Après une année 2023 bien chargée, 2024 démarre sur les chapeaux de roues avec une première surprise de qualité, un jeu conçu par l'équipe ayant réalisé les derniers titres Rayman ainsi que la trilogie Prince of Persia Sands of Time, ce dont on peut se réjouir après de longues années d'attente. Prince of Persia The Lost Crown a des éléments communs avec ces deux licences, mais en tant que Metroidvania en 2.5D, il tire aussi ses inspirations ailleurs, comme de Hollow Knight, et tout particulièrement de Metroid Dread, pour un résultat plus que satisfaisant.
- Genre : Action-Aventure, Plateformes, Metroidvania
- Date de sortie : 18 janvier 2024, à partir du 15 janvier en accès anticipé
- Plateformes : PC, Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, Luna
- Développeur : Ubisoft Montpellier
- Éditeur : Ubisoft
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PS5
Two Crown
Dans ce spin off, on n'incarne pas directement le prince de Perse, puisqu'il s'est fait enlever. On y incarne Sargon, un des sept meilleurs guerriers du pays, nommés les Immortels, chargés d'aller le sauver dans le Mont Qaf, un lieu surnaturel dans lequel le temps est chaotique, ce qui ne va pas manquer lier ce titre aux autres épisodes de la licence. Il est difficile d'en dire plus sans tomber dans les spoilers, mais attendez-vous à des rebondissements, à des bizarreries temporelles, et à une histoire qui donne parfois l'impression de regarder un anime de type battle shonen. On tombe souvent dans l'excès visuellement avec des super pouvoirs qui ne dépareilleraient pas dans Dragon Ball, mais aussi dans les relations entre les personnages qui cumulent les clichés.
Cela peut plaire aux fans du genre, mais il est parfois un peu difficile de prendre tout ça au sérieux. La direction artistique un peu typée cartoon n'aide d'ailleurs pas non plus dans ce domaine, mais au moins, c'est très clair et lisible à l'écran durant les scènes d'action. Il faut dire que c'est lié aux graphismes du jeu. En effet, Prince of Persia The Lost Crown est prévu sur PC, ainsi que sur les consoles "modernes, dont la Switch, ce qui limite les graphismes aux capacités de la machine la moins puissante du lot. Ce n'est généralement pas gênant lors des phases de jeu en vue de côté, mais c'est bien moins plaisant à regarder lors des nombreuses cutscenes. Quelques effets de lumière, et certains modèles en 3D ne sont pas très agréables à regarder de près. En contrepartie, on a 120 fps sur certaines machines.
Warrior with it
Si vous avez joué aux Metroidvania populaires ces dernières années, vous serez normalement en territoire connu. Comme mentionné plus haut, il a beaucoup en commun avec Metroid Dread, un point amusant est qu'on même un mini-boss immortel cherchant à nous capturer, mais le résultat est ironiquement plus probant dans The Lost Crown. Bien entendu, cela ne s'arrête pas là, et il faut y ajouter à cela des éléments des vieux Prince of Persia, d'Ori, et d'Hollow Knight pour la progression, pour n'en citer que quelques-uns. On peut dire que ce jeu est un des meilleurs exemples que nous avons pu croiser du dicton "Facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser".
Sargon, le protagoniste très musclé et un peu rebelle utilise ses cimeterres pour effectuer des combos rapides, et dès le début de l'histoire, il dispose d'une vaste gamme d'attaques n'ayant rien à envier à certains Beat them all. On peut entamer avec un drop kick, puis une attaque basse, avant de projeter l'ennemi en l'air pour lui faire un combo aérien lorsqu'il ne peut pas se défendre, avant de le rabattre au sol par exemple. Il est tout simplement incroyable de voir les possibilités offertes avec un seul bouton d'attaque en mêlée, et un seul à distance. Les combos et les approches possibles pour chaque combat donnent le tournis. Il est possible de s'en tirer en utilisant l'enchaînement d'attaque de base, alors qu'un bon joueur va vraiment humilier ses adversaires. Ajoutez à cela une esquive efficace, ainsi qu'une parade ouvrant d'autant plus d'opportunités lorsqu'elle est bien exécutée, et on obtient un gameplay exemplaire.
D'autres outils comme l'arc et le chakram viennent aussi étoffer votre arsenal, pendant que le level design et les ennemis poussent naturellement à les intégrer à son gameplay. Mentionnons aussi les Ahtras, les fameux pouvoirs surnaturels qui se chargent en effectuant des attaques, ce qui permet ensuite de déchaîner différents effets au choix, en fonction de ceux que vous avez équipé. Vous pouvez libérer une immense attaque de zone afin de nettoyer un groupe d'ennemis pénibles, ou alors une zone de soin si vous avez du mal à esquiver les attaques d'un boss particulier.
