Photo : Riot Games
Fnatic pourrait potentiellement perdre Nisqy lors du mercato et le Belge pourrait bien se faire racheter par son ancienne équipe, Cloud9. La structure américaine cherche un nouveau midlaner pour remplacer Perkz, désireux de rentrer jouer en Europe. Si la perte est immense pour l'équipe, le Croate laisse également derrière lui de grosses liquidités étant donné que Team Vitality a dû racheter le contrat du meilleur joueur occidental de League of Legends de l'histoire.
Mais en suivant ces transactions rapidements rendues public, on peut se poser une question. Si Cloud9 est prêt à vendre Perkz et souhaite racheter Nisqy, si Perkz veut rentrer en Europe et si Fnatic cherche un nouveau midlaner pour remplacer Nisqy, pourquoi les deux structures n'échangent juste pas leur midlaner pour rendre tout le monde content ? Même si on simplifie l'équation, tout semblait parfaitement se goupiller... Mais c'était sans compter Ocelote, le boss de G2 Esports qui même lorsqu'il n'est pas concerné directement arrive à ajouter son grain de sel. Il a ainsi réussi à inclure dans le contrat de Perkz une clause d'interdiction de rachat par Fnatic... Coup de génie pour certain, coup bas pour d'autre, Carlos ne laisse rien au hasard et ne se prive jamais de pourrir la vie de son concurrent historique.
Une stratégie logique, efficace et surtout légale... Pour le moment
Ocelote n'a pas (vraiment) honte de sa stratégie et assume (presque) totalement cette dernière. Il veut bâtir un empire en Europe et compte bien faire tout ce qui est en son pouvoir pour construire son projet. Qu'il s'agisse de recruter les pépites des autres (Zven et Mithy chez Origen, Caps chez Fnatic...) ou de bloquer le transfert de ses joueurs vers son concurrent historique, il est prêt à tout. Droit dans ses bottes, il s'est justifié sur les réseaux sans dévier de sa position. C'est un businessman et en affaire il faut savoir se montrer dur pour réussir. On ne peut pas lui enlever cette logique et il faut reconnaître que son raisonnement est efficace puisqu'il a plutôt très bien marché jusque là. Mise à part cette année, G2 Esports marche du tonnerre et s'est imposé comme un des éléphants du LEC, voir du monde.
En plus, Riot Games a validé cette clause spécifique de non-rachat, qui dure quand même la bagatelle de 3 ans. La compagnie était évidemment au courant et malgré les plaintes de Fnatic et cette atteinte au principe de concurrence libre et parfaite qui peut porter préjudice aux intérêts du joueur, Riot a laissé faire. Bon, maintenant que la communauté a découvert le pot au rose et que la colère gronde, la règle pourrait changer afin d'éviter que de telles situations se reproduisent... Sacré Carlos, il en tout cas réussi à se glisser dans un trou de souris pour avancer ses pions sans se faire taper sur les doigts. C'est d'autant plus beau que si G2 a bloqué durablement l'éventualité de voir Perkz chez Fnatic, il ne s'est pas privé d'aller piquer Caps (2020) et Rekkles (2021) chez son concurrent historique. Encore mieux qu'un coup du berger aux échecs.
Une stratégie controversée pour un personnage controversé
Parmi les gens qui pestent contre Ocelote, on retrouve souvent les mêmes arguments. Certains trouvent que c'est injuste de bloquer Fnatic alors que la structure orange et noire ne fait pas de même et que ce n'est ni éthique ni très réglo. On vous laisse vous faire votre propre avis sur la question. Mais ce qui chafouine surtout la communauté, c'est que si Carlos joue pour lui, il joue un peu contre l'Europe en tant que région. Il veut dominer le LEC, ce qui est compréhensible, mais par le même biais il affaiblit les autres équipes qui composent la ligue. Si Perkz est parti en NA alors qu'il aurait pu jouer pour Fnatic dès la saison 2021, c'est notamment parce que le propriétaire ne souhaitait pas renforcer son grand rival. Quand on rajoute les "contract jails" qu'il met à ses joueurs mis au placard (Wunder, Rekkles, Mikyx...) ça commence à faire beaucoup et en règle générale, on a l'impression qu'Ocelote fait tout pour vendre ses joueurs à l'Amérique du Nord. C'est bon pour son portefeuille, mais ça incite quand même nos talents à s'exiler.
Ce qui est d'autant plus discutable, c'est qu'Ocelote n'a pas pleinement assumé sa stratégie. Aujourd'hui, comme l'affaire est sortie, il reconnaît les faits. Mais on aurait préféré qu'il assume avant. Parce que si on revient en arrière, il faut rappeler que le boss des Samouraïs nous avait fait du chantage affectif... Il avait prétendu qu'au grand jamais il ne bloquerait Perkz, que c'était comme un frère pour lui et que le Croate pouvait aller où bon lui semblait. Plus récemment, il avait également joué la carte de la victime pour dire qu'il était prêt à vendre ses joueurs à des équipes européennes, mais que ces dernières étaient trop radines et que ce n'était pas de sa faute si seules les équipes NA souhaitaient mettre la main au portefeuille. Avec la révélation de la close anti-Fnatic dans le contrat de Perkz, on y voit un peu plus clair dans son jeu et on trouve que sa stratégie de communication est un peu douteuse.
Riot doit se poser les bonnes questions
On peut penser ce que l'on veut de Carlos et de sa stratégie, mais le vrai problème, c'est Riot Games. C'est à elle de poser des règles claires et précises pour éviter ce genre de situation et on a quand même l'impression que chez Rito, on a sorti les rames en ce moment. Elle reconnaît qu'elle a validé par le passé cette close vraiment limite, mais avance que la règle sera amenée à changer. On a donc du mal à comprendre. Si la situation est problématique aujourd'hui, elle l'était aussi hier et elle n'aurait pas du voir le jour. Si la situation n'est pas problématique, pourquoi changer la règle ?
Riot Games semble agir sous la contrainte... Et c'est un peu dommage puisqu'au final on a l'impression générale d'un manque de transparence. Elle a beau essayé de nous expliquer que le joueur n'a pas souffert de cette clause un peu limite parce que C9, Fnatic et le joueur n'auraient pas réussi à se mettre d'accord pour le prix de transfert et le salaire, mais bon on n'est quand même pas vraiment convaincu... À partir du moment ou Fnatic a découvert l'obstacle, difficile de les voir vraiment se mettre à la table des négociations.