Même s'il a clairement ses qualités, Cyberpunk 2077 souffre aussi de son lot de défauts, qui vont bien au-delà des simples bugs et de ses pauvres performances sur les consoles de la génération précédente. Comme le studio a décidé de sortir ce qui est probablement le dernier gros patch de contenu de jeu, et son extension, Phantom Liberty, à quelques jours d'intervalle, il nous a semblé cohérent d'aborder les deux dans ce test, chacun avec une section dédiée. Précisons au passage que la note est pour l'extension payante.
- Genre : FPS, RPG, Solo
- Date de sortie : 26 septembre 2023
- Plateformes : PC, Xbox Series, PS5
- Développeur : CD Projekt Red
- Éditeur : CD Projekt Red
- Prix : 29,99€
- Testé sur : PC
Cyberpunk 2.0 77
On peut dire que CD Projekt Red a gardé les gros chantiers pour la fin, ce qui leur permet de proposer une remonte majeure des systèmes de progression en jeu, et de les lier étroitement avec les nouveautés de l'extension. Nous avons lancé une nouvelle partie afin de les découvrir d'une manière plus organique, afin de juger de leur intérêt, et de leur impact sur le gameplay.
Refonte des Compétences, Attributs et avantage
C'est globalement bien plus intéressant et bien mieux équilibré qu'auparavant. Pas mal de bonus ont un impact sur la façon de jouer, il n'y a pas que des chiffres passifs, même s'il en a aussi de ce type. Les attributs autrefois négligés, comme le Sang Froid, sont bien plus séduisants à présent, même s'ils ne valent pas forcément ceux permettant de forcer l'ouverture des portes. On peut vraiment jouer un build basé sur la vitesse, ou un tank sur pattes à présent, surtout avec les Cyberwares. On notera aussi que le build Netrunner a été bien nerfé, cela ne se limite plus à jouer un magicien planqué à longue distance, capable de vider une base militaire sans le moindre risque. Et c'est tant mieux. D'un autre côté, vous pouvez sauter de votre moto en marche pour atterrir spectaculairement sur les ennemis avec un grand coup de marteau.
Cyberwares
Le système d'implants a été largement révisé, bien plus que les compétences. Les implants cybernétiques font à présent office de principale source d'armure en jeu, plutôt que l'équipement. Il y a bien plus d'emplacements disponible et leur impact est généralement plus important aussi. Cyberpunk 2077 s'est davantage inspiré des règles du jeu sur table et de l'anime, on est vraiment poussé à s'implanter autant de "chrome" que possible afin de booster son efficacité au combat. Notre corps a néanmoins une limite qu'il est impossible de dépasser à moins d'investir dans une certaine compétence, qui s'accompagne d'effets négatifs sur la santé. On ne pourra malheureusement pas risquer la cyberpsychose, mais il faut dire que V a déjà l'esprit bien perturbé, cela aurait été redondant. Les nouveaux implants sont vraiment intéressants aussi, et on peut se transformer en cyborg de combat blindé capable d'encaisser d'immenses quantités de dégâts avant de répliquer avec ses armes intégrées.
Police et IA améliorées
La blague honteuse qu'était le NCPD auparavant appartient enfin au passé. La police de Night City est enfin d'une incompétence crédible et cohérente. Les agents vont vous poursuivre à pied ou en voiture, au lieu de se téléporter par magie dans votre angle mort. On peut néanmoins regretter que Cyberpunk 2077 ne nous encourage pas à interagir avec elle, contrairement à un GTA. Si vous jouez normalement, les interactions sont limitées, mais si vous décidez d'affronter les forces de l'ordre, la situation va rapidement empirer, avec des poursuites, des barrages routiers, et finalement, la redoutable Max-Tac. Elle est composée escouades de la mort aéroportées, avec plusieurs variations possibles. Si vous êtes à la recherche de défis, cherchez à la faire venir. En règle générale, l'IA est bien plus active et agressive, avec des ennemis plus variés, dotés de leur propre style de jeu. Les Netrunners ennemis sont aussi de véritables menaces. Cela contribue à rendre les combats plus intéressants. Vos adversaires lancent des grenades, utilisent leurs cyberwares (invisibilité, vitesse), ils n'hésitent pas à se mettre à couvert non plus. Ils sont néanmoins assez stupides par moment.
