Cela faisait des années que le studio TaleWorlds nous promettait sa suite de Mount & Blade, et les fans étaient visiblement dans les starting blocks. Pour preuve, nous avons pu observer un pic à plus de 189 000 joueurs sur la version early access, sortie ce 30 mars 2020 — pourtant vendue à près de 45 euros —, ce qui n'est pas un mince exploit. Cela fait déjà de Mount & Blade II : Bannerlord le lancement Steam le plus populaire de l'année pour le moment. Découvrez ce que nous avons pensé de cet accès anticipé, et ce qui explique l'engouement qu'il rencontre.
- Genre : Accès anticipé, Stratégie, RPG, Monde ouvert
- Date de sortie : 30 mars 2020
- Plateforme : PC
- Développeur : TaleWorlds Entertainment
- Éditeur : TaleWorlds Entertainment
- Prix : 49,99€
La défense de Cadia
Cette suite nous projette 200 ans avant les événements du premier jeu, sur le continent d'Arcadia. L'empire est sur le déclin, et de nombreuses factions en profitent pour tenter de s'emparer du pouvoir. Issu d'un clan déchu mais très ambitieux, vous démarrez modestement dans cette situation chaotique, qui attend que vous vous en serviez comme échelle. Allez-vous tenter de fonder votre propre royaume ? De créer un empire marchand ? Ou d'être un bandit sans foi ni loi ? Bien que la campagne solo du jeu offre un fil rouge que vous êtes libre de suivre ou non, vous êtes absolument libre de faire ce que bon vous semble.
La création de votre personnage reflète cela : vous pouvez choisir vos origines, puis vos accomplissements à différentes étapes de votre vie afin de déterminer vos statistiques de départ. Vous êtes libre de créer un guerrier chevronné, un diplomate, un marchand, un médecin ou un général, ou un mélange de tout cela, même s'il faut dire qu'au départ vos talents de gestionnaire et de bâtisseur n'auront pas trop l'occasion de briller. Il faudra mettre la main à la pâte pour vous prémunir des bandits et commencer à recruter une petite armée tout en récoltant des fonds. Les statistiques et talents de votre personnage se comptent par dizaines, et votre vitesse d'apprentissage dans chaque domaine dépendra de l'attribution de vos statistiques.
C'est ici que Mount & Blade 2 : Bannerlord est assez intimidant, puisqu'au départ, il est difficile de jauger ce qui est utile ou non dans votre situation. Early access oblige, de nombreuses fonctionnalités ne sont pas encore intégrées ou fonctionnelles. Après avoir créé un véritable leader diplomate, spécialisé dans l'arbalète, nous avons découvert avec horreur qu'aucun de ces éléments n'est vraiment utile au départ. Mais cela ne nous a pas empêché de reprendre rapidement du poil de la bête après quelques niveaux, la réorientation d'un personnage pouvant être effectuée rapidement. Le jeu dispose d'un tutoriel assez complet sur les fonctionnalités de base comme les combats à pied et à cheval, les quêtes et l'utilisation de l'armée, mais il vous laisse vous débrouiller pour toutes les fonctionnalités avancées pour le moment. Si vous n'aimez pas l'exploration et l'expérimentation, vous allez souffrir. Heureusement, le jeu est plutôt indulgent, et parfois une défaite donne une situation intéressante. Si vous êtes capturé par un groupe de bandits, ce n'est pas un game over, votre destinée peut encore changer.
Le mélange des genres
Au premier abord, votre protagoniste peut sembler important, mais après quelques heures de jeu, les dynamiques du gameplay changent. Pour ceux qui ne connaissent pas Mount & Blade, ce nouvel opus est un mélange entre Chivalry et Total War. D'un côté, vous devez prendre le dessus dans des combats médiévaux avec une caméra à la première ou à la troisième personne en fonction de vos préférences. L'accent est d'ailleurs tout particulièrement mis sur les combats à cheval, ce qui est plutôt inhabituel et déstabilisant dans un RPG. Mettre un coup d'épée au paysan du coin depuis son cheval est bien plus difficile qu'avec un revolver façon Red Dead Redemption. En plus des graphismes assez douteux (en particulier pour les décors), les combats sont loin d'être satisfaisants pour le moment. Les commandes ne sont pas très précises au clavier et à la souris, ce qui est un peu frustrant quand on doit réaliser des attaques et des blocages directionnels. De plus, les coups manquent à la fois d'impact et de précision en mêlée.
