Initialement prévu pour le 21 mars 2019, The Sinking City avait finalement été reporté et sort finalement aujourd'hui 21 juin 2019 sur PS4, Xbox One et PC, en exclusivité temporaire Epic Games Store, le jeu ne devant débarquer qu'en 2020 sur Steam. Précisons que Bigben Interactive a également prévu de le lancer un peu plus tard sur Switch, comme l'a annoncé Nintendo à l'E3 2019.
Ce jeu d'enquête en monde ouvert, développé par le studio ukrainien Frogwares, qui avait précédemment œuvré sur Call of Cthulhu, avant qu'il ne soit repris par Cyanide, nous entraîne dans la Nouvelle-Angleterre des années 20, dans la ville fictive d'Oakmont. Dans la peau de Charles Reed, un détective privé de Boston, nous devons découvrir l'origine de l'étonnante inondation dont a été victime la ville, ainsi que l'origine des créatures qui s'y trouvent désormais et des visions qui s'emparent peu à peu des habitants, grands adorateurs de Kay qui vivent en symbiose avec la Maer. N'oublions pas que le jeu s'inspire de l'univers créé par Howard Phillips Lovecraft et que les hallucinations et autres monstruosités sont donc de rigueur.
- Genre : jeu d'enquête lovecraftien
- Date de sortie : 27 juin 2019
- Développeur : Frogwares
- Éditeur : Bigben Interactive
- Plateforme : PC (Epic Games Store), PS4 et Xbox One, prochainement sur Switch
- Prix : 48,99€ sur PC et 59,99€ sur console (PS4 et Xbox One)
- Testé sur : PC
Par Kay, la Maer est maudite ces jours-ci !
Ancien combattant ayant servi dans la marine durant la Grande Guerre, Charles W. Reed est l'unique survivant de l'USS Cyclops. Échoué sur une île où il pense avoir vu, contre l'avis de tous, des choses et des ruines peuplées de ses habitants, il n'a de cesse d'avoir des visions depuis. En contrepartie, il a acquis des pouvoirs qui lui permettent d'exercer à merveille ses fonctions de détective privé à Boston.
Mais les visions sont toujours là, et ce ne ne sont pas les quantités astronomiques de Laudanum, ce somnifère très addictif à base d'alcaloïdes issu du pavot, qu'il avale qui arrangent les choses. Il se trouve toutefois qu'il n'est pas le seul à avoir ces visions. Celles-ci semblent en effet faire l'objet d'une hystérie collective où chacun voit les mêmes images, tout particulièrement à Oakmont dans le Massachusetts où chaque habitant sujet à des hallucination se sent attiré par une présence dans cette ville qui se noie.
Charles Reed décide donc de s'y rendre, d'autant plus qu'un certain Johannes Van der Berg l'a invité à venir en prétendant avoir découvert la source de sa maladie et connaître quelqu'un ici capable de lui venir en aide. C'est ainsi, à bord du Charon, le seul bateau à venir à Oakmont depuis l'étrange inondation survenue six mois auparavant et ayant coupé la ville du continent, qu'il débarque. Oakmont n'apparaissant pas sur la plupart des cartes, peu de visiteurs s'y rendent. À son arrivée sur place, après un cauchemar subaquatique à base de poulpe géant, Charles Reed rencontre donc la pluie et, par la même occasion, Van der Berg.
Ce dernier lui apprend que Robert Throgmorton, qui appartient à l'une des trois grandes familles de la ville, connaît la solution à son problème. Mais celui-ci a un soucis plus important à régler pour l'instant : son fils Albert, qui était parti en expédition maritime au large de la ville pour étudier les mouvements géologiques sous-marins qui pourraient être la cause de l'inondation et de l'arrivée des malbêtes, les monstres que l'on trouve désormais partout en ville, est le seul membre de l'équipage à être revenu. Recueilli à bord d'une chaloupe par des pêcheurs dont un a été retrouvé mort, celui-ci a depuis disparu avec un autre pêcheur issu d'Innsmouth, un de ces réfugiés que Throgmorton n'apprécie guère et qu'il accuse d'être à l'origine de tous les maux de la ville. Voilà une première affaire à résoudre pour Reed avant de faire la lumière sur l'ensemble des évènements survenus ici.
