Annoncé il y a plus de trois ans par Square Enix, celui que l'on connaissait auparavant sous le nom de Project Avengers s'apprête à voir le jour ce 4 septembre, sur les machines de génération actuelle et PC, avant de faire un saut sur PS5 et Xbox Series X lorsque celles-ci seront disponibles. On a pu passer quelques dizaines d'heures sur Marvel's Avengers, le jeu service de Crystal Dynamics, voici ce que nous en avons pensé.
- Genre : Action
- Date de sortie : 04/09/2020
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Crystal Dynamics
- Éditeur : Square-Enix
- Prix : 54,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PS4 pro
Kamala ding dong
Scénario et campagne
Avant de lancer ses joueurs dans le grand bain de la chasse au loot et de l'optimisation de build, Marvel's Avengers propose une campagne d'une petite dizaine d'heures qui permet de faire connaissance avec le roster inclus dans cette version "vanilla". Kamala Khan, grande fan des Avengers depuis sa plus tendre enfance, profite tranquillement du A-Day, jusqu'à ce qu'un mystérieux gaz nommé Terrigen infecte la population et mette les super-héros en déroute. Plusieurs années après, les exposés au Terrigen ont développé des super-pouvoirs, dont Kamala elle-même, capable d'agrandir ses membres à volonté. Après avoir réussi à décrypter une vidéo discréditant le scientifique à la tête de l'AIM, l'entreprise censée remplacer les Avengers, la jeune femme va se mettre en quête de la résistance. Cela va évidemment la mener à croiser le chemin de tous les héros présents lors du A-Day, un prétexte tout trouvé pour jouer à tour de rôle Hulk, Iron Man, Black Widow, Thor et Captain America.
On sent que Crystal Dynamics a voulu offrir du grand spectacle aux joueurs, malheureusement, ça ne fonctionne que trop rarement pour remplir son office : entre la mise en scène pataude, l'écriture générique et les moments de bravoure entravés par les approximations du gameplay, on ne retient finalement que Kamala — seul personnage avec un tant soit peu d'épaisseur —, la poignée de phases originales et le boss final, l'unique moment où les particularités de chaque personnage sont véritablement mises au service d'un objectif commun (en dehors de l'introduction). On en attendait plus, évidemment, mais il faut se rendre à l'évidence : la campagne de MA est une introduction "distrayante" aux activités multijoueurs, véritable nerf de la guerre. Si vous cherchiez une aventure du calibre du dernier Spiderman ou des Batman Arkham en compagnie des Avengers, passez votre chemin, ça n'est pas cette fois que vous y aurez droit.
De zéro en héros
Gameplay et contenu
Le gameplay de Marvel's Avengers ne fait pas forcément dans la dentelle de prime abord : brawler assumé, le jeu va vous demander de tataner des vagues et des vagues d'ennemis grâce à un dérivé du système free flow combat mis en place par Rocksteady pour Batman Arkham Asylum, sorti il y a maintenant plus de 10 ans. Concrètement, des signaux de couleur vont vous prévenir de la nature des prochaines attaques de vos assaillants, et à vous d'avoir la bonne réaction vis-à-vis du code affiché : les attaques jaunes peuvent être contrées, alors que les rouges devront forcément être esquivées, du basique en somme. Comme dans les jeux Batman sus-cités, le ciblage est secondaire hors combat de boss, puisque votre combattant va s'aimanter directement au sbire indiqué par la trajectoire de votre stick. Du vu et revu nous direz-vous : cependant, cela va poser quelques soucis en multijoueur si un allié est sur votre ligne d'offense , puisque le squelette du héros de devant bloquera le passage aux attaques de ses potes, à fortiori si c'est Hulk l'armoire à glace en première ligne.
En plus des habituelles attaques légère et puissante, le jeu met à la disposition de chaque héros trois compétences : une attaque spéciale, une technique défensive ou de support et enfin un "ulti", le tout étant régi par un cooldown très handicapant pour le dynamisme des affrontements. De base, avoir ce genre de timer associé à des techniques plus puissantes que la moyenne n'est pas forcément un problème. Cependant, ce dernier est beaucoup trop long dans Avengers, du moins dans les premières heures en compagnie de votre héros favori. Par la suite, la progression des compétences et de l'équipement de votre chouchou devrait permettre d'activer des auras accélérant les temps de recharge sous certaines conditions. Et c'est là que MA va probablement perdre les fans de super-héros qui voulaient juste débrancher leur cerveau pour se détendre entre copains : sous ses allures de foire d'empoigne écervelée se terre un système action-RPG plutôt complexe, avec 3 arbres de compétences par héros, plus de dix statistiques avec lesquelles jongler et un système de loots accompagné des raretés de gris à rouge qui vont bien, le tout agrémenté de bonus actifs et passifs histoire de boucler la boucle. Des mécaniques intégrées avec soin et sans chichis, dans une interface assez claire et qui laissent le joueur expérimenter toute sorte de builds, avec une belle montée en puissance de votre héros préféré à la clé. Et s'il vous prend l'envie de changer de personnage, il sera toujours possible de lui concevoir des équipements de bonne qualité auprès des nombreux vendeurs du HUB central contre quelques ressources récupérées sur le terrain ou en démantelant du vieux matos.