Combats en véhicule, et de véhicules
Pour commencer, la conduite est bien plus agréable que par le passé. Le fait qu'on soit capable de tirer tout en conduisant, sans instantanément s'encastrer dans un poteau le montre bien. La carte est aussi bien plus lisible. Cela reste néanmoins une facette assez secondaire du gameplay en général. Et c'est encore plus vrai pour les véhicules armés. À moins de vouloir s'amuser à affronter la police et la Max-Tac en semant le chaos en ville, on manque d'opportunités un peu plus naturelles d'en faire usage.
Butin, objets et fabrication
Nous sommes bien plus mitigés sur ce point. Si d'un côté, le nouveau système est plus cohérent et propre, avec des armes mieux équilibrées qui correspondent à différents styles de jeu. De l'autre, la qualité des objets trouvés dépend presque exclusivement de votre niveau et/ou de votre réputation à présent. Cela veut dire qu'au début du jeu, même en tuant un redoutable Cyberpsycho qui vient de massacrer des dizaines de flics, vous n'allez trouver que des objets gris, de la qualité minimale. Mais par la suite, vous allez voir apparaître du vert, puis du bleu, et enfin du violet, voire de l'orange. Il faut passer par la fabrication pour accélérer un peu les choses, même si ce n'est pas une solution miracle.
Une fois à très haut niveau, vous allez littéralement ramasser des brouettes d'objets épiques et légendaires dans n'importe quel placard à balais appartenant au pouilleux du coin. C'est néfaste en termes d'immersion et assez déplaisant. Pour prendre un contre-exemple récent et populaire : Baldur's Gate 3, qui permet de trouver des objets magiques surpuissants rapidement en sachant où chercher. Néanmoins, faire des soins et des grenades des capacités à temps de recharge, plutôt que des consommable était clairement une bonne idée.
Notre avis sur Cyberpunk après le Patch 2.0
Globalement, le Patch 2.0 est bon, et il permet de transformer Cyberpunk 2077 en un jeu qui mérite d'être fait, ou refait avec plaisir. On regrette surtout que la progression de l'équipement n'ait pas été mieux pensée, mais c'était peut-être difficile à éviter, s'il fallait refaire la distribution de tous les objets du jeu. Cela a au moins le mérite de toujours offrir un butin intéressant. Notre autre critique concerne l'éternelle faiblesse du jeu : un nombre toujours étonnant de bugs. Entre les raccourcis qui ne fonctionnent pas sans charger régulièrement, les ennemis bloqués dans le décor ou qui vous repèrent par magie, la voiture invoquée qui apparaît sur son toit et pas mal d'objectifs de quête qui ne se déclenchaient pas correctement. Ils ont heureusement tous été corrigés avec le combo sauvegarde rapide puis chargement rapide. On vous dirait bien d'attendre encore un peu pour que cela soit réglé, mais nous ne sommes pas certains que les développeurs en soient capables.
Les rails de la liberté
Ironiquement, nous avons beaucoup moins de choses à dire sur l'extension, puisqu'elle est majoritairement construite sur les fondations du Patch 2.0. Commençons par préciser que vous pouvez découvrir l'extension Phantom Liberty en progressant suffisamment loin dans l'histoire principale, ou alors, en choisissant un personnage déjà préparé par le studio, avec un niveau et l'équipement requis pour découvrir ses nouveautés sans avoir à recommencer à zéro.
Pour prendre une comparaison qui devrait parler aux fans de The Witcher 3, c'est assez similaire à Hearts of Stone pour l'intrigue, mais en dessous de Blood and Wine pour le contenu. On n'a pas droit à une immense région supplémentaire, mais à un nouveau quartier, qui est une grosse extension de Pacifica : Dogtow. Une sorte d'enclave emmurée et lourdement militarisée dans laquelle le gang des Barghest assure un vague semblant d'ordre à la place de la police. Un ancien militaire plutôt charismatique fait office de chef du crime local. Mais quand Space Force One, l'avion spatial de la présidente des NUSA est détourné, et il se crashe dans le quartier, c'est V qui est appelé à la rescousse pour diverses (bonnes) raisons.
