Crédit photo : Lolesports | Riot Games Inc.
Comme Nicolas "Nicolo" Laurent, CEO français de Riot Games, l'Europe se remet encore de l'élimination de G2 Esports en demi-finales des Worlds 2020. Et pourtant, malgré la sortie des Samourais, il paraît impossible de ternir le succès d'un événement qui, de bout en bout, a été un "voyage fou".
Maintenir les Worlds malgré la pandémie était un pari fou. "Les sports se sont arrêtés tout autour du monde, de nombreux événements ont été annulés, les ligues complètement suspendues," commente Nicolo, dans son discours d'ouverture, "mais dans cette période, l'esport sur League of Legends a prouvé sa résilience." Malgré une crise exceptionnelle, et les mesures drastiques ayant forcé l'arrêt temporaire du circuit, "fin mars, toutes les ligues avaient repris avec une croissance du nombre moyen de spectateurs supérieur à 30% par rapport à l'année dernière."
Le voyage fou est désormais sur le point de s'achever, puisque les Suning se confronteront aux DAMWON dans deux jours.
Pour le roster chinois, "cela pourrait être le début d'une reconnaissance internationale," pointe Nicolo, d'autant plus que "ils ont une histoire d'outsiders absolument incroyable."
C'est vrai qu'on n'attendait pas la formation chinoise aussi loin dans la compétition. Autant l'admettre, les Suning ont déjoué absolument tous les pronostics. Que ce soit contre JD Gaming, ou Top Esports, la 3e seed chinoise a systématiquement défié ceux qui avaient prédit sa défaite. Sans oublier le rôle de leur jungler, Lê "SofM" Quang Duy, les lions de Suning doivent en partie leur succès au talent de Tang "huanfeng" Huan-Feng, leur jeune ADC parti de rien — littéralement.
Parvenir à devenir joueur professionnel de League of Legends quand on est seul, sans parents, et dans un appartement sans lumière, est déjà un exploit en soi — mais finir sur la scène des Worlds, et en finale de surcroît, relève du miracle. Et du coup, encore une fois, le duel entre les lions de Suning et l'ogre coréen DAMWON fait figure de rencontre entre David et Goliath.
Pour Hu "SwordArt" Shuo-Chieh cela dit, les Suning ne doivent pas leur réussite à un coup de chance ou à une intervention divine. "Notre succès n'est pas un fait du hasard, notre équipe a beaucoup de bons éléments — des joueurs expérimentés, ainsi que des jeunes joueurs qui sont mécaniquement très talentueux — et nous cherchons à grandir de chacun de nos erreurs et de nos défaites."
Pourtant, ce coup-ci, les lions de Suning risquent bien d'avoir besoin d'un coup de pouce du destin — car face à eux se dressent une formation absolument terrifiante.
Et pour cause : les DAMWON ont une double motivation. Certes, ils souhaient inscrire leur nom au panthéon des équipes ayant soulevé la Coupe de l'Invocateur, mais surtout restaurer l'honneur bafoué de leur région — qui, malgré ses cinq étoiles, n'a pas gagné sur la scène des Worlds depuis 2017. Et la pression risque d'être d'autant plus forte pour l'armada coréenne que lui revient la lourde tâche de réussir là où Lee '"Faker" Sang-hyeok a échoué ces trois dernières années.
Plus encore, les DAMWON ont longtempés été réputés pour être des monstres de scrims qui supportaient mal la scène. On pourrait croire que le format quasi-online de la bulle sanitaire convenait à leur zone de confort, et que la finale en présence de 6000 spectateurs risque de les bouleverser — mais Heo "ShowMaker" Su n'est pas du tout de cet avis. "Toutes ces choses, c'est du passé. Je ne suis pas nerveux du tout." Après tout, la formation coréenne peut avancer dans cette finale avec confiance car le véritable test est déjà passé : les DAMWON ont vaincu les Samourais en demis, prenant leur revanche sur l'année passée, et prouvant au passage leur transformation.
Au final, l'ogre coréen et les lions chinois adoptent deux styles de jeu quasiment identiques, si bien que la finale du 31 portera elle aussi un double sens. Certes, elle couronnera l'équipe championne du monde de League, mais elle permettra aussi de départager le maître de l'apprenti...