Photo : JobLife Yowan
On peut regarder l'équation dans tous les sens, mais on débouche toujours sur le même constat pour JobLife Esport. Le Spring Split 2022 de la Div 2 est une déception. L'objectif playoffs n'a pas été rempli et si on se projette un peu, les JL vont aussi marquer au final peu de points (30) dans la course à la montée en LFL. L'équipe ne manque cependant ni de talent ni de soutien et les ultras ont été nombreux à envoyer de la force. S'il est encore évidemment trop tôt pour analyser cet échec, à chaud quelles pistes peut-on tenter de trouver ?
Un manque d'expérience ?
Pour beaucoup, JobLife Esport faisait figure de favori en Div 2, notamment parce que l'équipe avait mis la main sur plusieurs gros noms de la scène française. On pense notamment à Seelame et Manaty, deux anciens joueurs de LFL. Alors qu'on retrouvait également des habitués de la Div 2 dans le reste de l'équipe avec Benaset et Wylenz, on aurait pu penser que sur le papier l'équipe avait l'expérience nécessaire pour assurer et se développer sereinement. Ça sera peut-être le cas au Summer Split, mais pour le Spring Split, quand on prend la structure dans son intégralité, l'expérience est au final assez limitée. Le projet est encore à ses débuts et on peut imaginer que l'encadrement doit encore progresser. Coach Leo "Ashanome" Deseuste n'a par exemple que 23 ans et c'est sa première expérience de coaching. Rome ne s'est pas bâtie en une journée et peut-être que le projet a encore besoin de quelques mois pour arriver à maturité. Des équipes comme MCES ou Izi Dream sont beaucoup plus structurées et connaissent la recette pour bien gérer une équipe.
Un manque de régularité ?
Ce qui est assez frustrant avec les JL, c'est que par moment l'équipe a très bien joué. Mais à d'autres moments, les joueurs étaient méconnaissables et on ne parle pas que des erreurs de Manaty lorsque celui-ci oubliait d'acheter des objets. Pendant toute l'année l'équipe a alterné le bon et le moins bon. Pour accéder aux playoffs, la régularité est importante et JobLife Esport s'est montrée trop friable. Elle n'a réussi qu'une seule semaine parfaite en 2-0 (semaine 5). Avec de très nombreuses semaines en 1-1, les joueurs ont longtemps fait du surplace. Moyens pendant toute l'année, ce n'est pas un scandale de les voir priver de playoffs. Pour le Summer Split, il faudra tenter de faire mieux en essayant notamment de vaincre cette satanée malédiction du mardi. Au début ça faisait rire la communauté, mais à la fin toutes ces games lâchées en route pèsent dans la balance.
Un manque de mental ?
Évidemment, on n'est pas dans l'équipe et il est difficile de savoir ce qui se passe en interne. Mais d'un point de vue extérieur, on a quand même l'impression qu'il va falloir travailler le mental chez JobLife Esport pour le Summer Split. Outre les sauts de concentration de Manaty, on peut aussi citer les doutes affichés pendant tout le segment par Serendip. Le midlaner sait se remettre en question et on ne peut que saluer son humilité. Mais la confiance est aussi importante sur League of Legends, notamment quand son équipe est dans le dur. Wylenz le toplaner a aussi fait quelques choix hasardeux dans des moments chauds. On ne sait pas si c'est le stress ou la pression, mais JobLife Esport a pas mal gâché durant l'année. L'équipe a pourtant le niveau, les armes et le talent. Un petit travail mental s'impose peut-être pour ne plus choke dans les moments importants.
Totalement dos au mur pendant le dernier match, les JL ont réalisé une masterclass contre beGenius. Mais contre Atletec juste avant, dans un match capital, l'équipe a joué petit bras sans rien tenter. Au printemps, JobLife Esport avait deux visages et les fans espèrent seulement voir le meilleur des deux pendant l'été.
Un manque de facteur clutch ?
Il existe une multitude de façons de gagner une partie sur League of Legends et quand on regarde les différentes régions compétitives, on peut trouver différents styles de jeu. Qu'on soit en LEC, en LCS, en Chine ou en Corée du Sud, on observe des tendances et des métagames différentes. Mais en Div 2, le niveau moins élevé. Il y a beaucoup plus d'erreurs et la macrogame est moins propre. Très souvent, c'est l'exécution durant les teamfights de milieu de partie qui font la différence. Il n'est pas rare de voir des retournements de situation où des équipes, pourtant derrière, qui retournent leurs vis-à-vis, grâce à une meilleure coordination. Et cette coordination, cette prise d'initiative, c'est peut-être ce qui a manqué aux JL. Un joueur comme Seelame a montré à plusieurs reprises qu'il était parfaitement capable d'infliger une tonne de dégâts. Mais comme il joue ADC, il dispose d'une marge de manœuvre très limitée pour initier des combats. Serendip parle pas mal dans les communications mais il reste encore peu expérimenté et continue de découvrir la Div 2, Wylenz n'a pas que des bonnes idées et Manaty a parfois du mal à appuyer sur la détente. Durant ce Spring Split, on a souvent laissé cette responsabilité à Benaset. Mais le Support ne peut pas tout faire et aurait bien besoin de soutien pour le Summer et on l'a trouvé moins actif dans les voicecomms sur la fin du segment. Pour gagner en Div 2, il faut être décisif et oser. L'idéal, ce serait que tous les joueurs soient dangereux et capables d'accélérer.