Ces événements sont développés dans les courts romans offerts avec l'édition Collector de World of Warcraft : Battle for Azeroth, que nous ne saurions trop vous conseiller de lire. Nous avons choisi de les détailler afin de vous permettre de voir plus clair sur les raisons réelles de cet événement majeur de l'extension actuelle, étant donné que le prochain Front de guerre, la Bataille pour Sombrivage, sera la suite directe de cette tragédie.
A une semaine de la sortie de World of Warcraft : Battle for Azeroth, Blizzard continue son teasing forcené en annonçant deux romans digitaux gratuits dédiés à l'histoire de chaque faction durant l'incendie de Teldrassil : Élégie et Une guerre honorable, dont voici les détails (sans spoil !).
Les références de pages sont données d'abord pour la version physique et ensuite pour la version dématérialisée.
Après l’anéantissement de la Léagion Ardente, la tension est palpable entre la Horde et l’Alliance qui ne se font pas confiance. Sylvanas Coursevent convoque le Haut Seigneur Varok Saurcroc, en chargeant son champion, Nathanos le Flétrisseur, de s’assurer qu’aucun agent du SI:7 ne puisse entendre leur conversation.
- Voulez-vous que je vous mente, chef de guerre ? Que je vous dise qu’une telle chose est faisable, alors qu’elle est impossible ?
- Non, répondit Sylvanas, ses yeux luisants transperçant ceux de l’Orc. Ne considérez pas Hurlevent comme la première cible, mais plutôt comme l’objectif ultime. Que feriez-vous pour y parvenir ? »
Un frisson parcouru l’échine de Saurcroc.
« La route serait longue et sanglante ».
Interrogée par le Haut Seigneur sur ses raisons, la Reine Banshee ne manque pas d'arguments.
Les échanges à propos de Saurcroc entre le roi Anduin Wrynn et le maître-espion Mathias Shaw donnent en partie raison à Sylvanas : certains membres de l’Alliance ne sont pas prêts à pardonner les erreurs passées de la Horde.
Le jeune roi acquiesça.
« Je vous le concède. Néanmoins, à choisir entre un Orc pourvu de quelques valeurs et une banshee sans le moindre honneur, je choisis l’Orc. »
Anduin est plus prompt aux concessions parce qu’elles sont nécessaires pour ses espoirs de paix, et peut-être aussi parce que lui n’a pas connu les horreurs de cette période troublée.
Le chef de guerre précise son objectif : faire en sorte que la Horde ne soit pas à la merci de l’Alliance.
Non, pensa instinctivement Saurcroc. […]
« Il est de mon devoir de veiller à ce que cela n’arrive pas, chef de guerre.
- Et si une telle situation se présente tout de même ? »
Saurcroc lâcha un rire amer.
« Ce jour-là, la Horde chargera une dernière fois au combat et mourra avec honneur, car seule une lente agonie nous attendra entre ces murs. »
Sylvanas ne partagea pas son rire jaune :
« Il est de mon devoir de veiller à ce que cela n’arrive pas.
- Le gamin de Hurlevent n’est pas près de déclarer la guerre […].
- Avec Genn Grisetête qui souffle à son oreille ? Je n’en suis pas si sûre. »
(NDLR : Saurcroc a participé à la conquête de Hurlevent pendant la Première Guerre et d'Orgrimmar pendant la révolution contre Garrosh)
La Dame Noire explique ensuite pourquoi elle s’inquiète particulièrement de la rivalité avec l’Alliance à la lumière des récents événements.
