Il y a plus de 8 ans sortait Red Dead Redemption sur PS3 et Xbox 360. Bien qu'il n'ait pas rencontré le succès massif de GTA5 sorti quelques années plus tard, il est parvenu à marquer durablement les esprits. L'absence d'un remaster ou d'un portage digne de ce nom n'a fait qu'aiguiser l'appétit des joueurs qui n'ont pas eu l'occasion de remettre les mains sur un AAA dans le Far West d'une telle qualité depuis. Le fait que Rockstar n'ait pas sorti de nouveau jeu solo depuis GTA V a encore amplifié la frustration éprouvée par les fans. Autant dire que les attentes pour Red Dead Redemption 2 sont très élevées, elles le sont d'autant plus que Rockstar semble avoir investi des moyens absolument gargantuesques, avec de longues années de développement, plus d'un millier d'acteurs et des milliers de pages de scénario entre autres, l'échec n'était pas permis. Découvrez en détails ce que cela donne, mais un conseil, attachez bien vos bretelles et agrippez vous à la selle.
- Genre : Action-aventure, Monde ouvert
- Date de sortie : 26 octobre 2018
- Plateforme : PS4, Xbox One
- Développeur : Rockstar Studios
- Éditeur : Rockstar Games
- Prix : 69,99€
- Testé sur Xbox One X
Il était une fois dans l'Ouest 2
Douze ans avant les événements de Red Dead Redemption premier du nom, nous retrouvons la bande de Dutch, un groupe imposant de parias, d'aventuriers et surtout de hors-la-loi, alors que sa situation vient de prendre une tournure défavorable. Un casse qui a mal tourné a fait du groupe la cible privilégiée des forces de l'ordre et des chasseurs de primes. Le Far West n'est plus aussi sauvage qu'il l'était, la civilisation arrive, de gré ou de force, et le groupe ne peut plus agir en toute impunité. Il se retrouve forcé à camper dans la nature, le temps de décider de sa prochaine action. Quand plus d'une vingtaine d'hommes et femmes (ainsi qu'un enfant), qui n'ont parfois rien en commun, en dehors d'un passif chargé et d'un caractère bien trempé, se retrouvent ensemble dans une situation précaire, l'atmosphère devient particulièrement pesante, voire explosive. Il faut dire qu'on mélange ici des honnêtes gens victimes d'injustices, des arnaqueurs professionnels, des tueurs de sang froid, des épaves alcoolisées ainsi que des psychopathes complets. Il y en a pour tous les goûts, ce qui laisse immédiatement présager de bonnes choses. Vous aurez l'occasion de découvrir l'évolution de malfrats hauts en couleurs, ainsi que les événements qui mènent à Red Dead Redemption premier du nom. Jouer à ce dernier est d'ailleurs conseillé afin de savourer pleinement toutes les interactions, mais ce n'est pas obligatoire. Le charismatique Dutch, qui dirige la banque, est à la fois une sorte de père et de leader, mais comme vous allez le voir, la pression et le passage du temps finissent par révéler des fissures. Vous pourrez découvrir tout cela à travers la quantité étourdissante d'excellents dialogues dotés d'un doublage de très haut niveau, mais en anglais sous titré en français. On a presque l'impression de suivre plusieurs saisons d'affilée d'une excellente série par moment, il n'est donc pas surprenant que le doublage en français n'ait pas été réalisé. Si cela peut vous consoler, le mode cinématique vous permettra de lire tranquillement les sous-titres en profitant du panorama lors des longs, très longs déplacements à cheval. Cela nous évite de rater des lignes importantes pendant que vous conduisez, oui GTA V, je pense à toi !
Arthur, king of the brigands
Dans RDR2, nous incarnons principalement Arthur, un membre de la bande ainsi que la main gauche de Dutch (après tout, qui aurait envie d'être sa main droite, hum). Mais contrairement à ce que son apparence peut laisser penser, ce n'est pas qu'une brute au service de Dutch, c'est aussi un homme avec son propre code de conduite et ses doutes. Le moins que l'on puisse dire est que vous aurez fort à faire, en effet les différents membres de la bande ne manqueront pas de vous demander des services variés, allant de la chasse à la résolution de disputes, en passant évidemment par les vols à main armée. C'est sur ce point que RDR2 brille. Il y a des centaines d'activités et de quêtes qui n'attendent que vous, ou qui ne vous attendront pas d'ailleurs. Vous avez l'embarras du choix, ainsi que la liberté de choisir la résolution que vous préférez. Le camp a besoin de ravitaillement ? Vous pouvez partir à la chasse, et découvrir par la même occasion que les animaux sont étonnamment malins, ce qui risque de donner lieu à quelques déconvenues au départ. Vous pouvez aussi acheter du ravitaillement en ville, et de la viande chez le boucher. Ou alors, vous pouvez utiliser la méthode que tout le monde préfère dans un jeu vidéo : le vol. Cette dernière option ne manquera pas d'avoir des conséquences, les habitants ont des yeux ainsi qu'un cerveau, et ils ont assez d'imagination pour envisager que le voleur n'est pas resté à proximité du lieu de ses méfaits. Il est donc très facile d'être soupçonné d'être le coupable et donc d'être pourchassé. Risquer d'être rattrapé par les forces de l'ordre et déclencher une fusillade aux conséquences encore plus dramatiques pour quelques caisses de nourriture en vaut-il vraiment la peine ? Cela sera à vous d'en décider. Les choses ne s'arrêtent pas là, votre style vestimentaire ainsi que votre hygiène personnelle auront aussi un impact notable sur la façon dont vous traiterons les passants ainsi que certains de vos interlocuteurs.
