Enfin ça y est : plus de 6 ans après la dernière aventure FPS du Master Chief dans Halo 5 Guardians, la mascotte du X de Xbox revient sur le devant de la scène dans Halo Infinite : un projet au développement torturé et repoussé maintes fois par 343 Industries. La fin d'un long voyage se termine pour eux, alors que l'aube d'un jour nouveau brille sur Zeta Halo, nouveau théâtre de l'épopée sci-fi initiée par Bungie il y a près de 20 ans (bim, vous êtes vieux).
- Genre : FPS
- Date de sortie : 08/12/2021
- Plateforme : PC, Xbox
- Développeur : 343 Industries
- Éditeur : Microsoft
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PC
Anneau 1800
Infinite fait directement suite aux événements survenus au cours de Halo Wars 2. Le RTS introduisait notamment les parias, qui vont constituer la principale menace de Spartan-117 sur l'anneau Zeta Halo. Mais le jeu va tout de même poursuivre les événements laissés en suspens pendant la campagne de Halo 5 Guardians et notamment tout ce qui concerne cette chère Cortana. On va éviter de trop en dire, parce qu'il y a tout de même quelques petites révélations qui feront bien plaisir aux mordus de l'univers Halo et aussi parce que celui-ci pourrait tenir sur un post-it. Alors oui, on vous invite régulièrement à aller récupérer des journaux audio un peu partout sur la carte et ceux-ci détaillent bien les enjeux de ce nouvel épisode, mais la trame principale reste bien trop en surface pour convaincre.
Nous sommes clairement devant le premier acte d'un tout nouveau chapitre de l'histoire du Master Chief et une fois les crédits passés, la sensation de n'avoir assisté qu'à une "introduction" prédomine. La narration se fait par le biais de cutscenes, le plus souvent des dialogues entre le MC et son IA, ou par des interventions en cours d'exploration. Rien que du très classique et là non plus, Infinite ne convainc pas, malgré une introduction qui laissait pourtant augurer de très belles choses. Zeta Halo ne nous a surement pas encore livré tous ses secrets mais si vous tracez la mission principale, vous pouvez compter sur 8 bonnes heures de jeu, une durée de vie convenable pour une campagne de ce genre, mais qui va voir sa longévité considérablement allongée grâce à cette fameuse structure en monde semi-ouvert.
A la mode de camp
Vous avez peut-être déjà eu l'occasion de vous en rendre compte si vous avez téléchargé la bêta multijoueur de Halo Infinite : le gameplay préparé par 343 Industries est absolument exquis. Il campe sur les fondamentaux qui ont fait la renommée de la série sur consoles, avec ce TTK plus long que la moyenne et sa physique propice aux expérimentations les plus folles, tout en y injectant un feeling plus moderne grâce à des armes plus percutantes et une palette de mouvements plus en phase avec les FPS contemporains. Le résultat est une synthèse de tout ce que la série a fait de mieux au travers de toutes ces générations, pour aboutir sur une formule d'une maturité assez rare : vous allez prendre du plaisir à dégommer des hordes d'aliens, c'est une certitude. Dommage par contre que les quelques boss croisés ne soient pas des plus inspirés, avec quelques patterns basiques et aucune situation véritablement originale. Même constat pour le bestiaire, suffisamment varié, mais dont les unités d'élite tournent rapidement en rond, à plus forte raison lorsque la fin approche.
