Après un nombre incalculable de remasters et les remakes de Resident Evil 1, 2 et 3, Capcom s'attarde enfin sur une relecture en bonne et due forme du chef d’œuvre de Shinji Mikami, Resident Evil 4. En plus d'une technique digne des supports modernes grâce au RE Engine, cette nouvelle vision s'accompagne de changements bienvenus qui vont transcender l'expérience originale : il s'agit d'une pure réussite, on vous explique pourquoi.
- Genre : Survival-horror
- Date de sortie : 24/03/2023
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox Series
- Développeur : Capcom
- Éditeur : Capcom
- Prix : 69,99€
- Testé sur : PS5
Vamos a las plagas
Après les événements survenus à Raccoon City dans Resident Evil 2 et 3, Léon est parti suivre une formation intensive avec l'élite de l'armée américaine. Surentrainé, il se retrouve embarqué dans une mission de sauvetage de la plus haute importance : la fille du président, Ashley Graham, a été enlevée et conduite dans un petit village espagnol, isolé de tout. Escorté par deux policiers locaux, Léon va vite capter que l'heure n'est plus forcément aux gâteaux, puisqu'il va vite tomber sur des scènes de massacres macabres, perpétrées par les habitants dudit village. Le scénario, dans son ensemble, est celui d'un épisode de Resident Evil classique : on est sur du nanar qui s'assume, avec un héros qui dégaine de la punchline plus vite que son ombre.
Il n'y a pas grand chose à aller chercher dans cette histoire, à part peut-être un ou deux retournements de situation sympathiques et même lorsque cela arrive, c'est tellement cliché et sans gravité que l'on passe vite vite vite à autre chose. Mais attention, ce n'est pas parce que le scénario de Resident Evil 4 est sans véritable substance qu'il remplit mal son office. En se lançant dans cette opération, Léon va vivre un voyage qui va le mener vers les tréfonds de l'horreur, du petit village de campagne à la base ultra-moderne des fidèles de Salazar. le jeu nous fait voir du pays et nous fait rencontrer des antagonistes plus classes les uns que les autres. Au delà de son scénario prétexte, donc, c'est surtout le rythme hyper maitrisé de RE4 Remake qui marque durablement et c'est d'autant plus vrai dans ce remake, qui va ajouter, modifier et retirer des phases de jeu pour atteindre un équilibre quasi-parfait.
Ambre d'hôte
Sorti il y a 18 ans en exclusivité temporaire sur Nintendo Gamecube, Resident Evil 4 était déjà une petite révolution pour la série. Avec sa caméra à l'épaule et un penchant enfin assumé pour l'action, le titre de Capcom a tout simplement révolutionné un genre qu'il avait déjà lui-même contribué à exploser avec le tout premier Biohazard. Dans cette mouture de 2023, les fondamentaux sont intacts et les sensations de jeu au global sont similaires à l'original. On serait même tenté de dire que Léon se déplace désormais un peu plus lentement, c'est perturbant au départ, mais on s'y fait vite et surtout la panoplie d'actions de notre agent spécial a été enrichie, avec un mouvement bien particulier. Vous vous en êtes peut-être rendus compte si vous avez joué à la démo, mais il est possible de contrer n'importe quelle attaque physique avec des couteaux, qui sont désormais des consommables. Chaque coup de schlass grignote de la durabilité et il en va donc de même pour les contres ou pour les actions qui vont vous permettre de vous extirper des bras d'un ennemi.
Fort heureusement, en plus des petits couteaux de fortune, vous en aurez un "permanent" qui pourra être réparé chez le fameux marchand et d'ailleurs, pas mal de choses ont changé chez lui. Sur son étal, il propose une toute nouvelle section utilisant des spinelles, une monnaie unique à récupérer uniquement en complétant des requêtes secondaires très courtes et délimitées dans des zones spécifiques. Directement repris de Resident Evil Village, ce concept ajoute une petite motivation supplémentaire à passer le moindre chapitre au peigne fin, chose que vous pourrez de toute façon faire lors d'un New Game Plus inclus directement dans le jeu. En dehors de ces deux gros ajustements sur la progression, Resident Evil 4 est surtout le remake technique d'un jeu qui était déjà en avance sur son temps lors de sa sortie. Vous pourriez pester sur sa caméra à l'épaule trop proche du personnage et l'absence de séquences réellement horrifiques, mais ça serait vous priver de l'un des TPS solo les mieux maitrisés de l'histoire de notre jeune média.
Et puis les développeurs ont réellement magnifié l'expérience d'origine, grâce aux séquences supplémentaires et/ou modifiées de l'aventure : pour des raisons évidentes, on va éviter de vous les divulgâcher ici dans le détail, sachez juste que RE4 parait désormais bien plus cohérent dans son déroulement. On note tout de même quelques défauts, toujours présents et qui sont finalement valables pour tous les jeux de la saga. Tout d'abord l'intelligence artificielle, tantôt maline, tantôt à l'ouest et qui peut transformer des séquences tendues en véritables sketchs. Enfin, quelques problèmes de collisions de textures, capables d'occasionner des morts injustifiées, sont venues ternir une épopée qui aura duré 22h en mode de difficulté hardcore.
Under my Umbrella, -ella, -ella, eh, eh
Beau comme un camion, Resident Evil 4 Remake n'est pas exempt de défauts non plus sur le plan technique. Testé sur PS5 en mode performances exclusivement, on va vous recommander de retirer directement l'aberration chromatique qui vient faire plus de mal que de bien au rendu. Les 60 images sont tenues, à part à deux ou trois endroits précis où les lieux demandent un tout petit temps de chargement occasionnant quelques saccades au passage, mais c'est vraiment pour chipoter. Ce qui fait tâche, c'est surtout l'état de certaines textures, indignes d'une PS5 ou d'une Xbox Series, et qui étaient déjà présentes dans Resident Evil Village lorsque l'on s'attardait sur certains décors. Il ne faut pas oublier que l'on est encore sur un titre crossgen et que les développeurs ont peut-être dû faire quelques sacrifices pour que les performances soient correctes partout.
Pour rester dans les détails qui font tiquer pendant le voyage, il y a les explosions et les effets de flamme qui ont encore une bonne génération de retard. En dehors de ces petites contrariétés, qui jamais ne vont venir entacher votre plaisir de jeu, le RE Engine nous fait une nouvelle fois bien plaisir, avec une gestion des éclairages remarquable et des décors qui fourmillent de détails. On a également le droit à une version française intégrale de grande qualité, tout comme les nouveaux arrangements de la bande-son qui viennent ajouter une bonne dose d'épique lors des rencontres les plus tendues du jeu.