« Quoi que je fasse, ceci va perturber l’équilibre du pouvoir. Dans le monde entier, on signale l’apparition de gisements d’azérite, Saurcroc. Nous ne connaissons pas encore son véritable potentiel, et l’Alliance non plus. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle changera les choses à tout jamais. A quoi la guerre ressemblera-t-elle dans vingt ans ? Dans un siècle ? […] Un siècle de paix débouchant sur une paix qui anéantit les deux camps n’a rien d’un objectif louable. Seuls les lâches sacrifient l’avenir pour un répit temporaire. »
L’idée de la Reine Banshee est d’exploiter l’affaiblissement causé par les longs mois de conflits contre la Légion Ardente afin de limiter l’emprise de l’Alliance sur Kalimdor (heureusement pour elle que Theramore a déjà été rayée de la carte, cela lui fait moins de travail).
« C’est possible […]. Nous remporterions une bataille, mais pas la guerre, avertit l’Orc. Si nous perturbons l’équilibre, l’Alliance nous rendra la pareille. Nos nations des royaumes de l’Est seraient alors victimes de représailles. [...]
- Mais que voudront les elfes de la nuit plus que tout ? Ils exigeront que l’Alliance les aide à reprendre leurs terres tombées aux mains de l’ennemi. »
Mais l’Alliance n’aura pas les forces militaires nécessaires.
« Il s’écoulera des années avant qu’ils ne puissent envisager de reprendre Darnassus. […] Les Elfes de la nuit s’opposeront à la conquête de votre cité si nous menaçons de détruire la leur en retour. Il en va de même pour Lune-d’Argent. […]
- Les Gilnéens seront fous de rage si l’Alliance se porte d’abord au secours des Kaldorei affirma-t-elle. Le jeune roi de Hurlevent se retrouvera avec une crise politique sur les bras. Je ne doute pas de son intelligence mais il n’a guère d’expérience. »
Le parallèle avec les campagnes de Garrosh est frappant, mais pas parce que Sylvanas est "Garrosh 2.0" : leurs ambitions pour la Horde sont complètement différentes (elle serait plutôt "Arthas 2.0", rôle tragique d’un personnage en grande partie victime de son destin). Simplement la donne n’a quasiment pas changé : une attaque contre les implantations de l’Alliance en Kalimdor entraînera logiquement des représailles sur les bastions de la Horde dans les Royaumes de l’Est. Par contre cette fois-ci, la Reine Banshee est aux commandes, elle est donc assurée que ses précieux Réprouvés ne seront pas sacrifiés comme chair à canon face à l’Alliance.
La Dame Noire conclut.
- Et c’est ainsi que l’on peut vaincre Hurlevent. […]
- Pour vider un ennemi de son sang, il suffit de lui infliger une blessure que nul ne peut refermer. Voilà pourquoi je veux que vous échafaudiez un plan, haut seigneur Saurcroc, précisa Sylvanas. Dès l’instant où nous passerons à l’action, il sera impossible de faire marche arrière. Pour diviser l’Alliance, il est crucial que notre attaque sur Darnassus ne l’unisse pas contre nous. Cela ne sera possible que si la Horde remporte une victoire honorable. Et je ne suis pas naïve : je sais bien que mes sujets ne me font pas confiance sur ce point-là. »
Un point primordial de ce plan est la mésentente que peuvent créer les divergences d’intérêts entre les nations de l’Alliance, Sylvanas connaît bien ce problème puisque c’est ainsi qu’avait implosé l’Alliance de Lordaeron dont faisait partie son peuple, les Hauts-Elfes. La Reine Banshee ne se rend pas compte que depuis son retrait de l’Alliance de Lordaeron, Genn Grisetête a énormément changé. Cette évolution a d’ailleurs principalement eut pour cause l’annexion des terres gilnéennes par les Réprouvés sur ordre de Garrosh, ainsi que la mort de son fils Liam qui s’interposa pour recevoir une flèche empoisonnée destinée par la Dame Noire au roi Genn. Sylvanas sous-estime grandement l’amitié qui s’est tissée pendant plusieurs années entre les exilés gilnéens et les elfes de la nuit qui leur ont offert l’asile. Ainsi, même si la première partie du plan de Sylvanas et Saurcroc avait fonctionné comme prévu, il est probable que l’Alliance ait continué à faire front commun malgré tout. Les chefs de la Horde ne mesurent pas à sa juste valeur la cohésion de la nouvelle Alliance.
