A une ère où les intelligences artificielles génératives ne cessent de se démocratiser et de s'imiscer jour après jour un peu plus dans notre quotidien, tout le monde n'est pour autant pas des plus enthousiastes face à ce constat. Les premiers concernés sont évidemment celles et ceux dont le métier est déjà amené à évoluer à cause de ces systèmes automatisés, voire même à complètement disparaître. Samantha Béart est l'une d'elles et elle a tenu à le faire savoir récemment, et si son nom ne vous dit rien nul doute que vous l'avez déjà entendue en jouant à Baldur's Gate 3.
La voix de Karlach dans Baldur's Gate 3 hausse le ton face aux IAs génératives
On en entend toujours plus parler jour après jour, elles s'imiscent partout : les intelligences artificelles génératives popularisées au grand public par ChatGPT deux ans plus tôt semblent désormais faire partie du quotidien... et ce n'est probablement que le début ! Pourtant si l'utilisation de ces outils peut être bénéfique à bien des égards, exploités comme ils le sont actuellement fait énormément de mal à certains secteurs d'activité en particulier (et pas que).
Et si les artistes ont été parmi les premiers à lever le ton à ce sujet, et ils continuent régulièrement de le faire, c'est Samantha Béart, la comédienne qui a prêté sa voix à la Tieffeline Karlach dans Baldur's Gate 3, entre autres, qui a tout récemment choisi de se joindre à la danse et critiquer assez ouvertement l'exploitation jugée excessive de ces intelligences artificielles de la part des studios de développement de jeux vidéo ces derniers mois.
C'est au fil d'une interview accordée au magazine Edge et retranscrite par GameRadar que l'on découvrait ainsi la position de cette actrice anglaise. Pour elle c'est assez simple : les IAs génératives sont exploitées de façon malicieuse par de trop nombreux studios ces derniers temps et cela conduira tôt ou tard à leur chute, d'une façon ou d'une autre. Mais hors de question de pointer du doigt les développeuses et développeurs, et à juste titre : c'est les Directeurs de ces studios que l'actrice pointe du doigt, c'est sur eux que repose la décision de se passer de vrais acteurs pour le doublage des personnages au profit de piètres doublages artificiellement générés.
Plus de profits, mais un déclin inévitable ?
Le point de vue de Samantha Béart tel qu'il a été évoqué au cours de l'interview susmentionnée se focalisait principalement sur le doublage, et c'est bien naturel puisque c'est son métier, qui de mieux pour en parler qu'une actrice directement concernée par cette problématique ? L'utilisation de ces intelligences artificielles fait toutefois débat bien au-delà de cette sphère, une véritable chasse aux sorcières a même lieu depuis quelques temps afin de déceler si oui ou non un studio donné à créé des éléments de certains de ses jeux à l'aide d'IAs ou pas. S'il s'avère que c'est le cas ledit jeu est souvent largement pointé du doigt et très, très mal perçu.
Pour l'actrice qui a prêté sa voix à Karlach dans Baldur's Gate 3 tout cela ne serait en fait qu'une question d'argent et de directeurs de studio déconnectés de la réalité et "ne jouant même pas aux jeux vidéo". Dans leur quête inlassable de profits toujours plus grands l'idée de se passer des comédiennes et comédiens pour le doublage des personnages serait de plus en plus évident aux yeux des plus véreux, condamnant ainsi une profession entière à l'oubli... mais aussi leur propre studio qui serait tôt ou tard amené à voir sa réputation ternie par la piètre qualité du "faux doublage" proposé.
Et si l'avis de Samantha Béart est intéressant, celui de Masumi Tsunoda, qui a prêté sa voix à Naoe dans Assassin's Creed Shadows, est bien différent. Pour elle, tout ne serait pas à jeter dans l'utiliation de ces IAs et rien ne saurait jamais remplacer le talent des actrices et acteurs. Il faudrait cependant, toujours selon elle, s'attaquer sérieusement à une bien meilleure règlementation de leur exploitation, mais globalement il s'agirait de quelque chose qu'elle perçoit comme positivement et qui devrait permettre de sublimer la créativité humaine plus que la remplacer.
Deux visions très différentes et pas forcément erronées et même assez complémentaires en réalité qui rappellent une fois encore que les IAs génératives n'ont pas fini de faire parler, et tant mieux : c'est en les critiquant que l'on a le plus de chances d'en tirer le meilleur en faisant le moins de mal possible aux professions affectées. Enfin, en théorie...
Alors que l'industrie du jeu vidéo est secouée par des vagues de licenciements et un virage prononcé vers le multijoueur, Swen Vincke, réalisateur de Baldur's Gate 3 et PDG de Larian Studios, défend avec ferveur les jeux solo.
