Trois ans après un Black Ops 3 extrêmement complet et qui est encore aujourd'hui l'une des références de la série Call of Duty, la saga de Treyarch revient le 12 octobre 2018 avec un quatrième opus et une toute nouvelle formule uniquement basée sur le multijoueur. La campagne solo passe à la trappe et laisse place à un incontournable du moment : le mode Battle Royale.
Ce virage opéré tout en brutalité par Activision, alors que les modes histoire avaient sauvé l'arrière train des soldats Infinite Warfare et WW2, a-t-il porté ses fruits ? Voyons ce que donne en détail ce Black Ops 4.
Solo, a Battle Royale story
Perdu dans la galaxie lointaine, très lointaine d’Infinite Warfare en ayant laissé un message d’adieu spectaculaire et viscéral avec WW2, le mode histoire de Call of Duty s’envole vers d’autres cieux. Un petit prodige nommé Battle Royale est venu balayer d’un revers de la main quatorze ans de récits de guerre qui auront marqué plusieurs générations de joueurs. Blackout, de son petit nom, est le tout premier Battle Royale issu d’une production AAA dans la jeune histoire d’un genre qui rafle tout depuis presque deux années. Un pari somme toute risqué pour Activision qui vient se frotter à des titres déjà bien installés et qui bénéficient de beaucoup moins de moyens.
La volonté n’est clairement pas de révolutionner le genre, Blackout fait du Battle Royale en exploitant le gameplay dynamique et nerveux de Call of Duty. Une centaine de joueurs se retrouve parachutée sur une île où le seul objectif est de rester le dernier soldat ou la dernière équipe en vie. Aussitôt le pied posé au sol, la course aux armes, accessoires, matériaux de soin et autres équipements démarre. Véhicules, balistique des armes totalement absente de la série jusqu’à ce jour ou encore emotes et sprays, les ingrédients qui ont sublimé les recettes de H1Z1, PUBG ou Fortnite sont bien là. Mention spéciale à l’intégration de véhicules, vulnérables et très bruyants, qui n’ont ainsi pour vocation que de permettre des déplacements rapides et qui ne viennent pas déséquilibrer le rapport de force entre les joueurs. Gros bémol sur les armures (celle de niveau 3 principalement) dont la présence est justifiée par le niveau de vie assez peu élevé des joueurs, si vous n'en êtes pas équipé vous n'avez tout bonnement aucune chance contre un gilet tier 3.
La série n’hésite pas à ajouter certaines de ses spécificités, à l’image des atouts, qui peuvent aussi être récupérés au sol et qui procurent des capacités spéciales dont l’effet est limité dans le temps. Des must-have dans plusieurs moments clefs de la partie : lorsqu’il faut se presser de trouver des armes ou une armure avant ses adversaires par exemple, ou bien être averti lorsqu’un ennemi vous met en joue alors que la zone de jeu est encore très vaste, ou encore se montrer plus discret et silencieux en toute fin de partie lorsque le rythme ralentit et que tout le monde tend l’oreille. Treyarch prend également le pari d’ajouter ses zombies et donc une dimension PVE à l’expérience. Une idée farfelue sur le papier mais qui fonctionne finalement très bien, en récompensant généreusement les joueurs qui prennent le risque de s’aventurer dans les zones où la chair putréfiée fait sa loi avec des boîtes mystères.
La carte est de taille plutôt modeste sans être trop exiguë et rassemble plusieurs endroits cultes de la série Black Ops. Des cartes multijoueur mythiques comme Raid ou Nuketown, qui a d’ailleurs droit à sa propre île, aux endroits hantés des différents modes Zombies, les vétérans de Call of Duty apprécieront les clins d’œil et pourront même y trouver quelques Easter Eggs. Du fan service pur et dur dont Treyarch aurait eu bien tort de se passer. La zone de jeu est plutôt bien construite, en atteste la répartition très homogène des joueurs dans les différents lieux-dits lors de la phase bêta en septembre.
On attend néanmoins des évolutions pour ajouter de la variété aux environnements extérieurs. Pour le moment, Treyarch se contente de remplir les zones vides avec de la forêt, des plaines ou du désert donnant un effet très patchwork à l’ensemble. Nous aimerions clairement voir la carte évoluer tout au long de l’année, comme le fait un certain Fortnite et voir d’autres zones cultes ou inédites faire leur apparition.
