Strive est le 24è jeu de la franchise, et le 7è volet principal de cette dernière. D'abord teasé à l'EVO 2018, puis révélé lors de l'édition 2019, il a connu quelques retards à cause de la pandémie. Cette attente en valait-elle la chandelle ?
- Genre : Jeu de combat
- Date de sortie : 11 juin 2021
- Plateforme : PS4, PS5, PC
- Développeur : Arc System Works
- Éditeur : Arc System Works
- Prix : 47,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PC (Steam)
Let's rock baby!!!
Le nouvel épisode de la saga Guilty Gear tient les promesses faites aux joueurs. Arc System Works a prouvé depuis longtemps qu'ils savent faire de beaux jeux de combat en 2D, et Strive ne déroge pas à la règle: le jeu est magnifique. Les Guilty ont également une identité musicale très marquée, orientée Rock/Metal, Arc System Works n'ayant pas changé ce point pour cet opus. Les fans de ce genre de musique trouveront certainement la bande originale fantastique, surtout qu'il est possible de débloquer les musiques des jeux précédents en dépensant la monnaie gagnée en jeu (ils ne sont pas à vendre contre de l'argent réel, il suffit de jouer au jeu). Malheureusement cette identité musicale marquée peut rebuter les personnes appréciant peu ce genre de musique.
Niveau gameplay on ne change pas une recette qui marche. Strive conserve le système à 5.5 boutons avec le Punch (P), le Kick (K), le Slash (S), l'Heavy Slash (HS) et le Dust (D). Comme dans les titres précédents, chaque personnage a deux versions de son S, en fonction de la distance à laquelle il se trouve de l'adversaire: le S proche (close S, abrégé en c.S) et le S loin (far S abrégé en f.S). Le système de gatling a été revu, mais reste quand même présent, tout comme les Roman Cancel, qui ont fait l'originalité de la licence. Sa grosse nouveauté au niveau des mécaniques est le Wall Break, qui permet d'envoyer le joueur ennemi dans une autre partie du niveau, une fois que celui a encaissé suffisamment de coups en étant proche du mur. Appréciée par certains, critiquée par d'autres qui n'apprécient pas forcément de retourner au neutral après avoir dominé leur adversaire, il faudra aussi apprendre à jouer avec cette mécanique. Choisir de faire un maximum de dégâts ou de conserver l'avantage positionnel sera primordial dans certains match up. Le jeu peut sembler plus simple d'accès que les volets antérieurs, mais à part pour quelques fans hardcore, ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle.
Malgré ses excellents tutoriels (également présents dans Strive), les joueurs avaient souvent le sentiment d'être perdus en découvrant cette licence. Guilty Gear possède de très nombreuses mécaniques, et si elles étaient bien présentées, un débutant pouvait avoir l'impression de se retrouver devant une trousse à outil déballée. C'est très bien de voir tous les outils, mais savoir comment utiliser chacun d'entre eux est encore mieux. Ici Strive donne toutes les clefs nécessaires à un néophyte pour comprendre le jeu, tout en respectant une courbe d'apprentissage. Il est ainsi possible de bien voir sa progression en alternant phase de tutoriels et de jeu, pour s'entraîner sur les nouvelles mécaniques apprises. Cependant certains tutoriels ont des fois une utilité discutable, comme celui de la phase très avancée contre Ky qui consiste globalement à dire : mettez le K.O. avant l'activation de sa technique (de rien pour cette astuce). Néanmoins ces petites coquilles sont extrêmement rares parmi tout les tutoriels disponibles.
Le jeu dispose de 4 modes: Arcade (pour jouer contre l'ordinateur dans une série de matchs), Versus (local, contre l'IA ou online, classé ou non), Survie et bien sûr l'indispensable mode entraînement. Ce dernier est extrêmement complet, vu qu'il est possible de paramétrer entièrement les actions du mannequin pour s'entraîner sur des phases précises, ou pour trouver comment contrer un personnage qui vous pose problème. Outre cette personnalisation poussée du dummy, de très nombreuses informations sont disponibles afin de progresser de manière efficace. Il faudra un peu de temps pour le prendre en main (comme tout outil complexe), mais il sera d'une aide précieuse pour ne pas dire indispensable afin de progresser dans le jeu.
Au niveau de la jouabilité online, Strive rend une copie quasi-parfaite. Le rollback est maîtrisé, et les matchs sont fluides pour peu que les deux joueurs aient une bonne connexion (après si vous tombez sur le joueur qui joue en Wi-Fi avec une barre, l'expérience sera désagréable mais ce n'est pas la faute du jeu). Le système de classement est intéressant, avec un système d'étages à gravir plutôt que de points. Cela enlève un peu ce côté anxiogène de toujours voir sa côte, même si celle-ci devient visible une fois le plus haut pallier atteint: le Celestial. Il est donc plus simple pour un débutant de se concentrer sur ses erreurs plutôt que sa perte de points, générant moins de frustration. Et les personnes s'étant investies longtemps sur le jeu, peuvent quand même estimer leur progression par rapport aux autres joueurs de leur région une fois arrivées à l'étage céleste.
