Retour sur les événements DOJO
Le format du Tekken World Tour 2019 et les événements DOJO ont été abordés en premier lieu. Pour rappel, les DOJO sont des tournois organisés partout dans le monde par des associations locales, et qui avec l'accord de l'éditeur, peuvent compter pour le Tekken World Tour. Chacun de ces tournois rapporte des points, et les 4 meilleures performances d'un joueur lors de ces tournois comptent dans les points du Tekken World Tour (afin de garantir une certaine équité, seuls comptent pour le Tekken World Tour un nombre défini de chaque catégorie de tournois, afin que les joueurs pouvant moins se déplacer ne soient pas trop pénalisés). Pour les producteurs, les tournois DOJO sont insuffisants pour espérer une qualification directe aux finales mondiales, une participation aux événements Challenger, Master et Master + reste obligatoire pour engranger un nombre suffisant de points. Le but de ces tournois est plus d'identifier les éléments prometteurs de chaque région, afin d'attirer l'attention d'éventuels sponsors pour que ces joueurs puissent passer du statut d'amateurs à celui de pros.
Selon Yasuda, ce sont d'ailleurs ces événements qui ont en partie permis l'émergence de la scène Pakistanaise en 2019, avec Arslan Ash en chef de file suivi par toute une génération de joueurs prometteurs. Cette scène a attiré leur attention et celle des joueurs professionnels en 2018, mais c'est bien en 2019 et grâce aux victoires d'Arslan Ash qu'elle s'est retrouvée sous le feu de tous les projecteurs. Outre l'émergence de nouveaux talents, Michael Murray précise que les événements DOJO permettent aussi de faire vivre le jeu dans les pays où il est difficile d'organiser un événement officiel, pour diverses raisons. Harada conclut le sujet en disant qu'avec ces tournois, il y avait du Tekken 7 compétitif toutes les semaines. Cela a permis aux joueurs et spectateurs de repérer les meilleures scènes locales, créant ainsi une échelle unique des forces en présence sur Tekken 7, au lieu d'un découpage un peu aléatoire sur des régions prédéterminées.
L'émergence de nouvelles scènes et de nouvelles histoires
La scène Pakistanaise a eu une influence incroyable sur la communauté Tekken. De vieilles rivalités ont été enterrées pour contrer son émergence, prétend Harada, en racontant une anecdote qu'il tient de LowHigh, un des meilleurs joueurs coréens. Selon les dires du compétiteur, l'émergence de cette nouvelle force l'a contraint à se rapprocher de la communauté japonaise, afin de progresser et de ne pas laisser les nouveaux venus prendre la place de la Corée et du Japon parmi les meilleures scènes Tekken. Le joueur aurait d'ailleurs ajouté que ce rapprochement a permis de revitaliser les deux communautés, et qu'il était soulagé d'avoir réussi à empêcher les joueurs pakistanais d'atteindre le top 8 lors des finales du Tekken World Tour 2019 (il n'y avait d'ailleurs qu'un seul joueur non japonais et non coréen dans ce top 8).
Cette rivalité s'est faite sentir dès la phase de groupe où Knee le numéro 1 mondial, a immédiatement choisi le groupe d'Arslan Ash lors des finales. De l'autre côté, Nobi un des meilleurs joueurs japonais, avait choisi le groupe du numéro 2 pakistanais Awais Honey. La volonté des deux communautés de conserver leur titre de meilleures régions était clairement palpable, donnant presque lieu à un tournoi secondaire au sein du tournoi principal. D'autres scènes ont attiré l'attention des producteurs, notamment en Côte d'Ivoire et au Pérou. Ils espèrent que de nouveaux champions émergeront de ces régions, afin de bousculer l'ordre établi. Cette rivalité constante permet également de braquer les projecteurs sur les nouveaux talents des scènes dominantes, comme ce fut le cas pour le japonais Double.
Concernant la suite des finales, chacun parle des moments qui l'ont marqué. Yasuda revient sur le parcours de Double, tandis que Murray mentionne l'américain Anakin, qui joue un personnage plutôt bas dans les tiers lists et arrive quand même à obtenir de très bons résultats avec. Pour Harada, c'est la performance du sud-coréen Ulsan qui l'a le plus impressionné, au point qu'il se disait qu'il allait gagner le titre. Finalement la couronne est revenue à Chikurin, qui a sorti un Akuma pour affronter Ulsan. Cela permit à Harada de conclure en disant qu'avant dans les jeux de combat, chacun restait sur son personnage et apprenait à s'adapter au style de jeu de l'adversaire, tandis qu'aujourd'hui, un joueur peut préparer un counter-pick caché pour surprendre un rival. Le champion a lui-même confirmé qu'il avait commencé à s'entraîner sur ce personnage grâce à la scène pakistanaise, et est même allé sur place pour apprendre parmi eux comme d'autres joueurs.
Le futur de la compétition sur Tekken
Michael Murray parle d'abord de sa volonté d'organiser des événements dans des endroits agréables du globe, afin que l'expérience Tekken 7 ne s'arrête pas uniquement au jeu vidéo. En choisissant des endroits attractifs, il est plus simple pour les joueurs de rester quelques jours de plus pour profiter du cadre. Son souhait est qu'il n'y ait pas de sacrifices trop importants à faire pour venir à un tournoi majeur, et que celui ci puisse n'être qu'une étape pendant les vacances des participants. Harada tempère un peu en disant que certes le cadre est important, mais qu'il faut aussi penser à l'accessibilité. Les villes des tournois doivent être bien desservies (aéroport, gares) afin que les joueurs n'aient pas un voyage trop long à faire.
Murray déclare ensuite que pour lui, il semble plus judicieux d'intéresser d'abord les spectateurs potentiels par rapport aux joueurs et à leurs histoires, puis ensuite directement au jeu. En augmentant la popularité des jeux de combat en tant que divertissement, la base de joueurs augmentera également par ricochet. Harada renchérit en disant qu'il souhaiterait trouver l'équilibre parfait qui contenterait à la fois la FGC et les simples spectateurs.
Interview originale ici