Entre le déluge de films ratés, basés sur de vieilles licences populaires, dont nous a inondé Disney d'un côté et les déboires de Bethesda de l'autre. On ne peut pas dire que les attentes vis-à-vis d'Indiana Jones et le Cercle ancien étaient élevées. Mais le studio suédois MachineGames, derrière les jeux Wolfenstein récents (The New Order, The Old Blood, The New Colossus, etc.), a créé la surprise avec un jeu capable de ravir les fans, contrairement au Crâne et cristal et au Cadrant de la destinée.
- Genre : Action-aventure, Réflexion, Combats, Infiltration
- Date de sortie : 9 décembre 2024
- Plateformes : PC, Xbox Series
- Développeur : MachineGames
- Éditeur : Bethesda
- Prix : 69,99 €
- Testé sur : PC
Un jeu Indy
Les choses commencent fort avec la recréation du passage emblématique qu'est le début du film Indiana Jones et les Aventuriers de l'Arche Perdue en guise de tutoriel. On sait à quoi s'attendre et cela permet de comparer directement le jeu avec un des films et il faut bien reconnaitre que le résultat est sans appel : cela s'annonce extrêmement fidèle tout en parvenant à combiner la force des deux médias. On la cinématographie d'un côté et l'immersion de l'autre en effectuant des transitions rapides entre la vue par défaut à la première personne et celle a la troisième personne. Cela permet à la fois d'incarner Indy, mais aussi de l'admirer dans les cutscenes. C'est aussi une solution élégante au problème posé par les FPS lorsqu'on évolue dans des environnements complexes quand on se balance avec le fouet entre autres.
Cette approche particulière est vraiment appréciable lors des interactions avec les environnements. Trop de jeux à la première personne permettent d'interagir presque magiquement avec les objets. Alors que dans le cas présent, on peut voir les mains d'Indiana effectuer la majorité des actions en détails, un peu comme le fait Red Dead Redemption 2 par exemple. C'est un peu surprenant, voire frustrant au départ d'avoir à déverrouiller manuellement chaque porte, mais cela ne manque pas de renforcer l'immersion et d'offrir une certaine authenticité à nos actions ainsi qu'au monde nous entourant, sans trop ralentir l'action pour autant.
S'il y a bien une chose dont Indiana Jones et le Cercle ancien ne manque pas, c'est de fidélité aux trois premiers films. La réalisation est excellente à tous les niveaux, avec des graphismes capables de nous offrir à nouveau une version jeune et convaincante d'Harrison Ford à l'écran. On peut même admirer la poussière et les poils sur ses phalanges et sa célèbre cicatrice. De leur côté, les dialogues sont aussi entièrement doublés dans plusieurs langues, dont le français par Richard Darbois, le doubleur officiel de l'acteur depuis La dernière Croisade, avec son timbre si caractéristique.
Cela ne s'arrête évidemment pas là, et on retrouve avec grand plaisir toutes les petites manies d'Indy, habillement exploitées sous différentes tout au long de l'aventure. Que cela soit l'importance donnée à son chapeau ou l'abandon de ses précédentes conquêtes romantiques d'une aventure à l'autre. Le fouet caractéristique d'Indy est tout particulièrement mis à l'honneur, puisque c'est son principal outil durant l'aventure, que cela soit au combat, pour escalader ou résoudre des énigmes. Les références faites aux films sont très nombreuses, y compris à leur mise en scène et à leur humour particulier, avec des petites phrases en pagaille et des situations inattendues. C'est généralement très réussi, même si c'est un peu artificiel et maladroit lors de rares occasions.
Les environnements ont aussi eu droit à beaucoup d'attention. Richement détaillés et réalistes, ils donnent effectivement l'impression d'être des lieux réels. Le Vatican en est un exemple notable, en tant que lieu dans lequel une bonne partie de l'aventure se déroule. En plus d'offrir une certaine liberté avec une carte richement interconnectée et pleine de quêtes secondaires, le nombre de personnages présents, vacants à leurs occupations, est, lui aussi, impressionnant. Les chapitres suivants sont, eux aussi, bien remplis et intéressants à leur manière.
Le linge sale d'El Douche
L'histoire démarre vraiment avec le début d'une aventure inédite pour Indiana Jones. Sans vous spoiler les détails, notre archéologue préféré doit se rendre au Vatican pour enquêter sur un ordre religieux aussi ancien que mystérieux. Comme on est en 1937, la ville sainte grouille des collègues incompétents des nazis : les chemises noires, les fascistes aux ordres de Mussolini. Mais si cela vous inquiète, sachez que les allemands du troisième Reich ne sont pas loin derrière, avec leur fascination malsaine pour l'occulte. L'intrigue en elle-même n'est pas particulièrement profonde ni originale, mais la formule instaurée et perfectionnée dans les premiers films marche très bien. Elle est ici suivie à la lettre, même si cela la rend aussi prévisible.