Laudanum, mon amour
Dès le départ, The Sinking City installe une ambiance pesante. On sent que l'on n'est pas là pour rigoler et que ce n'est la grande forme pour personne. L'état de délabrement de la ville d'Oakmont, avec ses détritus qui jonchent les rues ou flottent à la surface de l'eau, ses épaves de véhicules et ses bâtisses en bien mauvais état avec les planchers crevés et toutes ces concrétions qui se sont installées un peu partout, ne fait qu'accentuer le phénomène. Et quand on voit la tête de ses habitants qui errent dans les rues, sans but apparent, on finit d'être persuadé que la ville est maudite.
Mais c'est aussi là le problème du titre, ces habitants semblent effectivement errer sans but, faisant d'incessants allers-retours complètement absurdes qui n'aident pas à les rendre crédibles. De plus, si les animations ont été améliorées depuis le début du développement du titre, grâce au motion capture, cela concerne surtout notre détective, car pour les autres, ça reste davantage robotique, sans parler de certaines de leurs activités annexes auxquelles on a également bien du mal à croire, à l'image de ces individus qui se battent sans se toucher, comme enfermés chacun dans un cube, jusqu'à ce que l'un s'écroule avant de tout recommencer à zéro ad vitam eternam.
Les PNJ lambda ne nous ont donc pas convaincu, surtout que l'on croise toujours les mêmes modèles clonés se livrant aux mêmes activités. Même les intérieurs des bâtiments sont recyclés, mobilier compris, tant et si bien que l'on a souvent l'impression d'avoir déjà fait cette mission. Pour ce qui est des PNJ à qui nous pouvons nous adresser, intégralement en français avec un jeu d'acteur honorable, on leur reprochera, à eux, de rester figés dans la même position jusqu'à la scène suivante, répétant sans cesse la même chose tant que celle-ci n'est pas débloquée. Tout ceci est d'autant plus regrettable que les graphismes, très sombres, retranscrivent plutôt bien l'univers glauque et malsain auquel la musique et les bruitages participent grandement, et que les séquences cinématiques, souvent à base d'hallucinations, font clairement leur effet, si ce n'est que Reed porte toujours sa tenue d'étranger, quelle que soit celle que vous ayez décidé de lui mettre sur le dos.
On peut également citer la très bonne retranscription de la folie qui cherche à s'emparer de l'esprit du détective. En effet, lorsque celui-ci se retrouve confronté à une situation stressante ou lorsqu'il utilise son pouvoir, son esprit souffre et l'image se déforme, donnant un sentiment de malaise. En même temps, les sons alentours sont de moins en moins rassurants et des images traumatisantes flashent devant ses yeux. Il se sent ainsi de plus en plus mal, chassant des insectes imaginaires ou sortant son pistolet pour se le coller sur la tempe, il perd peu à peu le contrôle.
Non, c'est vraiment sur le plan technique que le jeu aurait mérité d'être plus soigné. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, mais citons par exemple les problèmes de collisions, les ombres qui se déplacent à grande vitesse, les personnages qui sautillent parfois avant de se positionner, les changements de luminosité brutaux, ou encore les personnages qui apparaissent brutalement puis disparaissent si l'on recule pour ne plus être là quand on revient, comme ceux qui se volatilisent quand on se retourne.
Poulpe Fiction
Ce n'est pas pour autant que l'on n'apprécie pas The Sinking City qui sait nous attirer vers le fond avec lui tout au long de cette aventure narrative peuplée de créatures cauchemardesques, mais l'emballage aurait pu être mieux fini. Dans la même veine, autant on va s'intéresser à l'affaire principale, autant on ne sera pas forcément emballés par toutes les affaires annexes qui, certes, servent à bien planter le lore et à nous promener dans toute la ville, à l'image des Lettres d'Oakmont, à la rencontre des 7 quartiers qui la composent, mais qui ont vite tendance à se répéter, d'autant que tout se ressemble un peu. Et puis, pour être honnête, certaines revêtent aussi un aspect Fedex un peu trop prononcé.