Pour ne rien gâcher, chaque Avenger dispose d'un gameplay qui lui est propre, avec des atouts et des faiblesses identifiables en quelques minutes : si vous accrochez à ses combats, vous aurez de quoi vous éclater pendant de longues heures. D'autant que la montée en expérience ne se fait pas à la vitesse de la lumière comme sur d'autres productions du même genre, il va falloir cravacher sec si vous comptez amener ne serait-ce qu'un personnage au niveau 50. Rien à dire non plus côté missions et objectifs, le contenu est bien présent et plutôt conséquent pour cette version de lancement. Malheureusement pour Crystal Dynamics, quantité ne rime pas forcément avec qualité et Marvel's Avengers se la joue recyclage de l'extrême.
Chaque mission est construite exactement de la même manière ou presque, avec une zone ouverte ponctuée de points d'intérêt abritant de petits événements, pour finir dans un complexe de l'AIM, seule faction ennemie avec les chiens de garde qui disposent de toute façon des mêmes types d'unité. Le problème, c'est que la diversité des activités proposée s'est faite la malle avec l'originalité : au cours du test, nous avons comptabilisé 7 objectifs différents, répétés encore et encore, avec un intérêt qui frise souvent le néant (capture de point, nettoyage de zone, etc). Cette répétitivité et ces tâches inintéressantes, associées au bestiaire maigrichon, font que l'on s'ennuie très vite, à tel point que l'on a eu l'impression d'avoir fait le tour de ce que le jeu avait à proposer passée la première dizaine d'heures manette en main. C'est dommage, il y a vraiment du potentiel et Marvel's Avengers a toutes les armes nécessaires pour devenir un bon défouloir, mais pour le moment la médiocrité de son contenu ne permet pas de prendre son pied comme on le devrait en contrôlant Hulk ou Captain America. Pour (beaucoup) plus de détails sur de nombreux points du gameplay, nous vous proposerons guides détaillés qui vous aideront à maîtriser le bestiau dans les prochains jours.
Widow 98
Réalisation
Testé sur PS4 Pro en mode performance, Marvel's Avengers souffre de gros problèmes techniques ternissant l'expérience : le framerate passe régulièrement sous la barre des 20 images par seconde lorsque l'écran est chargé d'ennemis et d'effets (ce qui arrive très fréquemment), alors que le motion blur et la surenchère de pyrotechnie achèvent la lisibilité des affrontements. Le reste est finalement à l'image du jeu, plutôt générique, ou du moins très loin d'être inspiré. Les quelques zones parcourues dans la campagne sont réutilisées ad nauseam pour une diversité "service minimum" et des environnements, certes mignons dans leur genre, mais bien loin des standards actuels. Cerise sur le Mon Chéri : une bonne pelletée de bugs, plus ou moins gênants (certains bloquants) ont jalonné la trentaine d'heures que nous avons passé en compagnie du Cap' et ses potes. On espère fort que les développeurs régleront tout ça rapidement à gros coups de patchs, parce que pour le moment, tous ces problèmes techniques sapent le plaisir de jeu vitesse grand V.
Là encore, il n'y a finalement que les super-héros qui réussissent à sauver l'ensemble de la catastrophe, avec une modélisation au poil et des animations stylées (quand leur impact est bien pris en compte sur les corps ennemis). En parlant des héros, un petit mot tout de même sur le modèle économique du jeu, qui comprendra donc un passe de combat proposé à 10€ pour débloquer leur carte, permettant d'accéder à des skins et autres friandises cosmétiques. A priori, rien de bien méchant, sauf que des animations d'exécution sont prises en compte dans les éléments payants : les héros n'en ont que deux de base. Si vous en avez marre de les voir, il faudra passer à la caisse ou farmer une monnaie annexe rarissime pendant des heures pour caresser le doux espoir d'en acheter une. On ne va pas faire la fine bouche, car Square et Crystal Dynamics semblent bien motivés pour arroser le jeu de DLC gratos pendant une longue période, néanmoins il est toujours désagréable de constater que des mécaniques de free to play s'incrustent sur des jeux vendus plein pot : sûrement le prix à payer, justement, pour cette roadmap gratuite.