On retrouve aussi les potions de soin et des feux de camp à la Dark Souls, sans la fonction de voyage rapide, qui est réservée à des points de voyage rapide plus rares, afin de pousser les joueurs à revenir sur leur pas afin de découvrir de nouveaux secrets. Le studio ne pousse cependant pas les choses trop loin, et cela ne s'avère presque jamais pénible ou répétitif. Une idée originale est l’intégration d'un enregistrement d'une capture d'écran, ajoutée à votre carte globale. De cette manière, en les visualisant quelques heures plus tard, vous pouvez juger par vous-même si vous avez les outils pour franchir un obstacle.
Mentionnons au passage que les bonus et améliorations ne sont jamais bloqués derrière de bêtes portes de couleur demandant une amélioration d'arme, mais de véritables mécanismes de gameplay. En tant que joueur ayant été souvent irrité par Metroid Dread, il est plaisant, voire amusant, de voir les façons dont PoP a évité de commettre les mêmes erreurs. On ne peut qu'espérer que les prochains jeux du genre s'inspireront de lui à leur tour.
Les salles du temps
Les environnements du palais sont plutôt jolis et surtout, ils sont variés. Avec une myriade de pièges, d'obstacles, et un bestiaire suffisamment large, avec des ninjas, des plaies volantes, des chevaliers au bouclier, des fantômes qui viennent vous parasiter et d'autres joyeusetés disposant d'une gamme étonnamment large de capacités nous forçant à adapter notre approche et idéalement, à faire bon usage de la richesse du système de combat.
Comme d'habitude, on débloque de nouveaux pouvoirs et armes au fur et à mesure de notre progression, et si c'est très classique au départ, comme le dash aérien ou le double saut, cela devient plus original par la suite, on va vous garder la surprise. Même sans être particulièrement doué, on enchaîne les cascades et les pouvoirs afin de réaliser des acrobaties aériennes incroyables entre les pièges, au point de s'étonner soi-même. Mentionnons au passage que Prince of Persia The Lost Crown intègre de nombreuses options de difficulté, mais aussi d’accessibilité qui s'appliquent aux passages de plateformes les plus ardus, et qui permettent de les passer complètement si vous décidez de les activer. Il faut avouer que cela devient assez hardcore vers la fin, et il faut faire preuve d'ingéniosité et de coordination.
Un autre point satisfaisant est que tous ces pouvoirs s'avèrent utiles à la fois dans l'exploration du donjon, que lors des combats. On peut vraiment voir que les développeurs se sont creusé la tête afin de les intégrer d'une façon créative, et les meilleurs joueurs devraient se régaler en cherchant des approches originales dans la façon d'aborder les combats de boss. Pour revenir à notre comparaison avec un battle shonen, affronter certains boss donne l'impression d'être dans un épisode final de Jojo's Bizarre adventure, avec des utilisations de pouvoirs complexes dans tous les sens y compris par le boss. C'est un peu chaotique par moment, mais c'est aussi spectaculaire, et d'autant plus satisfaisant lorsqu'on remporte la victoire.
Lesdits boss sont nombreux. Ils sont tous avérés équilibrés et intéressants lorsqu'on les rencontre, ils aident à maîtriser les mécanismes des combats, sans forcément vous demander la perfection. Certains, dont la manticore, ont aussi droit à leur petite cutscene en 3D, avant de lancer une nouvelle phase avec davantage de capacités inédites à contrer. Mourir sur un boss mineur vous fera perdre quelques pièces, et il faudra refaire un bout de trajet à pied, alors que les boss majeurs permettent de relancer la bataille instantanément si vous le souhaitez. Ce n'est pas du luxe quand on arrive sur des boss vraiment complexes ou qu'on joue à haut niveau de difficulté. On peut aussi abandonner pour changer de talismans ou débloquer de nouveaux bonus.
Le Mont Qaf, le donjon qu'on se retrouve à explorer dans The Lost Crown est vraiment titanesque, et son contenu est aussi varié. Les biomes sont nombreux, avec leur propre biome, des pièges et ennemis uniques, et bien entendu, des tonnes d'obstacles à franchir, et de secrets bien cachés à dénicher. Les vétérans de la licences auront certainement quelques flash-back de Prince of Persia : Warrior Within dans les premières zones de la forteresse pleines de scies circulaires en mouvement, mais c'est loin de s'arrêter là. Il y a des zones bien plus originales, dont la mère déchaînée qui devrait vous en mettre plein les yeux. Le jeu parvient à être séduisant visuellement à l'occasion.
Les prévisions d'Ubisoft se sont avérées justes dans notre cas, et en ayant pris le temps de rechercher la majorité des secrets de Prince of Persia The Lost Crown, il nous a fallu un peu plus de 25 heures pour le terminer une première fois sans guide pratique sous la main pour trouver où aller (Mais que font mes collègues ?). En fonction de votre style de jeu et de la difficulté choisie, il faut prévoir entre 15 et 30 heures de jeu environ, ce qui est très honnête pour un titre du genre. C'est un jeu qui peut être aussi simple, ou aussi difficile que vous le souhaitez, et tous ses aspects méritent de prendre le temps de relever les défis ultimes qu'il propose.
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