Nous voyons ici Sylvanas en stratège : il ne faut pas oublier qu’elle a été le Général des Forestiers de Lune-d’Argent, et en tant que tel, avait réussi à entraver longtemps l’avancée de l’armée du Fléau sur la capitale des Hauts-Elfes. Ses capacités impressionnent même le vétéran qu’est Saurcroc. Elle a néanmoins besoin de l’Orc, qui a la confiance des peuples de la Horde et une certaine connaissance du terrain.
Sylvanas, Saurcroc et Nathanos se lancent alors dans une campagne de désinformation afin de faire croire à l’Alliance que les tensions s’accroissent entre les dirigeants de la Horde. Ils font également croire à l’organisation d’une manœuvre importante vers Silithus pour justifier la mobilisation d’une armée massive. C’est une réussite.
L’obsession apparente de la Horde pour Silithus inquiétait tellement Hurlevent que les Elfes de la nuit avaient été chargés d’y envoyer leur flotte pour garder un œil sur les agissements de l’ennemi. […]
Et malheureusement pour l’Alliance, elle n’en était pas restée là. Tyrande Murmevent comptait demeurer à Hurlevent pendant plusieurs semaines pour mettre sur pied une stratégie à long terme en réaction aux curieux agissements de la Horde.
De l’avis du Haut Seigneur, l’absence de la flotte et de l’un des deux puissants dirigeants elfes est l’occasion rêvée pour lancer une attaque-surprise sur les terres ancestrales des Kaldorei...
En apprenant l’absence de la Grande Prêtresse d’Elune, Nathanos laisse entrevoir une autre facette du plan de Sylvanas.
Le regard de Sylvanas laissa Saurcroc songeur. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi agacée. Certes si la Horde parvenait à tuer Tyrande et Malfurion, cela représenterait une grande victoire et affaiblirait l’Alliance, mais leur objectif n’est-il pas de prendre possession de l’Arbre-Monde ? Tel devait être l’instrument de la division de l’Alliance.
La stratégie de la Reine Banshee repose en fait sur une clef de voûte : la destruction de celui qui représentera toujours l’espoir pour les Elfes de la Nuit. Probablement incertaine de la réaction que pourrait avoir l’honorable Saurcroc, elle se garde bien de mettre le Haut Seigneur dans la confidence.
Un des objectifs des dirigeants de la Horde est d’encourager les civils à fuir les terres kaldorei, afin qu’une partie des ressources de Darnassus soient mobilisées pour l’évacuation plutôt que la défense de Sombrivage. Le Flétrisseur propose de brandir la menace de la peste, la réaction de Saurcroc ne se fait pas attendre.
- Je suggérais d’en faire une menace, pas une promesse, nuança Nathanos.
- Cela ne fonctionnerait pas », estima Sylvanas.
Elle sembla envisager une possibilité, mais finit par secouer la tête.
« Saurcroc a raison, l’Alliance ne nous croirait jamais capable de l’utiliser. Il est impensable de condamner ainsi à mort une cité tout entière. Ce ne serait que du vent.
- Les armes de siège, proposa soudain Saurcroc. Doublons le nombre de machine de guerre. […] Ils se battront avant que nous atteignions Sombrivage, pas après. Ils préféreront évacuer leur foyer plutôt que de le voir détruit lors d’une ultime bataille.
- […] Cela devrait fonctionner. Mettez vos plans en œuvre, haut seigneur. »
Il est évident à travers cet échange que la Dame Noire n’envisage absolument pas de détruire l’Arbre-Monde avec toute sa population, un acte terrible qui ne pourrait qu’unir les factions de l’Alliance pour réclamer justice contre la barbarie de la Horde.
