Entre dilemmes moraux, tensions avec les compagnons et décisions cruelles, jouer un personnage totalement méchant dans Baldur's Gate 3 n’a rien d’évident pour le commun des mortels.
Cet article se concentre sur les campagnes avec un personnage créé (Tav) ou Sombres Pulsions, en excluant les campagnes Origines : il contient de nombreux spoilers du début jusqu'à la fin du jeu !
Les difficultés d’un "evil run"
Dès les premières heures de jeu, il devient évident qu’incarner un personnage cruel peut être particulièrement difficile. Pour beaucoup, cela va à l’encontre de leur nature, et la majorité des joueurs préfère incarner un héros ou au moins un protagoniste animé par un sens moral. Être "full evil" dans Baldur's Gate 3, ce n’est pas juste prendre des décisions égoïstes : cela signifie commettre des actes profondément immoraux, comme décapiter Karlach (oui), détruire le Bosquet des druides ou encore tuer Isobel dans une campagne Sombres Pulsions.
Ces choix drastiques, souvent irréversibles, peuvent rendre ce type de partie particulièrement éprouvant.
Manipuler les compagnons pour qu’ils suivent une "evil route" est également un défi de taille. Si Astarion et Minthara s’accordent bien avec une approche maléfique, il est impossible de garder certains compagnons qui pourront, par exemple, quitter votre groupe, et il vous faudra mentir et manipuler les autres pour qu'ils restent avec vous et vous aide dans vos bassesses.
Le fait que ces compagnons soient si bien écrits et attachants renforce la difficulté : on a tendance à s'identifier à eux, à les apprécier pour ce qu'ils sont vraiment, et il peut vite devenir douloureux de les trahir. Cette dynamique peut isoler le joueur, créant un sentiment de solitude qui contraste fortement avec un "good run".
Enfin, les nouveaux "evil endings" ajoutés par Larian sont certes marquants, mais ils peuvent laisser un goût d’inachevé. À l’exception de la campagne Sombres Pulsions, les fins ne proposent pas d’épilogues détaillés.
Pourquoi l’expérience reste terriblement fun
Malgré ses défis, un "evil run" offre une perspective unique sur l’histoire de Baldur's Gate 3. Minthara, par exemple, est un personnage fascinant et charismatique, bien qu’elle soit encore entachée de quelques bugs et ne soit recrutable que tardivement. Elle se distingue par son ambition de régner véritablement aux côtés du joueur, une dynamique particulièrement satisfaisante.
Astarion, quant à lui, est un excellent compagnon pour ce type de campagne, mais son évolution en Vampire Ascendant peut s’avérer difficile à accepter.
Pour ceux qui, comme moi, ont une forte affection pour Astarion (je n'ai romancé que lui dans mes 4 parties, ne me jugez pas) le voir devenir comme Cazador – cruel, arrogant et finalement la pire version de lui-même, toujours en souffrance – est difficile. Ce contraste est d’autant plus marquant lorsqu’on a expérimenté son "good ending", où il choisit de renoncer au pouvoir pour rester lui-même.
L’histoire elle-même prend un tournant complètement différent dans une campagne sombre. En embrassant pleinement les Sombres Pulsions et le lien avec Bhaal, on découvre des dialogues uniques et des scénarios alternatifs, et même une forme alternative, qui mettent en lumière une facette rarement explorée dans les RPG classiques.
Ce type de partie, bien que plus expéditif – notamment parce que de nombreuses quêtes secondaires deviennent obsolètes, forcément, les personnages qui vous les donnent sont morts – est idéal pour un troisième ou quatrième playthrough de Baldur's Gate 3. Préparez-vous également à une partie pleine d'affrontements, puisque vous risquez de combattre plus que de papoter.
Finalement, il y a un plaisir indéniable à s’affranchir des conventions héroïques et à incarner un véritable psychopathe. La liberté de faire ce que l’on veut, sans aucune limite morale, peut procurer un sentiment cathartique.
Incarner un vrai méchant dans Baldur's Gate 3 n’est pas une expérience facile, mais elle offre une perspective unique sur l’histoire et les personnages du jeu. Entre les choix cruels à assumer, les tensions avec les compagnons et les fins parfois frustrantes, ce type de campagne est exigeant mais riche en émotions. Avec 400 heures de jeu et quatre playthroughs à mon actif, dont un seul véritable "full evil" axé sur les Sombres Pulsions, je peux dire que cette expérience vaut le détour – mais elle ne s’adresse pas à tout le monde.
Le très attendu Patch 8 de Baldur's Gate 3, avec ses 12 nouvelles classes, le cross play et le mode photo, serait-il le dernier que Larian Studios développera ? Tout semble montrer qu'il s'agira en effet de l'ultime mise à jour pour le RPG.