Et puis il y a cette nouvelle structure, celle qui nous a fait nous poser pas mal de questions au fil du développement du jeu. On est finalement sur un format monde semi-ouvert, comme si plusieurs cartes géantes de Halo étaient collées les unes aux autres, avec une batterie bien chargée de contenus annexes à vider entre le point A et le point B d'un objectif principal. En libérant des installations du joug des parias, le MC va se créer un point de voyage rapide et dévoiler les activités aux alentours, donc pour ceux qui se posaient la question : oui, il y a des camps à vider et oui, leurs fonctions sont à peu de choses près similaires aux fameuses tours de la formule Ubisoft. Mais "améliorer" le Chief n'est pas aussi important que dans un Far Cry, par exemple, puisque seuls 5 éléments de la combinaison pourront être améliorés grâce aux points d'équipement à ramasser un peu partout. Et pas d'histoire d'expérience ou de statistiques non plus, chaque part de l'influence paria réduite sur Zeta Halo, ramène des points de bravoure, qui débloqueront petit à petit les éléments à récupérer gracieusement aux terminaux de chaque base. Cette liberté d'action, qui permet d'aborder le contenu comme on le souhaite, quitte à se passer complètement de la progression du Master Chief et des troupes alliées pour griller le jeu "à l'ancienne" si ça vous chante, offre une variété d'approches qui met bien en valeur le bac à sable que Halo Infinite propose. Dommage par contre que les quelques boss de la campagne ne soient pas
Le grappin, on savait qu'on l'apprécierait mais peut-être pas à ce point : cet outil inédit est une bénédiction et il nous a sauvé la mise à de nombreuses reprises. D'ailleurs petite astuce : en touchant le sol juste après un coup de grappin devant vous, accroupissez le Master Chief pour une glissade rapide et de grande ampleur. Les 3 autres outils revêtiront également une importance capitale lorsque vous ferez face à des situations précises : le bouclier portatif pourra absorber les tirs d'une escouade ennemie pendant quelques secondes, la balise marquera les opposants invisbles et les marquera même à travers les murs, alors que le dash, récupéré en dernier, sera très utile pour faire face aux ennemis les plus massifs et donc les plus lents du jeu. Quatre dispositifs à améliorer de diverses manières dans un arbre simplifié au possible et on l'en remerciera.
Parce que même si le terrain de jeu s'est bien étendu, les différents points d'intérêt sont suffisamment proches les uns des autres pour que vous ne ressentiez pas cette lourdeur qui fait défaut à bon nombre de mondes ouverts, ponctués de trajets beaucoup trop longs pour leur propre bien. Conscient de ses limites Halo Infinite préfère condenser son espace de jeu pour mieux la dynamiser. Mais c'est aussi en nous rendant compte que Zeta Halo était un parc d'attractions géant à la gloire du gameplay halo, que le mode coopérations a commencé à cruellement nous manquer. On comprend aisément les difficultés que les équipes de 343 ont à surmonter pour implémenter un mode multi en ligne à une carte de cette ampleur, mais il s'agit vraiment d'un gros manque une fois le boss final atteint, au moment où l'on souhaite passer au nettoyage des points restants sur la carte.
Avé paria
Nous avons effectué ce test sur la version Steam du jeu, sur une configuration bien musclée à base de RTX 3080. Et si, effectivement, Halo Infinite n'est pas la claque technique capable de mettre à genoux la Xbox Series X, il a tout de même de sérieux arguments à faire valoir sur le plan visuel. Tout d'abord, et c'est une constante dans la série, la fluidité n'est interrompue qu'en de très rares occasions (généralement à la frontière entre des portions de zone), les effets pyrotechniques pleuvent de partout dès lors que vous décidez de lancer un assaut un peu sclému, c'est un véritable feu d'artifice à l'écran. D'autant que les différentes unités du bestiaire réagissent toujours aussi bien aux différents projectiles qu'ils se mangent, avec des animations crédibles et les fameux ragdolls de l'espace toujours aussi funs à projeter 50 mètres au loin. On tique quand même sur le peu de variété proposé tout au long de la campagne : un biome unique et des structures forerunners ou parias qui se ressemblent toutes, ça n'est franchement pas assez et cela accentue la répétitivité de certaines situations. Au sein d'une même instance, par exemple, une même salle peut être copiée 3 fois à l'identique au sein de la même structure, à seulement quelques minutes de jeu d'intervalle.
Le cycle jour-nuit remplit aussi très bien son office, en nous offrant des ambiances bien distinctes à de nombreux moments de la journée : se retrouver en haut d'une colline à l'heure que le jour se lève sur un camp paria qui vaque sainement à ses occupations, ça fait tout de même un petit quelque chose. S'il est d'une stabilité quasi-imperturbable, Infinite enquille quelques petits bugs inhérents à cette nature plus ouverte, mais rien de réellement dommageable pour l'expérience de jeu global. Impossible, par contre, de ne pas souligner le clipping omniprésent, qui saute à la figure dès que l'on fonce à bâtons rompus au volant d'un warthog : la magie de noël s'est déjà emparée des sapins de l'anneau, qui surgissent de terre à 1 mètre de votre véhicule. Là non plus rien de rédhibitoire, on aurait évidemment apprécié avoir cette fameuse baffe du saut de génération, mais Halo Infinite reste suffisamment vaste et propre sur lui pour s'immerger dans le nouveau combat du Spartan-117 à la vitesse de la lumière.