Pour un premier essai, Blackout se montre convaincant en perpétuant les codes du Battle Royale tout en intégrant efficacement des mécaniques propres à Call of Duty. Pari risqué mais réussi pour Treyarch qui s’inscrit dans l’air du temps. Au premier abord, on sent clairement l’inspiration de PUBG mais Blackout se révèle rapidement non pas comme une alternative, mais comme ce qu’aurait du être le jeu de Bluehole. Gestion d’inventaire intuitive aussi bien sur PC que sur consoles, équipement automatique des accessoires, zone de jeu resserrée, le Battle Royale à la sauce Call of Duty est plus rapide, plus dynamique, moins exigeant et globalement plus fun. Reste à savoir si Treyarch continuera à capitaliser sur son bébé en y ajoutant régulièrement du contenu pour en faire l’une des références du genre.
Cocktail multi-fruits
Considéré pendant des années comme la pièce maîtresse de chaque Call of Duty, le mode multijoueur fait pâle mine cette année face au mastodonte que représente Blackout. Il faut dire que la relève était compliquée à prendre après un Black Ops 3 qui frôlait la perfection dans ce compartiment du jeu. Nouveau cycle oblige, le jetpack et les possibilités de wallrun ont été rangées bien au fond du placard pour revenir à une recette plus lente et tactique, très proche de celle de Black Ops 2. Seule la glissade a été conservée pour ajouter de la vitesse et du dynamisme au gameplay. On reste néanmoins loin des virevoltes et de la verticalité omniprésente de son prédécesseur.
Facile à prendre en main et à maîtriser, ce nouveau Call of Duty ne se contente pas tout à fait de jouer le vieux pot dans lequel on essaye de faire la meilleure confiture. Treyarch prend des risques avec notamment, un système de santé complètement repensé. La régénération n’est plus automatisée et les joueurs doivent s’injecter manuellement du soin pour se redonner des points de vie. Ces derniers sont d’ailleurs mesurés en bas à gauche de l’écran afin de donner une indication précise du niveau de blessure du joueur. Un ajout indispensable puisque ce dernier est placé dans un dilemme constant entre rechargement de l’arme, régénération de santé, couverture ou agression.
En ce sens, Black Ops 4 se dote d’un côté tactique plus poussé que jamais dans la prise de duels et d’objectifs, forçant le joueur à réfléchir avant d’agir pour assurer sa survie et la victoire de son équipe. Cet aspect tactique est renforcé par le retour des Spécialistes, des “champions” dotés d’une arme ou capacité spéciale ainsi que d’un équipement unique, qui viennent remplacer les traditionnelles grenades mortelles ou tactiques. Les explosifs et autres fumigènes sont toujours présents dans le jeu mais le remplacement de l’équipement de spécialiste vous coûte un point d’attribution supplémentaire sur les dix disponibles pour construire votre classe. Six de ces personnages sont directement tirés de l’opus précédent avec parfois quelques ajustements et seulement quatre sont, vaguement, inédits puisque Recon reprend l’une des capacités d’Outrider, qui a vraisemblablement raté son train entre les deux jeux.
Absence de jetpacks oblige, on revient légèrement dans le temps, avant les évènements de Black Ops 3. Le design des cartes multijoueur est dans la droite lignée du précédent opus. On salue l'effort de proposer des environnements tantôt sauvages, tantôt urbains, jonglant entre la glace arctique et le désert marocain sublimés par une palette de couleurs survitaminée dont Treyarch a le secret ; mais le tout sent quand même le réchauffé. Un constat pas amélioré par la présence de quatre cartes issues du Black Ops original et de sa suite qui reviennent après avoir subi un lifting pour correspondre visuellement aux exigences techniques du moment. Leur construction ne bouge pas d’un poil, de quoi provoquer quelques émois chez les vétérans de la série. Mais avec quatre remakes sur quatorze cartes, Black Ops 4 ne propose finalement que dix terrains de jeu inédits soit un de plus que son collègue WW2 l’an dernier, dont le nombre de maps insuffisant était l’un des gros points noirs.
Du grand classique, Treyarch en propose également sur les différents modes de jeu. Les indéboulonnables sont bien là, exception faite de la Capture de Drapeau, absente au lancement tout comme la ligue compétitive. Toutefois, on sait que cette dernière est bien au programme et débarquera dans les prochaines semaines, le temps que tous les amateurs d’esport découvrent le jeu et que les règles COD World League se précisent. Pour ce qui est de nos chers drapeaux en revanche… Il faudra peut-être se consoler avec Contrôle et Hold-Up, les deux nouveaux modes de jeu imaginés par Treyarch cette année. Le premier se calque sur Battlefield et sa Ruée en attribuant un nombre de tickets aux attaquants et aux défenseurs de deux zones stratégiques. Une fois les tickets épuisés, les joueurs ne peuvent plus réapparaître. Le second puise son inspiration de Counter-Strike, pas de classe à l’horizon ni de réapparition, les gangsters et les voleurs achètent leurs équipements avec de l’argent gagné en faisant des éliminations ou en ramenant un sac de biffetons dans une zone d’extraction par hélicoptère. De l’originalité sur un Call of Duty mais, rien de bien neuf, au contraire, dans le paysage du FPS.