Les 1001 secrets de la rédemption
Un soin du détail absolument maniaque a été réservé à presque tous les aspects du jeu. Que ce soient les animaux qui repèrent votre odeur de vieux bouc mal lavé en sueur, la fameuse anecdote des couilles de cheval qui se contractent par temps froid, les décorations de chaque objet et élément du décor. On approche dans certains cas de la folie furieuse, et c'est un véritable plaisir de prendre du temps pour contempler un objet mondain, un personnage, ou un paysage. Car il faut bien le dire, Red Dead Redemption 2 est vraiment beau. Il exploite au maximum les possibilités des consoles actuelles afin de nous livrer des graphismes époustouflants. Les effets de lumière en particulier ont de quoi laisser sans voix. Visiter Saint-Denis de jour puis de nuit est une expérience radicalement différente visuellement, mais aussi en termes d'ambiance, avec les passants qui vont et viennent, les commerçants, les chariots et autres. Ce sens du détail est particulièrement présent chez notre brave Arthur, qui ne se contente pas de se salir. Ses cheveux et sa barbe poussent, et les barbiers n'ont pas le pouvoir magique de pouvoir transformer un chauve en hippie, il faudra attendre que votre pilosité soit à la bonne longueur pour pouvoir adopter certaines coupes. Les tailleurs proposent une immense garde robe avec de nombreux coloris, certaines tenues sont plus adaptées à un certain temps, ou une certaine température. Comme vous le savez probablement d'expérience, mourir de chaud ou de froid n'est pas plaisant.
Plus de 50 armes sont à votre disposition, et vous pouvez vous amuser à les personnaliser. Il faudra aussi penser à les nettoyer puis à les huiler de temps à autre afin d'éviter un enrayement. Toujours dans la même veine, il faudra faire attention à votre alimentation, si Arthur a la peau sur les os, ou qu'au contraire il semble avoir été élevé au mac do depuis le biberon, cela aura un impact négatif sur sa santé et son énergie. Si comme moi vous n'aimez pas les survivals, ne paniquez pas, nous en sommes toujours loin. Ces éléments demandent de faire un peu attention de temps à autres, mais cela ne va pas empiéter sur le reste du gameplay, ce n'est pas No Man's Sky à sa sortie.
Votre, ou plutôt vos fidèles destriers ont aussi droit à une place d'honneur au casting. Que vous l'achetiez, voliez ou capturiez au lasso dans la nature, il faudra le dresser puis s'occuper de lui. Ils n'ont pas les qualités d'Ablette. Il leur faudra du temps pour développer une relation de confiance avec Arthur, ce qui les rendra plus obéissants et maniables. Il faudra les brosser et leur donner à manger afin de les garder en bonne santé et énergiques. Un cheval heureux est un cheval qui pourra galoper plus longtemps, et qui vous fera donc gagner beaucoup de temps. Cela peut prendre une importance encore plus grande lors d'une poursuite. Votre canasson dispose de sa propre barre de vie et d'énergie, et il peut mourir dans certaines circonstances, donc n'allez pas les encastrer dans un train en marche. La vue cinématique se chargera de le planter à votre place, à l'occasion. Comme nous l'avons mentionné un peu plus haut dans ce test, ce type de caméra vous offre des plans très cinématographiques, pendant que votre cheval est en mode pilotage automatique, (plus ou moins) comme il ne comprend pas l'option GPS bien pratique du cheval d'Assassin's Creed Odyssey par exemple. Cela reste utile sur la route ou quand vous suivez le gang vers votre prochain casse. Cela renforce d'autant plus l'expérience et l'ambiance bien particulière de RDR2 qui plus que jamais, brouille la frontière entre vrai jeu et grand film.
