Je vais donc, pour une question d'organisation, commencer par aborder la façon dont les artistes reprennent les champions typiques du Néant pour en faire leurs marionnettes et leur sujet d'expérimentation. Petit avertissement : tous les tons et tous les coups sont permis.
Ce sera avec une certaine prudence que j'aborderai le thème de la parodie, en vous proposant cette petite réécriture de l'affiche d'une franchise que vous connaissez sans nul doute, du doux nom de Alien vs Predator. Tournons-nous vers Exaxuxer pour cette œuvre, qui nous propose diverses interprétations de champions de la League, plus ou moins poussées, et plus ou moins parodiques, sur sa page Deviantart.
J'aurais tout aussi bien pu vous proposer son interprétation de la franchise télévisée The Voice (qui devient donc sans surprise The Void), mais il ne pouvait en rester qu'un pour cette chronique, et si le choix s'est révélé difficile, j'ai préféré privilégier cette parodie, légèrement plus sérieuse, et dans un style plus subtil.
En effet, sur une mise en scène fidèle à l'affiche originale, nous observons le profil de Kha'Zix, qui joue donc le rôle de l'alien (normal), et Rengar qui joue, lui, le rôle du prédateur (là encore normal). Hormis la ressemblance « anatomique » de ces deux champions vis-à-vis de leur alter ego, que l'artiste a par ailleurs très intelligemment su exploiter, l'ambiance est là. Certes, nous n'avons pas le côté mécanique, retransmis par les teintes argentées de l'affiche originale, mais la tension est là. Peut-être est-ce dû à la bave qui s'écoule de la bouche de Kha'Zix, ses yeux, verts, particulièrement mis en valeur, ou les traits fermés du gros chaton (avec lequel je ne me risquerais pas à jouer, cela étant). Reste que l'image globale fonctionne très bien.
Malgré la blancheur de son poil, Rengar ressort bien sur ce fond tout aussi - ou plutôt encore plus - blanc, grâce à un jeu de nuance et d'ombrage permettant d'éviter des traits trop agressifs, et où le regard peut donc circuler.
Le trait, quand on y regarde de plus près, est léger, voire vague, ce qui participe à un effet global assez vaporeux, bien que les détails soient au rendez-vous (je vous invite notamment à regarder les dents ou les entailles sur la tenue de Rengar, ou la physiologie du « visage » de Kha'Zix). Une belle réalisation donc, dont la parodie tourne ici autour de l'exploitation d'un parallélisme entre franchises, d'une adéquation quasiment parfaite.
Autant vous prévenir, nous partons ici vers une autre façon de détourner un univers ou un champion. Je vous souhaite d'avoir l'estomac bien accroché pour traiter l'œuvre que nous propose TheDirtyTomato (rien que le nom est un avant-goût de ce qui nous attend), que l'on retrouve sur sa page Deviantart, dont la galerie est malheureusement très pauvre, quantitativement et qualitativement, il faut le dire.
Ce n'est donc pas pour la qualité de l'exécution que je vous propose ce fanart, mais pour l'originalité du thème. Parlons cependant d'abord du côté technique. Si le trait n'est pas parfait, et la colorisation quelque peu faiblarde, par un manque de nuances qui rendraient l'ensemble plus professionnel, il faut reconnaître quelques qualités à l'ensemble de l'œuvre. On aime, pour commencer, cette petite palette de couleurs qui nous est résumée en bas à gauche de l'image, à la manière des grands artistes, et qui donne un côté un peu brut et expérimental à ce travail.