En revanche le lobby est en pixel art, et pas toujours très intuitif. Une fois son fonctionnement compris tout roule, mais il est compréhensible d'être désorienté pendant les premières minutes. La personnalisation de l'avatar est assez poussée (pour du pixel art), surtout vu les nombreuses tenues déblocables en jouant. De plus le décor en arrière plan changera au fur et à mesure de votre progression dans les différents étages, ce qui a peu d'importance mais reste appréciable.
Heaven or Hell ?
Malgré tout, Strive n'est pas exempt de défauts. Le nombre de personnages disponibles dans le jeu de base (sans Season Pass) peut sembler assez faible, car seuls 15 combattants sont disponibles. Cependant chacun d'entre eux possède un gameplay unique, parfaitement abouti. Vous souhaitez enlever 30% de la vie d'un adversaire en une chope ? Potemkin est votre allié. Attaquer à la vitesse de la lumière ? Chipp est fait pour vous. Appuyer sur des boutons et voir des trucs qui se passent à l'écran ? Le bon docteur Faust vous ravira. Bref, chaque personnage a son identité et est parfaitement travaillé. Si vous changez de personnage, alors vous le saurez, parce qu'aucun d'entre eux ne se ressemblent vraiment, même Ky et Sol sont très différents, au contraire de certains shoto de Street Fighter ou aux Mishima de Tekken, qui conservent malgré des différences, un socle commun. De plus, ce nombre assez léger permet de ne pas avoir trop de match-up à apprendre pour les débutants, ce qui leur permet de davantage se concentrer sur leur progression personnelle. Défaut ou qualité, chacun se fera son opinion.
En revanche, il est difficile de reconnaître de grosses qualités à Strive si vous comptez uniquement jouer en solo, sans passer par le mode online. Comme dans Revelator, le mode histoire est un visual-novel animé. Si il conclut en partie l'histoire commencée il y a quelques décennies, il n'en reste pas moins que le joueur ne joue pas pendant celui-ci, à la différence d'un Mortal Kombat. Certes cela dure plusieurs heures, mais pour quelqu'un qui prendrai la licence en cours de route, il a finalement assez peu d'intérêt. De plus il ne représente pas l'univers de Guilty Gear, les nouveaux venus devront donc soit aller lire les mangas résumant l'intrigue (disponibles gratuitement en anglais sur le site officiel) ou alors, chercher une vidéo récapitulant les événements des précédents jeux, comme celle d'Achorawl. Ensuite disons le franchement, l'histoire de Strive n'est pas incroyable non plus. Les nouveaux personnages sont bien introduits, certaines intrigues sont bien menées mais d'autres ficelles sont très grosses et se voient venir de loin.
Sans réel mode histoire avec du gameplay, il ne reste que le mode Arcade et Survie d'intéressant en solo. Le second est classique, vous allez affronter différents adversaires sans que votre barre de vie ne remonte, et le but est de survivre le plus longtemps possible.Quant au mode arcade, il ne propose aucune cinématique ni histoire originale, juste quelques lignes de dialogues. Les joueurs les plus assidus seront quand même confrontés à un défi de taille si ils parviennent à arriver jusqu'au boss final sans perdre un seul round. Si l'on peut dire que les boss des jeux From Software sont difficiles mais justes, celui de Strive est juste cauchemardesque. Il a plus de vie que vous, tape beaucoup plus fort, peut anticiper certaines de vos actions, et ne suit pas les mêmes règles que vous. C'est comme si vous alliez affronter un soldat bien entraîné et bien équipé, avec pour seules armes votre bonne volonté et une brique dans une chaussette. Alors oui, il y a moyen de passer des heures à l'affronter de façon legit (sans abuser du mode pause qui reset l'IA à chaque fois), mais pour une récompense qui n'en vaut pas franchement le coup.
Il reste enfin à aborder le plus gros défaut du jeu, celui dont chaque joueur vous parlera... l'attente pour se connecter aux serveurs. Ok une fois dedans, le mode online est fantastique, peut être même le meilleur existant à l'heure actuelle sur les jeux de combat. Mais à chaque fois que vous lancerez le jeu, vous devrez patienter plusieurs minutes le temps de la connexion au serveur. Cela peut très vite devenir lourd, et malgré quelques améliorations depuis le lancement, ce problème persiste encore notamment sur les versions consoles. Il sera très probablement résolu un jour, mais ne pas le mentionner serait malhonnête. Cela n'a pas empêché Strive d'être élu meilleur jeu de combat de l'année aux Game Awards 2021.
Une toute dernière chose pour les joueurs PC, de nombreux mods gratuits existent et sont même encouragés par l'éditeur. Ils permettent notamment de personnaliser l'apparence des différences combattants. Après cela reste Internet, donc si certains sont fantastiques, d'autres se passent de commentaires...
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