Tout d’abord annoncé pour le mois de novembre 2021, Wanderer a dû être reporté à 2022, précisément au 27 janvier. Disponible sur PCVR comme sur PSVR où une version physique est proposée par Perp Games, ce titre se présente comme un jeu d’aventure temporelle reposant sur un principe d’escape game. Partis de zéro pour nous offrir un jeu entièrement conçu pour la réalité virtuelle, interactions à l’appui, les néo-zélandais d'Oddboy et M-Theory nous livrent aussi un peu d’action à travers les grands moments ayant marqué notamment le XXe siècle et avec pour objectif rien de moins que d’éviter l’effondrement de la civilisation.
- Genre : action, aventure, puzzle
- Date de sortie : 27 janvier 2022
- Plateforme : PCVR, PSVR
- Développeur : Oddboy
- Éditeur : M-Theory
- Prix : 39,99€ (33,99€ sur Steam), disponible sur Amazon
- Testé sur : Oculus Rift S
Boston sous les eaux
Compte tenu du contexte de Wanderer, il est important de préciser, à chaque instant, à quelle époque on se situe. Tout commence la veille du nouvel an de 1959, au sein de ce qui semble être un laboratoire d’expériences scientifiques plutôt à la pointe de la technologie pour l’époque. Derrière tout cela se trouve un certain projet Phénix. Attiré par la réminiscence émanant d’un être scintillant, vous vous dirigez vers une capsule où un talkie-walkie crépite. Et c’est en répondant à celui-ci, que vous allez vous retrouver à Boston en 1986. Mais il ne s’agit pas du Boston décrit dans les livres d’histoire. Celui-ci est en effet détruit, des carcasses d’avions jonchent ses rues inondées et des individus masqués veulent y imposer leur loi. Un véritable décor post-apocalyptique.
Une femme vous attend toutefois à bord d’une barque pour vous emmener vers l’immeuble abritant l’appartement de votre grand-père. Fortement protégé, celui-ci renferme de nombreux artefacts mystérieux, mais aussi des affiches faisant état d’un passé qui n’est pas celui que vous connaissez. Les premiers à avoir mis les pieds sur la lune semblent par exemple être les Russes. Vous découvrirez rapidement que votre aïeul vous a laissé un message : les choses ne sont plus ce qu’elles devraient être, il a tenté de rétablir l’ordre, mais n’a pas pu aller au bout de sa mission. C’est à vous, Asher Neumann, qu’il incombe désormais d’achever ce qu’il a commencé. Heureusement, il vous a laissé une montre-bracelet nommée Samuel, dotée d’intelligence et de la parole, qui vous sera de la plus grande utilité dans votre tâche et qui vous amènera à découvrir que passé, présent et avenir sont intimement liés.
Vous l’aurez compris en voyageant à travers les époques et les continents, et même au-delà, puisque vous irez aussi faire un tour sur la Lune dans la Mer de la Tranquillité où l’Homme a fait ses premiers pas en 1969, vous allez résoudre cette vaste énigme à travers le temps. C’est en vous rendant dans le passé que vous pourrez modifier l’avenir de celui-ci qui, en l’occurrence, est aussi votre passé à vous, et que vous empêcherez la fin de la civilisation humaine. Vous vous rendrez ainsi dans le Yucatán en 1525, mais aussi en 378, alors que les Mayas doivent faire face à une invasion, vous côtoierez Nikola Tesla alors qu’il met au point la tour Wardenclyffe pour la première transmission sans fil, en 1906, ou encore à Bethel qui a abrité malgré elle le célèbre festival de Woodstock en 1969, comme à Bleicherode en Allemagne en 1945 alors que la Seconde Guerre mondiale est en passe de prendre fin.
Les liens du passé
L’épopée à laquelle vous participerez est grandiose et les graphismes rendent clairement honneur à celle-ci. Sans être à la hauteur d’un certain Alyx, même si l’on peut parfois y penser, surtout à Boston, ils sont vraiment soignés, plutôt réalistes, et flattent la rétine. Dommage que certaines textures, comme les vitres cassées, aient clairement été laissées de côté, tout comme cette foule impressionnante à Woodstock, mais vraiment très simpliste et pas du tout crédible. Du coup, on a quelque chose de globalement satisfaisant, mais quelque peu déséquilibré. Sur le plan sonore, en revanche, il n’y a pas grand-chose à redire. Le titre bénéficie de bruitages réussis et la musique d’ambiance sait tout aussi bien marquer les moments clés que se faire discrète le reste du temps. Quant aux doublages des personnages, ils sont eux aussi de bonne facture, mais uniquement disponibles en anglais, sans qu'aucun sous-titre ne soit pour l'instant proposé, même en VO. Cela devrait toutefois arriver dans l'avenir. En attendant, les anglophobes rateront donc non seulement l’humour dont Samuel peut faire preuve, mais ils auront aussi probablement du mal à se mettre dans l’histoire et à comprendre ce qu’il se passe, tout comme, et c’est plus embêtant, ce qu’ils doivent faire.