D'un autre côté, vous avez une armée qui semble pouvoir contenir jusqu'à 250 unités, toutes affichées et animées individuellement sur le champ de bataille, et auxquelles vous pouvez donner des ordres. Cela ne manquera pas d'engendrer des situations très impressionnantes. De plus, la préparation en amont de votre armée est importante : il faut prévoir de la cavalerie, des piquiers, des archers, et des armes de siège si vous souhaitez prendre un château. Si vous n'êtes pas un expert du duel à l'arme blanche, vous pouvez tout simplement vous planquer derrière vos hommes après tout.
Entre les batailles, vous disposez d'une vision stratégique de la carte alors que vous vous déplacez. Vous êtes libre de faire ce que vous souhaitez encore une fois. Vous pouvez intercepter les groupes de bandits locaux, ou faire l'inverse, c'est-à-dire piller une caravane, puis un village. Ces actions ne manqueront pas de changer votre réputation, ce qui va vous ouvrir ou vous fermer des portes. Il n'y a pas vraiment de jugement moral ici et vous êtres libres de jouer le groupe de héros conventionnel qui va accomplir des quêtes sur son chemin, ou de tenter de voir où vous mènera votre méchanceté débridée. Nous sommes vraiment curieux de voir le potentiel de chaque profession, car pour le moment, le combat pur et dur a l'air de servir de fondation quasi-obligatoire au reste.
La situation ne va pas manquer d'évoluer avec ou sans votre intervention, vous n'êtes pas le nombril du monde. Des tournois se déroulent régulièrement dans les villes, des batailles sont livrées entre les factions, avec des personnages importants qui se retrouvent capturés ou tués. Vous pouvez aussi avoir l'occasion d'intercepter un personnage clé, comme l'impératrice. Si votre armée est assez importante, vous pouvez tenter de vaincre son armée et de la faire prisonnière, une chose qui peut vous rapporter beaucoup d'or d'un coup. Signalons au passage que chaque faction dispose de bonus spécifiques, de son propre équipement et de ses doctrines de combat. L'empire est plus proche des fameuses légions romaines lourdement cuirassées, alors que d'autres s'inspirent des Vikings, ou des hordes mongoles avec des archers montés par exemple. L'architecture et la culture locale sont lourdement influencées par la chose. Se comporter partout de la même manière donnera des résultats très divers, tant au combat que lors des dialogues, pour ce que nous en avons vu.
Si vous n'aimez pas vous salir les mains, vous pouvez envoyer vos compagnons et vos soldats accomplir des tâches et des quêtes à votre place, pendant que vous gérez vos fiefs (du moins, lorsque vous en aurez). Vous passerez alors du statut de bande de mercenaires à celui de seigneur local. À votre charge de collecter les impôts, de préparer une garnison, de construire des murailles, etc. Un des charmes du jeu est clairement la montée en puissance possible au fil du temps. Mais rien ne vous interdira pour autant de charger en première ligne avec la cavalerie et un équipement de première qualité. Nous n'avons fait qu'effleurer la surface, et les développeurs ont prévu d'introduire de nombreuses nouveautés au fil des patchs avant la sortie.
Mode capitaine & PvP
En plus de la campagne, qui est strictement solo, vous pouvez aussi faire des expériences et vous amuser avec le mode capitaine. Celui-ci permet de paramétrer librement deux armées et d'en diriger une dans un affrontement instantané. Vous pouvez vous amuser à organiser un duel ou une gigantesque mêlée. Il est tout à fait possible d’arranger un combat totalement déséquilibré si le cœur vous en dit, et c'est un excellent entraînement pour les différentes phases du jeu.
Mount & Blade 2 incorpore déjà le multijoueur, avec trois modes PvP disponibles. Si trancher des soldats contrôlés par l'IA ne vous suffit plus, vous pouvez participer à des batailles rangées, des sièges et des escarmouches, avec différentes règles spéciales. Dans ce cas, nous nous rapprochons bien plus du gameplay de Chivalry (le sang en moins), mais cela permet de se concentrer sur l'action.
Bien que coûteuse, la version Early Access de Mount & Blade 2: Bannerlord est déjà très riche. Les possibilités sont immenses, et les bases du gameplay sont solides. Il faudra suivre la direction que prendra le développement dans les mois qui viennent, mais on peut déjà s'attendre à un RPG stratégique laissant au joueur une liberté immense et des batailles d'une ampleur rarement rencontrée dans le genre. En prime, les fans de PvP pourront peut-être y trouver leur compte aussi.
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