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LoL LFL : Skeanz, l'insouciance

LoL LFL : Skeanz, l'insouciance
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Depuis ses débuts amateurs en équipe jusqu'à l'avènement de la LFL, Skeanz éclabousse de son talent la scène française. Tiraillé entre son jeune âge et la cadence infernale d'une vie de joueur professionnel, le nouveau jungler Vitality.Bee se cherche. Skeanz a encore le temps de devenir un grand.

LoL LFL : Skeanz, l'insouciance

Mercredi 23 janvier 2019. Il est 18h30 dans les locaux de Webedia à Levallois-Perret, en région parisienne. Non loin de la grande scène déguisée aux couleurs de la LFL se mélangent une multitude de joueurs, leurs staffs et les caméras dans une antichambre exigüe. L'ambiance y est détendue, amicale comme toujours. Des visages familiers et autant de retrouvailles feraient presque disparaître l'enjeu de taille qui se dessine derrière les rencontres à venir ce soir. Dans quelques instants, Vitality.Bee va s'élancer dans l'arène pour ouvrir le bal face à la nouvelle mouture de GamersOrigin. L'objectif est simple : tenter d'achever une entrée en matière réussie pour l'équipe française, la veille, face à Misfits Premier au bout du suspense.

« J'y croyais pas ! ». Le sourire aux lèvres, Duncan "Skeanz" Marquet raconte. « J'ai fait un bon début de partie. Puis j'ai faibli en midgame et, honnêtement, je pensais jamais qu'on la gagnerait celle-là ». Au souvenir d'une partie enlevée de près d'une heure, le nouveau jungler des Vitality.Bee se couvre de modestie si l'on aborde de trop près ou avec trop d'enthousiasme une prestation remarquable de sa part. A défaut de s'appesantir sur la qualité (rare) de son Lee-Sin, le jeune joueur de dix-huit ans préfère encenser ses coéquipiers pour leur abnégation : « Je ne pensais pas qu'on le ferait parce que nous n'avons pas de joueurs expérimentés. Je parle d'anciens joueurs LCS, de vétérans. J'avoue avoir été surpris par le mental de mon équipe hier. La communication a tenu le coup entre nous et tout le monde a su garder son calme. C'était impressionnant ».

League of Legends

Impressionné, Skeanz l'a toujours été lorsqu'il se plaît à relater ses débuts dans l'esport. Pousser au plus loin le perfectionnement du savoir et des méthodes, tout comme s'astreindre à de nouvelles habitudes au quotidien est un exercice qui le fascine autant qu'il le décourage. Le costume de joueur professionnel lui glisserait presque dessus, sans doute encore trop large pour accueillir les états d'âmes d'un adolescent de dix-huit ans qui hésite dans sa démarche. Depuis ses débuts en équipe en 2016, Skeanz et l'esport c'est un peu "je t'aime, moi non plus". Au milieu de la compétition foisonnante, lui a décidé de prendre le temps. Le temps d'apprendre, de prendre le temps de se perdre aussi, donner un sens à son engagement puis revenir, plus fort. Pour gagner cette fois.

L'esport, peut-être

Rien ne prédestine Skeanz a entamer une carrière de joueur professionnel à l'aube de l'année 2016. A l'heure de rejoindre les rangs d'E2G, une petite équipe amateur française, il n'élude rien de son scepticisme face à une telle opportunité : « Je ne m'intéressais pas du tout à l'esport le jour où E2G m'a contacté pour jouer en équipe ». Celui qui a commencé League of Legends à l'âge de douze ans en saison 3 ne s'en cache pas : l'esport est avant tout un concours de circonstances plus qu'un désir nourri de longue date. De cette expérience brute, Skeanz n'en retient que les bons côtés, comme souvent : « Ça ne s'est pas très bien passé, j'étais pas bon en équipe. Mais c'est avec eux que j'ai appris et ils m'ont apporté cette envie de jouer à plusieurs ».

Convaincu d'arriver à pouvoir se fondre durablement dans un collectif, le jeune joueur français décide de poursuivre l'aventure avec Grosbill Esports fin 2016. A cette époque l'équipe semi-professionnelle de cette marque de vente de matériel informatique fait partie des toutes meilleures formations du circuit français. Skeanz, lui, vient de fêter ses seize ans. À ses mots, le poids des responsabilités s'efface bien vite avec l'expérience de ses coéquipiers : « C'est simple : je ne jouais qu'avec des vétérans, des vieux. Ils m'ont facilité la tâche, ils m'ont encadré. J'ai beaucoup progressé au contact de leur expérience ». En effet, autour de Skeanz gravitent alors quelques poids lourds de la compétition en France comme Fraid, Sharkk ou Mact0r. Le succès est d'ailleurs au rendez-vous lors des Underdogs 2016 où une victoire trois à zéro en finale, face au Melty eSport Club de Nisqy, signe la meilleure performance de l'histoire de la structure. Par la suite, les résultats s'harmonisent. L'équipe se contente définitivement, au mieux, de la plus petite marche du podium en tournoi.

