Difficile aujourd'hui d'ignorer l'existence du Paris Saint-Germain. Fondé en 1970, le club de football dispose aujourd'hui d'une réputation qui dépasse bien largement les frontières françaises. Pour autant, la marque PSG cherche depuis plusieurs années à diversifier ses activités, notamment pour renouer avec ses fans. Dans le monde du football, il faut parfois attendre deux ans avant d'assister à un événement international, tandis que le monde de l'esport en organise plusieurs par année. Ce simple fait a suffit à motiver les officiels du club à mandater, en 2016, la création d'une branche dédiée à l'esport : le PSG Esports.
Le regard tourné vers l'Asie
La stratégie de diversification de marque du PSG n'a rien de nouveau. Comme le FC Schalke 04 pour le LEC, Izi Dream pour la LFL, ou FC Nantes pour la Div 2 — de nombreuses organisations du monde sportif ont décidé d'investir dans l'esport ces dernières années. Pourtant, la tendance n'a rien de nouveau, puisqu'en 2016 le PSG Esport avait tenté de rejoindre les LCS EU par le biais des Challengers Series.
Le club français avait alors réussi à débaucher Kim "YellowStar" Bora pour en faire son coach, nourrissant déjà l'image du PSG du prestige apporté par le célèbre support de Fnatic. Hélas, après deux saisons infructueuse, le PSG Esports renonce temporairement à ses ambitions, abandonnant ses prétentions vis-à-vis de la scène compétitive de LoL.
"En 2016, on a voulu aller trop vite," explique Yassine Jaada, "On a raté une première fois, de très peu, et la deuxième saison a été un fiasco."
Malgré l'échec de cette première phase, le PSG est néanmoins parvenu à mettre le pied dans le monde de l'esport, notamment en s'implantant en parallèle sur la scène compétitive de FIFA. Cela dit, bien que s'orienter vers un jeu sportif faisait sens pour un club originellement dédié au football, l'organisation désirait toujours marquer sa présence sur la scène d'un jeu Tier 1.
Puisque le PSG ne souhaitait pas associer son image avec un FPS comme Counter-Strike : Global Offensive, c'est tout naturellement que le PSG Esports s'est tourné vers le monde des MOBAs. En 2017, l'organisation signe un partenariat avec le roster DotA 2 de LGD Gaming, bien connu pour avoir affronté OG en finale de The International 2018.
"Pour nous, c'était compliqué de directement recruter une équipe Dota 2 sous notre blason alors qu'elle était à l'autre bout du monde" raconte Yassine, d'autant plus que l'internationalisation de la marque PSG était aussi une prise de risque.
Et, bien que PSG.LGD n'ait pas remporté l'Égide des Champions, le regard du PSG Esports se tourne vers l'Asie plutôt que vers l'Europe, et leur dernier partenariat en date avec Talon Esports ne fait que confirmer leur stratégie d'internationalisation.
Une rencontre providentielle
Plutôt que de chercher à nouer des liens avec un nouvelle organisation, le PSG Esports aurait pu se tourner à nouveau vers LGD Gaming, qui possède une équipe en LPL. Mais la chose ne s'est pas faite, non pas parce qu'elle était impossible, mais parce qu'une autre opportunité s'est présentée en chemin.
D'aucuns pourraient penser que le partenariat entre Talon Esports et le PSG est le résultat de milliers d'appel d'offres, et que le club français a juste choisi l'équipe hongkongaise parce qu'elle vient de se qualifier pour les Worlds, via les Playoffs des Pacific Championship Series. Et pourtant il n'en est rien, car le PSG s'intéressait à Talon Esports avant même que le Spring Split ne commence. A vrai dire, la rencontre entre les deux organisations semble simplement être un concours de circonstances heureux.
"J'ai rencontré Sean, le SEO de Talon Esports, à Bangkok, en novembre 2019, pour un sujet qui n'avait rien à voir avec LoL," raconte Yassine. "On s'est bien entendus, on s'est revus à plusieurs reprises, et il y avait un bon feeling, une même vision de l'esport."
Au delà des statistiques de l'équipe hongkongaise, le représentant du PSG Esport réfute haut et fort l'idée que cela ait pu être un choix de performance. "Tu ne peux pas vraiment te baser sur des chiffres ou sur un budget : c'est la personne qui compte. Est-ce qu'on va bien s'entendre ? Est-ce que ca va coller à notre identité ? C'est ça, les vraies questions."
En route vers les Worlds
Pour Yassine, Talon Esports — ou plutôt PSG Talon — a d'ores et déjà accompli son objectif de parvenir aux Worlds, et le reste n'est que bonus. Il est plutôt difficile de statuer précisément du niveau de l'équipe qui n'a pour l'instant brillé que sur la scène des PCS, d'autant plus que les représentants de cette ligue n'ont pas dépassé la phase de groupe l'année dernière.
Plus encore, un coup du sort est venu affliger l'équipe d'un nouvel handicap, puisque deux des joueurs titulaires, ainsi que l'entraîneur et l'entraîneur en chef du PSG Talon seront incapables de rejoindre Shanghai à temps pour le coup d'envoi des Play In.
Puisque Taïwan ne possède pas de consulat chinois, les deux membres du staff ainsi que Kim "River" Dong-woo et Park "Tank" Dan-won ont dû se rendre à Séoul pour y régler un problème de visa. Afin de respecter les 14 jours de quarantaines mis en place dans le cadre de la bulle sanitaire des Worlds, ils ne seront malheureusement pas en mesure de participer à la première phase du championnat. Ils pourront reprendre leur poste si le PSG Talon parvient à se qualifier pour le Main Event.
Le PSG Esport a ainsi recruté Hsiao "Kongyue" Jen-Tso et Chen "Uniboy" Chang-Chu, deux joueurs de l'équipe taïwanaise ahq Esports Club. Puisqu'ils jouent tous dans la même ligue, les Pacific Championship series, le nouveau roster devrait parvenir à trouver un certain équilibre, bien que l'absence de leur jungler et de leur midlaner titulaire se fera sans doute sentir…
C'est dans l'adversité que se forgent les plus belles histoires, reste à savoir si les joueurs du PSG Talon ont l'étoffe des champions.
Réponse à partir du 25 septembre...