On apprécie aussi la mise en contexte (bien que trop timide, pour des contraintes techniques, ici) du champion, puisque l'on détecte le décor de la Faille de l'invocateur ainsi que l'ombre du champion in-game (et hélas, quelques traces de ses sorts d'origine, le grisement de l'image n'ayant pas suffi à les effacer). Mais tout cela ne vaut rien, strictement rien, quand on parle, comme on le fait ici, d'un Vel'Koz Monstre Spaghetti ! Il faut l'avouer, cette perversion fait perdre à notre champion le peu de crainte qu'il pouvait inspirer et le peu de sérieux qui lui était inhérent. L'idée n'est cependant pas stupide, puisque la flexibilité du champion se prête plutôt bien à la souplesse de cet aliment. La bolognaise vient ici nourrir les différentes compétences du champion, et la boulette sert d'œil. Un skin qui aurait été digne d'un poisson d'avril de Riot, si le trait avait un peu plus su soutenir l'idée. Voilà qui met l'eau à la bouche !
Dérision et parodie, quand tu nous tiens... Que les fans des classiques n'allument pas les torches et ne sortent pas les fourches. Là encore, nous saluerons l'idée - plus que la réalisation - de ce fanart qui nous est proposé par asfalanub, dont on peut retrouver quelques travaux plus ou moins intéressants (on aime le Malzahar et le Kha'Zix Buho Nocturno - dans deux genres différents) sur sa page Deviantart.
Pour les plus connaisseurs d'entre vous, vous aurez sans doute reconnu le fameux tableau d'un peintre dont on a souvent dit de ses œuvres que « mon neveu de cinq ans pourrait faire pareil », j'ai bien entendu nommé Picasso. Interprétation colorée et simplifiée, l'artiste nous propose cependant une réécriture identifiable, quoique possiblement discutable, de l'huile sur toile « Guernica ». Outre la réduction du nombre de personnages, une colorisation qui vient à l'encontre du projet initial du tableau mondialement connu (qui s'attachait à représenter le bombardement de la ville en s'inspirant la médiatisation photographique - et donc en noir et blanc à l'époque - de l'évènement), on pourrait critiquer une impression de profondeur, donnée par différents plans successifs un peu trop marqués, que le cubisme cherche à réinterpréter, notamment par la question de la perspective.
L'image paraît donc enfantine, et une sorte de mauvaise interprétation d'une œuvre historique, mais elle fonctionne néanmoins très bien. On reconnaît effectivement très bien les différents champions (Cho'Gath, Soraka, Morgana, Teemo, Alistar, Blitzcrank - ou plutôt son bras) mais aussi l'environnement de la Faille, via la tourelle, la rivière, le Baron, ou même une ward. Alors oui, seul le style du dessin, notamment les têtes d'Alistar et de Morgana, permet vraiment de rapprocher ce travail de l'œuvre originale, on aime en tout cas l'intention, et on applaudit le résultat.
Je ne pouvais bien entendu pas vous épargner cela, car il faut dire qu'il est compliqué de parcourir les fanarts des artistes pour ne pas voir l'étrange obstination et fascination qu'ils nourrissent sur ce thème-là. Nous nous tournons donc maintenant vers rovert4fun, qui nous propose sur sa page Deviantart quelques œuvres très clairsemées, mais tournant autour de ce même thème, que je vais développer dans quelques instants, et vers SuperStitchesTim, dont vous ne retrouverez que deux œuvres sur sa page Deviantart, toutes deux dévouées à ce sujet bien précis.
Mais de quoi puis-je bien vous parler depuis tout à l'heure, pour en faire un tel mystère ? Parce que je n'aime pas me faire lapider, et que je préfère toujours procrastiner la chose. Bref, toute plaisanterie à part, je vous propose donc ici une analyse simultanée de deux œuvres, car j'ai choisi les deux sur les bases d'une idée commune, qu'il me paraissait inutile, et peu justifié de développer à deux reprises.