Comme la plupart des jeux VR aujourd’hui, mis à part ceux proposant un déplacement sur rails, même s'il est très balisé, Wanderer offre la possibilité de se mouvoir librement ou par téléportation avec des rotations fluides ou par angles prédéfinis. Et vous pouvez choisir de jouer debout en room scale ou assis. Du point de vue technique, Wanderer tire très bien son épingle du jeu. On lui reprochera, certes, la présence de quelques murs invisibles, mais non seulement (sur PC en tout cas) il tourne sans accrocs, y compris durant les quelques phases d’action, mais les interactions qu’il propose sont physiquement réalistes (pousser, tirer, activer des leviers ou des poulies, …). Par contre, là encore, tout n’a pas été aussi bien traité. Ainsi, si les collisions sont généralement gérées, ce n’est pas systématiquement le cas, et les objets fragiles ne se brisent pas toujours sous les impacts.
De même, vous pouvez seulement, ou presque, vous emparer des objets qui ont une utilité, les autres restent de simples éléments de décor. Et sachez que même ceux qui vous paraissent, pour l’instant, les plus anodins, peuvent avoir leur rôle à jouer. Peut-être pas là, maintenant, en ce lieu où vous vous trouvez, mais ailleurs, à une autre époque. Et c’est là que le soft renferme tout son potentiel, car les énigmes que vous avez à résoudre sont intertemporelles. Vous avez donc tout intérêt à bien tout fouiller et observer pour savoir où et quand trouver quoi. Et il vous faudra parfois aller et venir entre les époques pour récupérer ou apporter les éléments nécessaires à la résolution des puzzles, ce qui n’est pas toujours forcément si évident à saisir. Samuel est bien là pour vous prêter main forte avec quelques indications (en anglais oral seulement, rappelons-le.), mais encore faut-il percer le mystère. Certains passages peuvent être assez retors.
Samuel et moi
De plus, sans parler de jongler avec le temps, il peut y avoir, comme dans l’appartement, plusieurs casse-têtes à solutionner, mais comment savoir lequel doit l’être en premier, les autres pouvant nécessiter des objets obtenus en récompense de la résolution de celui-ci. Vous pouvez donc vous évertuer à chercher une réponse là où il n’y en a pas encore, au lieu de vous pencher sur le bon problème à résoudre. En cela, l’esprit « escape game » est bien respecté. Les énigmes sont bien pensées et s’imbriquent les unes dans les autres pour notre plus grand plaisir. Attention toutefois à ne pas vous décourager si vous butez contre un os. Ainsi, si le jeu peut se boucler en une dizaine d'heures, vous pourrez y passer plus de temps si vous tournez trop en rond, ou un peu moins si tout vous semble évident du premier coup ou si vous avez de la chance. Et pensez à solliciter l’aide de Samuel de temps en temps, ça peut aider.
Samuel sert d’ailleurs également à savoir à quelle époque vous vous trouvez (sauf altération), ainsi que de besace pour stocker des objets par résonance. Vous n’avez effectivement aucun point d’attache sur votre corps. Vous n’avez d’ailleurs pas de corps, que des mains. Vous êtes toutefois limité à 5 slots, seul le premier étant disponible au départ, les autres devant être débloqués grâce à des fragments temporels bleutés que vous trouverez cachés un peu partout. Pour améliorer la montre, il vous faut ensuite résoudre un petit puzzle géométrique assez simple. Vous pouvez aussi ramener divers objets de vos voyages que vous soumettrez au résonateur afin de faire évoluer esthétiquement Samuel lorsque vous avez récupéré tous les éléments nécessaires pour cela. Il dispose alors de divers looks plutôt sympathiques. C'est un aspect totalement dispensable, mais que les collectionneurs apprécieront et qui oblige à faire preuve d’encore plus d’observation. Enfin, Samuel peut se détacher de votre poignet et voler grâce à son hélice pour activer certains mécanismes, y compris en se glissant dans de petits interstices.
L’appartement, désigné sous le terme de « sanctuaire » par Samuel, vous sert, quant à lui, de hub. C’est en effet là que vous revenez systématiquement après un voyage dans l’espace-temps. Chaque téléportation se réalise grâce aux fragments antiques que vous avez découverts et que vous insérez dans votre montre pour vous propulser dans le corps d’une autre personne à une autre époque et dans un autre lieu. C'est un concept qui fonctionne parfaitement et qui n'est pas sans nous rappeler les masques d'un autre bon jeu VR : Maskmaker. Vous vous retrouvez alors dans la peau d'un homme ou d’une femme, chacun avec des mains qui lui sont propres (même si certaines sont tout de même bien sales), et il suffit de retirer le fragment de la montre pour rentrer à la maison et réincorporer votre propre corps. Notons que vous pouvez aussi mourir lors de vos escapades temporelles (explosion d’une bombe, tirs ennemis, …). Mais ce n’est pas très grave puisque vous réincorporez alors votre corps au sein du sanctuaire et pourrez alors recommencer juste avant que cela n’arrive, jusqu’à parvenir à trouver comment éviter le moment fatidique.
Voir la suite