Photo : LoL Esport
Après la véritable claque reçue par Fnatic durant ses playoffs du LEC (défaite 0-3 contre Schalke 04), difficile de dire qui des joueurs ou des fans de la structure sont les plus déçus. Alors que cette équipe historique de la scène européenne est habituée à jouer les premiers rôles, elle s'est fait violemment renvoyer au rôle de simple figurant. Si les fans les plus delusional plaideront pour la thèse de l'accident, on peut cependant se demander si ce déclassement ne risque pas de s'installer dans la durée. Il y a encore un Summer Split pour rebondir et se rattraper, mais la santé de ce géant de League of Legends — seule équipe européenne sacrée championne du monde, en Saison 1 — inquiète.
L'organisation serait-elle en train de vivre sa pire année compétitive ?
D'un point de vue comptable, Fnatic sort le pire segment de son histoire en LEC et LCS EU à égalité avec son Summer 2016. À l'époque, l'équipe était en reconstruction mais avait quand même réussi à faire illusion lors du Spring Split avec une 3e place. En 2021, si on se réfère uniquement à l'état actuel du roster, on n'est même pas certain que l'équipe soit capable de grimper sur le podium pour l'été...
Les orange et noir semblent criblés de faiblesses, tandis que les autres équipes du LEC apparaissent comme des mastodontes, certainement mieux armées. Les signes sont très inquiétants et le départ de Martin "Rekkles" Larsson semble avoir laissé des traces. Fnatic pourrait bien reculer d'un cran dans la hiérarchie et perdre son statut de top team européenne.
Où sont les leaders individuels ?
La faillite est collective et il n'y avait pas besoin d'attendre les playoffs pour avoir peur. La saison régulière a été compliquée et Fnatic s'est contenté d'une modeste 5e place avec 9 victoires pour 9 défaites. Ces 50 % de victoire étaient suffisants pour accéder aux phases finales mais ne présageaient rien de bon, surtout en terminant sur 3 défaites consécutives lors de la Superweek. Au-delà du collectif, l'équipe manque cruellement d'individualité et tous les joueurs ou presque ont déçu dans ce début d'année 2021.
- Gabriël "Bwipo" Rau : le toplaner Belge fait toujours autant parler de lui sur les réseaux ou sur le plateau d'analyse. Mais malgré son sourire et son attitude espiègle, son niveau de jeu pose quelques questions. Il est capable de sortir des énormes performances individuelles — avant de soudainement int comme jamais. Son style de jeu trop coinflip ne fait pas que du bien à Fnatic.
- Oskar "Selfmade" Boderek : Selfmade fait partie des meilleurs junglers du monde quand il est dans un bon jour et que son équipe domine. Avec son style de jungler carry, il joue un rôle décisif dans les victoires de Fnatic. Le souci : quand son équipe est moins souveraine, le Polonais disparaît totalement. On aimerait qu'il se cache moins dans la difficulté et qu'il soit plus influent quand ses équipiers ont besoin de lui.
- Yasin "Nisqy" Dinçer : de retour en Europe, Nisqy n'a pas démérité en arrivant dans une nouvelle équipe. Il a fait ce qu'il a pu, en recevant peu de priorité et en jouant volontiers des champions utilitaires comme Seraphine et Twisted Fate. Le souci, c'est qu'on attend plus de lui. Alors qu'on critiquait beaucoup son prédécesseur Tim "Nemesis" Lipovšek pour son manque de carry, le Begle n'a pas réussi à faire de grosse différence. Nemesis was not the problem.
- Elias "Upset" Lipp : bilan contrastée pour l'ADC allemand. À bien des égards, on peut considérer qu'il est le meilleur joueur de son équipe en ce début d'année. Il s'est très rapidement intégré au moule et a montré toute l'étendue de ses mécaniques. Le problème, c'est qu'il fait tout moins bien que Rekkles et qu'il souffre de la comparaison. Alors qu'il reçoit énormément de ressources et de priorité, il doit faire mieux.
- Zdravets "Hylissang" Iliev Galabov : Hyllisang est fidèle à lui même cette année. Avec 5,5 morts de moyenne en saison régulière et un des pires KDA, INTlissang a toujours autant le sens du sacrifice et du beau jeu. Quand son équipe gagne, ses prises de risques et ses erreurs passent inaperçues. Mais quand son équipe va mal, on les voit en plein jour. Alors qu'il est devenu malgré lui l'âme de son équipe, la communauté espère qu'il trouvera les bons mots pour remotiver ses troupes. Ses jeunes coéquipiers ont besoin de son leadership et le Professeur doit retrouver son facteur X.
Fnatic a du talent en son sein et peut espérer rebondir pour le Summer Split. Le début de saison est inquiétant mais si l'équipe arrive à se qualifier aux Worlds, tout sera pardonné.
Sans qu'il y ait de véritable raison de paniquer, rien ne nous pousse non plus à être confiant...