Découvert sous l’appellation de Secret Legend en 2015, TUNIC a su se faire remarquer sous son nouveau nom, lors de l’E3 2017 et 2018, par sa direction artistique colorée et son côté Zelda-like. Il faut dire que ce petit titre indépendant développé par Andrew Shouldice et signé Finji Games a tout pour séduire et devenir un grand. Il a toutefois fallu se montrer patient, puisqu’il n’est réapparu qu’en 2021, toujours à l’E3, avec une démo mise à disposition des joueurs, pour ne sortir finalement que cette année sur PC (Steam, Epic Games Store, GOG) et en exclusivité console sur Xbox One et Xbox Series. Il est donc temps de voir si l’attente en valait la peine et si le petit renard devant faire face à bien des dangers, dans ce jeu d’action-aventure, sait être aussi convaincant qu’il est séduisant.
- Genre : action-aventure
- Date de sortie : 16 mars 2022
- Plateforme : PC, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : Andrew Shouldice
- Éditeur : Finji Games
- Prix : 29,99€ sur Microsoft Store
- Testé sur : PC
Le pouvoir de défier la mort
TUNIC commence avec une situation on ne peut plus classique du genre : le petit renard tout mignon et sans nom que vous incarnez se réveille sur le bord d’une plage. Sait-il qui il est et quelle est sa mission, ou a-t-il perdu la mémoire ? Aucune idée. Vous ignorez en effet ce que vous faites là, ce que l’on attend de vous et ce qui vous attend, mais il faudra vous en contenter car vous n’en saurez pas plus. Sans parole, le titre est en effet avare en explications, et c’est à vous de découvrir non seulement le pourquoi mais aussi et surtout le comment. Vous commencerez par vous emparer d’un bâton à l’intérieur d’un coffre qui vous sera bien utile pour vous défendre contre les créatures qui peuplent ce monde. Vous trouverez ensuite une porte, derrière laquelle vous rencontrerez, sous forme fantomatique, une renarde qui semble emprisonnée, avant de vous réveiller devant cette porte définitivement close mais derrière laquelle un grand trésor permettant de défier la mort serait enfermé. Il vous faudra alors sonner les cloches de l’est et de l’ouest. Mais pour quelle raison, où sont-elles, que sont-elles et comment les rejoindre ? Vous devrez vous débrouiller par vous-même pour éclaircir tout cela.
Quelques feuilles tirées d’un recueil sont cependant disséminées un peu partout et vous délivreront des conseils et des astuces qui vous seront bien utiles. Il peut s’agir d’informations sur le fonctionnement du jeu, de cartes des différents lieux à explorer, ou encore de comment venir à bout des énigmes face auxquelles vous vous retrouverez. Mais ce n’est pas si simple, encore faut-il saisir leur sens profond. En effet, rien n’est jamais très explicite et pour compliquer encore un peu plus les choses, seuls quelques mots sont en français, tout le reste est retranscrit dans un langage inconnu composé de symboles. L’univers de TUNIC est rempli de secrets à percer et le titre ne se limite donc pas à de l’exploration et des combats, il renferme également tout un tas de puzzles qui vous demanderont de faire appel à vos méninges pour en trouver la clé. De ce côté-là, il est particulièrement efficace, et trouver une solution sera à chaque fois un soulagement. Le problème est que cela n’est pas forcément possible au moment où vous tentez de le faire. Il faut parfois attendre de disposer d’un objet, d’un pouvoir ou d’informations supplémentaires. Et comme vous ne savez pas toujours clairement où vous devez aller, ni ce que vous devez faire, vous avez toujours le doute de chercher en vain et de tourner en rond inutilement, au risque de vous décourager.
Labyrintunic
Les différentes parties du monde de TUNIC, dont certaines se présentent comme des donjons, sont de surcroît assez labyrinthiques, et il est facile de s’y perdre, surtout au départ lorsque vous ne disposez pas de la carte ad hoc. Toutes ces inconnues peuvent désemparer au départ, vous pouvez vous sentir un peu perdu, sans trop savoir quoi faire ni comment vous y prendre, mais il serait dommage de ne pas insister car le jeu finit ensuite par révéler tout son potentiel, une fois que vous en avez saisi le concept. Il ne cesse de vous étonner, comme de vous apporter la satisfaction de surmonter une énigme. Il faut certes parfois s’accrocher un peu, mais le voyage est prenant. Et si vous cherchez votre chemin, quelques longues vues permettent de repérer un peu les lieux et des raccourcis (portes, passerelles, échelles, cordes) peuvent être débloqués pour écourter votre trajet la fois prochaine, surtout lorsque vous butterez sur une difficulté et mourrez en devant repartir du point de respawn. Notons d’ailleurs que celui-ci se trouve parfois inutilement trop loin, vous obligeant à refaire à chaque fois tout le trajet jusqu’au point problématique, en affrontant à nouveau tous les ennemis se trouvant sur votre route, c'est dommage et lassant.