Pour ce qui est du gameplay, il en est de même, on navigue là aussi entre deux eaux. Le côté enquête s'avère intéressant avec l'usage du pouvoir de Reed (l'oeil de l'esprit) qui lui permet non seulement de repérer plus facilement les objets à fouiller, les portes à ouvrir, voire les dangereuses zones contaminées recelant du butin précieux, mais aussi et surtout d'avoir des visions de scènes du passé, d'effectuer des reconstitutions en replaçant les différents éléments dans le bon ordre, de débloquer certains passages scellés magiquement, ou encore de suivre les présages représentés par différentes formes fantomatiques qui peuvent aussi bien être des oiseaux, des poulpes ou des humanoïdes, afin de découvrir de nouveaux éléments de preuve. Attention toutefois à ne pas en abuser car cela, outre le fait de nous empêcher de courir, nuit à notre santé mentale.
Les preuves, parfois sous forme de dialogues, souvent sous forme de lettres ou de notes, demandent pas mal de lecture. Il nous faut aussi parfois consulter des archives (Hôtel de ville, journal local, police, hôpital) en recoupant trois critères afin de trouver des informations utiles. Certains indices doivent ensuite être recoupés dans le Palais de la Mémoire pour trouver de nouvelles preuves ou tirer des conclusions, chaque affaire pouvant être résolue de plusieurs manières, selon l'angle retenu ou le camp pour lequel on décide de se positionner, entraînant par là même la reconnaissance de celui-ci mais aussi peut-être la rancœur de ses opposants. Différents scénarios sont donc possibles, ce qui assure une certaine rejouabilité.
Là où le bât blesse côté gameplay, c'est au niveau des combats. Ceux-ci s'avèrent en effet très rigides, générant guère de ressenti et finalement peu intéressants, tant la maniabilité n'est pas au rendez-vous, que ce soit au corps-à-corps, ou à l'aide des armes (pistolet, revolver, fusil à pompe, mitrailleuse, ...), des pièges ou des explosifs. À noter que les balles sont une denrée rare qu'il faut de surcroît économiser et qui ont d'ailleurs remplacé le dollar comme monnaie d'échange à Oakmont. Un système de craft permet toutefois d'en fabriquer, tout comme des pièges, des explosifs, des trousses de soin ou des psychotiques, grâce aux matières premières récoltées. Une solution est de passer les combats en mode facile pour au moins les écourter, d'autant que ce mode est distinct du niveau de difficulté de l'investigation qui, lui, joue sur le nombre d'indications qui sont données à l'écran pour aider à orienter l'enquête.
Parmi les autres éléments de gameplay, il faut également parfois prendre des photos de trophées ou de scènes de crimes une fois rendu sur place et trouvé l'élément concerné. De manière générale, il faut donc passer du temps à explorer et à fouiller, que ce soit pour trouver des preuves, des munitions ou du matériel de craft. Certaines demeures sur notre route renferment des trésors alors que d'autres ne nous offrent rien. Dans The Sinking City, les déplacements se font à pied ou, pour les zones immergées, en barque à moteur. Il est en effet déconseillé de rester trop longtemps dans l'eau car des anguilles anthropophages y résident.
Quoi qu'il en soit, il existe aussi en ville des cabines téléphoniques à débloquer et qui permettent ensuite de voyager rapidement, évitant ainsi de longues et fastidieuses phases de déplacement. Nous rappellerons aussi l'existence de passages subaquatiques que l'on déconseille aux claustrophobes, bien que des grottes avec des poches d'air permettent de se sentir moins oppressé. À l'intérieur de ces passages, on utilise bien entendu un scaphandre, mais aussi un harpon et des fusées éclairantes, tout en surveillant la pression que l'on doit régulièrement rétablir à défaut de se faire écraser. Enfin, pour terminer, précisons que chacun de nos actes nous rapporte de l'expérience permettant d'obtenir des points d'aptitude à placer dans trois domaines (combat, vigueur et esprit) selon une arborescence classique et donnant un petit aspect RPG au titre.
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