouvoir aider, mais aussi de débloquer de nouvelles options de dialogue. De même, certains objets sont empreints de souvenirs à découvrir et ces derniers constituent les collectibles du jeu. Il y en a 5 par chapitre. Parfois, Alex doit aussi entrer dans l’univers de quelqu’un afin d’accéder aux souvenirs liés à certains objets en lien avec son sentiment et apprendre l’origine de celui-ci. Ces moments sont particulièrement intenses et bien amenés avec un petit aspect psychédélique ou surnaturel des plus appréciables. Alex prend alors en note son ressenti dans son journal que l’on vous encourage à consulter pour en apprendre encore plus, tout comme lire ses SMS et les propos tenus par les habitants de la ville sur MyBlock, une sorte de Twitter local.
À côté de l’histoire principale elle-même et des scénarios secondaires autour des habitants de Haven Springs, tout un tas d’autres activités sont proposées. Des bornes d’arcade vous permettent par exemple de tenter de battre des records ou de découvrir des easter eggs sur des jeux des années 80 (Arkanoid, Mine Haunt). Chaque jour, Alex dispose de nouvelles tenues que vous pouvez changer à votre guise. Et vous participerez même à un GN, un jeu de rôle en Grandeur Nature où les nouveaux amis d’Alex interprètent un rôle avec feuilles de personnages, loot, combats au tour par tour, acquisition de nouvelles compétences… Ce passage est assez rigolo et apporte un peu de variété à l’aventure, tout en restant dans le cadre de celle-ci. Et si vous souhaitez succomber aux sirènes de l’amour, c’est aussi prévu. Life is Strange : True Colors prend le temps de poser son histoire et ses personnages et est clairement parvenu à nous embarquer dans son univers. Il ne reste plus qu’à attendre maintenant Life is Strange : Wavelengths, prévu pour le 30 septembre 2021, pour incarner Steph dans un épisode bonus inclus dans les éditions Deluxe et Definitive.
Voir la suite