Attaquons-nous donc à cette mine d'inspiration que se révèle être la franchise My Little Pony. Oui, vous l'admettrez, il s'agit d'un sacré changement de cap lorsque l'on parle de champions venant du Néant. Nos deux champions, Kassadin et Kog'Maw, prennent donc ici les traits d'un poney, à notre grande surprise. Il est cependant à noter deux traitements différents de cette petite transformation. Soyons organisés, et occupons-nous dans un premier temps de Kassadin. Le dessin est dans l'ensemble chaotique. Le fond y contribue grandement, mais le trait qui définit notre champion, quelque peu brut, accentue l'ensemble. Ce fond, entre le rose et le blanc, avec quelques traces de gris, rappelant la couleur du champion, qui ressort du coup fortement, représente sans doute ici la matière vaporeuse de l'énergie qui est associée à Kassadin et au Néant.
Le dessin est, mis à part cela, plutôt simple mais efficace, puisque l'on reconnaît parfaitement le champion. La nature équine de celui-ci nous est révélée par le retrait du casque, et qui nous montre un poney particulièrement déterminé. Même si la crédibilité n'est pas là, notre champion essaye tout de même d'inspirer la crainte. Du côté de Kog'Maw, l'ambiance est bien plus sereine. Il faut dire que l'on se base déjà sur le skin Monarque du champion, qui nous offre donc une note bucolique. Sur un fond bleu texturé, notre Kog'Maw, qui incarne ici le poney dans son anatomie, contrairement au Kassadin que l'on vient de voir, même si l'on identifie le visage du champion et les couleurs du skin. Les yeux de celui-ci, rouges, comme écarquillés, feraient presque peur, mais les ailes de papillon et la sublime et volumineuse queue (je vous entends rigoler d'ici ! Ce n'est pas le thème du jour, hélas...) de notre poney Kog'Maw monarque viennent attendrir la scène. On ne sait que penser de cette nouvelle identité de ces champions, mais l'on apprécie le clin d'œil.
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Je finirai cette première vision de la distorsion du Néant par une image que vous avez sans doute déjà croisée (notamment sur le Riotage, si ma mémoire ne m'a pas encore trop cruellement abandonnée), et pour laquelle je ne remercierais jamais assez son artiste, MaTTcomGO, qui vous propose sur sa page Deviantart sa vision de la League, équipe comme champions, une vision fort agréable (je vous conseille notamment son Zac).
Je voulais donc ici achever de démystifier le Kog'Maw qui fait déjà l'objet d'une intense vague de cute-isation, et que l'on retrouve ici sous les traits d'un Poro (Owwwwwwwww). Que dire de cette image, à part « Owwwww » ou encore « Oooooooowww » ? Ma foi, on peut déjà apprécier (ou non, par ailleurs) le trait du dessin. On aime ce mélange de traits plus ou moins larges, qui servent à délimiter les contours de notre champion, mais aussi à accentuer les jeux d'ombre et lumière déjà entamés par une colorisation plutôt subtile et réussie, par des traits épais, et mis en valeur, comme au niveau des cornes ; ou des traits beaucoup plus légers, comme au niveau de son dos, par exemple. Cela semble plutôt logique et sans doute quelque peu facile de dire cela, mais on aime l'usage du blanc pour indiquer le reflet de la lumière, et pas simplement une absence de coloration. On voit notamment cela au niveau de la patte avant (ne vous fait-elle pas penser à celle d'un petit chiot ou d'un petit ourson tout doux ?), ou sur la langue.
Je pourrais encore longtemps vous parler de cela, mais je préfère maintenant m'attacher à la bave de notre chère petite créature, puisqu'il s'agit après tout de son atout principal. Ce qui pourrait faire penser à une simple marque d'enthousiasme pas suffisamment contrôlée, typique des chiens un peu trop affectueux, reste tout de même particulièrement corrosif, voire létal, comme nous le rappellent les petites émanations qui se dégagent de la flaque. Ces fumées, résultat d'une corrosion en cours, sont très bien réalisées, comme la bave en elle-même, dont la transparence est plutôt convaincante, et la viscosité plutôt réussie. Je pourrais m'émerveiller encore et encore de cette très jolie illustration, qui fait par ailleurs perdre à notre champion toute crédibilité, mais je crois qu'il est grand temps que j'enchaîne.
