Bien loin d'Astera et de ses problèmes de monstres dépeints dans l'excellent Monster Hunter World, Shadow of the Colossus nous plonge dans un monde ouvert mélancolique plein de poésie et de charme. À l'intérieur de ces terres, vous devrez faire face à 16 colosses dans le seul et unique but de sauver la jeune femme qui accompagne notre héros, Wander.
Wander woman
Le synopsis tient sur un post-it, et le jeu s'installe de toute façon très vite dans une routine jusqu'à son tout dernier acte. Mais plus que de simples cinématiques, c'est surtout l'environnement de SOTC qui nous raconte l'histoire de son univers : l'ambiance, toujours impeccable, nous permet de profiter des atmosphères du jeu d'une manière tout à fait unique.
C'est ce sentiment de solitude et d'abandon dans un univers qui nous dépasse que les puristes pouvaient s'inquiéter de voir disparaitre, avec cette restauration graphique nouvelle génération, pensée pour la PS4, et à fortiori la PS4 Pro. Car lors de sa sortie sur PS2 il y a 12 ans, le second titre de Fumito Ueda réussissait à créer un attachement tout particulier entre le destin de Wander et le joueur.
Ce dernier parvenait malgré tout à passer à travers les énormes problèmes techniques de cette première version, pour ne ressentir que le côté «épique» du voyage de notre héros. Aujourd'hui, Bluepoint nous propose davantage qu'une simple remasterisation HD ou en 4K, mais bien une mise à jour graphique bien plus digne des capacités de la PS4.
Le résultat est là : testé sur PS4 Pro avec l'option "framerate", le jeu tourne en 1080p à 60 images par seconde sans jamais trahir cette promesse. Du point de vue artistique, Bluepoint a complètement réussi son pari en retravaillant l'oeuvre d'origine tout en conservant ce qui en faisait son charme.
Comme tout remake, le jeu s'adresse de toute façon en priorité à ceux qui n'ont pas encore eu la chance de connaitre ce morceau important de l'histoire pourtant bien chargée de la PS2, et de le faire dans les meilleures conditions possibles. Le contenu reste sensiblement le même, cependant, le refaire tout ce temps après peut aussi être une bonne idée, tant le bond technique est immense.
Agon et Ablette
On pourrait tout de même chipoter sur quelques mécaniques et animations qui auraient, elles-aussi, eu besoin d'une petite remise à nouveau : la roulade est toujours aussi pataude et s'accrocher à un monstre donne parfois lieu à des situations quelque peu incongrues. Il ne faudra par exemple pas s'étonner de finir la tête en bas, sans réussir à se replacer à cause de la caméra. Ces soucis étaient déjà présents il y a plus d'une décennie et malheureusement, ils semblent eux aussi avoir fait le voyage.
Profitons-en d'ailleurs pour rappeler comment le jeu fonctionne : Wander commence toujours son voyage depuis l'autel où se tient la jeune fille qu'il doit réveiller. De ce point clé, il lui sera demandé d'éradiquer le colosse énoncé par une voix mystérieuse : en brandissant l'épée dans la bonne direction, le faisceau de lumière qu'elle génère se concentre jusqu'à indiquer une destination générale.
Arrivés sur place à l'aide de votre monture, qui soi dit-en passant a un comportement toujours aussi naturel excepté quelques anicroches sur certains rebords de falaises, vous devrez attirer votre proie et analyser son comportement, mais aussi l'emplacement de ses points faibles, toujours grâce à votre arme principale.
Et au cas où vous mettriez trop de temps à saisir la solution, la voix-off reviendra vous prêter main-forte avec quelques conseils avisés. La seconde phase, beaucoup plus intense, vous demandera de grimper sur la fourrure de la bête pour détruire les fameuses marques. Votre opposant ne se laissera évidemment pas faire et se débattra comme un forcené, histoire de gratter copieusement votre jauge d'endurance, qui une fois à 0, vous fera lâcher prise.
C'est à ce moment précis que la musique se met à s'emballer et que toute l'epicness de Shadow of the Colossus vous saute au visage. À noter que les compositions de Kô Ôtani n'ont pas eu besoin d'une quelconque réorchestration, tout est déjà parfait de ce côté-là, comme vous pouvez l'entendre ci-dessous.
Colosse copie
Mis à mort, le corps du colosse tombera et finira s'évaporer, ne laissant derrière lui qu'une énergie noire et mystérieuse qui va s'engouffrer dans le corps de Wander. À son réveil, il sera revenu auprès de sa douce, et il faudra à nouveau tout recommencer. Les 16 monuments que vous devrez combattre sont la deuxième très grande réussite du jeu : au comportement diablement crédible, ils finissent par se sentir vulnérables par les assauts du joueur. Eux qui ne semblaient avoir rien demandé à personne vont devoir mourir de la main de notre prétendu sauveur.
La question posée par Fumito Ueda est donc celle-ci : est-il juste de mettre fin à 16 vies pour n'en sauver qu'une ? Mais peu importe la réponse, votre rôle est d'achever les colosses, par vos actes, vous répondrez irrémédiablement "oui". Shadow of the Colossus conjugue donc toutes ces caractéristiques pour offrir une expérience qui est aux antipodes de la joie de vivre.
Il s'agit d'une expérience à part, toujours aussi prenante et puissante, et rien que pour cela, on peut féliciter les équipes de Bluepoint, car c'était fort probablement bien plus compliqué qu'on ne pourrait le penser.