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C'est au cours de l'été 2017 que la marque Grosbill annonce son intention de mettre un terme à son équipe esport. Skeanz prend alors la direction d'un autre pionnier du commerce de matériel informatique en ligne : Team LDLC. « Ce qui me frappe au moment où je pousse la porte de LDLC, c'est leur professionnalisme. Surtout quand Bora ("YellOwStaR") est arrivé. Les contrats étaient propres, la gaming house aussi et les horaires plus strictes. Je m'attendais pas à ça ». Pour la première fois depuis ses débuts, Skeanz vit au rythme d'une équipe professionnelle. Sous l'influence de YellOwStaR, il y découvre toute la rigueur de la compétition ainsi que ses nombreuses contraintes. Une exigence difficile à intégrer pour le jeune jungler qui garde un souvenir laborieux, presque frustrant de ces moments là. « Faut se lever tôt, manger correctement, les scrims c'est tous les jours l'après-midi ... Quand j'ai commencé, j'aimais pas du tout. Bora me le reprochait, j'étais jeune mais j'étais quand même pas très pro. Je me concentrais pas, je me donnais pas à 100% ». Pourtant, rien n'empêche Skeanz et LDLC de tutoyer les sommets au niveau régional à l'occasion du LoL Open Tour 2018. L'équipe y décroche une deuxième place à la Gamers Assembly et une victoire de prestige à la Lyon Esports, face à Gentside. Des moments chargés d'émotion que Skeanz conserve précieusement mais qui se heurtent à l'inexplicable : « La fin de mon aventure avec LDLC, c'est simplement que je suis plus du tout motivé pour jouer au jeu, plus du tout motivé pour l'esport. Je savais que je voulais continuer dans l'esport mais j'étais démotivé. Surtout qu'on venait de gagner la Lyon Esports, c'était étrange ».

Impossible pour Skeanz de tirer les choses au clair. L'exigence du haut niveau, la lassitude des tournois ou peut-être encore des perspectives d'avenir obscurcies ? Lui-même ne saurait expliquer un tel état d'abattement, peu avant l'été 2018. C'est un besoin d'autre chose.

L'éclipse Solary

« Quand je suis arrivé chez Solary, je leur ai dit les choses : J'ai besoin de me remotiver. Je vais continuer de m'entraîner et je partirai à la fin de la saison si je reçois des offres ailleurs ». Au mois de mai 2018, Skeanz fait ses valises direction Tours et la "team d'amis". Il l'assure, ce n'est pas un besoin de reconnaissance qui guide ses pas. Solary et ses valeurs, sa communauté fidèle, son modèle d'open space émancipé, ... Skeanz n'y entrevoit qu'un moyen de raviver la flamme sans perdre les bonnes habitudes. « Cette transition ne m'a pas trop perturbé. L'entraînement était soumis aux mêmes contraintes quotidienne que chez LDLC. C'est dans les résultats en LAN que j'ai senti la différence ». En effet, pour quelques mois encore, le LoL Open Tour 2018 dicte sa loi à la scène française et c'est aux côtés de Solary que Skeanz parachève une année de compétition bien remplie. La formation y décroche une cinquième place honorable. Avec le recul nécessaire, Skeanz s'émeut presque de son passé de médaillé en tournoi : « Chez LDLC, la pression était toujours là parce qu'on savait qu'on allait faire minimum top 3. Avec Solary, on essayait simplement de faire de notre mieux. Les victoires en LAN et les top 1, ça me manquait ».

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Chose promise, chose due. À dix-huit ans, Skeanz referme la page Solary des souvenirs plein la tête et s'envole pour Vitality.Bee, dans ce qui confine au dernier chapitre de son voyage initiatique. L'équipe vainqueur du LoL Open Tour 2018, celle-là même qui mit un terme au parcours de Solary dans la compétition, représente beaucoup pour Skeanz qui y voit enfin l'opportunité de jouer entre potes : « Je voulais jouer avec Saken. Je voulais jouer avec Shemek. Je connais Cookie pour avoir fait des essais avec lui du côté de Gentside et je retrouve TraytoN avec qui ça s'est super bien passé chez Solary ». S'attaquer à la LFL avec Vitality représente aussi l'assurance d'un confort de travail maximal pour le jeune jungler : « Je n'ai jamais été aussi bien encadré. Gevious et Xani m'aident beaucoup. Le second, en tant qu'ancien jungler, me complète dans mon gameplay en m'apportant davantage cette science du jeu plutôt qu'une expertise sur mes mécaniques ». Pour Skeanz, cela ne fait désormais plus aucun doute. L'année 2019 sera celle du sacre de son équipe en LFL, celle où il paraphera enfin de sa personne une ligue régionale qui lui tend les bras. « Je pense que notre équipe est l'équipe qui dispose de la plus grande marge de progression cette année. C'est le top 1 qu'on vise et rien d'autre ». Derrière cette faim de victoires affichée se dessine un autre rêve enfoui chez Skeanz, plus que jamais décidé à se donner les moyens de ses ambitions. Son objectif personnel : intégrer le LEC en fin d'année. C'est dit.

Ce soir là, Vitality.Bee s'incline face à GamersOrigin au terme d'un match délicat pour la petite sœur de la franchise LEC. Effondrés dans le jeu face à Tonnerre et ses coéquipiers, Skeanz et les siens n'ont pas donné satisfaction dans cette revanche attendue de la finale du LoL Open Tour 2018. Peu importe pour Skeanz qui préfère, une fois de plus, mettre l'accent sur ce qu'il sait de positif : « On va progresser. Ça va être de mieux en mieux. GO et LDLC, pour le moment, on peut pas les battre. Mais plus tard oui, c'est certain ! ». Avec tous vos encouragements, bien sûr.

Merci à Skeanz pour son temps précieux et sa bonne humeur !

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