Néanmoins engager des combats sur les terres ancestrales des Elfes de la Nuit est déjà un acte grave aux yeux du Shan’do Malfurion. Après avoir échoué à défendre Orneval et Sombrivage contre l’avancée de la Horde, il décide d’affronter Sylvanas directement.
Malfurion Hurlorage avait l’air affligé.
« Aucun pardon ne sera accordé pour ces actes, Sylvanas.
- J’en suis consciente », rétorqua-t-elle.
L’heure des palabres était révolue.
Ceux qui ont participé aux événements pré-extension de Battle for Azeroth se souviennent probablement que, en combattant dans les forêts des Kaldorei un druide communiant avec la nature depuis plusieurs dizaines de millénaires, Sylvanas est loin de posséder l’avantage dans ce duel à mort. Mais l’intervention impromptue du Haut Seigneur permet de mettre Malfurion hors combat.
Sylvanas leva la hache et l’observa un instant, puis se tourna vers lui. Il n’aurait pas su interpréter son expression, mais elle ne lui plaisait guère.
Elle lui rendit son arme.
« Je vous laisse porter le coup de grâce, haut seigneur. […] Cette victoire vous revient de droit. Rien de tout cela, qu’il s’agisse de cette bataille ou de la défaite de Malfurion, n’aurait été possible sans vous. Vous méritez cet honneur. Prenez le temps qu’il vous faudra, puis apportez-moi sa tête. »
Mais Saurcroc ne se résout pas à porter le coup de grâce, il est d’ailleurs soulagé lorsque Tyrande apparaît pour sauver son époux et l’emmener soigner ses blessures à Hurlevent.
Malfurion a survécu : la clef de voûte du plan de Sylvanas est anéantie, et alors tout l’édifice, pourtant minutieusement construit, s’écroule inévitablement… La Dame Noire a trop surestimé l’obéissance aveugle de Saurcroc ou sa capacité à visualiser l’échiquier de la guerre comme elle.
Et par une dirigeante de la Horde trop sûre d’elle-même. Autant n'épargner aucun fautif. Cette erreur était autant la sienne que celle de Saurcroc. […]
Ils ne céderaient pas au désespoir. Plus maintenant. La survie miraculeuse de Malfurion leur donnerait espoir. Leur blessure guérirait. […]
Une blessure incurable. Elle devait trouver un autre moyen de l’infliger. Impossible de faire marche arrière, maintenant.
Sa conversation avec Delaryn Lune-d’Eté conforte Sylvanas dans cette idée que l’espoir des Elfes de la nuit survit avec Malfurion. Il semble que ce soit pendant cet échange que s’impose en elle l’idée de brûler immédiatement l’Arbre-Monde, condamnant par là-même les derniers civils présents à Darnassus.
La Reine Banshee ordonne à ses soldats d’incendier Teldrassil, ce qui les surprend tous et en particulier Saurcroc.
Non. Impossible. Elle avait une stratégie bien définie en tête. Conquérir l’Arbre-Monde, intact, aurait été un coup de génie. Le détruire, c’était…
… de la folie. […]
Tous ceux qui se trouvaient encore à Darnassus allaient périr.
Et avec eux partirait en fumée le dernier espoir de la Horde de remporter une guerre propre contre l’Alliance. Teldrassil devait être la pomme de discorde qui détruirait Hurlevent. Désormais, il deviendrait le cri de ralliement de l’Alliance, jusqu’à ce que toutes les nations de la Horde soient annihilées.
Comme à chaque fois, c’est Sylvanas qui a le dernier mot dans son ultime échange avec Saurcroc.
Introduit avec le Patch 8.1 : Tides of Vengeance dans World of Warcraft : Battle for Azeroth, la Bataille pour Sombrivage est le second Front de guerre de l'extension. Il met en exergue le conflit entre les Réprouvés et les Elfes de la nuit à Sombrivage.