L'homme qui se tirait plus vite que son ombre
Que serait un Far West sans ses fameuses fusillades ? Cet aspect du jeu est très similaire au premier RDR, à base de couvertures derrière lesquelles il faudra s'abriter et progresser. C'est ici du grand classique, il faut chercher à multiplier les headshots et faire bon usage du Sang Froid qui permet de ralentir le temps si nécessaire. Votre personnage est un peu lourd et il a tendance à se bloquer sur certains éléments, ce qui peut irriter, c'est d'ailleurs un des rares points faibles du jeu, même si ce n'est rien de bien méchant. On s'y fait, et les différentes options de caméra permettent dans le pire des cas d'offrir une alternative. Le jeu est à la troisième personne par défaut, mais il est possible de le passer en vue à la première personne. Pour revenir aux fusillades, les ennemis ne sont pas particulièrement brillants non plus, vous n'avez pas envie de vous faire prendre à découvert, mais ils ne vont pas non plus faire preuve d'un véritable génie tactique. Il faut juste s'attendre à un contournement de temps à autres. Vous aurez le temps d'apprendre à gérer les fusillades vu que trop souvent, c'est de cette manière que les missions se terminent. Cela semble même un peu forcé et on se prend à regretter que des alternatives ne soient pas disponibles ou qu'un peu plus de folie soit au rendez-vous, mais tout le reste est si ridiculement bon que ce n'est qu'une arrière pensée.
Avec votre petite bande, vous aurez parfois l'occasion de faire preuve d'un peu plus de subtilité, en restant discret. Le couteau est votre ami, et il peut grandement simplifier les choses avant de faire parler la poudre. L'infiltration est donc une possibilité à l'occasion, même si on reste loin d'un Assassin's Creed en la matière. Vous serez probablement heureux d'apprendre que vous aurez aussi des opportunités de communiquer avec vos poings, que ce soit dans une bonne vieille bagarre de saloon ou lors de disputes qui ne nécessitent pas de faire couler le sang, mais juste de faire tomber quelques dents.
La chasse sera une autre occasion d'exprimer vos talents martiaux. De préférence doté d'un arc et de flèches, afin de ne pas trop endommager la peau et la viande de vos proies, il faudra traquer plus de 150 créatures à poils, plumes et écailles afin de vous remplir la panse ainsi que celle de vos petits camarades. Il faudra gérer le sens du vent, votre approche, puis la traque de l'animal s'il parvient à prendre la fuite. Pour cela, vous disposerez de l'œil de lynx, qui affiche les traces laissée par votre proie blessée. Lorsque finalement le coup de grâce a été donné, vous aurez le plaisir de passer au dépeçage, végétariens et âmes sensibles s'abstenir. Mais il serait dommage de laisser tout cela se putréfier. La peau peut ensuite servir pour l'artisanat (qui, soit dit en passant, est très basique), ou elle peut être vendue. La somme obtenue dépendant de son état. Il en est de même pour la viande chez le boucher.
Le jeu d'après
Dans le genre à présent très populaire des jeux à monde ouvert, certains titres ont été marquants et ont clairement démarré une nouvelle ère. L'après RDR2 risque d'être rude pour la concurrence, que ce soit au niveau des dialogues, de l'histoire, des quêtes, ou du monde dans son ensemble. La carte est immense, magnifique, créée avec soin et variée, puisqu'on peut passer des étendues poussiéreuses d'Armadillo aux pics enneigés bien plus au nord. Les activités et quêtes ne manquent pas. Outre les habituels collectibles et quêtes secondaires, vous pourrez vous livrer à des passe-temps plus spécifiques au Far West, que ce soit une amourette, des parties de dominos, de poker, de couteaux, ou un spectacle de qualité à Saint-Denis, chacun de ces éléments secondaire ne manque pas de piquant. Il serait vraiment dommage de passer à côté. On peut aussi s'amuser à se pomponner au maximum, sans oublier son cheval, pour être un dandy digne de ce nom, capable de rivaliser avec Dutch. Même des activités totalement mondaines comme la lecture du journal et un tour en tram ne manquent pas de charme. Le système d'honneur présent en jeu et les primes sur votre tête ne sont qu'une petite partie d'un tout. Les embuscades, les gangs rivaux et les lieux malfamés vous attendent là ou vous ne les attendez pas forcément et nous rappellent que nous ne sommes pas tout-puissant. Cela contribue à donner l'impression de faire partie d'un immense monde, bien vivant, et pas d'en être l'unique protagoniste. Tout visiter et tout faire vous demandera cependant pas mal de temps, les voyages rapides sont après tout assez limités. Vous pouvez utiliser les diligences ainsi que les trains pour voyager rapidement d'une ville à l'autre, mais il faut ensuite rejoindre le point d'intérêt à cheval, ce qui peut s'avérer assez long. Cela a le mérite de nous permettre d'explorer et de profiter davantage du monde, mais cela peut être agaçant durant la chasse aux collectibles.