Grounded avait beaucoup fait parler de lui lors de son arrivée en accès anticipé, et beaucoup de joueurs ont déjà donné un coup d'essai au jeu. Après deux ans et de multiples patchs de contenu, les développeurs ont estimé qu'il est enfin prêt. Il reste à voir s'il saura attirer l'attention une seconde fois.
- Genre : Survie
- Date de sortie : 27 septembre 2022 (version complète)
- Plateformes : PC, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : Obsidian
- Éditeur : Microsoft
- Prix : 39,99 €, aussi disponible sur le Game Pass
- Testé sur : PC
Dr. Stoned
L'histoire de Grounded diffère de celle du film dont il est inspiré. Dans une petite ville américaine, durant les années 90, de nombreux adolescents ont disparu. On incarne une des quatre dernières victimes en date, qui vient d'être lâchée dans un jardin en apparence aussi abandonné que mal entretenu, après avoir été miniaturisée. À défaut d'avoir une figure paternelle irresponsable à appeler à l'aide, il va falloir trouver soi-même comment retrouver une taille normale. Heureusement, ce jardin semble être celui du savant fou qui a mis au point la miniaturisation, et des appareils étranges, ainsi que des laboratoires à la bonne échelle, sont disséminés au milieu du gazon. Pour s'en sortir, il va falloir voir grand, et construire des bases ainsi que de l'équipement issus de la science brute. Ce sont autant d'excuses et d'opportunités pour mettre au point des pièces d'équipement inattendues avec des feuilles et des petits cailloux.
L'exploration des laboratoires et la recherche des puces de données contenant les recherches du savant fou servent à guider la progression et à pousser le joueur à explorer les différentes zones hostiles du jardin, comme la fourmilière, le bac à sable ou les poubelles, chacune avec ses dangers environnementaux et ses occupants peu commodes. Même en étant une centaine de fois plus grand, les insectes peuvent être une nuisance, alors quand ils sont plus gros que vous, cela vire rapidement au cauchemar. Soulignons au passage que Grounded incorpore un mode arachnophobe, avec des réglages progressifs, afin d'altérer leur apparence, par exemple en retirant les pattes, ou en leur donnant l'apparence d'un blob, pour ceux qui veulent tout de même y jouer dans ces conditions. Comme on peut s'y attendre, l'histoire est assez secondaire dans Grounded, n'espérez pas des développements incroyables ou de grosses surprises. Les commentaires de l'ado que vous incarnez servent à meubler un peu, d'une façon assez réussie. Chacun d'entre eux a un caractère bien distinct, ce qui parvient à donner une touche de légèreté supplémentaire à l'aventure.
On peut d'ailleurs regretter qu'une grosse opportunité ait été manquée avec le jardin abandonné. Sans êtres humains ni animaux, ni même d’intempéries comme la pluie et le vent, on garde beaucoup trop l'impression de contrôle de la situation, alors que le thème central est justement l'impuissance et la vulnérabilité. Quand on mesure un centimètre, un pas dans le jardin, un tuyau d’arrosage ouvert soudainement ou un coup de vent peuvent détruire votre base, ou vous écraser. Pour le meilleur comme pour le pire, Grounded a préféré laisser le contrôle de la situation au joueur, en ne lui offrant que des adversaires à sa taille. Mais si cela peut vous rassurer, même comme ça, le jeu est vraiment difficile au départ, et la mort peut arriver à tout instant, en particulier durant la nuit. Puisqu'elle est sombre et pleine de terreurs. Une source de lumière comme un casque en derrière de luciole est souvent obligatoire dans le cas présent.
Mon corps est en pleine croissance, il me faut de l'eau !
Grounded est un jeu de survie léger, un peu dans la même veine que Valheim, a bien des niveaux. Il y a simplement une jauge de soif et une de faim à gérer. La fatigue, le froid et la maladie ne sont pas au programme. Néanmoins, la façon dont ces deux jauges sont gérées est très appropriée. On peut se contenter de boire de la rosée sous les brins d'herbe est le privilège des tout petits. On peut aussi tuer sauvagement un puceron en le frappant avec un gravillon, avant de le faire rôtir à la broche. On retrouve le schéma de progression classique, on passe du caillou à la hache improvisée, dont on se sert pour abattre des brins d'herbes, qui servent à construire un abri et un atelier, etc. De là, on commence à fabriquer des outils et des bâtiments plus élaborés, en allant collecter des matériaux plus rares, dont une bonne partie est extraite d'insectes plus dangereux.