La machine est rodée mais, très rapidement, que ce soit en terme de contenu ou de sensations de jeu, on s'aperçoit que ce Black Ops 4 relève plus du cocktail de bonnes idées recueillies chez ses prédécesseurs, ou la concurrence, plutôt que de l’expérience innovante qui fera avancer la série. On salue quand même le passage en 5 contre 5 permettant de rapprocher les expériences classiques et compétitives de Call of Duty qui étaient jusqu'alors foncièrement différentes.
Zombies Cinematic Universe
Affreux anniversaire ! Les Zombies de Call of Duty soufflent, avec une haleine toujours aussi fétide, leur dixième bougie. Un mode de jeu culte, sorti de l’esprit de Treyarch et repris avec plus ou moins d’adresse par Infinity Ward et Sledgehammer Games, sans jamais vraiment égaler le maître. Après un Shadows of Evil aussi complet et inspiré que difficile sur Black Ops 3, le studio revient à son ancien modèle avec plusieurs cartes Zombies et un tout nouvel univers.
L’arc narratif bordélique des anciens Black Ops a été bouclé avec le DLC Zombies Chronicles sorti l’année dernière, on repart donc de zéro sur Black Ops 4 avec quatre nouveaux personnages et deux cartes inédites situés dans des décors radicalement différents de ce que l’on a pu voir par le passé.
Direction la Rome antique dans un premier temps dans un rêve halluciné. Parce que quoi de mieux qu’une soirée bang autour du feu pour faire connaissance avec les nouveaux protagonistes de l’univers Zombies ?
De taille plutôt réduite, IX est une carte dépaysante et adaptée aux débutants. Un prêtre en robe noire active un artefact qui transforme des prisonniers en zombards, desquels les gladiateurs (vous et votre nouvelle bande) doivent se débarrasser en contentant la foule. Même si IX est beaucoup plus simple à maîtriser que ce que Treyarch a eu l’habitude de proposer depuis 10 ans, la carte vaut clairement le détour ne serait-ce que pour son ambiance, le dépaysement qu'elle offre et bien entendu, tous ses petits secrets.
Habitués de l’abattage de chair putréfiée et de chasse aux Easters Eggs ? Treyarch ne vous a pas oubliés et vous invite au bord du Titanic avec la Traversée du Désespoir. Un braquage qui tourne mal, un artefact qui réveille de vieux démons, le pitch tient sur un ticket de caisse mais l’ambiance est digne d’un grand moment de cinéma. Le paquebot est gigantesque, fourmille de détails et se présente comme un véritable labyrinthe sur plusieurs étages entre ponts, pièces immergées dans l’eau glacée et dédale de couloirs. Sûrement l’une des plus belles réussites du mode Zombies en termes de construction de carte.
Les bonnes vieilles mécaniques du mode ne bougent pas d’un poil. Fenêtres à réparer, armes à acheter sur les murs, pack-a-punch et manches à difficulté progressive ponctuées par quelques ennemis spéciaux, les habitués ne perdront pas leurs marques. On note tout de même quelques exotismes comme le nouveau design des boîtes mystères, très réussi, ou encore le rework système d’atouts. Ils ne sont qu’au nombre de quatre par carte, un par statue de divinité et dépendent désormais de la classe que vous sélectionnez en début de partie. La mécanique de GobbleGums introduite sur Black Ops 3 revient sous forme d’élixirs. Ces quatre fioles à ingurgiter avec les flèches directionnelles donnent des capacités limitées dans le temps et sont soumises à des cooldowns. Des élixirs plus puissants et à usages uniques peuvent être fabriqués dans le laboratoire moyennant des fioles de Plasma Nebulium obtenues en fin de partie.
En plus des deux aventures inédites, une troisième carte vient contenter les nostalgiques des anciens opus. Richtofen et son crew ne sont pas complètement absents de l’équation puisque Black Ops 4 propose un remake (oui encore un, décidément) de Mob of the Dead, l’une des cartes DLC de Black Ops 2. Baptisée Blood of the Dead, la map culte revient pour jeter un froid dans les salles obscures à ceux qui souhaitent découvrir ou re-découvrir l’histoire de l’évasion zombiesque de la prison d’Alcatraz pendant la prohibition. Les personnages originaux ont été remplacés par les incontournables Richtofen, Nikolai, Takeo et Dempsey. Une aventure retravaillée sur le plan technique mais également dans sa construction puisqu’elle offre de nouvelles zones à explorer et bien entendu des secrets inédits.