C'est au cours d'une longue investigation que Cecilia D'Anastasio, journaliste de Kotaku, a tenu a exposer le sexisme auquel les femmes feraient face chez Riot Games.
Le feu aux poudres
C'est avec le témoignage de Lace (nom modifié) que l'affaire prend racine. Employée pendant 3 ans chez Riot Games, elle aurait subi à maintes reprises différents types de harcèlement, allant du « sexisme » ordinaire (enfants, famille, physique), à des cas plus spécifiques, reflétant le milieu masculin qu'est le gaming : la fameuse bro culture et son antipathie sous-jacente envers les femmes tentant de percer dans le milieu. Tous les archétypes propres à la place de la femme dans l'univers du gaming étaient réunis.
Promotion des hommes à des postes plus élevés, au détriment de femmes plus qualifiées, envois de photos de parties génitales masculines de la part de leurs supérieurs et collègues, remarque sur le physique et leur famille, etc. Mais les femmes ne seraient pas les seules touchées dans cette affaire, un ancien employé aurait déclaré que la « bro-culture » (une sorte d'esprit de fraternité) affectait aussi les hommes, et ce, dans le mauvais sens du terme.
Le témoignage de Lace, cependant, n'est pas le seul à prendre en compte. 28 actuelles et anciennes employées ont elles aussi témoigné, et certaines l'affirment, elles ne subissent pas de sexisme au sein de Riot Games.
Sexisme et technologie, le cas Riot Games
Ce n'est pas nouveau, la place de la femme dans les industries technologiques et/ou vidéo ludiques n'est pas encore bien affirmée, bien qu'en perpétuelle évolution. Ces dernières années, certains studios ont essayé de prendre en compte cette réalité, en adoptant des mesures pour embaucher plus de femmes et en créant des jeux représentant des personnages plus diversifiés.
Mais, toujours selon Kotaku, les valeurs fondamentales du studio encouragent et célèbrent la culture du « joueur pur et dur ». Ainsi, au cours des dix dernières années, les inconditionnels de Riot pourraient aussi être la cause d'un sexisme enraciné se manifestant de manière à la fois flagrante et subtile.
Lors des entretiens d'embauche chez Riot, les prétendants devaient prouver par A + B qu'ils étaient des vrais joueurs, des « core gamer », et il était parfois difficile pour les postulantes d'être prises au sérieuses.
Le recrutement de femmes au sein de Riot Games n'en était par conséquent pas facilité. Une telle opinion couplée avec la sous-représentation des femmes dans l'univers du gaming et la vision globalement machiste de ces-dites femmes, aurait donc limité le recrutement de personnel féminin. Riot aurait tout de même revu ses standards culturels concernant les jeux, mais le mal était déjà fait.
Pour Kotaku, selon quatre sources connaissant bien les pratiques de recrutement de Riot, cette image de « Rioter idéal », un joueur pur et dur, a conduit l’entreprise à refuser un nombre disproportionné de femmes pour des emplois.
La réponse de Riot Games
Suite à la publication de cet article, le studio a tenu a répondre à ces allégations via le site usgamer ainsi que sur son site officiel :
Cette affaire n'est pas sans en rappeler d'autres et montre une nouvelle fois la volonté de femmes ET d'hommes de vouloir mettre en lumière les cas d'harcèlements sexuels et/ou les pratiques sexistes.
On repense bien évidemment à l'affaire Weinstein, du nom de l'ancien producteur phare du cinéma américain, qui était tombé en disgrâce après que de nombreuses artistes hollywoodiennes l'aient accusé de harcèlement et d'agression sexuelle. S'en était suivi le hashtag #MeToo (#Balancetonporc en France), qui avait permis à de nombreuses femmes et hommes de s'exprimer sur Twitter.
La parole des victimes de harcèlement, agression et sexisme se libère un peu plus chaque jour, et cette affaire Riot Games ne sera malheureusement pas la dernière.
Après un tel article, les réactions, majoritairement positives, n'ont pas tardé à pleuvoir sur la toile, provenant de beaucoup d'anonymes, mais aussi de nombreux Rioters et figures du milieu tels que Quickshot ou Riot Tiza.
Mais n'oublions jamais qu'il y a toujours deux versions pour chaque histoire. Gageons que l'avenir nous permettra de démêler le vrai du faux.