Tout le monde peut se sortir d'un combat contre une poignée d'acariens, mais la difficulté augmente rapidement, ce qui confirme que Grounded est effectivement un jeu de survie. On a une barre de vie et une barre d'endurance, et on peut de fabriquer un bouclier, mais il n'y a pas de roulade miraculeuse afin de gérer les ennemis plus redoutables. Les punaises vont vous asphyxier à 5 cm de distance si vous n'avez pas de masque à gaz, les moustiques ne vous piquent pas, ils vous empalent, et les araignées sont comme des boss sur pattes, dont la spécialité est le jump scare. Les araignées-loups en particulier sont incroyablement rapides, et capables de sauter en hauteur. Alors que tuer bon nombre d'insectes à l'arc en abusant du terrain est un peu trop facile, puisqu'ils ont tendance à se bloquer en prime, ces Nemesis à 8 pattes sont comme Ken le survivant. Elles vous touchent sans que vous ayez le temps de les voir venir, et vous êtes déjà mort sans le savoir à cause du poison. Vous pouvez expérimenter la chose à la première personne pour plus d'immersion, ou à la troisième personne librement, ce qui est grandement apprécié, surtout vu la quantité de passages façon jeu de plateforme, sur les feuilles et dans les branches des arbres.
Autant dire que foncer à travers la carte et attaquer tout ce que vous croisez risque fort de signer votre arrêt de mort. Il faut prendre le temps d'explorer, savoir quand rester discret, et ne pas oublier améliorer son équipement, de débloquer des mutations et de chercher des secrets afin d'améliorer sa bande d'ados. Sans être particulièrement profonds, les combats ne sont néanmoins pas simplistes. Il y a différents types d'armes et d'armures, adaptés à des situations variées. Le timing des parades au bouclier est néanmoins ce qu'il y a de plus important, et un bon joueur peut venir à bout des pires araignées avec un peu d'entraînement et de talent. Quelques défis sont aussi disponibles, pour ceux qui apprécient cette facette du gameplay, avec des objectifs spéciaux à défendre contre des vagues d'ennemis. Les insectes que vous énervez trop peuvent décider de mener un raid sur votre base, que ce soient les fourmis, les moustiques ou les abeilles, même si ça a davantage de chances d'arriver en multijoueur. Plusieurs boss vraiment costauds attendent aussi les joueurs qui approchent de la fin de l'histoire. Grounded ne manque donc pas de contenu, même pour ceux qui n'ont pas l'âme d'un grand architecte.
1001 Pattes en moins
Un des plus grands plaisirs dans les jeux de survie comme Minecraft, Valheim et d'autres est la possibilité de construire des bâtiments, voire des bases entières incroyablement élaborés. C'est aussi une possibilité dans Grounded, même s'il y a quelques grosses limitations. Par exemple, le jardin est fixe, il a été entièrement créé à la main par les développeurs. Cela veut dire qu'il est très bien conçu en termes de level design, avec des biomes très réussis, comme l'étang, ou la brume pleine d'herbicide, voire le barbecue renversé qui remplace l'habituelle zone volcanique, mais la rejouabilité en souffre. Ce qui est un peu plus fâcheux est qu'il est complètement impossible de modifier le terrain.
N'espérez pas creuser une tranchée ou créer une grande surface plane pour votre château Lilliputien. Grounded propose plutôt de faire l'inverse, et de vous adapter au terrain. Le jardin est jonché d'ordures et d'objets tout droit sortis des années 90, comme des boîtes de jus de fruit quasiment vide, qui servent d'alimentation en boisson facile. Vous pouvez vous amuser à construire un collecteur en-dessous et votre base au-dessus, bien à l’abri des insectes (qui ne savent pas escalader les parois verticales dans ce monde).
Il est possible de construire une immense base à la surface l'étang, ou sur une lampe en hauteur, avec des tyroliennes qui font office de moyen de transport rapide vers différentes sections du jardin. C'est assez fun à concevoir, et les possibilités sont nombreuses, même si le placement des objets ne fonctionne pas très bien, et qu'il est regrettable que certaines zones interdisent assez arbitrairement les constructions, comme le bord du bac à sable. Même si c'est un peu plus compliqué de progresser en solo dans Grounded, cela reste tout à fait possible, surtout avec les nombreuses options de difficulté et d'accessibilité, pour les joueurs qui veulent un bac à sable métaphorique. La façon dont les constructions sont gérées rend la chose assez lourde en solo, puisque les matériaux de construction doivent être transportés sur l'épaule, ce qui empêche de monter une échelle ou de nager avec, il faut être très créatif avec les trampolines et les tyroliennes, ou voir vraiment très grand. Cela a clairement été pensé pour le mode coopératif à quatre, à moins d'être incroyablement patient et investi.
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