On alterne entre différentes phases aux ambiances et aux gameplay radicalement différents, mais intéressants à leur manière. Citons par exemple la visite du musée de l'université, une phase d'infiltration et de combat dans un vieux château italien, et l'exploration du Vatican déguisé en prêtre avant de plonger dans des catacombes pleines de pièges. Ce n'est jamais particulièrement complexe ni profond, mais ces phases de gameplay ne sont jamais trop longues et elles sont suffisamment variées pour ne pas s'en lasser. La liberté offerte au joueur et la possibilité de revenir dans les chapitres précédents est aussi un bon point, on peut explorer le contenu comme on l'entend.
L'infiltration est toujours facultative, avec plusieurs méthodes pour parvenir à votre objectif si les forces ennemies sont trop importantes. On peut se faufiler dans le dos des fachos, ou grimper sur les toits par exemples. On peut aussi trouver un déguisement approprié pour passer inaperçu, comme dans Hitman. Mais rien ne vous empêche de faire parler vos poings et de tenter de mettre au tapis des dizaines d'ennemis si vous en avez envie. La situation risque de dégénérer si l'alerte est sonnée, ce qui pourrait provoquer l'arrivée de dizaines d'adversaires dont certains dotés d'armes à feu.
Sans être une machine à tuer des nazis comme dans un Wolfenstein, Indy dispose de ses armes préférées et d'absolument tout ce qui lui tombe sous la main. Il fait usage d'un système classique à base de blocages, de parades, d'esquives et de poussées, ce qui le rend aussi simple qu'intuitif. Mais il vaut mieux s'emparer objets à disposition, que cela soit d'une pelle, d'une tapette à mouche ou une bouteille de bon vin. Les armes se brisant encore plus vite que dans Zelda Breath of the Wild, le jeu a une excuse que les combats finissent souvent réglés à coups de poings. Tous les objets peuvent aussi être jetés à la tête de ses adversaires, ce qui donne des combats assez comiques si vous adoptez cette tactique.
Même les bruitages exagérés des coups de poing des films des années 80 est présent, qui ne manquent jamais de donner du punch aux combats. Quant au fouet, il peut effrayer les chiens de combat et de désarmer les ennemis armés, ce qui permet potentiellement de retourner leur propre arme contre eux. Et si les choses chauffent vraiment trop, vous pouvez toujours sortir votre revolver pour régler un combat facilement tant que votre réserve de munitions l'autorise. Ce n'est pas quelque chose dont il est possible d'abuser, mais il est satisfaisant de pouvoir recréer une célèbre scène des films.
Enigma Machine
Cela ne serait pas un bon jeu Indiana Jones sans son lot de pièges aussi mortels qu'incohérents, d'énigmes et de mystères savamment taillés pour le grand public. Mentionnons au passage que le jeu propose deux réglages distincts pour la difficulté, le premier concerne les combats, le second les énigmes. En sélectionnant le mode normal, il faut se creuser un peu la tête et fouiller la zone pour résoudre puzzles qui vous attendent, mais cela n'a rien d'insurmontable. Il faut faire bon usage du carnet physique, dans lequel tous les documents découverts sont rassemblés. C'est logique et bien intégré à l'histoire, mais ce n'est pas toujours très pratique à utiliser.
On aurait aimé pouvoir garder le carnet ouvert à la bonne page à la main tout en interagissant avec l'environnement. On se retrouve forcé à naviguer à chaque fois à l'intérieur pour retrouver la bonne information pour décoder un document. De plus, Indy y ajoute ses propres annotations en complément de ses remarques à l'oral pour retranscrire ce qu'il a aperçu dans l'environnement. Pour cela, il fait bon usage de l'appareil photo acquis vers le début de l'aventure, même si on a parfois l'impression de jouer au touriste ou à Pokémon Snap.
En parallèle, un système de progression via des points d'aventure a aussi été intégré. Trouver des documents, des reliques, prendre des photos et résoudre des mystères confère lesdits points. Ils peuvent ensuite être investis dans les talents passifs liés aux livres acquis un peu partout. C'est un bon moyen de récompenser l'exploration et d'étoffer un peu la durée de vie d'un jeu dans laquelle elle est grandement limitée par la richesse des dialogues et des cutscenes. Vous ne passerez probablement pas plus d'une vingtaine d'heures dessus, cela peut sembler un peu court, mais c'est probablement la longueur idéale avec sa formule particulière.
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