Bugs en tout genre, ire des joueurs ou encore piratage, le lancement de Cyberpunk 2077, le dernier jeu d'action-RPG de CD Projekt Red, a été plus que mouvementé. Mais il semblerait bien que le studio ne soit pas le seul responsable. D'après la chaine Youtube Upper Echelon Gamers qui affirme avoir reçu des documents confidentiels d'un employé de Quantic Lab, la société externe d'assurance qualité de Cyberpunk 2077, basée en Roumanie, n'aurait pas été à la hauteur du service demandé et serait en partie responsable de ce lancement quelque peu chaotique.
Une entreprise d'assurance qualité défaillante ?
Upper Echelon Gamers a reçu ce qu'il prétend être "un dossier de 72 pages sur les tests d'assurance qualité, des documents sur les ressources humaines de Quantic Lab, des diagrammes du processus de travail" et d'autres documents. Une source que la chaîne Youtube estime légitime, tout en mettant en avant les nombreuses preuves fournies. À la lumière de ces nouvelles informations, CD Projekt Red n'a pas souhaité commenté les rumeurs.
Après trois retards, Cyberpunk 2077 est sorti en décembre 2020 avec une foule de problèmes techniques tristement célèbres, entraînant des remboursements, le retrait du titre du PlayStation Store et la chute des actions de CD Projekt.
Dans le processus qualité du jeu, CD Projekt Red a fait appel à Quantic Lab, une société externe d'assurance qualité qui a notamment travaillé avec des studios tels qu'Ubisoft, Techland, Paradox et Deep Silver. Le rapport d'UEG affirme qu'en 2019, plusieurs membres de Quantic Lab ont été envoyés à CD Projekt pour rencontrer les développeurs principaux de Cyberpunk 2077 afin de discuter du processus d'assurance qualité. Cependant, au lieu d'être composée de testeurs vétérans, l'équipe d'assurance qualité aurait été en grande partie composée de membres juniors du personnel ayant moins d'un an d'expérience — même le chef de projet d'assurance qualité de Cyberpunk 2077 n'aurait eu qu'un an d'expérience.
Une équipe qualité en sous-effectif ?
Toujours selon UEG, Quantic Lab aurait exigé que ses testeurs reportent à minima 10 bugs par jour. Résultat, CD Projekt aurait été submergé par des problèmes visuels ou de performance mineurs qui ne figuraient pas sur la liste des priorités, et ce temps n'aurait pas été consacré à des bugs importants et susceptibles de casser le jeu. "Finalement, Quantic Lab a reçu l'instruction expresse de cesser d'envoyer des recherches de bugs de faible priorité et de se concentrer sur les problèmes plus importants", déclare UEG. "Mais le mal était déjà fait et CD Projekt Red était déjà très mécontent."
Il est également allégué que Quantic Lab a trompé ses partenaires, dont CD Projekt, sur le nombre de testeurs travaillant réellement sur le jeu, afin de prolonger les contrats : "Selon ma source, entre 2019 et 2020, Quantic Lab faisait de fausses déclarations autour de la taille de l'équipe pour obtenir ou prolonger des contrats".
Selon les documents confidentiels, à l'été 2020, l'équipe de test de Cyberpunk 2077 chez Quantic Lab est passée de 30 à 60 personnes. Cependant, il est affirmé que ces 30 nouveaux testeurs étaient de nouvelles recrues avec très peu de formation, ce qui aurait distrait le personnel plus expérimenté et aurait généré encore plus de pression. La direction de Quantic Lab aurait également interdit aux testeurs de faire référence au fait qu'ils ont travaillé sur le jeu, leur interdisant même de l'inclure dans leur portfolio lorsqu'ils postulent à de futurs postes.
Quantic Lab contre-attaque
Suite à la diffusion de la vidéo, Stefan Seicarescu, le PDE de Quantic Lab, a tenu a répondre aux accusations. Stefan Seicarescu a ainsi déclaré que la société "s'efforce toujours de travailler avec transparence et intégrité avec nos partenaires de l'industrie".
"La vidéo publiée sur les médias sociaux commence par des déclarations incorrectes sur l'histoire de Quantic Lab", a déclaré Seicarescu. "Il semble y avoir un manque de compréhension [de la part de l'ancien employé de Quantic Lab : ndlr] dans le processus de test d'un jeu avant sa sortie sur le marché".
Il a précisé que Quantic Lab emploie actuellement plus de 400 salariés répartis dans trois bureaux en Roumanie et que la société compte plus de 60 clients actifs. "Quantic Lab soutient plus de 200 projets par an de plusieurs éditeurs mondiaux de premier plan et continue à maintenir une approche de la qualité avant tout pour tous les travaux que nous entreprenons."
Certes, le PDG ne nie pas toutes le allégations, mais veut surtout montrer que ce rapport contient des informations erronées. Difficile donc de distinguer le vrai du faux. Pour l'instant, CD Projekt Red n'a pas souhaité commenter la situation.