Disponible dès demain sur Nintendo Switch, Triangle Strategy de Artdink est un tactical-RPG à la japonaise, avec des mouvements de troupes au tour par tour sur des damiers de plusieurs niveaux. Genre très peu représenté de nos jours, voyons ensemble ce que vaut cet hommage assumé aux ténors de la discipline.
- Genre : Tactical-RPG
- Date de sortie : 4 mars 2022
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Artdink
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 49,99€
- Testé sur : Nintendo Switch
Poires et sel
Dans Triangle Strategy, trois grands royaumes se disputent le contrôle de deux ressources rares : le fer et le sel. A la tête de l'une des grandes maisons de Glennbrook, vous allez devoir faire vos premières armes en tant que dirigeant à une période un peu particulière de la vie du continent. Des montagnes gelées d'Aefrost aux terres sacrées de Hyzante, vous allez avoir du taf et lorsque la diplomatie ne sera plus une option, ça sera à vous et à votre armée de fortes-têtes de mettre les points sur les i. Voilà pour le synopsis, assez banal pour ce genre de jeu et qui démarre très très lentement, avec des chapitres introductifs bourrés de présentations.
Oui, il y a beaucoup de personnages et oui, il est important d'introduire certains d'entre eux assez rapidement dans l'intrigue, mais Triangle Strategy s'étale beaucoup trop. L'écriture est bonne, toutefois l'emploi du langage soutenu en permanence et la surabondance de dialogues superficiels finit par agacer. Heureusement, Triangle Strategy a quelques beaux retournements de situation dans sa valise et globalement, influer sur le destin des 3 royaumes est tout à fait satisfaisant. On est bien loin de la déconvenue Octopath par Acquire, ici nous avons vraiment le droit à un vrai bon groupe de J-RPG et même si le jeu est maladroit parfois, il est suffisamment propre sur lui pour que vous suiviez sa trame principale d'environ 30 heures avec plaisir.
Ça balance grave
L'objectif avoué des productions HD-2D est de replonger les joueurs à une époque où tout était plus simple et lors de laquelle les J-RPG sortaient par packs de 12 au Japon. Si quelques jeux indépendants ont réussi à tirer toute la quintessence du sous-genre T-RPG pour les remettre à leur sauce (Into the Breach, c'est à toi qu'on pense), il est toujours très rare d'en voir de nos jours. Les deux plus fidèles représentants de cette école de gameplay, Final Fantasy Tactics et Tactics Ogre LUCT n'ont même pas encore eu le droit à un petit ravalement de façade par Square Enix, ce qui est plutôt étonnant, mais qui va bien arranger les affaires de Artdink pour Triangle Strategy. Parce que très concrètement, TS prend les deux monuments du dessus en canevas et s'il a bien quelques petites originalités à faire valoir, il s'agit surtout d'une variation sur le même thème. C'est clairement assumé et ça plaira sans aucun doute aux nostalgiques, mais est-ce que cette nouvelle prod' éditée chez Square Enix réussit à tirer son épingle du jeu grâce à des idées qui lui sont propres ? Eh bien oui... Mais !
Nous l'avons déjà abordé dans notre preview, c'est surtout la balance du jugement qui est enthousiasmante, puisqu'elle vous permet de mettre les membres du groupe à contribution lorsque viennent les moments de choix cruciaux. Si vous ne parvenez pas à les convaincre, alors il est probable que votre avis à vous, en tant que joueur, ne soit pas respecté et que ce soit vos compagnons qui décident pour vous. Si vous souhaitez rester maître de votre destin, il va falloir aller parler à tout le monde au cours des interludes, afin de récolter des informations capitales qui serviront d'argumentaire au moment des dialogues de la balance du jugement. Vous devrez également composer avec 3 statistiques de morale invisibles aux yeux du joueur, et qui vont peser elles-aussi dans les décisions. Un bon système et qui, à terme, permettra de profiter de plusieurs conclusions que nous ne détaillerons évidemment pas ici. Pour l'aspect "batailles" pur, Triangle Strategy est, comme nous le disions un peu plus haut, classique de chez classique. Les types d'unité et leurs déplacements divers, l'importance du nivellement de l'arène, les différentes surfaces élémentaires à exploiter... On connait tout ça mais ce n'est pas grave, Triangle Strategy coche toutes les cases d'un bon T-RPG et remplit donc parfaitement son office de "nouveau vieux-jeu" côté gameplay.
Une 2D carrée
Cette révision du moteur HD-2D, qui sera également utilisée pour le remake de Live-A-Live, gomme les quelques imperfections que l'on avait pu constater sur Octopath Travelers. il faut dire que Artdink ne s'est pas aventuré à créer des zones de jeu trop grandes, mais c'est un peu le genre qui veut ça : l'exploration n'est finalement qu'une distraction de second ordre dans un T-RPG, même si la recherche d'informations dans les moments les plus calmes est à prendre en compte, si vous comptez tirer les fils de l'Histoire à votre guise. Les arènes de combat, les effets des magies et globalement tout l'enrobage visuel est très propre et rappelle évidemment "la grande époque" des RPG japonais. Toutefois il manque quelques petits détails pour que l'effet "néo-rétro" soit convaincant : par exemple, des portraits stylisés pour chaque boite de dialogues de personnage auraient grandement aidé à s'immerger dans ces terres chargées en pixels.
Alors certes il n'y en avait pas à l'époque, mais si on va par là il n'y avait pas de doublage intégral non plus. Dommage que les développeurs n'aient pas fait ce petit écart qui aurait pu, selon nous, ajouter une petite touche de personnalité supplémentaire au jeu. Rien à dire par contre sur le plan musical : comme sur Octopath Traveler on est pressé de découvrir de nouvelles zones, précisément parce que l'on sait qu'elles amèneront de nouvelles pistes. Une OST épique à souhait et qui accompagne très bien les différentes destinées entremêlées dans Triangle Strategy.