À côté de cela, le level design est un modèle du genre, avec des liens souvent insoupçonnés venant régulièrement vous surprendre. La vue en 3D isométrique du jeu, sans possibilité de tourner la caméra, permet en effet de masquer divers passages et autres coffres secrets que vous serez à chaque fois ravis de découvrir. Il n’est donc pas évident de ne rien rater, même en cherchant à bien fouiller de partout. Le titre joue aussi sur la verticalité, avec différents niveaux. Et sa direction artistique old school aux graphismes épurés tout en couleurs saura vous séduire, tout comme la bande-son signée Lifeformed (Dustforce, Double Fine Adventure), souvent douce et envoûtante mais sachant aussi s’effacer complètement pour marquer les moments clés et ne laisser place qu’à la conception sonore de Power Up Studio (Celeste, Darkest Dungeon, Subnautica : Below Zero). N'oublions pas de mentionner la fibre nostalgique de ceux qui verront dans TUNIC un descendant de Zelda. En même temps, comment faire autrement ? Il s’agit en effet là du jeu fétiche d’Andrew Shouldice qui lui a clairement servi d’inspiration. Comment ne pas voir Link dans ce petit renard à la tunique verte qui mettra vite la main sur une épée bien plus efficace face à ses adversaires, puis sur un bouclier, tous deux rappelant grandement ceux du jeu phare de Nintendo ? Et ça fonctionne plutôt bien, que ce soit dans les forêts, les ruines, ou encore les catacombes qui vous attendent dans cette aventure, mais il serait bien réducteur que de limiter ce titre à un Zelda-like.
Il ne faut pas soulsestimé le renardeau
L’exploration, comme les puzzles à résoudre, sont au cœur du jeu, mais les combats sont également omniprésents. Vous pouvez ainsi affecter les armes ou les objets qui vous semblent les plus utiles à trois boutons de la manette de jeu (ou touches du clavier), le quatrième étant réservé à l’esquive via une roulade. Le bestiaire est en effet plutôt varié (mucus visqueux, araignées, oiseaux lugubres, crocodiles féroces, gardiens armés, …) et il faut s’adapter aux forces et faiblesses de chacun. Sous ses airs un peu enfantins, TUNIC se révèle en fait bien plus exigeant que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Et outre l’épée et le bouclier, vous mettrez aussi progressivement la main sur différents objets magiques que l’on se privera bien de vous décrire ici pour vous en laisser la surprise. Vous pourrez également trouver, ou acheter auprès d’étranges entités cachées, divers objets comme des bombes glaciales ou incendiaires, des bâtons de dynamite, mais aussi d’autres dont vous devrez découvrir l’utilité en les essayant et qui pourraient booster vos compétences ou vous permettre de récupérer des points de vie, de magie ou d’endurance. Car oui, il vous faut gérer votre endurance qui s’épuise lorsque vous utilisez le bouclier ou esquivez (mais pas en attaquant). Elle se recharge avec le temps, mais vous serez bien vulnérables lorsque vous en serez dépourvu, alors attention. Pour la magie, les ennemis vaincus peuvent aussi laisser derrière eux de quoi recharger un peu votre jauge, et pour la santé vous disposez de potions à consommer pour vous soigner. Sinon, il suffit de repasser par un point de respawn pour non seulement activer celui-ci en sauvegardant votre progression, mais aussi recharger tout votre stock, tout en faisant en contrepartie repoper toutes les créatures vaincues, à l’exception des boss.
Mais pour pouvoir survivre aux affrontements, surtout face aux boss justement, il vous faudra également bien observer leur pattern pour pouvoir vous y adapter et savoir agir au bon moment. Le titre prend donc, pour les combats, plutôt modèle sur les Souls, avec la nécessité de s’y reprendre à plusieurs reprises avant de trouver la solution. Mais si vous finirez par vous habituer et à apprendre à contrôler efficacement votre personnage, il se peut tout de même que vous ragiez quelques fois de son manque de répondant, surtout au départ, car il devient bien plus vif à la fin, ou lorsqu’une erreur de verrouillage de cible vous amènera à frapper la mauvaise. Et si au départ votre petit renard est assez faible, il gagnera bien vite en puissance grâce à son nouvel équipement, mais aussi en augmentant, à vous de trouver comment, vos PV, PM et endurance, mais aussi votre attaque et votre défense, comme le nombre de potions de soin à votre disposition. Il n’empêche que certains combats de boss peuvent s’avérer assez tendus. En cas d’échec, vous retournez au dernier point de sauvegarde et perdez une petite partie de vos gains, mais tout ce qui a été fait et obtenu (coffres, raccourcis, …) demeure, de même que ce qui a été consommé est définitivement perdu (sauf ce qui se recharge au point de respawn). En retournant sur le lieu de votre mort, vous pouvez de surcroît récupérer l’argent perdu sur votre fantôme, tout en bénéficiant alors d’une petite impulsion générant des dégâts sur vos adversaires, ce qui vous donne un petit avantage qui peut être bienvenu.
Voir la suite