On ne va pas vous spoiler l'intrigue, mais on a l'impression d'être plongé dans un film d'espionnage a grand spectacle comme James Bond ou Mission impossible, à la sauce Cyberpunk. Les activités sont variées, mais on retrouve les différents clichés du genre, qu'on aime retrouver dans les films du genre : complots, manipulation, trahisons, infiltration, déguisements, poursuites en voiture et discussions à cœur ouvert sur ce qui motive chaque personnage important. Qui aurait cru que les espions étaient aussi bavards ? À moins que cela soit une tentative de vous manipuler.
Tout cela pour dire que vous n'allez pas juste escorter la présidente jusqu'à sa limousine, et que des choix difficiles vont vous être demandés tôt ou tard. Ce n'est pas immédiatement apparent, puisqu'on retrouve le système de dialogues superficiel de Cyberpunk 2077, avec les réponses et les actions de V qui ne sont que de très légères variations, n'ayant aucun impact, jusqu'à ce qu'on arrive aux véritables décisions, souvent binaires, entre deux énormes fusillades face à des dizaines d'ennemis.
Même si c'était parfois un peu forcé, les principaux personnages de Phantom Liberty ne manquent pas de personnalité, et même sans forcément approuver leurs choix, on ne peut s'empêcher de s'attacher un peu à eux. Nous n'avons pas eu le temps de tester tous les embranchements possibles, puisqu'il y en a plusieurs, avec des choix séparés de plusieurs heures. Nous avons néanmoins eu la plaisante surprise de découvrir au moins une nouvelle fin globale à l'histoire de Cyberpunk 2077, ce qui montre que ce n'est pas une simple parenthèse à ignorer ou une petite histoire annexe.
Lâcher une caisse là où il ne faut pas
Phantom Liberty ajoute deux zones, la principale est Dogtow, l'autre est annexe, mais elle manquait à l'appel dans Night City : le site de lancement de navettes spatiales. Dogtown est vraiment différent, il parvient à donner l'impression que le reste de Night City est relativement ordonné et propre, ce qui est déjà une belle performance. Il y a des ordures partout, et certaines sont mêmes dotées d'un équipement militaire. Vous aurez de multiples occasions de vous y frotter, que cela soit dans le cadre de l'histoire principale, lors de la dizaine de nouveaux contrats plutôt intéressants, ou pour vous emparer des cargaisons d'armes.
En effet, Dogtown sert de hub pour le trafic d'armes, et des navettes viennent régulièrement larguer des caisses de matériel dans la zone, afin que les membres du Barghest puisse les récupérer afin de les revendre à leurs clients. Mais rien ne vous interdit d'essayer de mettre la main dessus. Il existe différents points de largage réguliers en ville, avec plusieurs issues possibles. Parfois le Barghest est arrivé avant vous, parfois il affronte un autre gang, et si vous avez de la chance, vous serez le premier. Comme le contenu des cargaisons est vraiment de grande valeur, il est toujours tentant de faire un détour en voyant un fumigène, même si cela devient vite répétitif.
Dans la même veine, une nouvelle activité infiniment répétable est présente dans toute la ville : le vol de voitures spécifiques marquées d'une icône. Grimper à bord déclenche un mini-défi, comme d'éviter d'abîmer le véhicule, ou au contraire, éliminer les poursuivants qui vont apparaître avant de la ramener au garage. Cela permet enfin d'exploiter les combats en véhicule. En plus de rapporter de l'argent, cette activité va aussi réduire le coût de toutes les autres véhicules du jeu, qui sont aussi rassemblés sur un site présent sur le NET de Night City. Cela rend leur acquisition bien plus longue et coûteuse. De nouveaux véhicules surarmés, voire blindés sont aussi disponibles à l'achat, dès fois qu'un rendez-vous avec la Max-Tac vous attende.
Phantom Liberty introduit aussi une centaine de nouveaux objets, dont des Cyberwares et des armes. Il est difficile de les démêler des autres nouveautés du Patch 2.0, mais nous avons remarqué quelques ajouts sympathiques, comme un fusil de sniper capable de tirer à travers les murs, et la possibilité de se rendre invisible quelques instants. Un nouvel arbre de talent dédié à la Relic est aussi introduit. On peut vraiment personnaliser son gameplay avec tout ça. Mentionnons aussi rapidement l'ajout d'un nouveau mini-jeu plutôt sympa sur borde d'arcade : Trauma Team. Dommage qu'il soit quasiment injouable au clavier, et qu'il ait fallu brancher une manette.
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